~ Richard Brautigan (La vengeance de la pelouse)
Le «chick lit» des salafistes
Par Hasna Hussein
Les
librairies islamiques ciblent intelligemment un jeune public, un peu à la façon
des magazines féminins. Quelques ouvrages : «les Secrets du hijab…», «Main dans
la main pour ta réussite mon cher mari» ou encore «Femme au foyer : redécouvre
ton chez-toi». Les voix de la radicalisation sont impénétrables.
Ces ouvrages destinés aux femmes, souvent
traduits de l’arabe, véhiculent une image unique de «la femme» musulmane,
nécessairement «voilée», «pieuse», bonne épouse et mère exemplaire. On lit dans
l’un de ces ouvrages : «Certaines femmes négligent le fait de servir l’époux.
L’une d’elles ne se charge pas de satisfaire ses besoins comme préparer à
manger, lui laver ses vêtements, etc. Elle ne se soucie guère du rangement de
son foyer, ni même de sa propreté. […] Tout ceci pour une seule raison : sa
négligence et sa paresse. […] C’est un devoir qui est obligatoire selon l’avis
le plus juste.» En plus d’inonder les chaînes satellitaires arabes et Internet
de leurs avis juridiques (fatwas) sexistes, machistes et misogynes, des auteurs
à succès, comme les Saoudiens Muhammad ibn Ibrahîm al-Hamad ou Ibn Bâz
diffusent dans leurs ouvrages des avis comme l’urine d’un bébé fille annule les
ablutions car elle est impure alors que celle d’un bébé garçon ne l’est pas !
Le livre en question, intitulé Recueil de fatwas concernant les femmes,
contient plus de 535 fatwas, qui prennent madame par la main pour lui dire que
faire dans les moindres détails de sa vie (au foyer) et figure parmi les
best-sellers des librairies de la rue Jean-Pierre-Timbaud.
Article
intégral :
120 ans de féminisme québécois
Reportage
de Sophie Payeur et Michel Caron
Micheline
Dumont raconte ici quelques-uns des grands moments de la lutte pour les droits
des femmes au Québec. Professeure émérite et pionnière des recherches en
histoire des femmes au Québec, cette jeune femme de 77 ans est également une auteure
talentueuse.
LE
FÉMINISME QUÉBÉCOIS RACONTÉ À CAMILLE; Micheline Dumont; Les éditions du
remue-ménage
Historienne
reconnue et spécialiste de la question des femmes, Micheline Dumont est depuis
plusieurs années invitée à donner des conférences sur l’histoire des femmes au
Québec. De ces rencontres, a germé l’idée d’écrire un ouvrage sur le féminisme
québécois qui ne s’adresserait pas aux universitaires, mais plutôt aux jeunes
femmes et à toutes celles qui n’ont pas beaucoup d’atomes crochus avec les
livres savants, avec les notes au bas des pages, avec les rapports de recherche.
C’est donc avec un souci de clarté et de lisibilité qu’elle raconte dans cet
ouvrage l’histoire du féminisme depuis plus d’un siècle.
Je recommanderais aux femmes et aux hommes de confession musulmane (islam modéré ou
ultra conservateur) de lire cet ouvrage avant de demander la citoyenneté
canadienne.
«Qu'est-ce
que la laïcité? C'est un peu tout le contraire de ce qu'on en dit en ce moment.
Ce n'est pas la répression de la religion, du religieux, du sacré, de la
spiritualité. C'est la liberté de pratiquer toutes les religions en y ajoutant,
très important, la liberté si rare dans les pays islamiques de ne pas avoir de
religion.
La laïcité consacre essentiellement la
séparation de l'Église et de l'État ainsi que ses institutions ou, si vous
préférez, sépare le religieux du politique.» ~ Pierre
Foglia (La Presse, le 17 octobre 2013)
Notons
que, au Canada, les crimes d’honneur, la lapidation, la décapitation, l’amputation,
les mutilations et autres barbaries du genre sont interdites et passibles d’emprisonnement.
Il n’y a pas de séparation des sexes en
public, nous avons le droit d’exprimer librement nos opinions, d’être athées, de
consommer de l’alcool, les femmes peuvent fréquenter des hommes hors du cercle
familial et ne sont pas tenues de se couvrir de la tête aux pieds pour se
cacher. Personne n’est obligé de pratiquer une religion. Nous avons eu notre
lot d’ingérence cléricale, et nous n’en voulons plus.
La lutte des femmes pour la liberté et
l’égalité en Occident : ne dormons pas sur nos lauriers
Extraits
tirés de :
Ainsi soit-elle
Benoîte Groult, Éditions Grasset & Fasquelle, 1975
Ainsi soit-elle
Benoîte Groult, Éditions Grasset & Fasquelle, 1975
Les
hommes ont toujours été ravis quand nous étions capricieuses, coquettes,
jalouses, possessives, vénales, frivoles... excellents défauts, soigneusement
encouragés parce que rassurants pour eux. Mais que ces créatures-là se mettent
à penser, à vivre en dehors des rails, c’est la fin d’un équilibre, c’est la
faute inexpiable.
