Pour pousser les plus grands pollueurs (entre autres, l’industrie pétrochimique et l’agrobusiness) à devenir éco-responsables, tout ce que nous pouvons faire c’est changer nos propres habitudes de consommation, nos comportements. Sinon, ils continueront à détruire la terre sans se faire de souci.
Quand on sait, on peut choisir.
Choisir d’aller d’un côté ou de l’autre selon sa propre conscience.
Non pas selon celle de Joe Blow à Radio-Poubelle.
L’ignorance n’offre aucun choix.
Avant :
Photographe inconnu
Après :
Un bilan édulcoré par DHPB
Je n’ai pas oublié : ni le golfe du Mexique ni Lac-Mégantic. Impossible.
La Louisiane de Zachary Richard, 5 ans après la marée noire
(Explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon de BP, golfe du Mexique)
Extraits d’une entrevue diffusée le 19 avril à l'émission Désautels le dimanche sur ICI Radio-Canada Première
On a la capacité quand on n'est pas au milieu de l'ouragan, pour utiliser une métaphore, d'oublier très vite. Cependant, les problèmes perdurent. Le 16 mars, BP a publié son rapport, qui prétend que le golfe du Mexique est complètement retourné à son état d'avant. Ce qui n'est pas du tout le cas.
Je veux juste rappeler qu'il y a eu 800 millions de litres déversés, 1600 km du littoral touchés et 20 millions d'hectares du golfe du Mexique fermés à la pêche.
Même les pêcheurs de crevettes ont été très très bien traités pendant la marée noire, et ça a créé ce qu'on appelle les spillionnaires. Il y a une partie de la communauté qui a bénéficié très très largement de la marée noire. Et qui espère que ça arrive encore, parce qu'ils se sont vraiment enrichis grâce à ça.
Depuis les années 30, l'industrie pétrolière a creusé plus de 8000 kilomètres de canaux d'exploration. À partir du golfe du Mexique, ils sont allés dans les marécages. L'intrusion d'eaux salines a fait qu'il y a une érosion spectaculaire. Depuis les années 30, on a perdu l'équivalent de l'État du Delaware. Le temps de cette conversation, nous aurons perdu l'équivalent d'un terrain de football. C'est un problème qui perdure depuis très longtemps et qui est très grave.
Je pense que le meilleur symbole, c'est l'île aux Chats, qui se trouvait dans la baie de Barataria. C'était, avant la marée noire, un territoire de nidification des pélicans bruns et de plusieurs espèces de pélicans.
Aujourd'hui, l'île aux Chats a 20 pieds carrés. Il y a quelques vestiges des mangroves. Le reste a complètement disparu, parce que la marée noire a détruit les mangroves et qu'il n'y a plus de racines pour garder la terre en place. Mais aussi parce que l'ouragan Isaac nous a frappés durement, et aussi à cause de la hausse du niveau de la mer. Tous ces éléments ensemble font que l'île aux Chats, qui était un endroit spectaculaire d'un point de vue naturel, n'existe plus.
Les pélicans bruns ont perdu 12 % de leur population après l'ouragan. C'est une pilule très difficile à avaler, car tout est associé à l'incapacité de l'homme de décrocher des combustibles fossiles. On a un niveau de la mer qui augmente, on a une marée noire qui détruit la végétation et on a une perte du littoral qui fait qu'en Louisiane, on est de plus en plus en danger.
Il y a quand même une réalité difficile en Louisiane. L'année passée, on a mené une bataille qu'on a perdue, mais qui était désolante. Le New Orleans Levee Board, l'organisme du gouvernement qui est censé nous protéger et maintenir les digues, à lancé une poursuite contre 97 compagnies pétrolières pour la perte du littoral.
En réponse à ça, les compagnies n'ont pas décidé d'aller en cour défendre la cause. Elles ont décidé d'acheter la législature et de créer un projet de loi qui était le Senate bill 469. Celui-ci, qui a fini par passer, disait simplement que le Levee Board n'avait pas le pouvoir de poursuivre une compagnie pétrolière. Et ça c'est fait à coût de contributions politiques à la législature, qui ont commencé à 20 000 $ et qui ont fini au-dessus de 200 000 $ par tête.
http://ici.radio-canada.ca/emissions/desautels_le_dimanche/2014-2015/chronique.asp?idChronique=369892
QUAND ON ACHÈTE, C’EST LA MER QUI PAIE
En mars dernier, Initiatives Océanes faisait campagne (excellente en passant) pour faire prendre conscience de la pollution aquatique. À chaque seconde, 206 kg de déchets plastiques finissent à la mer, soit 26 millions de tonnes de packaging par année! Un déchet dans la mer, c’est d’abord un déchet que nous avons acheté. Les emballages et leurs composés se retrouvent dans les océans et polluent irrémédiablement la chaîne biologique.
JETER PAR TERRE, C'EST JETER EN MER
80% des déchets aquatiques proviennent des terres.
[On voit encore quantité de sacs plastiques accrochés aux arbres, des gobelets rouler sur les autoroutes, des bouteilles d’eau en plastique, des canettes en aluminium, des jouets McDo et des briquets Bic, des mégots traîner dans les parcs, etc. C’est pourtant pas compliqué de garder ses propres déchets pour les mettre aux ordures ou au recyclage. Ignorance? Insouciance? Mauvaise volonté? Manque d’éducation? Toutes les réponses sont bonnes.]
