La jalousie, l’envie, proviennent de l’incapacité de se réjouir du bonheur ou du succès d’autrui. ~ Matthieu Ricard
Beaucoup de nos malheurs viennent en effet de l’envie et de la possessivité car nous restons d’éternels enfants (dans le sens péjoratif du terme). L’enfant veut tout s’approprier, même ce qui n’est pas à sa portée ou qui ne lui convient pas du tout. Et si personne ne lui inculque un minimum de sagesse et de discernement, on le verra peut-être à la une des médias pour drame conjugal ayant débouché sur un meurtre; tout comme on voit des drames entre clans, groupes et pays déboucher sur des massacres et des guerres.
Jalousie et souffrance
Par Leo Babauta
http://zenhabits.net/archives/
Nous éprouvons tous de la jalousie sous une forme ou une autre, et quand elle surgit, ce n’est pas très joli.
Vous pouvez être jaloux parce que votre petite amie s'intéresse à quelqu'un d'autre, ou qu'un de vos meilleurs amis se rapproche de quelqu'un d'autre, ou qu'un de vos parents accorde plus d'attention à votre frère ou à votre sœur, ou que d'autres personnes ont plus de fun que vous.
J’admets que je suis jaloux, et le moi qui est jaloux n’est pas mon préféré. Je ne m'aime pas quand je suis jaloux.
Que faire? Je m’observe. Je vois, je reconnais ce qui se passe.
Mais qu’est-ce la jalousie?
La jalousie est tout simplement une réaction émotionnelle à une blessure passée. Elle est déclenchée par quelque chose du présent qui nous rappelle une situation où nous avons été heurtés. Nous avons peur de l'abandon. Nos parents ont divorcé (les miens l’ont fait), notre partenaire nous a trompé, notre meilleur ami nous a quitté. Notre cœur s’en rappelle et ça fait tellement mal qu’il devient extrêmement difficile de l'oublier.
Cette blessure, cette crainte, fait partie de nous. Elle refait surface à des moments inappropriés et commence à nous contrôler. Ainsi, la blessure devient un facteur déterminant de notre vie, elle fait ressortir ce qu’il y a de pire en nous. Ce n’est pas ce que nous voulons.
Panser les blessures et surmonter la jalousie
La jalousie s’infiltre parce que nous ne réalisons pas ce qui se passe, parce que nous évitons l’introspection. Elle a sur nous une emprise invisible, parce que nous ne la voyons pas.
C'est pourquoi il faut d'abord la voir; reconnaître que nous sommes jaloux. Nous n'aimons pas reconnaître nos mauvais côtés puisque c’est admettre que nous ne sommes pas toujours super. Mais, c’est important, car si nous ne le faisons pas, la jalousie aura plus d’emprise sur nous. Alors, reconnaissons-la.
Ensuite prenez conscience qu’elle vient d’une ancienne blessure. Le vieux moi a été heurté, et à cause de ça il a peur, il est en colère et anxieux. Il a peur de l'abandon. Il est en colère contre ceux qui menacent de l’abandonner.
C’est une réaction normale. Se sentir blessé quand quelqu'un viole notre confiance est compréhensible. Le vieux moi est tout excusé. Mais c'est du passé. Laissez-le pleurer, mais invitez-le aussi à lâcher prise, si vous voulez progresser.
Vous avez pris le divorce de vos parents ou la tricherie de votre partenaire pour un jugement relatif à votre personne, pour un abandon parce qu'ils vous avaient jugé indigne. Mais c’est faux. Ils ont quitté pour des raisons personnelles – ils avaient peur, ils étaient dans leurs propres problèmes d'abandon et de jalousie, ils n'étaient pas assez mûrs pour s'engager, etc. Les raisons de leur départ n'avaient rien à voir avec vous, et si vous en prenez conscience vous vous sentirez moins malheureux.
