2 juillet 2013

Composer avec la peur

À propos de la peur
Gerry Spence
(17/07/2001)

John Johnson et Gerry Spence

J'ai toujours eu peur. La peur est un sentiment douloureux. Elle s’installe dans le bas de l’abdomen et ça fait mal. Mais c'est l'énergie de la survie. J'ai toujours eu peur de la peur, et en même temps j’en étais reconnaissant – effrayé et reconnaissant de sa douleur parce que je pouvais m’arranger pour l'éradiquer en triomphant de ce qui me faisait peur.

Quand on a peur on réagit comme n’importe quel animal. Si l'on est un lièvre, on court se cacher dans son trou. Si l'on est une tortue on se recroqueville sous sa carapace. Nous avons tous connus des gens qui réagissent à leur peur de cette façon. Certains les qualifient de poltrons. D’autres les qualifient, erronément, de lâches. Ne mettez jamais la main dans un clapier pour en sortir un lièvre. Vous n’en retirerez qu’un doigt ensanglanté.

Mais certaines personnes, moi y compris, réagissent à la peur comme des lions. Nous devenons colériques. Il est plus facile d'être en colère que d'avoir peur. C’est moins douloureux. Le lion effrayé s'attaque à tout ce qui lui fait peur. Le grizzli également. Moi aussi. Mais c'est la peur néanmoins qui motive l'attaque. Et notre peur génère de la peur chez les autres, ce qui n’est pas forcément ce que nous souhaitons.

La peur nous a été donnée pour que nous puissions détecter les dangers de notre monde complexe. Pour éviter les blessures de diverses natures, nous devons reconnaître le danger, quel qu’il soit. La peur nous permet de déterminer la cause de notre peur et de l'évaluer. Elle nous permet de réaliser qu’il n’y a pas lieu d'avoir peur de telle personne ou de tel emploi. Nous pouvons composer avec ça. Elle nous donne l'occasion de comprendre que l'autre a sans doute autant peur de nous que nous avons peur de lui. Elle nous donne la chance de faire face à notre peur. Craignons-nous pour notre santé? Quelle que soit notre peur, est-elle justifiée? Si c'est le cas, nous devons l’écouter et prendre les mesures appropriées.

En fin de compte, la peur est un cadeau. Le jeune cerf mâle n'a pas peur. Mais c’est lui qui, en général, finit sur le capot du pick-up du chasseur tandis que le vieux mâle, avec son magnifique panache et sa noble posture, est le premier à bondir et à fuir quand il entend une brindille craquer sous la botte d’un chasseur.

La peur nourrit aussi le courage. Nous ne pouvons pas être courageux sans la peur. Celui qui fait face à un grand danger ne peut pas être courageux s’il n’a pas d’abord ressenti de la peur et décidé de la dépasser. Autrement, il est simplement insensé. Je ne connais  pas de gens courageux qui n’aient pas d'abord éprouvé de la peur. Finalement, la peur est notre amie. Écoutez-la. Elle nous parle fort. Elle ne doit pas être ignorée. On doit l’accueillir comme un partenaire, une protection.

Source :
http://www.gerryspence.com.php53-12.dfw1-1.websitetestlink.com/on-being-afraid/
http://gerryspence.wordpress.com/2011/03/23/848/

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Sans peur
Thich Nhat Hanh


Notre est vie remplie de moments merveilleux et de moments difficiles. Néanmoins, même lorsque nous sommes très heureux, il y a de la peur tapie derrière notre joie. Nous craignons la fin de ce moment, de ne pas avoir ce dont nous avons besoin, de perdre ce que nous aimons, ou de ne pas trouver la sécurité. Souvent, notre plus grande peur vient de la prise de conscience qu'un jour notre corps cessera de fonctionner. Alors, même quand nous avons toutes les raisons d’être heureux, notre joie est incomplète.

On peut penser que si nous ignorons nos peurs, elles disparaîtront. Mais si nous enterrons nos peurs et nos angoisses dans notre conscience, elles continuent de nous affecter et de nous apporter plus de tristesse. Nous avons très peur d'être impuissants. Mais nous avons le pouvoir de regarder nos peurs en face, et ce faisant, la peur ne peut pas nous dominer. Nous pouvons transformer notre peur. La peur fait en sorte que nous nous concentrons sur le passé ou que nous nous inquiétons de l’avenir. Si nous prenons conscience de notre peur, nous pouvons réaliser qu’en ce moment même, nous sommes bien-portants. Maintenant, aujourd'hui, nous sommes encore en vie et notre corps fonctionne à merveille. Nos yeux peuvent encore voir le beau ciel. Nos oreilles peuvent encore entendre la voix des êtres que nous aimons.

