2 mars 2014

Les effets de la bienveillance

Mainate religieux (1). Crédit photo : Yabalex

Ce n’est pas la solitude physique qui nous dérange, mais plutôt la solitude émotionnelle; elle nous évide. ~ Senora Roy

L’allégresse : l'effet extraordinaire d’être témoin d’actes de bonté
Par Steve Taylor, Ph.D.

Pourquoi éprouvons-nous une expérience de pleine conscience (peak experience) en voyant des gens bienveillants les uns envers les autres?

Un de mes amis, qui vivait au Pakistan, était militant pour les droits des animaux. Un jour, alors qu’il marchait dans sa ville natale, il vit une foule rassemblée autour du stand d'un vendeur d’oiseaux. Un homme avait acheté quelques mainates (un oiseau de compagnie populaire au Pakistan à cause de sa capacité d'imiter des sons) qu’il relâcha par la suite. Il les sortit de la cage un par un, et les laissa s’envoler. Il avait acheté au total 32 oiseaux uniquement pour les libérer.

Ce geste altruiste surprit mon ami, en partie parce que selon lui «de tels actes de bienveillance ne sont pas très communs dans cette partie du monde où les gens ne sont pas très bienveillants envers les animaux en général». Mais il était étonné aussi de sa propre réaction. Il s’était senti imprégné d’un profond sentiment de paix. Une atmosphère de tranquillité inhabituelle immergeait son entourage, et il se sentait complètement libéré de toute inquiétude ou anxiété. Ce sentiment de paix et de joie l’avait accompagné pendant quelques jours, et il me dit : «Je crois que dans une certaine mesure c’est encore présent.»

Voilà un exemple éloquent de ce genre d’expérience que pour la plupart nous connaissons bien, même si les psychologues n’y ont pas accordé tellement d’attention jusqu'à présent. Il s'agit de ce sentiment fantastique et réconfortant que nous éprouvons quand nous sommes témoins d'actes de bonté. Même les gestes altruistes les plus simples pourraient vous en donner un aperçu : un passant qui partage son lunch avec un sans-abri, un étranger qui aide une personne aveugle à traverser la rue, ou quelqu’un qui cède son siège à une dame âgée dans le métro. Ou quand nous voyons des actes de bonté entre les animaux – par exemple, vous pourriez peut-être regarder ce clip maintenant et noter votre réaction :  

 

Ainsi, être témoin d’actes altruistes peut initier ce qu'Abraham Maslow appelait des «expériences de pleine conscience» – ces moments de révérence et d’émerveillement accompagnés d’un sens du «bien» (rightness), qui nous rendent immensément reconnaissants d'être en vie.

Jonathan Haidt est l'un des rares psychologues qui parle de cette expérience de pleine conscience. Il l’associe à un sentiment ‘d’allégresse’ qu’il décrit comme «une sensation de chaleur dans la poitrine, une expansion au niveau du cœur, un plus grand désir d'aider, et un plus grand sens de connexion aux autres». Selon lui, il s’agit d’une «manifestation humaine ‘supérieure’ ou de ‘meilleure’ nature».

En fait, l’unique finalité de  l'expérience est peut-être de nous redonner foi en la nature humaine, ce sens de pure bonté dont les êtres humains sont souvent capables et parfois difficile à voir au milieu du chaos et des conflits de notre monde. Mais ce sens de connexion cité par Haidt est assurément tout aussi important. Comme je l'ai déjà mentionné, l'altruisme transcende le sentiment de séparation que nous éprouvons souvent en tant qu'êtres humains. Il nous relie les uns aux autres – et en fait, le pur altruisme est possible uniquement parce qu’au plus profond d’eux, tous les êtres humains font partie du même réseau de conscience. La personne qui pose un geste altruiste en fait l’expérience, et peut-être aussi le bénéficiaire. Et quand nous sommes témoins du geste, nous faisons également partie du réseau.

Alors, si vous entendez accomplir un acte de bonté, pensez à ses trois effets positifs potentiels. L’effet positif sur le bénéficiaire, l'effet positif sur vous – vous pourriez ressentir l’«euphorie du bénévole» (helper’s high); et puis, c’est peut-être sur le témoin que le geste de bonté aura le plus d’effet.

(November 15, 2013; in Out of the Darkness)

http://www.stevenmtaylor.com/ et http://www.psychologytoday.com/

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(1) Les mainates sont originaires du sud de l'Asie ainsi que de la région sud-ouest du Pacifique. Son terrain de prédilection consiste bien souvent en des endroits légèrement boisés, à l'orée d'une forêt ou des terrains plus ouverts.
       En captivité, c'est sans doute un de seuls animaux au monde capable de reproduire pratiquement à la perfection la voix humaine, de plus il apprend très vite. Chassé pour sa chair en Inde, le mainate religieux doit aussi la disparition de sa race à la déforestation. Il y a cinq races de mainates au monde dont une est quasi éteinte à ce jour. Son don d'imitation ne lui rend pas vraiment service non plus, il n'en devient que plus recherché par l'homme comme animal de compagnie.
       Pour trouver l'origine du mot mainate, il faut remonter à la langue hindi de l'Inde où «maina» est le nom de l'étourneau. Le mot est relié au sanskrit «madana» qui signifie «joyeux». À son tour, ce mot vient d'un mot souche qui signifie «bulles». Mainate pourrait donc être traduit par «pétillant de joie».
Description : http://nos-meilleures-photos.over-blog.com/article-780192.html

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