16 octobre 2013

Avoir sans retenir


Avoir sans retenir
Par Marge Piercy

[Traduction/adaptation maison – version originale ci-après]

C'est difficle d'apprendre à aimer différemment,
d'aimer avec les mains largement ouvertes,
d'aimer avec les portes qui claquent sur leurs charnières,
le placard déverrouillé, le vent
grondant et mugissant dans les pièces
bruissant dans les draps et faisant claquer les stores
comme des bandes élastiques
dans une paume ouverte.

Ça fait mal d’aimer grand ouvert
d'étirer des muscles donnant l’impression
d’être faits de plâtre humide,
puis d’être des couteaux épointés, puis
des couteaux tranchants.

Ça fait mal de contrecarrer le réflexe de
s’accaparer, de s’agripper; d’aimer et de laisser
aller encore et encore. C'est difficile d’oublier
l'amant qui n'est pas dans le lit,
de se contenir devant une œuvre  
qui vacille comme une bougie dans une grotte
sans air, d’aimer consciemment,
consciencieusement, concrètement, constructivement.

'Je ne peux pas', dites-vous, 'ça me tue',
mais vous réussissez, vous brillez dans la rue
comme une framboise au néon,
vous flottez et voguez, une montgolfière
brillant comme une centaurée bleue, dansant
au gré des courants froids et chauds de notre souffle,
tandis que nous faisons et défaisons en
diastoles et systoles passionnés le rythme
de notre lien délié, pour avoir sans retenir,
pour aimer avec le minimum de malice,
la faim et la colère d'instant en instant en équilibre.

TAP :
http://www.awakin.org/read/view.php?tid=967#sthash.uMlIl2nK.dpuf

Crédit photo : http://www.airpetitprince.com/

To Have Without Holding
By Marge Piercy (Oct 14, 2013)

Learning to love differently is hard,
love with the hands wide open,
love with the doors banging on their hinges,
the cupboard unlocked, the wind
roaring and whimpering in the rooms
rustling the sheets and snapping the blinds
that thwack like rubber bands
in an open palm.

It hurts to love wide open
stretching the muscles that feel
as if they are made of wet plaster,
then of blunt knives, then
of sharp knives.

It hurts to thwart the reflexes
of grab, of clutch; to love and let
go again and again. It pesters to remember
the lover who is not in the bed,
to hold back what is owed to the work
that gutters like a candle in a cave
without air, to love consciously,
conscientiously, concretely, constructively.

I can't do it, you say it's killing me,
but you thrive, you glow
on the street like a neon raspberry,
you float and sail, a helium balloon
bright bachelor's button blue and bobbing
on the cold and hot winds of our breath,
as we make and unmake in passionate
diastole and systole the rhythm
of our unbound bonding, to have
and not to hold, to love
with minimized malice, hunger
and anger moment by moment balanced.

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