Pour aborder notre peur il faut d’abord l’identifier puis l’observer sans jugement. Nous reconnaissons tout doucement qu’elle est là. Ce qui apporte déjà un soulagement. Puis, une fois que notre peur s’est apaisée, nous pouvons l’accueillir et examiner ses racines, son origine. Comprendre les sources de nos angoisses et de nos peurs nous aide à lâcher prise. Notre peur vient-elle de quelque chose qui se passe en ce moment, ou d’une vieille peur de l’enfance que nous avons sauvegardée? Lorsque nous acceptons de regarder nos peurs en face, nous voyons bien que nous sommes encore en vie, que nous avons encore beaucoup de choses à aimer et à apprécier. Si nous n’esquivons pas notre peur et que nous la gérons, nous pouvons profiter du soleil, du brouillard, de l'air et de l'eau. Si vous regardez à fond dans votre peur et que vous en avez une perception claire, alors vous pouvez profiter d’une vie qui en vaut la peine.

Le Bouddha était un être humain ayant également connu la peur. Mais, étant donné qu’il pratiquait quotidiennement la pleine conscience en examinant ses peurs de près, lorsqu’il faisait face à de l'inconnu, il restait calme et serein. On raconte qu’un jour, le célèbre tueur en série Angulimala s’approcha du Bouddha en lui criant de s'arrêter. Mais le Bouddha poursuivit sa marche lentement et calmement. Angulimala le rattrapa et lui demanda pourquoi il ne s’était pas arrêter. Le Bouddha répondit : «Angulimala, je me suis arrêté il y a longtemps. Mais toi, tu ne t’es jamais arrêté.» Il précisa : «J'ai cessé de commettre des actes qui causent des souffrances aux autres êtres vivants. Tous les êtres vivants veulent vivre. Tous ont peur de la mort. Nous devons développer la compassion dans notre coeur et protéger la vie de tous les êtres.» Surpris, Angulimala voulut en savoir plus. À la fin de la conversation, Angulimala promit de plus jamais commettre d’actes violents et décida de se faire moine.
 
Comment le Bouddha pouvait-il rester si calme et détendu en présence du meurtrier? L’exemple est extrême, mais d'une manière ou d'une autre, nous butons tous sur des peurs à chaque jour. La pratique quotidienne de la vigilance peut être une aide précieuse. La respiration et la prise de conscience nous aident à répondre à tout ce qui se présente avec sérénité.
 
L’intrépidité est non seulement possible, mais elle est aussi une source de joie. Lorsque vous touchez à la «non-peur», vous êtes libre. Si jamais je suis dans un avion et que le pilote annonce que l’avion s’apprête à tomber, je pratiquerai la respiration consciente. Si vous recevez de mauvaises nouvelles, j'espère que vous ferez la même chose. Mais n'attendez pas qu’un événement dramatique se produise pour commencer à transformer votre peur et vivre la pleine conscience. Personne ne peut vous donner du courage. Même si le Bouddha était assis ici, à côté de vous, il ne pourrait pas vous le donner. Vous devez l’acquérir par vous-même. Si vous pratiquez la pleine conscience, lorsque des difficultés surgiront, vous saurez déjà quoi faire.
 

Dernier ouvrage de Thich Nhat Hanh :
Vivre sans peur, Cheminer avec sérénité
Le jour (avril 2013)  

«Sans la peur, il y a plus d'espace pour la compréhension et la compassion. Sans la peur, nous sommes vraiment libres.» Vivre sans craindre l'échec, sans avoir de soucis familiaux et sans appréhender la perte d'un être cher, la maladie ou le rejet, est-ce possible? Issus de la démarche de pleine conscience, les préceptes de ce livre visent à tarir la peur profonde dont découlent toutes vos inquiétudes quotidiennes. En suivant ces conseils concrets, accessibles et porteurs de grande sagesse, vous apprendrez à reconnaître vos angoisses, à les dépouiller de leur pouvoir et à les transformer en sources d'apaisement, pour avancer enfin en toute sérénité.


«Je dois mourir un jour, je ne peux pas échapper à la mort. Je peux tomber malade un jour, je ne peux échapper à la maladie. Un jour, je devrai me séparer de celui ou celle que j’aime, c’est inéluctable.» Tout ce que je peux emporter avec moi, ce sont seulement les fruits de mes actions; je ne peux rien emporter d’autre avec moi : ma maison, mon compte en banque, mes diplômes... je ne peux pas emporter ces choses-là avec moi.»

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