3 avril 2015

«Bains de chats»


Nouvelle technologie n’est pas synonyme de confort...

Mes chats
[Extraits] 

(P. 123-125)

Parfois, je prends des «bains de chats». Dans les heures tranquilles de l’après-midi, il m’arrive de m’étendre sur le long divan du salon. Je ferme les yeux. C’est le signal. De partout, mes chats arrivent et s’étendent près de moi ou sur moi. Il y a même une rivalité pour les bons endroits; j’en ai sur les pieds, le dos et même la tête. Ce sont de véritables bouillottes d’amour.

Pourquoi est-ce que je m’intéresse aux chats? Qu’est-ce que je peux trouver à ces neuf boules de poils qui partagent mon salon et ma vie? Il n’y a pas de raisons simples pour aimer ou détester les chats ou les animaux en général. Comme pour les fraises, la musique ou les voitures anciennes, on les aime ou on les déteste; c’est tout. Pourtant, avec le temps, certaines explications me sont venues à la tête. Je me revois, vers cinq ans, jouant avec mes frères. Mon jeu favori d’alors était «de faire le chien» pendant de longues heures. Je marchais à quatre pattes, je faisais la belle, je vivais des aventures imaginaires dont j’étais le héros chien. Je pouvais penser comme un animal. Combien de fois est-on venu me chercher au fond de la niche du plus gros chien du village ou entre les pattes des chevaux de la ferme de mes oncles? Les animaux me rassurent. Je me sens bien près d’eux.

Pourquoi neuf chats? Un ou deux seraient suffisants. Ma famille proche n’est pas un gros succès et je n’exercice pas un travail très social. Peut-être les animaux sont-ils mon équivalent d’une famille ou d’une société. Ce n’est ni ridicule ni anormal. Les humains sont des animaux sociaux, mais notre société change rapidement. Les familles sont de plus en plus petites : un ou deux enfants. Nous nous ennuyons inconsciemment des grosses familles ou des tribus. Ma voisine, très solitaire, dévore les feuilletons de télévision où elle voit des familles imaginaires vivre devant elle. Pourquoi tant de gens regardent-ils les émissions de recettes de cuisine à la télévision, si ce n’est pour y voir un père ou une mère substitut leur parler pendant ne heure de sujets rassurants et banals. Mon mari me raconte parfois les grosses embrouilles et petites guerres de bureau de son métier de professeur. J’ai neuf chats, bien vivants et très complexes, qui se disputent pour le contrôle du salon. Ça vaut bien des téléromans; il y a là des drames et des comédies, des batailles, des alliances et des trahisons. [...]

(P. 135-137)

C’est u privilège et une aventure constante de pouvoir vivre avec des chats. [...] Je dirais que les animaux ont toujours contribué à ma santé. La proximité des animaux fait travailler le système immunitaire. Ce n’est pas bon de vivre dans une maison aseptisée. J’ai lu dans des magazines scientifiques que des bébés rats élevés en milieu stérilisé développent deux sortes de problèmes. Le premier, c’est qu’ils ne peuvent plus quitter leur milieu trop propre, car, mis en contact avec un milieu normal, ils attrapent facilement bactéries, parasites et virus. Le second problème est que, s’ils restent toujours dans un milieu stérile, leur système immunitaire, sous-utilisé et inactif, peut se retourner contre eux et faire apparaître allergies, intolérances alimentaires, etc. [...] 

Je suis persuadée que, entourée de mes animaux, je mène une vie saine. Ça m’est bien égal de ne pas rouler en voiture de l’année. Ma vraie richesse, c’est de pouvoir faire ce que j’aime. J’aurai des chats jusqu’à un âge très avancé. Comme moi, ils sont faciles à perturber : trop de visites, trop de soucis, trop de bruits brisent l’équilibre. Lorsque je vois leur petite société calme, je sais que tout va bien chez moi. Les chats sont le cœur de ma maison.

Nous sommes programmés, mentalement ou socialement, pour vivre en groupe. C’est un besoin profond qu’on peut partager avec beaucoup d’animaux. Les chats font partie de mon clan. Il y a le grand-père royal et bougon, les deux vieilles tantes peu commodes et les petits cousins chamailleurs et taquins. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre d’une téléréalité toujours nouvelle et complexe. Quel luxe! Je vis entourée de mes vedettes favorites.

«Plus on comprend les animaux, plus on comprend les humains.»

~ Pauline Desrosiers
L’ARCHE DE PAULINE
Propos familiers
Les Éditions JCL, 2005 

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