5 février 2014

Décidément…

«Le courage c’est découvrir que vous ne gagnerez peut-être pas, et essayer tout en sachant que vous pouvez perdre.»

Henning Mankell compte parmi mes auteurs préférés en raison de son humanisme qui filtre dans tous ses ouvrages. J’étais consternée d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer apparemment avancé. Souhaitons-lui de sortir vainqueur de l’épreuve.

Quelle perfide maladie qui, tôt ou tard, finit par presque tous nous ronger…

«Je vais décrire exactement cette bataille difficile qu’est le cancer», disait-il en interview. «C’est une maladie qui frappe tellement de monde et qui apporte tellement de douleurs et de souffrances. (…) Mais j’écrirai du point de vue de la vie, non pas de la mort.»

Sa chronique du 29 janvier dernier (en anglais) :
http://henningmankell.com/news/henning-mankell-about-his-cancer/

Mankell dit qu’en revenant chez lui après avoir reçu le diagnostic, il ne se souvenait plus de rien. Ça me rappelle une campagne publicitaire d’il y a quelques années où l’on voyait des personnes basculer vers l’arrière (d’un fauteuil ou d’un escalier) à l’annonce de la nouvelle – en slow motion. Je n’ai pas vu de publicité plus efficace pour rendre la manière dont le choc émotionnel peut être ressenti. C’est vrai que la notion de temps et d’espace se modifie dramatiquement quand on subit un choc. On dirait des ruptures (ou des ouvertures?) dans le temps linéaire, qu’il nous arrive aussi de ressentir dans les moments de grande joie ou d’extase.

Citations (H. M.)  

- Presque cinquante balais, c'est ça que tu appelles jeune?
- Moi, j'en ai soixante. À cet âge-là, on a déjà franchi le sas.
- Quel sas ?
- Qui ne laisse passer que ceux qui sont destinés à vieillir.
(L'Homme inquiet, trad. Anna Gibson, p.80, Seuil/Policiers, 2010)

Il est difficile d'avoir de la peine pour une personne de cent deux ans. Ces dix dernières années, elle ne m'a plus reconnu. Parfois elle m'a pris pour son défunt mari, mon propre père, donc... L'extrême vieillesse est pour l'âme un champ de bataille plongé dans de profondes ténèbres.
(Profondeurs, trad. Rémi Cassaigne, p.83, Seuil, 2008)

On garde le souvenir des morts. Pourtant, c'est comme s'ils n'avaient jamais existé.
(Les Morts de la Saint-Jean, trad. Anna Gibson, p.90, Points P971)

[Il] lui avait enseigné qu'il y avait deux sortes d'humains : ceux qui choisissaient la ligne droite, la plus courte, la plus rapide, et les autres, qui cherchaient le détour ouvrant sur l'imprévu, les courbes et les dénivelés.
(Avant le gel, trad. Anna Gibson, p.76, Seuil/Policiers, 2005)

On ne connaît personne. Soi-même encore moins que les autres.
(La Lionne blanche, trad. Anna Gibson, p.225, Seuil, 2004)

Il resta longtemps éveillé, il savait qu'elle non plus ne dormait pas. Avait-il jamais existé une plus grande distance entre deux personnes couchées dans le même lit et faisant semblant de dormir?
(Profondeurs, trad. Rémi Cassaigne, p.142, Seuil, 2008)

Chaque chambre a sa respiration. Il faut prêter l'oreille. Une chambre raconte bien des secrets sur la personne qui l'habite.
(La Muraille invisible, trad. Anna Gibson, p.60, Points P1081)

Les plus grands mensonges sont parfois des mensonges par omission.
(Avant le gel, trad. Anna Gibson, p.132, Seuil/Policiers, 2005)

Le cynisme est une défense de façade. Un filtre qui rend la réalité un peu plus douce.
(Le cerveau de Kennedy, trad. Rémi Cassaigne, p.327, Seuil, 2009)

Source* des citations :
http://www.gilles-jobin.org/citations/index.php?page=accueil

* Plus de 37000 notes de lecture (lisez la «petite histoire» du blogueur) :
«Au fil de mes lectures a, à mon avis, toute sa place sur le web. C'est, avec le site BRIBES, le seul qui référencie toutes les citations. Cela vous permet, internaute, de vérifier l'exactitude et le contexte de chacune des phrases. Trop de sites de citations n'offrent pas cette possibilité.»
       Je tire une leçon de sa remarque : à l’avenir je prendrai la peine de référencer les extraits de mes notes de lecture en bonne et due forme.  

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