16 septembre 2016

L’ADN Gaulois des chefs québécois


Twittakine@ J’ai ri aux éclats en lisant l’article du magazine Elle à table à propos de notre «toque-star» Ricardo Lavallée, «ambassadeur de la Nouvelle-France» et «gentleman trappeur». Savoureux.

J’ai pensé que le journaliste Julien Bourré s’était gouré. Qu’il décrivait plutôt le chef Martin Picard, propriétaire du resto Au Pied de Cochon et d’un Sugar Shack dans les bois. Ses descriptions sont donc exactes, mais attribuées au mauvais chef... 
     Martin Picard a de l’ADN de Gaulois, c’est sûr. D’ailleurs il ressemble énormément à Obélix. «Un quadra bien portant à la barbe fournie», disait Étienne Labrunie (ViaMichelin 2009). Il porte souvent des chemises à carreaux de bûcheron et une casquette (il est anti toque). Comme le célèbre Gaulois, il est doté d'un appétit insatiable et prépare des festins copieux. Il élève des cochons qu’il égorge lui-même et chasse le chevreuil au lieu du sanglier. Ce chef appartient à la civilisation décadente «porc/bacon» québécoise (1). Il inclut du porc dans presque tous ses plats. «On ne va pas au restaurant pour manger de la salade!», dit-il. Après une poutine au foie gras, de la tourtière et des grands-pères à l’érable copieusement arrosés de vin, le client est prêt pour un triple coma – cholestérolitique, diabétique, éthylique –, et un pontage. Au fond, c’est un Heart Attack Grill classé haut-de-gamme par les «carnivores cool».


Martin Picard à sa cabane à sucre (érablière)

Extrait de l’article d’Elle à table :
«... L’appétit autonomiste de Ricardo évoque le fonctionnement des anciens établissements pionniers, ces sociétés de défricheurs capables de tout produire en autarcie, comme autant de petites arches de Noé. Il y a chez lui, comme en tout Québécois, une vénération de la retraite dans l’érablière, équivalent autochtone de la palombière ou de la datcha : pendant « le temps des sucres » (entre 4 et 6 semaines autour de Pâques), un porc est traditionnellement sacrifié et congelé en plein air, véritable garde-manger dont on tire des charcuteries fumées au bois d’érable, des «oreilles de crisse» (chips de couenne de porc frite au saindoux) ou des fèves au lard. Cela se déguste avec des délices de cabane sucrière comme les œufs au sirop ou la tire sur neige... (...) Ricardo vit à proximité du fort de Chambly, au bord d’un affluent houleux du Saint-Laurent qui a dû servir de décor à la geste de Jacques Cartier et aux guerres indiennes. (...)»

Vu les réactions des lecteurs québécois le magazine a présenté des excuses et posté certains commentaires – très drôles :
http://www.elle.fr/Elle-a-Table/Les-dossiers-de-la-redaction/News-de-la-redaction/SelonLeELLEFrance-il-faut-savoir-s-excuser-3290695

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(1) L’histoire nous apprend que dans toutes les civilisations décadentes les gens meurent de gloutonnerie ou de faim :
http://artdanstout.blogspot.ca/2013/07/la-civilisation-porcbacon-emergeante.html

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