27 février 2014

Malléabilité du temps

("Le temps passe plus vite que moi.")

J’ai récemment parlé de l’impression de slow motion qu'on ressent lors d’événements à forte charge émotionnelle (mauvaises nouvelles par exemple) ou qui menacent notre intégrité physique. Eh bien l’autre jour, je suis tombée sur cet article qui propose quelques hypothèses pouvant expliquer le phénomène.

Quand les secondes deviennent des minutes
Par Steve Taylor, Ph.D.*

Pourquoi les situations d’urgence et les accidents font-ils ralentir le temps si radicalement?

«J'ai vu le pare-brise de la voiture éclater. Le verre se fracassait lentement et s’étalait comme un éventail, c’était très beau. Tous les morceaux brillaient au soleil. J’avais l’impression de flotter dans l'air et que je ne redescendrais plus. J'ai regardé le soleil, comme lorsqu’on est en avion au-dessus de nuages d'un blanc éclatant.»

Les accidents et les chocs soudains créent souvent un ralentissement extrême du temps. En fait, j'imagine que la plupart des gens ont vécu une telle expérience. Après la publication de mon livre Making Time, j'ai reçu de nombreux témoignages. En voici un de quelqu’un qui avait aidé une vieille dame alors qu’elle allait tomber :
«Je l’ai Instinctivement entourée de mon bras gauche, mais comme elle était en perte d’équilibre, et vu son poids, je suis tombé avec elle. Mais, entre ce moment-là et celui où j’ai heurté le trottoir une fraction de seconde plus tard, tout s'est passé en slow motion. Dans une série de mouvements magnifiquement chorégraphiés, j’ai eu le temps de me retourner pour qu’elle tombe sur moi et de relaxer suffisamment mon corps pour éviter une fracture quelconque au moment de l'impact.»

Le même ralentissement temporel se produit fréquemment en situations d'urgence, lorsque notre vie est en danger. Beaucoup de témoignages confirment que le temps ralentit dramatiquement pendant les tremblements de terre ou avant les accidents d'avion, par exemple. Une femme qui a vécu le tremblement de terre dévastateur de 1988 en Arménie disait : «C'était comme un film au ralenti. Il y avait un panneau de béton qui s’effondrait lentement.» 

Pourquoi le temps semble-t-il ralentir en situation d'urgence? Une explication possible nous vient de la deuxième expérience ci-dessus. L’effet de ralentissement pourrait être un «truc» neurologique ou psychologique que nos ancêtres auraient développé comme aide à la survie. Ce «truc» augmente nos chances de survivre aux situations d'urgence, parce qu'il nous donne plus de temps pour nous préparer et nous positionner afin de répondre à la situation. En ce sens, nous pourrions voir cette capacité comme une adaptation évolutive.

Une autre possibilité serait que le «ralentissement du temps» soit dû à l'augmentation du nombre d'impressions et de perceptions que l'esprit absorbe à ce moment-là. Il semble qu'un accroissement d’information ralentit le temps de perception. Toutefois, en cas d'accidents et de situations d'urgence, cela pourrait être l’effet plutôt que la cause. C'est-à-dire que l’impression de ralentissement nous donnerait la capacité d'absorber beaucoup plus d’information. (On a aussi avancé qu’il n’y avait vraiment de ralentissement du temps, que c’était plutôt la manière dont la mémoire traitait le souvenir  en raison de l’augmentation soudaine d’une grande quantité d’impressions enregistrées. Mais cette explication est démentie par la puissante réalité de ces expériences. Quiconque a vécu pareille situation n’a aucun doute sur le fait que l’expansion du temps se produisait simultanément; qu’il na s’agit pas d’un souvenir déformé.)

C’est une possibilité, mais, mon explication préférée est que le ralentissement du temps résulte d’un brusque changement d’état de conscience. Notre perception du temps qui passe est une fonction de notre état de conscience ordinaire. Il existe de nombreuses variétés d’états de conscience «altérés» où le temps ralentit considérablement : par exemple dans la «zone» d’expérience des athlètes, la méditation profonde ou sous l'influence de drogues psychédéliques comme le LSD. Il y a également des états altérés où le temps semble passer plus vite, comme les états d’hypnose ou de concentration intense. Tous ces états montrent que notre perception normale du temps n'est pas absolue ni fixe – il s’agit simplement d’une construction psychologique qui dépend d'un certain état de conscience.