C’est
quand on inverse les situations que l’on s’aperçoit de la réalité féminine.
«Nous
pouvons affirmer en toute certitude que la connaissance que les hommes peuvent
acquérir des femmes, de ce qu’elles sont, sans parler de ce qu’elles pourraient
être, est déplorablement limitée et superficielle et le restera tant que les
femmes n’auront pas dit tout ce qu’elles ont à dire.»
John Stuart Mill
John Stuart Mill
...Il
faut la dire cette «parole de femme» que trop de «superbes parleurs» depuis
trop de siècles ont réduite à l’inexistence ou au chuchotement. C’est une
question de justice, de liberté mais peut-être aussi de survie. On a trop longtemps
pris notre goût du bonheur pour un signe de médiocrité et notre dégoût de la
guerre ou de la violence pour un signe de faiblesse. On a trop longtemps pris
la parole de l’homme pour la vérité universelle et la plus haute expression de
l’intelligence, comme l’organe viril constituait la plus noble expression de la
sexualité. [...]
Toute
cette tragédie-comédie de la supériorité du mâle dans l’espèce humaine, qui
trouve son illustration extrême dans les sociétés musulmanes, n’aura finalement
abouti, quels que soient les avantages marginaux que les hommes ont pu en
retirer, qu’à un seul résultat : annuler le potentiel humain de la moitié
de la population et priver chaque pays de 50 p. 100 de ses forces vives.
Il faut
guérir d’être femme. Non pas d’être née femme, mais d’avoir été élevée femme
dans un univers d’hommes, d’avoir vécu chaque étape et chaque acte de notre vie
avec les yeux des hommes, selon les critères des hommes. Et ce n’est pas en
continuant à lire les livres des hommes, à écouter ce qu’ils disent en notre
nom ou pour notre bien depuis tant de siècles que nous pourrons guérir.
Un
certain nombre de pétroleuses, soutenues par quelques utopistes mâles ont
essayé depuis deux siècles de secouer ce joug, de penser et d’agir sans en
demander l’autorisation à l’autre sexe. Elles ont péri sous le ridicule et les
insultes des hommes, mais aussi, ce qui est plus désolant, sous le mépris
hargneux des ces femmes qui constituent la «misogynie d’appoint». Comme tous
ceux que la servitude a dégradés, les femmes ont fini par se croire faites pour
leurs chaînes et sont devenues antiféministes comme tant d’esclaves du Sud
furent esclavagistes et combattirent aux côtés de leurs maîtres contre leur
propre libération lors de la guerre de Sécession. Bien des sentiments les
poussent à se désolidariser de leur propre cause, l’intérêt, la prudence, la
peur, une humilité savamment entretenue, mais aussi l’amour, bien qu’il soit
déchirant d’aimer qui vous opprime.
Il est de bon ton d’ignorer ou de dénigrer
les féministes. Qui connaît leur histoire? Leurs visages? On préfère les croire
laides, hommasses, hystériques, mal aimées, ce qui est faux. Le mouvement
féministe, qui compte tant d’émouvantes figures, apparaît encore comme le
combat de quelques vieilles filles refoulées et dévorées du désir de posséder
un pénis, cette idée fixe des psychanalystes freudiens. Ce qui n’empêchait pas
qu’on les traite simultanément de putains, l’inévitable injure! Encore
aujourd’hui, cette appellation reste l’insulte favorite des nos misogynes.
(...) La réaction de la société devant celles qui se battaient pour leurs
droits a été d’une constance admirable à travers les siècles : aucune
compréhension, aucune estime, pas de pitié et la répression par tous les
moyens, le tout se masquant derrière un raisonnement parfaitement arbitraire
dont on se demande comment il a pu servir si longtemps à justifier les
privilèges des uns et l’obéissance des autres. Un raisonnement en forme de
prison.
...À
chaque révolution, qu’elle ait eu lieu dans la jeune Amérique, dans le tiers
monde ou en Europe, les femmes au début conquirent le droit de participer aux
luttes contre l’oppression des privilégiés ou l’impérialisme des puissants,
mais dans la nouvelle société, elles furent à chaque fois brutalement remises à
leur ancienne place. Les notions de liberté et d’égalité ne semblaient jamais
s’appliquer à cette moitié-là de l’humanité. Mieux, on les punissait d’y avoir
songé.