Suggestions
1. N’agissez pas sur le coup de la jalousie. Lorsque vous la détectez, arrêtez-vous, examinez votre peur et votre désir d’agir sous l’impulsion du moment, assoyez-vous et observez. Ne laissez pas la jalousie dicter vos actions. Prenez le temps de vous distancier si nécessaire. Imaginez un meilleur moi. Qui voulez-vous être? Voulez-vous être jaloux, ou préférez-vous être sûr de vous, confiant, heureux, et heureux du bonheur des autres?
2. Imaginez ce meilleur moi, puis agissez de façon cohérente avec ce moi.
3. Soulagez votre souffrance. Lorsque vous agissez par jalousie, vous blessez les autres. Apprenez à voir les souffrances que vous causez aux autres, ainsi qu’à vous. Demandez-vous comment vous voulez vivre. L’action motivée par la peur est l’unique cause de cette souffrance. Au lieu de cela, agissez avec compassion – avec compassion envers les autres et envers vous –laissez tomber la peur.
4. Laissez passer votre attachement. Vous vous accrochez à une vieille blessure, et vous vous blessez à cause d’elle. Apprenez à lâcher prise. Pratiquez le détachement. Plus vous pratiquerez, plus ça deviendra facile.
5. Soyez moins égocentré. Nous sommes jaloux, parce que nous croyons que le monde tourne autour de nous. Mon amie ne devrait pas être si proche de cette personne - ne sait-elle que je suis plus important? Ma partenaire ne devrait pas s'amuser sans moi - ne sait-elle pas que je suis le seul avec qui elle devrait s’amuser? Personne ne devrait partir en excursion et aller à des fêtes sans moi. Et ainsi de suite. Bien sûr, le monde ne tourne autour de vous (ou de moi), et donc, une fois que nous ne sommes plus le centre de tout, nous pouvons ouvrir notre coeur de manière à inclure tout le monde, pas seulement notre petite personne. Réjouissez-vous du bonheur des autres. Ressentez aussi leur souffrance, leur peur, leur colère et leur jalousie.
La jalousie n'est pas quelque chose dont on peut se débarrasser sur le champ, comme d’un vieux manteau dont on ne veut plus. La blessure a besoin de guérison, ce mal nécessite de la compassion. Pour surmonter la jalousie il faut développer des compétences qui s’acquièrent par la pratique ainsi qu’une confiance qui se gagne avec le temps.
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Complément : extraits de Soyez zen, par Charlotte Joko Beck
En prise directe
Abandonner des habitudes de vie nocives pour soi et pour les autres au profit d’une manière d’être bénéfique pour tout le monde. Cela paraît simple, et pourtant, on trouve le moyen d’en faire une interprétation fausse; on croit qu’il s’agit de devenir autre chose que ce que l’on est, ou de changer de mode de vie. Mais dès l’instant où vous vous dites que vous devriez être un peu plus comme ci ou un peu moins comme ça, vous plaquez votre idée des choses sur la réalité. La vraie vie est escamotée, votre pratique n’enclenche pas sur le réel et reste stérile. (…)
Examinez votre vie, telle qu’elle est actuellement, et vous vous apercevrez qu’il y a certaines réalités que vous préféreriez éviter ou ignorer. Il y a dans toute vie des choses ennuyeuses, pénibles ou très douloureuses et personne n’a envie de se mettre en prise directe là-dessus. Plutôt que de vivre sa vie, on préfère l’imaginer et s’en faire une représentation abstraite, à coup d’idées et de préjugés. Tout cela parce que nous avons tellement peur de voir la réalité en face. La pratique sert en grande partie à nous faire prendre conscience de cette peur, de notre réticence à nous ouvrir à la vie telle qu’elle est. (…)
Ce n’est pas en rêvant de lendemains qui chantent ou en réchauffant des souvenirs de bonheurs anciens qu’on évolue. On progresse en étant ce que l’on est et en vivant à fond ce que la vie nous apporte, ici et maintenant. (…) Il est impossible d’évoluer et d’apprendre tant que l’on refuse de vivre ce qui nous arrive. Ce n’est pas difficile à comprendre, mais un peu plus dur à faire.
