24 mars 2014

«Il n’y a pas de violence gratuite»


Image : campagne de levée de fonds «against abuse Inc.; plus de 300 000 enfants subissent des violences sexuelles à chaque année en Allemagne» Et il y en a malheureusement autant dans tous les pays monde…! 

«Il n’y a pas de violence gratuite.»  
«Il y a des moments de l’existence où l’on se sent littéralement tomber en piqué. Une spirale désordonnée qui vous entraîne vers le bas, vous coupe le souffle, mais ne vous prive pas de la conscience de vous être fourré dans une situation cauchemardesque, et tout cela parce que vous avez cédé à la tendance la plus commune de la condition masculine, celle qui consiste à penser avec sa bite
~ Douglas Kennedy (La femme du Ve

Le 16 mars dernier, Mariloup Wolfe était invitée à l’émission Tout le monde en parle au sujet de sa décision de poursuivre Gab Roy, un humoriste (particulièrement rebutant) qui avait publié en détail une scène imaginaire de viol avec la comédienne.  
       Mariloup souhaite que son action incite la collectivité à se poser de sérieuses questions : «Jusqu'où peut-on aller au nom de l'humour, quand franchit-on la limite de ce qui est acceptable sur le web?»

Les erreurs ne peuvent pas être réparées ni éliminées sur les réseaux sociaux... Lorsque qu’un auteur diffuse un texte violent ou ordurier sur le Net, aussitôt qu’il appuie sur «publier» il est trop tard. Même s’il reconnaît son erreur publiquement et supprime le message de son site, celui-ci continuera de circuler par transferts; il devient «immortel». Le mal est fait.

Les mots ont le pouvoir de blesser, et même de tuer psychologiquement.

Être conscient, c’est penser «avant» de parler et d’agir, c’est prévoir (ou imaginer) les enchaînements et les répercussions de nos agissements. C’est tenir compte de la potentielle souffrance que nous pourrions infliger aux autres.

Mais qui donc se soucie de faire ça aujourd’hui? Nous réfléchissons uniquement après avoir subi les conséquences de nos actes irrationnels basés sur l’émotion du moment – haine, méchanceté, malveillance, désir, convoitise, même l’amour entre guillemets.

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Le 10 mars, l’auteur du blogue Des histoires de survie avait commenté les arguments de défense de Gab Roy.

Réponse à Gab Roy et ceux qui le défendent
Par Angélique Silence* 

Extrait 

Voici une liste des arguments que j'ai le plus lus de la part de Gab Roy et de ceux qui, tel une horde de loups solidaires devant l'adversaire, se sont portés à sa défense face à la mise en demeure que Mariloup Wolfe lui a fait parvenir après qu'il aie publié un texte dans lequel il fantasmait sur elle de façon grotesque, dégradante et absolument irrespectueuse...

L'argument «Je trouvais ça drôle, c’est de l’humour, au pire une erreur de jugement…»
       Ok, c’est une grosse erreur de jugement. Il s’avère que si je manque de jugement et que je trouve drôle de frapper quelqu’un, je vais peut-être me ramasser avec des accusations de voie de fait. C’est la vie ça. On vit dans une société où faut assumer ses actes, même quand on les trouvait drôles et qu’ils sont issus d’une erreur de jugement.

«Je me suis excusé… Il s’est excusé… »
       Ok, super, il s’est excusé. Mais il s’avère que si je m’excuse à quelqu’un de l’avoir frappé, son bleu disparaît pas, ni la crainte que ça lui a peut-être inspiré de manger un coup de poing sur la tronche, juste de même, sans raison, et il a quand même le droit de me poursuivre pour voie de fait.

«J’ai écrit ‘Je t'offre mes services de rebound...’ À partir du moment où elle décline l'invitation et que je prends mon trou, je ne vois pas où il y a un viol.»
       Y'a pas d'accusation de viol non plus, ceux et celles qui parlent de viol te disent pas que tu l’as violée, ils disent que tu alimentes la ‘culture du viol’. Et le fait est que même si dans ton fantasme tu lui demandes la permission, dans la vraie vie, tu l’as pas fait avant d’écrire ton texte.

«Culture du viol? Franchement, vous exagérez…»
       Non, on n’exagère pas. Si on exagérait, les femmes qui ont subi des violences sexuelles ne se feraient pas dire qu’elles ont couru après en s’habillant sexy ou en se présentant seule à un rendez-vous avec un inconnu (toi, trouves-tu que c’est risqué d’aller seul à la rencontre d’une femme inconnue), des pages Facebook comme la tienne ne seraient pas aimées par 30000 personnes, des publicités ou les femmes sont utilisées uniquement parce qu’elles sont belles, sans lien aucun avec les produits à vendre ne seraient pas tolérées et la société ne se demanderait pas si la prostitution est un mal nécessaire et acceptable ou un mal à abolir… Vous qui dites : non, il n'y a pas de culture du viol, c'est quoi vos arguments?

«Je suis pour la liberté d’expression.»
       Moi aussi! Mais y’a des limites et je suis d’accord avec ces limites. La liberté d’expression est limitée par le droit au respect de la vie privée, le droit à l’image, le droit à la réputation et à la sécurité. La liberté d’expression n’est donc pas absolue et ce droit fondamental cesse lorsqu’il entre en conflit avec le(s) droit(s) d’une autre personne.
       En écrivant ton texte, t’as été trop loin. C’est évident et ça va être démontré. Je ne pense pas que ça va te coûter 300 000 $, je ne pense pas que Mariloup veut faire un coup d'argent, mais je pense qu'elle t’utilise pour défendre une cause qu’il faut défendre et qu’elle le fait intelligemment. Et j’avoue que je fantasme de te voir être obligé de te faire soigner… (…)

Suite :
http://deshistoiresdesurvie.blogspot.ca/2014/03/reponse-gab-roy-et-ceux-qui-le-defendent.html

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* Angélique, c’est un pseudonyme qu’elle utilise parce qu’elle est un peu paranoïaque. Il y a quelques mois seulement, Angélique se prostituait. Mais son histoire avait commencé trois ans auparavant. À 29 ans, après une rupture, la jeune mère de famille s’est retrouvée avec des dettes.
Son histoire (Radio Canada) : Angélique en enfer : l’intérieur des maisons closes

Blogue Originel par Lili Boisvert : Pourquoi un blogue sur la sexualité? Pourquoi ne pas laisser ce sujet à l’industrie pornographique? À celle du marketing? Si le sexe était autrefois une affaire privée, aujourd’hui, il se décline de mille façons dans la société. Et cela, c’est d’intérêt public. Originel traque le stéréotype, pourfend le mythe, aborde les dossiers chauds et l’actualité en matière de sexualité : http://blogues.radio-canada.ca/originel/  

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Conclusion :
«Le temps est un bien précieux et périssable.» ~ Douglas Kennedy (Cinq jours)

En effet! Utilisons-le donc à meilleur escient!

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