2 août 2013
«Jour et nuit»
Sous les cheminées
Richard Séguin
Premier amour, premier baiser
Le vent chaud du mois de mai
J´entendais tes rires courir dans l´air figé
De l´été suffocant qui avait tout son temps
Ta blouse entrouverte, mon oreille sur ton cœur
Couchés dans le champ, on avait fait le serment
De ne jamais vieillir, de ne jamais mourir
Sous les cheminées, celles qui brûlent jour et nuit
Dans un pays encore à genoux
Des noms de rues empruntés un peu partout
Boulevard Broadway, pare-chocs chromés
Gangs de quartier, vent de liberté
Cinémas qui se mirent dans les flaques d´eau
Qu´éclaboussent aussitôt les rêves brisés
Semaine rapiécée en robe du dimanche
Qui refait le trajet protégé par les anges
Sous les cheminées, celles qui brûlent jour et nuit
Le fleuve était caché comme il l´a toujours été
Devant le restaurant, on traînait nos quinze ans
On regardait passer les cargos étrangers
Baptisés de surnoms qu´on leur avait donnés
Chargés d´horizon, de nos rêves déchaînés
Chargés de soirées sans savoir où aller
Quand les yeux se ferment en quittant le rivage
Quand les yeux se ferment pour garder cette image
Sous les cheminées, celles qui brûlent jour et nuit
Le soleil s´endort sur la lignée de wagons
À bien regarder, rien n´a vraiment changé
Derrière la fumée, maisons d´ouvriers
Les rêves oubliés, l´autre côté du fossé
Et le vent murmure entre les peupliers
Le secret des mots offert à la vie
Ne jamais vieillir, ne jamais mourir
Même s´il fallait y laisser sa peau
Sous les cheminées, celles qui brûlent jour et nuit
Jour et nuit
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