Motivation et envies
Il y a un moyen facile de voir si l’on pratique en fonction d’une motivation authentique ou d’une simple envie intéressée – un désir de gain personnel. Quand on est motivé par une réelle inspiration, on éprouve généralement une certaine satisfaction, même si, concrètement, tout n’est pas toujours facile. Alors que nos envies – nos désirs, nos attentes – nous laissent toujours un arrière-goût d’insatisfaction, dans la mesure où elles sont l’expression de l’ego, la face mesquine de notre mental. Depuis notre plus tendre enfance, nous avons l’habitude de chercher notre bonheur ailleurs qu’en nous-mêmes. Éprouvant constamment le sentiment d’un manque, nous nous efforçons de combler un vide – imaginaire – par tous les moyens, courant sans cesse tous azimuts à la poursuite d’un nouveau bouche-trou.
Nous avons recours à toutes sortes de stratagèmes pour tenter de dissimuler notre insatisfaction profonde, l’un de nos préférés étant la poursuite de la réussite. Il est certes naturel de vouloir réussir ce que l’on entreprend et d’apprendre à bien gérer sa vie. Cela dit, tant que nous nous attendrons à trouver le bonheur ailleurs qu’en nous-mêmes, nous serons forcément toujours déçu. La vie sait se charger de nous le rappeler plus souvent qu’à son tour…
Nous avons tendance à envisager la vie en termes de pertes et profits : «Qu’est-ce que cela va m’apporter?» ou bien «Est-ce que ça risque de me faire mal?» C’est la double interrogation qui nous travaille sans arrêt, derrière nos petits airs calmes et bien tranquilles. (…)
Que cherchez-vous donc ailleurs qu’en vous-même? Qu’attendez-vous de cette nouvelle manœuvre? Un gain personnel? Une conquête amoureuse? La résolution d’un Koan?
Chaque instant de la vie est déjà une plénitude; il est complet en lui-même, il n’y manque rien. Sachant le reconnaître, vous serez capable de le laisser tel quel, quoi qu’il vous apporte. Bonheur, angoisse, plaisir, découragement? Nous passons par toutes sortes de hauts et de bas sur les montagnes russes de nos émotions, néanmoins chaque instant de notre expérience est unique, tel qu’en lui-même. Si vous avez peur, eh bien, vivez votre peur et, au cœur de ce vécu direct, vous goûterez un instant d’intrépidité.
Chaque instant de la vie – tel qu’il est avant qu’on le défigure – est une manifestation fulgurante de la vérité absolue.
Si vous êtes prêts à être exactement ce que vous êtes, là où vous êtes, la vie ne vous posera pas de problèmes puisque vous prendrez les choses comme elles viennent : vous vous sentez en forme – parfait –; mal dans votre peau – parfait; tout va bien – parfait; rien ne va – parfait.
Il est bien évident que nous avons des désirs et des attentes particuliers par rapport à la vie, mais, au fil du temps, la pratique les réduit progressivement à une peau de chagrin, si bien que nous nous retrouvons de plus en plus souvent face à ce qui est, ici et maintenant. C’est peut-être une perspective un peu affolante pour nos esprits calculateurs qui cherchent toujours à manipuler la vie dans un sens ou un autre : on voudrait en permanence se sentir bien dans sa peau, avoir la tête claire, ne pas éprouver de contrariété, et ainsi de suite.
Pourtant, les choses sont tellement plus simples que ce que nous concoctons sans cesse : quand vous rentrez chez vous le soir, après le travail, et que vous êtes vanné, eh bien, reconnaissez-le, tout simplement.
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http://situationplanetaire.blogspot.ca/2012/09/zenie-en-herbe.html
et le libellé Joko Beck (même site)
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