Unis par
un instinct de classe et de propriété, la grande majorité des penseurs
confirment ce point de vue : « Une femme qui exerce son intelligence
devient laide, folle et guenon. » (Proudhon)
...Ils [les
hommes] ont lutté pas à pas, loi à loi, s’accrochant à toutes les branches,
pour nous refuser des droits qui paraissent maintenant élémentaires et
inoffensifs et que les esclaves noirs avaient obtenus avant nous. Mais le
sexisme est plus profond et plus endémique encore que le racisme. On trouve
dérisoires ou ignobles aujourd’hui les prétextes qui ont servi hier à nous
priver de liberté, sans s’apercevoir que les procédés utilisés aujourd’hui sont
tout aussi misérables.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’un complot
organisé. Des conspirateurs, ça se démasque. Il s’agit d’une réaction
instinctive, inconsciente, d’un besoin éperdu de maintenir cette suprématie qui
a, pour notre malheur à tous, été considérée comme l’essence de la virilité.
Cette vanité imbécile a saccagé l’histoire des hommes et des femmes, l’amour
des hommes et des femmes. Elle a été la cause de comportements grotesques,
terrifiants ou névrotiques, à toutes les époques de l’histoire ou presque, et
dans tous les pays, ou presque.
...Au
Yémen, en Arabie Saoudite, en Éthiopie, au Soudan, on excise encore les petites
filles. En Égypte, sous le nom de Knifâdh,
la totalité des filles de la campagne et un grand nombre de celles des villes
sont encore soumises à cette mutilation sexuelle. Elle est fréquente en Guinée,
en Irak, en Jordanie, en Syrie, en Côte-d’Ivoire, chez les Dogons du Niger et
obligatoires dans de nombreuses tribus africaines. ... Vous pensiez vaguement
que c’était un usage des âges barbares, tombé en désuétude. ... Ce petit truc
uniquement voué au plaisir, c’est indécent. Et puisque cet organe est inutile à
l’homme et à la procréation, il faut l’ignorer ou le détruire. Ce qu’on fait.
... Pis qu’inutile, ce détail anatomique est nuisible car il procure aux femmes
un plaisir gratuit, même sans le concours du mâle. Or le plaisir de la femme,
lui aussi est inutile à l’homme pour qui compte d’abord la propriété exclusive
d’un sexe féminin réduit à l’essentiel. ...
En somme, en Orient, en Afrique ou en
Europe, la religion et la science habilement manipulées ont toujours fourni les
justifications nécessaires à l’asservissement physiologique, moral et
intellectuel des femmes.
Si les
femmes demeurent aujourd’hui la survivance la plus massive de l’asservissement
humain, c’est qu’il reste facile, donc tentant, d’exploiter chacune d’elles
séparément.
Car il faut prendre conscience d’un fait et
il ne faut pas l’oublier : les abus et les méthodes des gens au pouvoir,
où qu’ils soient, se ressemblent. Les seigneurs hier, les riches ou les
puissants aujourd’hui, les mâles de tout temps se sont conduits exactement de
la même façon vis-à-vis de ceux qu’ils dominaient par la naissance, la fortune
ou le sexe.
Combien
de temps encore serons-nous dupes des grands principes, des beaux discours ou
des vilains sentiments concernant notre dignité et notre salut, sans voir ce
qu’ils dissimulent, ce qu’ils ont toujours dissimulé : le refus de notre
liberté, le refus de nous laisser déterminer ce que NOUS jugeons digne ou
indigne? Sommes-nous dépourvues de jugement, de courage, du sens des
responsabilités?
...Les raisonnements
qui fondaient «scientifiquement» l’infériorité féminine se sont effondrées; les
arguments de moralité se sont révélés ce qu’ils sont : un moyen de
coercition; les fanfaronnades viriles ne sont plus désormais qu’une survivance
d’attitudes rituelles, vides de sens. Mais beaucoup se battent encore, bêtement,
pour l’honneur! Pourtant le jour n’est pas éloigné où ils accepteront de
ramener leur fameuse supériorité phallique à ce qu’elle est : un problème
de robinet et de se laisser persuader que l’instinct profond des êtres humains
n’est pas de dominer, mais de se faire plaisir.
Il
faudrait que nous puissions dire ensemble : c’est fini, cette
oppression-là est révolue. Mais tout est dans cette condition : ensemble.
...Les
hommes ont eu tous les pouvoirs depuis 10 000 ans. Qu’avons-nous à perdre
à associer les femmes à ce pouvoir? ... Il faut que les femmes crient
aujourd’hui. Et que les autres femmes – et les hommes – aient envie d’entendre
ce cri. Qui n’est pas un cri de haine, à peine un cri de colère, car alors il
devrait se retourner aussi contre elles-mêmes. Mais un cri de vie. Comme celui
du nouveau-né, dans lequel on ne peut s’empêcher d’enclore, à chaque fois, un
nouvel espoir.
~~~
Monothéismes
comme polythéismes n’ont jamais accepté que la femme occupe un rang égal au
mâle dans leurs sociétés, l’accuser sournoisement des perversions masculines
est un meilleur rempart contre l’aspiration à ses droits légitimes.
La misogynie des textes religieux
Jocelyn
Bézecourt, docteur en astrophysique
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