19 septembre 2016

Paradoxale vanité

La vanité, ce vilain défaut humain, nous fait croire que nous sommes le centre de l’univers et dotés d’une intelligence exceptionnelle. La vanité engendre snobisme, mesquinerie, méchanceté, cruauté, voire assassinat verbal et physique.

Il suffit de regarder des bribes d’un quelconque gala artistique pour constater que la vanité n’empêche pas les gens de se ridiculiser eux-mêmes – soit par leur tenue vestimentaire, leur conduite ou leurs propos. Croyant s’élever, ils s’abaissent. Centrés dans leur quête de gloriole, ils ne se voient pas. On retrouve le même phénomène chez les politiciens... La vraie humilité et la simplicité ont tellement meilleur goût.

Le remède : nous arrêter souvent pour admirer la voie lactée et ainsi relativiser notre importance ou réaliser la hauteur de notre insignifiance dans cet univers peuplé de d’incalculables constellations et galaxies. En tout cas, ça aide à décrocher de notre fatuité innée et bien cultivée.



«Élevons un peu notre pensée. Qu'est-ce que le désir de la gloire chez les hommes, à bord de cette terre qui vogue dans l'espace infini où elle naufragera un jour? Il me semble voir à bord d'un gros vaisseau destiné au naufrage, ou plutôt dont le naufrage est continuel et déjà commencé, de nombreux passagers desquels pas un n'arrivera, et dont les premiers morts ont un désir insensé d'occuper la mémoire des survivants, de ceux qui vont bientôt disparaître et s'abîmer à leur tour. Il est vrai qu'à le voir de près, le vaisseau est immense, que les passagers d'un pont ne connaissent pas ceux d'un autre pont, et que la poupe ignore la proue; cela fait l'illusion d'un monde. Il est vrai encore qu'en même temps qu'on meurt en un coin du vaisseau, on danse, on se marie, on fête les naissances tout à côté, et que l'équipage se reproduit et ne diminue pas. Mais, qu'importe? Il n'est pas moins voué tout entier à un seul et même terme. Nul ne sortira de cette masse flottante pour aller porter son nom ni celui de ses semblables sur les rivages inconnus, sur les continents et les îles sans nombre qui étoilent le merveilleux azur. Tout se passe entre soi et à huis-clos. Est-ce la peine? – J'ai fait la paraphrase, mais Pascal a rendu d'un mot cette pensée : ‘Combien de royaumes nous ignorent!’»

~ Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869)
Mes Poisons / Collection Romantique / José Corti 1988 (p.138)

«Primitivement l'individu fort traite, non seulement la nature, mais encore la société et les individus faibles comme des objets de proie : il les exploite tant qu'il peut, puis continue son chemin. Parce qu'il vit dans une grande incertitude, alternant entre la faim et l'abondance, il tue plus de bêtes qu'il ne peut en consommer, pille et maltraite plus d'hommes qu'il ne serait nécessaire. Sa manifestation de puissance est en même temps une expression de vengeance contre son état de misère et de crainte ; il veut, en outre, passer pour plus puissant qu'il n'est, voilà pourquoi il abuse des occasions : le surcroît de crainte qu'il engendre est pour lui un surcroît de puissance. Il remarque à temps que ce n'est pas ce qu'il est, mais ce pour quoi il passe qui le soutient ou l'abat : voilà l'origine de la vanité.»

~ Friedrich Nietzsche (1844-1900)
Humain, trop humain / Oeuvres I (1978) / Robert Laffont, Bouquins 1990 (181 p.897)

Citations via : http://bribes.org/lexique.htm



«L’ego est comme une ombre qui recouvre notre être; et c'est cette ombre qui est touchée par l'ego des autres. À force de recevoir des flèches, l'ombre peut s'écrouler, mais souvent les gens ont peur de souffrir. Ils refusent de recevoir ces flèches, et mettent un bouclier... Ils restent alors dans l'ombre! Lorsqu'on accepte d'être ouvert, sans peur, le bouclier n'existant pas, les flèches sont reçues et l'ego s'effondre.»

~ Olivia Namer (Mon cher ego)

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