18 septembre 2016

Voir et entendre


Photographe : R. Lamarque

Je le répète pour l’énième fois : profitez de la nature tandis que vous y avez encore accès librement... ça change des smartphones et c’est réconfortant.

Voir et entendre

Voir est une des choses les plus difficiles au monde : voir ou entendre, ces deux perceptions sont semblables. Si vos yeux sont aveuglés par vos soucis, vous ne pouvez pas voir la beauté d'un coucher de soleil. Nous avons, pour la plupart, perdu le contact avec la nature. La civilisation nous concentre de plus en plus autour de grandes villes : nous devenons de plus en plus des citadins, vivant dans des appartements encombrés, disposant de moins en moins de place, ne serait-ce que pour voir le ciel un matin ou un soir. Nous perdons ainsi beaucoup de beauté. Je ne sais pas si vous avez remarqué combien peu nombreuses sont les personnes qui regardent le soleil se lever ou se coucher, ou des clairs de lune, ou des reflets dans l'eau.

N'ayant plus ces contacts, nous avons une tendance naturelle à développer nos capacités cérébrales. Nous lisons beaucoup, nous assistons à de nombreux concerts, nous allons dans des musées, nous regardons la télévision, nous avons toutes sortes de distractions. Nous citons sans fin les idées d'autrui, nous pensons beaucoup à l'art et en parlons souvent. À quoi correspond cet attachement à l'art? Est-ce une évasion? Un stimulant. Lorsqu'on est directement en contact avec la nature lorsqu'on observe le mouvement de l'oiseau sur son aile; lorsqu'on voit la beauté de chaque mouvement du ciel; lorsqu'on regarde le jeu des ombres sur les collines ou la beauté d'un visage, pensez-vous que l'on éprouve le besoin daller voir des peintures dans un musée? Peut-être est-ce parce que vous ne savez pas voir tout ce qui est autour de vous que vous avez recours à quelque drogue pour stimuler votre vision.

Il y a l’histoire d’un maître religieux qui parlait tous les jours à ses disciples. Un matin où il se trouvait sur son estrade, s’apprêtant à parler, un petit oiseau se posa sur le rebord de la fenêtre et se mit à chanter de tout cœur. Lorsqu’il se tut et qu’il s’envola, le maître dit : «Le sermon de ce matin est terminé.»

[...]

Il n’existe pas de maître, il n’existe pas d’instructeur, il n’existe personne pour vous dire ce que vous devez faire. Chacun de nous est seul dans ce monde fou et brutal.  

~ Krishnamurti

Se libérer du connu, chapitre 11, Voir et écouter. La beauté. L’austérité. Les images. Les problèmes. L’espace. Éditions Stock 1979 (p. 110-111)  

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