14 février 2014

Ce fameux «amour»

L'amour n'a rien à voir avec les contes de fées et Disney World. 

L’humanité s’accroche (depuis des millénaires!) à des concepts très étroits de l’amour : on croit qu’il se limite à la romance sentimentale et à l’attraction émotionnelle-sexuelle entre deux personnes ou au lien familial. L’amour continue d’être mal compris parce que la littérature, le cinéma, la publicité, les médias et la société perpétuent (et promeuvent) ces définitions réductrices de l’amour. Les gens les acceptent parce qu’ils choisissent de ne pas penser par eux-mêmes… parce qu’ils permettent aux autres de leur dire quoi faire, penser et croire.
       Il me semble que l’humanité devrait être assez évoluée pour s’affranchir de ces croyances puériles résultant en comportements toxiques (cruauté psychologique et physique, possessivité et jalousie, viols, crimes passionnels, infanticides, suicides...), suffisamment mûre pour passer à une perception de l’amour plus inclusive.
       Dans un contexte de plus grande maturité émotionnelle, les autres ne seraient pas des proies, des objets de désir à s’approprier, mais des personnes avec lesquelles on pourrait entretenir des relations sinon profondes à tout le moins respectueuses et cordiales. Ce serait tellement plus simple! 
      L’amour, dans son vrai sens, n’est pas soumis aux croyances limitées, séparatistes ou individualistes de la conscience humaine.

Quand le prétendu amour tue


Voilà un autre malheureux exemple de cette incontinence émotionnelle qui caractérise nos sociétés : deux mineurs âgés de 16 et 17 ans ont tué deux adolescentes et l’ami de cœur de l’une d’elles mardi dernier. Il s’agirait d’un crime revanchard.
       On dirait qu’il n’y a personne pour enseigner aux jeunes à développer un minimum de maturité ou de maîtrise émotionnelle. Les adolescents s’éduquent (manière de parler!) aux mangas et aux jeux virtuels violents où l’on exalte l’hystérie, le meurtre, l’irrespect d’autrui, et la culture du MOI / JE (centre autour duquel le monde entier tourne).

«Il n’y a qu’à observer nos enfants pour savoir que le jeu vidéo n’a jamais été aussi florissant qu’aujourd’hui : selon une enquête d’Ipsos Reid, plus de la moitié des jeunes canadiens disent jouer en ligne et visiter des sites de jeux au moins plusieurs fois par semaine.
       Les jeux multi-joueurs en ligne inquiètent les parents pour trois raisons majeures : par la violence parfois très réaliste que de nombreux jeux affichent, par les stéréotypes sexuels qu’ils véhiculent et également par le temps que certains jeunes peuvent y consacrer.» http://www.webaverti.ca/french/default.html

Boris Cyrulnik :

La violence est un point de vue, exprimé par des comportements qui ne tiennent pas compte de l'existence de l'autre. (Les nourritures affectives) 

Les pervers n'ont jamais honte puisque pour eux l'autre n'existe pas, c'est un pantin qui n'est là que pour leur propre plaisir. (Mourir de dire : La honte)

Toute rencontre est un déroutement qui peu mener à la déroute parce que l'amoureux (l’amoureuse) donne à l'autre le droit d'entrer dans son corps et dans son âme. La conjugaison des désirs donne ainsi à l'aimé le pouvoir d'épanouir l'amoureux... ou de le déchirer. (Parler d'amour au bord du gouffre)

Quand la sexualité s'est désacralisée elle est devenue divertissement trivial, lutte contre l'ennui. «Le cul des femmes est monotone» disait Maupassant qui avait fait de cet antre sacré une boite à jeux. La dévalorisation du phallus a soulagé bien des hommes car sa cotation en bourses avait fait grimper les prix. (Sous le signe du lien)

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Citaquote sur l’amour et l’amitié  
Source : http://www.gilles-jobin.org/citations/index.php?page=accueil

Edgar Morin :

L'amour est un risque terrible car ce n'est pas seulement soi que l'on engage. On engage la personne aimée, on engage aussi ceux qui nous aiment sans qu'on les aime, et ceux qui l'aiment sans qu'elle les aime. (Amour, poésie, sagesse, p.33, Seuil, coll. Points n°P587)

[L'amour] est condamné à l'errance et à l'incertitude : «Est-ce bien moi? Est-ce bien elle? Est-ce bien nous?» (Amour, poésie, sagesse, p.33, Seuil, coll. Points n°P587)

L'authenticité de l'amour, ce n'est pas seulement de projeter notre vérité sur l'autre et finalement ne voir l'autre que selon nos yeux, c'est de nous laisser contaminer par la vérité de l'autre. Il ne faut pas être comme ces croyants qui trouvent ce qu'ils cherchent parce qu'ils ont projeté la réponse qu'ils attendaient. Et c'est ça aussi, la tragédie : nous portons en nous un tel besoin d'amour que parfois une rencontre au bon moment – ou peut-être au mauvais moment – déclenche le processus du foudroiement de la fascination. (Amour, poésie, sagesse, p.34, Seuil, coll. Points n°P587)

Plus nous croyons que la raison nous guide, plus nous devrions être inquiets du caractère déraisonnable de cette raison. (Amour, poésie, sagesse, p.67, Seuil, coll. Points n°P587)

