25 juillet 2013

À saveur estivale

Les recettes suivantes proviennent de :
Littérature & cuisine
Quelques recettes et anecdotes culinaires d’écrivains
Éditions Québec français


Soupe à la tomate
Jean Giono

Le dimanche matin, les ménagères des petits villages font de la soupe à la tomate. Des tomates coupées en deux et nettoyées des graines – appropriées, comme elles disent –, de l’eau, une burette d’huile, une friture d’oignons fins. Tout ça dans la marmite de terre bout sur le feu. Quand arrive 11 heures, toutes les marmites se mettent à bouillir et le village tout entier sent la soupe à la tomate. Le berger est arrivé au matin et, tout lourd de fatigue et de poussière, il se repose sous les platanes. Cette odeur de soupe à la tomate est pour lui l’odeur du dimanche, du beau dimanche où l’on a le jour libre, une maison, une table propre, une chemise fraîche, lavée, bleue du bleu à pierre et lavandée à la planche de l’armoire; du beau dimanche où l’on n’est plus berger, ce marin de terre, ce coureur d’escale, cet errant... Tout ça en rêve, car le berger est seul sous les platanes et le village est à d’autres.

Photo : Gato Azul  

Mange ta soupe...
Jean Cocteau

Mange ta soupe. Tiens-toi droit. Mange lentement. Ne mange pas si vite. Bois en mangeant. Coupe ta viande en petits morceaux. Tu ne fais que tordre et avaler. Ne joue pas avec ton couteau. Ce n’est pas comme ça qu’on tient sa fourchette. On ne chante pas à table. Vide ton assiette. Ne te balance pas sur ta chaise. Finis ton pain. Pousse ton pain. Mâche. Ne parle pas la bouche pleine. Ne mets pas tes coudes sur la table. Ramasse ta serviette. Ne fais pas de bruit en mangeant. Tu sortiras de table quand on aura fini. Essuie ta bouche avant de m’embrasser.

Cette petite liste réveille une foule de souvenirs, ceux de l’enfance… C’est très longtemps après qu’on arrive à comprendre qu’un dîner peut être un véritable chef-d’oeuvre.

Photo : Studio Rauzier-Rivière

Écossage des petits pois
Philippe Delerm

C’est facile, d’écosser les petits pois.
Une pression du pouce sur la fente de la gousse et elle s’ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes – une incision de l’ongle de l’index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après on fait glisser les boules d’un seul doigt.


Tartine à l’huile d’olive
Jean Giono

Quand j’étais tout petit, je jouais, puis j’avais faim. Ma mère taillait alors une plate tartine de pain. Elle la saupoudrait de sel, elle l’arrosait d’huile d’olive par un large 8 de la burette penchée; elle me disait : «Mange.» Ce sel, il me suffisait de humer le vent odysséen; il était là, avec l’odeur de la mer; ce pain, cette huile, les voilà tout autour de ces champs de blé vert dessous les oliviers. Ainsi s’est aiguisée de longue habitude l’ardente faim de mon coeur.


Vin d’oranges
Colette

[…] Il date d’une année où les oranges, du côté d’Hyères, furent belles et mûries au rouge. Dans quatre litres de vin de Cavalaire, sec, jaune, je versai un litre d’Armagnac fort honnête, et mes amis de se récrier : «Quel massacre! une eau-de-vie de si bon goût! La sacrifier à un ratafia imbuvable!...»

Au milieu des cris, je coupai, je noyai quatre oranges coupées en lames, un citron qui pendait, le moment d’avant, au bout de sa branche, un bâton de vanille argenté comme un vieillard, six cents grammes de sucre de canne. Un bocal ventru, bouché de liège et de linge, se chargea de la macération, qui dura cinquante jours; je n’eus plus qu’à filtrer et mettre en bouteilles.

Si c’est bon? Rentrez seulement chez vous, Parisiennes, à la fin d’un dur après-midi d’hiver ou de faux printemps, cinglé de pluie, de grêle, fouetté de soleil pointu, frissonnez des épaules, mouchez-vous, tâtez votre front, mirez votre langue, enfin geignez : «Je ne sais pas ce que j’ai...» Je le sais, moi. Vous avez besoin d’un petit verre de vin d’oranges.

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Photo : Crudessence – restaurant/traiteur (biologique, végétalien, vivant, sans gluten)  
Le livre de recettes «Crudessence, plus de 180 recettes crues, croquantes et craquantes» est fantastique (David Côté et Mathieu Gallant, Les Éditions de l’Homme) http://www.crudessence.com/. J’ai essayé plusieurs recettes : franchement délicieux.

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Divine lavande!

Confiture framboise-lavande-chocolat
(Mesures nord-américaines)

8 ½  tasses de framboises
3 tasses de sucre (ou moins ... au goût)
2 c. à soupe de jus de citron frais
1 ½ tasse de pépites de chocolat noir
1 c. à soupe de bourgeons de lavande (comestible) 

6 pots à conserves de 8 oz 

1. Combinez les framboises, le sucre et le jus de citron dans un poêlon à fond épais. Laissez mijoter à feu moyen 5 minutes en brassant lentement. Écumez si nécessaire. Retirez du feu.

2. Hors feu, incorporez le chocolat et la lavande aux framboises jusqu’à ce que le chocolat soit fondu. Transférez la mixture dans un grand bol, couvrez de papier parchemin et réfrigérez 12 heures pour que les saveurs se mélangent.

3. Réchauffez la mixture à feu moyen une dizaine de minutes, et écumez si nécessaire. Retirez du feu et transférez dans les jarres préalablement stérilisées.

Laissez reposer 6 mois dans un endroit sec et frais. Se conserve un mois au réfrigérateur une fois ouvert.

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