INITIATIVES OCÉANES :
Programme de lutte contre les déchets aquatiques depuis 1996
Les Initiatives Océanes ont pour but d’impulser une dynamique de changement comportemental des citoyens et par extension d’évolution sociétale afin de réduire la pollution à la source. La mobilisation citoyenne est l’axe central du programme. Les citoyens organisent et participent à des actions de collectes de déchets, assurent des temps pédagogiques et collaborent à la recherche participative. Pour cela, Surfrider Foundation Europe met à disposition des outils d’éducation et de sensibilisation, du matériel logistique et des supports de communication.
http://initiativesoceanes.org/
Les cerises sur la slush...
Les eaux dopées
Par Binh An Vu Van
Québec Science, 31/03/2015
Les Québécois ont une drogue de prédilection: la cocaïne. Dans une ville de la taille de Montréal, il s’en consommerait environ 25 000 doses par jour, soit 15 doses par 1 000 habitants. Ces données ne proviennent pas des services d’enquête de la police. Elles ont été calculées par des chimistes et sont, par conséquent, beaucoup plus fiables.
Étudiant au baccalauréat en chimie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Nicolas Gilbert s’est immiscé dans le monde interlope de la consommation de drogues illicites armé d’un spectromètre de masse, un appareil de chimie analytique qui permet de détecter la présence d’à peu près n’importe quelle molécule dans un échantillon d’eau. Au sein de l’équipe d’André Lajeunesse, professeur au département de chimie-biochimie et physique de l’UQTR, et de Sébastien Sauvé, professeur au département de chimie de l’Université de Montréal, l’étudiant a entrepris d’analyser les eaux usées de deux villes québécoises (les chercheurs refusent de révéler lesquelles, pour ne pas nuire à l’image de ces municipalités).
Les «eaux usées», ce sont ces eaux provenant de nos toilettes, nos lavabos ou nos baignoires. Elles s’engouffrent dans les immenses canalisations du réseau d’égouts et cheminent vers une station d’épuration, où elles sont «nettoyées» dans la mesure du possible, avant d’être relâchées dans l’environnement – souvent, au Québec, quelque part le long du fleuve Saint-Laurent.
L’équipe d’André Lajeunesse a collecté des échantillons d’eaux usées juste avant qu’elles n’atteignent la station d’épuration. Pendant six mois, à raison d’une fois par semaine, les chercheurs ont mesuré la concentration d’une trentaine de molécules – produits pharmaceutiques, polluants ou autres. Dans la liste de ces substances figuraient trois drogues illicites: la cocaïne, l’ecstasy et le Fentanyl, ce dernier étant un médicament d’ordonnance de 80 à 100 fois plus puissant que la morphine, parfois détourné pour un usage récréatif.
La détection des résidus de drogues présents dans les urines des résidants des deux villes québécoises a révélé quelques faits inusités. Un exemple: alors que la consommation de la cocaïne est plutôt constante de jour en jour, celle de l’ecstasy augmente les week-ends.
Source : http://quebecscience.qc.ca/reportage_qs/Les-eaux-dopees
Il n’y a pas que la dope qui voyage des urines à l'eau. On retrouve aussi les ingrédients des pilules contraceptives qui affectent la reproduction des poissons... et peut-être la nôtre, puisqu’il est impossible de filtrer toutes ces choses.
Autre exemple : les microbilles, ces petits morceaux de plastique que les entreprises mettent dans tout, des cosmétiques à la pâte dentifrice. Ces billes de plastique échappent à la plupart des systèmes de traitement de l'eau usée, et les scientifiques croient que les toxines sont absorbées et s’accumulent dans les organes des poissons, des mammifères marins et des humains. Énorme, non? Les microbilles, bien que minuscules, sont au centre d’une histoire que certaines des plus grandes sociétés du monde ne veulent pas que les gens comme vous et moi sachent.
Pendant des décennies, ces entreprises nous ont dit que nous étions responsables de la pollution plastique, que c’était de notre faute, non pas la leur : «vous devriez recycler!», mais, le malheur est que les microbilles ont été conçues pour aller directement dans l'évier!
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Comment expliquer la présence de polluants chimiques dans notre sang?
- Jean-François Narbonne : «Notre environnement est contaminé par de nombreuses substances qui se retrouvent dans les aliments que nous consommons, dans l’air que nous respirons, et finalement dans notre sang. Durant les 30 Glorieuses, des substances toxiques faiblement biodégradables et capables de s’accumuler dans les organismes vivants (PCB, pesticides organochlorés, dioxines…) ont été déversées massivement dans l’environnement. Des règlementations ont beau avoir été mises en place pour limiter leur dispersion dans la nature, on les retrouve encore dans le sang et les graisses des individus. Aujourd’hui, les progrès de la chimie on permis l’arrivée dans notre quotidien d’une multitude de nouveaux produits : peintures, détergents, parfums, cosmétiques, plastiques, revêtements anti-tâche, meubles traités aux retardateurs de flamme, insecticides… dont la fabrication et/ou l’utilisation relarguent des substances comme les phtalates, les parabènes, le bisphénol A, les retardateurs de flamme, les composés perfluorés. Or, les effets sur la santé de ces substances toxiques sont de plus en plus inquiétants.»
Ouvrage : Sang pour sang toxique : des substances aux effets inquiétants par Jean-François Narbonne, professeur de toxicologie et expert à l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa); Thierry Souccar Éditions
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