12 mars 2014

Le sort du «vivant»


Superbe montage photographique - bucolique.  

Parfois je me sens comme Sol Roth (Edward G. Robinson) dans le film Soylent Green – Soleil Vert (1). Il décide d'aller au Foyer, l’endroit où l'on se fait euthanasier. Mais avant d'être euthanasié, il choisit de visionner, dans un endroit semblable aux dômes IMAX, des documentaires animaliers, des films sous-marins, des paysages naturels bucoliques, au son d’une symphonie de Beethoven (l’Hymne à la joie je crois…). Après deux heures à voir un New York bidonville, baignant dans un smog jaunâtre, agité d'émeutes dégagées au bulldozer, on comprend que toute cette beauté n'existe plus, détruite par la pollution et l'empoisonnement planétaire. Il ne reste que des images virtuelles…

«N’ayant aucun moyen de connaître l’avenir, je choisis de ne pas m’en inquiéter.»
(Aphorisme zen)

Sage réflexion, mais difficile à appliquer tout le temps. Je m’inquiète pour les oiseaux et les arbres. Pas d’arbres / pas d’oiseaux = printemps silencieux. Ça me crèverait le coeur.


Le sort des oiseaux migrateurs

La période de migration printanière de nos amis à plumes approche. Selon Michael Mesure, directeur de l’organisme de préservation des oiseaux FLAP à Toronto, 1 million d’oiseaux migrateurs meurent à chaque année parce qu’ils butent contre les vitres de nos cages de verre urbaines. Ça arrive en plein jour en raison de la trop grande projection de reflets lumineux, à hauteur de 16 m (sommet des arbres).

La ville de Toronto a passé une loi demandant qu’on applique des marqueurs sur les fenêtres des futurs gratte-ciel – bandes opaques, bandes UV, décalques. Certains propriétaires, dont les constructions datent d’avant la loi, ont quand même choisi d’appliquer cette loi; mais, c’est très coûteux.

Je lisais dans Care2 qu’aux États-Unis, selon une étude récente, entre 365 et 988 millions d’oiseaux (d’autres estiment que ce nombre pourrait atteindre 1 milliard) meurent à chaque année à cause des collisions contre les fenêtres, non seulement des gratte-ciel, mais aussi des structures plus petites. Les bâtiments de 4 à 11 étages comptent pour 56 pour cent des collisions, les résidences 44 pour cent, et les gratte-ciel moins de un pour cent.


Quels sont ces oiseaux? Beaucoup d’oiseaux chanteurs, mangeurs d’insectes – paruline, bruant, colibri, rouge-gorge, passereau, hirondelle des granges, junco, gros-bec, etc.

On peut faire quelque chose chez soi

J’ai déjà vécu le problème des grandes fenêtres assassines. Un jour, j’ai lu dans un magazine suisse que les gens collaient des silhouettes de grands oiseaux dans leurs fenêtres. Ça fonctionne et ça ne coûte rien (silhouettes en papier collées à l'intérieur).

Exemple :


Corridor migratoire d’Amérique du Nord  
Source : FLAP CANADA
Info et trucs http://www.flap.org/


Le sort des frênes  

L'agrile du frêne (Agrilus planipennis)

Plus de 200 000 frênes publics sont menacés d’être détruits par l’agrile du frêne d’ici une quinzaine d’années à Montréal, sans compter ceux des citoyens et ceux des grands parcs métropolitains. On s’apprête à en abattre 7000 bientôt. Son introduction a déjà causé la perte de plus de 70 millions de frênes aux États-Unis et au Canada.

L’insecte est originaire d’Asie du Sud-est, Chine, Japon, Corée, et de Russie. On croit que l’insecte a été introduit avec le bois d’emballage des marchandises des bateaux de commerce international. Globalisation commerciale et libre-échange : pour le meilleur et pour le pire.

J’en ai vu lors d’excursions en différentes régions l’été dernier : la bestiole vert métallique fluo est très facile à repérer :  


Les impacts environnementaux et sociaux

Les nombreux frênes montréalais offrent une multitude de services écologiques. Ralentissement des eaux de pluie, amélioration de la qualité de l’air, rafraichissement des rues en sont quelques exemples. La perte de ces services écologiques peut avoir un impact important sur l’environnement urbain. Des changements de paysage important sont aussi à prévoir. Beaucoup de quartiers comportent des concentrations de frênes importantes. La perte de plusieurs arbres matures d’une même rue peut changer sensiblement l’ambiance qui y règne.

Plan de lutte :
http://ville.montreal.qc.ca/portal/page

---

(1) Soleil vert (Soylent Green) est un film de science-fiction de Richard Fleischer (1973), dépeignant un avenir sombre dans une société ayant épuisé toutes ses ressources naturelles et détruit la nature. En 2022, la pastille Soleil vert, fabriquée par Soylent Incorporated, sert à nourrir la population miséreuse. Personne ne sait qu’elle est fabriquée à partir de cadavres humains (industrialisation du cannibalisme). Sol Roth (Edward G Robinson) y incarne une génération qui a connu un autre monde, et exprime un regret discret de l'ancien ordre des choses.
       Plusieurs enjeux de société y sont abordés : urbanisation, surpopulation, exploitation des ressources, entassement (manque de place – Make room!), politique corrompue, capitalisme cynique, camps de concentration, violence urbaine, etc. Le film est inspiré de la nouvelle de Harry Harrison, Make Room!, parue en 1963.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire