J’aime
Daniel Lavoie, les instruments anciens et la poésie (mythologies, légendes…). Alors
avec cet album, j’ai l’âme aux portes du paradis…!
(Lisez le commentaire de Philippe Delerm ci-après)
DANIEL
LAVOIE chante La Licorne Captive, un
projet musical de LAURENT GUARDO
«Le musicien et producteur Laurent Guardo a composé une œuvre audacieuse
et intrigante intitulée La licorne captive, dans laquelle la sonorité des
instruments médiévaux se mélange aux arrangements empreints de modernisme et à
la voix unique de Daniel Lavoie. Cette
œuvre musicale du compositeur Laurent Guardo, qui a pris 10 ans à voir le jour,
a été réalisée en étroite collaboration avec l'auteur-compositeur-interprète et
comédien Daniel Lavoie. La licorne captive ne
ressemble à aucun autre opus du chanteur. On y baigne dans un univers musical
hors du temps, au carrefour des guitares acoustiques, des luths, udus, des
tablas et des violes de gambe.» (PM,
Ici Radio Canada Première, 24 mars 2014)
Du site http://www.lavoiedaniel.com/La-Licorne-Captive.html
Par Philippe Delerm, été 2013
En découvrant «La Licorne captive», on n'a pas la
sensation d'écouter un disque, mais de pénétrer dans un univers. Hors du temps,
loin de la réalité, loin des villes, dans des campagnes hallucinées, des forêts
de sortilèges. Et cependant, chaque mot, chaque note résonne en nous comme une
piste familière. Des légendes oui, une atmosphère médiévale assurément, mais
au-delà comme une pulsation intime, un écho secret à nos rêves, à nos peurs.
Laurent Guardo dit qu'au début de l'aventure il y
eut le timbre singulier de la viole de gambe, entendue sur des mélodies de
Purcell. La viole de gambe avec sa ligne de basse qui se fait mélodique et
prend chant sans rien perdre de sa résonance grave, de son mystère originel. Ce
son comme étouffé, menacé, à la fois court et ample, si proche de la voix, de
la respiration humaine. Ce timbre qui n'évoque pas le bois cérémonieux, verni,
mais le plus mat, la fibre blonde. Dans les notes les plus sourdes comme un
battement de cœur, le cadre de temps et d'espace donnés à la musique, et puis
la mélodie qui paraît naître de ce mouvement même, monter vers une liberté
d'autant plus poignante qu'elle ne renie pas le lien qui l'attache au sol. Le vol avec le pas.
Un instrument profond, qui rencontre un désir
encore informulé, mais Laurent Guardo sent qu'il tient là le début d'un chemin.
La route sera longue. Près de dix ans pour écrire et composer les chansons de
«La Licorne captive». Pour chaque pièce, une année entière. À chaque fois, le texte
précédera la musique. Des histoires, des mots enracinés dans le terroir profond
d'un imaginaire enfoui. Des mots d'amour, de sang, de forêts, d'hivers et de
rivières, des mots qui disent les reflets cachés et les peurs ancestrales. Des
mots que Laurent Guardo a pesés un à un pour leur force poétique, le pouvoir de
nous rencontrer. Et des mots de Rimbaud parfois. Peut-on dire toutefois que la
musique est venue après? On sent que tout le climat musical est là comme à
l'avance, prêt à plonger dans l'onirisme du récit. Il y a donc eu des violes de
gambe et des luths, mais aussi des tablas, des udus, et des gongs tibétains –
des rencontres de sons à travers le temps et l'espace. Jusqu'aux guitares et à
la basse, car «La Licorne captive» est aussi une œuvre moderne – l'universalité
est toujours d'aujourd'hui.
Pourtant tout ce projet fervent ne serait pas
lui-même s'il n'avait rencontré la ferveur de la voix qui lui donne corps.
Laurent Guardo imaginait Daniel Lavoie. Comment penser qu'un autre ait pu
incarner cette aventure? Pour aussi magiques et fragiles qu'elles puissent
sembler, certaines rencontres sont nécessaires. La voix du chanteur est si
riche de voyages et de territoires inconnus, de résonances rauques et chaudes.
Tout le monde a en tête cette émotion si particulière qui vous donnait la chair
de poule rien qu'à entendre «Ils s'aiment… comme avant…» où le silence entre
les mots semblait si habité. En ce qui concerne «La Licorne captive», c'est peu
dire que Daniel Lavoie a habité le projet. Il en est la vibration ultime, le
magicien qui d'un ample mouvement de sa cape noire nous emmène dans l'allée
sombre de la forêt. Au loin, tout au bout, se dessine un cercle de lumière.
Des hasards qui n'en sont pas, des ondes
partagées, une rencontre. Et nous, appelés au voyage, comme les enfants saisis
par le charme du joueur de flûte de Hamelin, captifs émerveillés de la licorne.
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