Un monde ne peut advenir que par la séparation et ne peut exister que dans la relation entre ce qui est séparé. (Éthique (La méthode 6), p.27, Seuil, 2004)

Francesco Alberoni : 

L'amour n'est pas forcément un sentiment réciproque. L'amitié au contraire, me semble-t-il, requiert toujours de la réciprocité. Je ne puis être l'ami de quelqu'un qui n'est pas mon ami. (L'amitié, Pocket n° 4223, trad. Nelly Drusi, p.13)

L'amour est sublime et misérable, héroïque et stupide. Juste, jamais. Ce n'est pas l'amour qui relève du registre de la justice, c'est l'amitié. (L'amitié, Pocket n° 4223, trad. Nelly Drusi, p.14)

Le temps de l'amour est un tourment qui relie le passé le plus reculé à l'avenir le plus lointain. Le présent est la tension née de ce tourment. Chaque instant de l'amour est victime de l'intemporalité, et de l'aspiration à l'éternité. (L'amitié, Pocket n° 4223, trad. Nelly Drusi, p.27)

L'amitié est la forme spécifique de l'amour qui a pour objet un être que l'on apprécie et qui, d'un point de vue éthique, se conduit correctement. (L'amitié, Pocket n° 4223, trad. Nelly Drusi, p.37)

Un ami est toujours un personnage à deux faces. D'un côté, il nous renvoie notre image, de l'autre il appartient à cette société qui nous est inconnue. (L'amitié, Pocket n° 4223, trad. Nelly Drusi, p.96)

Les prétendus amour-passion, «coup de foudre» ou «toquade» ne sont souvent que des relations érotiques agrémentées d'un peu de romantisme. (L'amitié, Pocket n° 4223, trad. Nelly Drusi, p.104)

[...] l'erreur que fait chacun de nous lorsqu'il tombe amoureux : celle d'imputer l'expérience extraordinaire qu'il est en train de vivre aux qualités de l'être aimé. (Le choc amoureux, Pocket n° 4081, trad. Jacqueline Raoul-Duval et Teresa Matteucci-Lombardi, p.12)

L'éros, la sexualité extraordinaire, est monogame. (Le choc amoureux, Pocket n° 4081, trad. Jacqueline Raoul-Duval et Teresa Matteucci-Lombardi, p.19)

La vie quotidienne est un éternel purgatoire. La vie amoureuse, un paradis ou un enfer; nous sommes sauvés ou nous sommes damnés. (Le choc amoureux, Pocket n° 4081, trad. Jacqueline Raoul-Duval et Teresa Matteucci-Lombardi, p.49)

L'amour naissant, comme tout état naissant, est une exploration du possible à partir de l'impossible, une tentative de l'imaginaire pour s'imposer à l'existant. Plus la tâche est grande, plus long est le voyage, moins probable est l'arrivée. Son histoire se réduit alors à l'histoire de ce voyage et de ses mésaventures, des luttes soutenues, sans qu'il y ait jamais une rive où aborder, un port où festoyer. (Le choc amoureux, Pocket n° 4081, trad. Jacqueline Raoul-Duval et Teresa Matteucci-Lombardi, p.111)

Albert Jacquard :

On peut apprendre à un ordinateur à dire : «Je t'aime», mais on ne peut pas lui apprendre à aimer. (Petite philosophie à l'usage des non-philosophes, p. 173, Éd. Québec-Livres)

Daniel Pennac : 

L'avenir, c'est la trahison des promesses, [...] le dernier des députés et le meilleur des amis vous le confirmeront! (Monsieur Malaussène, p.220 Éd. Gallimard)

L'amour ne nous sauve même pas de nous-mêmes... Voilà pourquoi l'homme est mortel... (Monsieur Malaussène, p.316 Éd. Gallimard)

Le chagrin creusé par ceux qui partent fait le nid de ceux qui arrivent dans le coeur de ceux qui espèrent. Il y a lurette que le manège aurait cessé de tourner, sinon. (Monsieur Malaussène, p.516 Éd. Gallimard)

À chacun sa vie: c'est le secret de l'amitié. (Cabot-Caboche, p. 215, Éd. Nathan)

C'est la marque des âmes fortes : chagrins et bonheurs n'y sont que parenthèses sur la route du devoir. (Des chrétiens et des Maures, p. 77, éd. Gallimard, 1996)

Il y a des circonstances de la vie où l'homme ressemble effectivement à un ordinateur : tout lisse à l'extérieur, mais clignotant des neurones avec frénésie. (La fée carabine, Folio n°2043, p. 230)

L'amour ne se prédit pas, il se construit. (Aux fruits de la passion, nrf-Gallimard 1999, p. 45)

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«Avoir quelqu’un dans la peau» -- une belle définition par 
Jacques Prévert 

Le souvenir d'amour
Le souvenir d'amour, c'est pas un cœur
au bout d'une chaîne, ni peint à l'entonnoir
sur un cochon de pain d'épice à la foire,
ni un feu d'artifice la main dans la main
enfin, c'est pas ce qui est gravé dans
ma mémoire, c'est ce qui est tatoué invisible
sur mon corps tout entier,
mon corps aimé, caressé, admiré.

Aimez... simplement, et bonne Saint-Valentin!

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