Plus spécifiquement, nos perceptions du temps radicalement différentes sont dues à la dissolution de notre système «d’auto-perception» ordinaire – ce système de structures et de processus psychologiques constitue notre état d'esprit «normal». Il définit notre perception de nous et de notre expérience du monde à travers le temps. Mais parfois cette auto-perception se dissout, et soudainement, nous expérimentons le monde (et nous-mêmes) d'une façon complètement différente – dont découle notre perception différente du temps.

* Steve Taylor PhD is a senior lecturer in psychology at Leeds Metropolitan University, UK. He is the author of Making Time: Why Time Seems to Pass at Different Speeds and How to Control it. www.stevenmtaylor.com 

En complement : 

LE TEMPS
Par Scott Shaw

1. Là où vous êtes maintenant, c’est là où vous êtes. Vous pouvez désirer être ailleurs, en train de faire autre chose, mais vous êtes ici. Vivez ce moment au maximum.

2. Vite, attrapez-le!
Ce moment a disparu; il ne pourra jamais être revécu.

3. Lorsque vous contemplez le futur dans le TEMPS, on dirait l’éternité. Lorsque vous contemplez le passé dans le TEMPS, on dirait un flash.

4. Pouvez-vous voir le temps? Non. Alors, cessez de le chercher.

5. Vous pouvez surveiller le tic-tac de l’horloge. Vous pouvez être témoin d’un lever ou d’un coucher de soleil. Mais ce n’est pas le temps. C’est simplement le mouvement. Le mouvement est le facteur qui définit le temps. D’une chose à une autre.

6. Cessez  de surveiller le temps et vous serez libéré du temps.

7. Il n’y a ni commencement ni fin au temps. Il y a seulement un commencement et une fin à votre perception du temps. Lorsque vous êtes vivant, vous pouvez être témoin du temps. Lorsque vous êtes mort, vous ne le pouvez pas. Le temps est un concept VIVANT.

8. L’évaluation du temps se fait toujours par rapport au passé. Vous ne pouvez évaluer le temps qu’en matière d’emplacement, c’est-à-dire, en comparant où vous étiez par rapport à où vous êtes maintenant.

9. Plus vous pensez et angoissez à propos du temps, plus il vous contrôle et plus il semble passer vite. Moins vous pensez au temps, plus vous êtes libre et plus vous avez amplement de temps.

10. Pouvez-vous sauver du temps? Non, il n’y a pas de compte d’épargne pour le temps.

11. On a consigné l’histoire du TEMPS sur terre par écrit. Le temps existait-il avant cela? Existait-il avant que vous en preniez conscience?

12. Avez-vous remarqué comme le temps passe parfois très vite ou très lentement? Durant certaines périodes, on peut vivre quantité d’expériences dans un laps de temps très court. Ces moments intenses passent très vite. En d’autres circonstances où la vie semble monotone, tout va lentement. Tirez le meilleur parti de chacun de ces moments car la vie bouge par cycles. Vivez et expérimentez les deux pleinement, au moment où cela se produit. Vivez la rapidité du temps aussi consciemment que possible. Vous réfléchirez à toutes ces nouvelles expériences une fois que le TEMPS aura ralenti.

13. Si l’on pouvait voyager dans le TEMPS, soit dans le futur ou dans le passé, cela voudrait dire que tout serait perpétuellement en train d’arriver. Ce moment existe-t-il pour toujours? Comment ce moment pourrait-il être ailleurs que là où il est, JUSTE ICI, MAINTENANT?

14. Prenez le temps de ne rien faire, simplement; cela vous ouvrira à un monde d’inspirations nouvelles.

Source :
Zen O’clock
TIME TO BE
Éd. Samuel Weiser, Inc.; 1999

Aucun commentaire:

Publier un commentaire