23 août 2013

La «multiplication» des chiens

Photo : site Sandra et le chien

En ce moment c’est la chasse aux chiens abandonnés à Détroit, elle-même une ville abandonnée…

Si vous aimez les chiens «pour vrai» visitez Sandra et le chien
http://sandraetlechien.com/

Voici un de ses articles.

Les puppy mills offrent une évasion
Par Sandra (12/08/2013)

Au Québec, la mise à mort est la solution choisie pour contrôler cette surpopulation animale sur l’ensemble du territoire (http://www.caacq.ca).

Et si la réponse à cette situation se trouvait dans le problème? Et s’il fallait non pas chercher une  solution, mais regarder le problème. Pourquoi les Québécois ont besoin d’animaux? Pourquoi les Québécois ont besoin d’autant de bébés animaux dans leur vie? Car il est dit que près de la moitié (45 %) des ménages québécois ne gardent leur animal qu’en moyenne 2 ans.

La logique est simple, elle est pulsionnelle. Ces bêtes vivantes sont soulageantes. Tout part d’un refus. Refus d’une tension, d’un inconfort, d’une douleur. Refus de la simple intensité du vivant. Nous refusons le vide de nos existences. Nous recherchons un réconfort pour nous sortir de notre isolement. Nous achetons un animal. On se paie un être de chaleur pour plaquer devant notre manque, pour éviter de sentir le vide. Vide révélé par le refus de vivre. L’équation est simple. Nous avons un problème (notre vie a-t-elle un sens?) que nous refusons d’aborder, nous nous ruons sur une solution (acheter un être qui va nous sortir de notre déni), ça fonctionne tant que l’animal est petit, tout rond, tout mignon.

Nous nous accrochons avec volonté jusqu’à ce que les sensations que nous écartions refassent surface. Alors on se trouve avec deux vrais problèmes sur les bras : le chat ou le chien a bien grandi, il a besoin d’une bonne éducation, il a besoin qu’on s’investisse, il est là devant nous et nous, en dedans de nous, une terreur indicible nous étreint, la même qu’on fuyait. « L’animal ouvre devant moi une profondeur qui m’attire et qui m’est familière. Cette profondeur, en un sens, je la connais : c’est la mienne. Elle est aussi ce qui m’est le plus lointainement dérobé, ce qui mérite ce nom de profondeur qui veut dire avec précision ce qui m’échappe »,  p. 52-53, Georges Bataille Théorie de la religion, 1948, Idées/Gallimard.

C’est un cercle infernal. Comme il y a marché, les vendeurs produisent des animaux en quantité. Pour soulager cet automatisme stupide. Les puppy mills font fureur au Québec car ils offrent une évasion : fuir le monstre qui gît au fond de nous. Les attentes que nous projetons sur nos animaux sont des stratégies de soulagement de cette souffrance. Mais personne (animal ou être humain) ne peut combler ce manque et encore moins être cet objet de consolation. C’est en quoi Françoise Armengaud Réflexions sur la condition faite aux animaux Édition Kimé, disait : « Cela pourrait nous conduire à distinguer entre ce que j’appellerai le ‘principe prédateur’ : ta vie nourrit et soutient ma vie et le ‘principe sacrificiel’ : non seulement comme précédemment ta vie – en tant que nourriture – soutient ma vie, mais de surcroît et peut-être essentiellement ta mort garantit et légitime ma vie », p. 18

Le connu est toujours enraciné dans le passé et c’est à partir de ce connu que la pensée projette l’avenir.  Se délier de son passé pour aborder la question de la relation au chien au Québec. Ça ne passera pas par la volonté. Mais par le sentir, fond commun de l’homme comme de l’animal. À l’homme de sentir du dedans (p. 61, Sandrine Willems L’animal à l’âme, Seuil, 2011)

Sandra Friedrich
Blogueuse sans frontière ni censure, Sandra Friedrich multiplie les thèmes.

Forte d’une scolarité de doctorat en anthropologie et journaliste pigiste, elle a choisi l’Internet pour partager ses idées. Sandra Friedrich se spécialise dans la relation entre l’homme et l’animal de compagnie, plus précisément le phénomène anthropo-canin. Comme elle le dit si bien : « pour moi l'important reste l'humain en contact avec une autre espèce et le fait que dans notre société, le chien est encore vu comme une mécanique, un outil. On ne peut plus penser l'animal comme ça. C'est contre-productif et contraire aux expériences scientifiques du monde éthologique ».

Elle concrétise également sa passion du contenu à titre de journaliste humanitaire par le biais de ses articles, dossiers et collaborations sur la zoothérapie, les médias communautaires, l’Afghanistan, l’Afrique, l’eau, les soins palliatifs, le prématuré en croisement avec ses critiques littéraires, enquêtes et essais.

Manifesto
Est-ce qu’un blogue peut changer le cours des choses? Est-ce qu’écrire et découvrir peuvent nous aider à mieux vivre? Est-ce que partager une opinion et multiplier la différence peuvent nous aider à mieux être? Avec ce blogue à la ligne éditoriale forte assurée par Sandra Friedrich, elle nous fait la démonstration qu’on peut bloguer pour aider, éveiller, partager et pourquoi pas éduquer. L’opinion peut devenir quelque chose de collectif, la prise de position est donc de mise et permise sur ce blogue.

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