8 avril 2015

Pressés d’aller «relaxer»

Photo : Huff Post Autos

Ça y est, c’est parti. Dès que les routes sont belles, plusieurs chauffards roulent à tombeau ouvert. En fin de semaine, les conducteurs zigzaguaient à toute vitesse sur les autoroutes, pressés d’aller «relaxer» pendant le congé pascal (à la condition d’arriver sains et saufs...) : «ôte-toi de là, mon espèce d’escargot!». Ironiques aussi les couples qui s’engueulaient, pressés d’en finir avec les visites de famille obligées. Je suppose que plusieurs auraient aimé profiter de leur congé autrement. 
   Par contre, quand un psychopathe sort une scie mécanique pour menacer un autre conducteur, ça fait vraiment peur. Heureusement qu’il n’est pas passé à l’acte! Certains ont blâmé les victimes plutôt que l’agresseur, comme d’habitude. Le couple avait suivi le conducteur pour noter son numéro d’immatriculation et rapporter sa conduite dangereuse aux policiers. L’agresseur a été arrêté et libéré jusqu’à son procès en juillet prochain, sous quelques conditions bien sûr. La dame regrette son attitude dont elle tire la leçon suivante : «il ne faut pas poursuivre des malades et les affronter, surtout avec des enfants à bord». 
   En effet, vaut-il la peine de risquer sa vie pour donner une leçon à un chauffard (1)? On ne sait jamais à qui on a affaire.

D’autres chauffards passent malheureusement à l’acte (28 novembre 2014) : 
   Cet acte de rage au volant est arrivé au lendemain du congé de l’Action de Grâce sur une route à Atlanta (Géorgie, É.-U.). Un conducteur a suivi une famille jusque dans le stationnement d’un centre commercial, et selon le témoin : «Il s’est arrêté à côté du véhicule, a sorti son arme et a commencé à tirer.» 
   Le berger allemand de la famille a sauté devant l’un des enfants et la mère, pour les protéger; il y avait quelques enfants. Le chien a reçu plusieurs balles. Une caméra de surveillance l’a filmé pendant qu’il trottait vers l’arrière du building, où il est mort. 
   «On leur tirait dessus... la famille était terrorisée», disait l’officier de police d’Atlanta, Gregory Lyon. «Ils ont survécu grâce à leur chien pour finalement le perdre. C’est triste pour toute la famille... particulièrement au lendemain de l’Action de grâce.»
http://www.cnn.com/2014/11/30/us/dog-saves-family/

En tout cas, comme je l’ai souvent dit, les chiens sont de meilleures personnes que nous!

L’histoire me rappelait ce commentaire du journaliste Danny Braün :
«Sur la route en revenant d’Arvada, je me dis que plusieurs automobilistes autour de moi sont probablement armés. Et qu’ils pourraient utiliser leur arme s’ils se sentent menacés ou s’ils ont une soudaine crise de rage au volant. Bien sûr, la justice déterminera plus tard si c’était justifié ou non, mais pour la victime, il sera trop tard. Étrange sensation. Et bien bizarre culture fondée sur la peur et la crainte de son voisin.» ~ Danny Braün, 3 novembre 2012

Les vidéos de sa série Rêve américain, Instantanés sur la route des États
(21 septembre au 3 novembre 2012) sont encore en ligne :  
http://blogues.radio-canada.ca/reveamericain/

Description : Un journaliste, une voiture et 5 semaines pour parcourir les États-Unis en pleine campagne électorale présidentielle. Tout au long de ce voyage au cœur de l’Amérique nous proposons des rencontres, des portraits de gens qui nous racontent leurs préoccupations et nous font part de leurs attentes envers l’avenir. Le rêve américain est-il encore bien vivant ou, comme le pensent plusieurs, s’étiole-t-il en raison du climat économique morose et de l'essoufflement de cet empire américain?
(ICI Radio-Canada)

S’enrager ne règle aucun problème, au contraire! 

Non, ce n’est pas drôle d’être coincé dans des bouchons de circulation. Oui, c’est facile de perdre patience. Faut-il tuer les gens qui nous barrent le chemin pour des raisons hors de leur contrôle? Franchement, quelle immaturité!

Le gros trafic peut être une source de grand stress pour certaines personnes, mais le transport en commun et le vélo aussi. Toutes les villes, grandes et moyennes, souffrent de congestion car les programmes d’aménagement urbain n’arrivent pas à s’ajuster à l’augmentation du trafic principalement causé par les opportunités d’emploi. 

Il se gaspille des milliards d’heures et de dollars en stop-and-go dans les bouchons de circulation. Sans parler de la pollution atmosphérique... Le temps perdu derrière le volant coûte aussi très cher en stress mental, émotionnel et physique. Les gens qui le subissent peuvent difficilement éviter la frustration, la colère (voire la rage), parfois les comportements agressifs, et la pression qui s’ensuit. Il semble que plusieurs crises cardiaques surviennent peu après que les gens soient sortis d’un bouchon. Les chercheurs ont depuis longtemps identifié les effets néfastes du stress : irritabilité, tension musculaire et fatigue, dépression, insomnie, palpitations, perte de mémoire et autres dysfonctionnements cognitifs, élévation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle, et, ultime effet – la crise cardiaque. On estime que 75 à 90 % des consultations médicales sont reliées au stress. On dépense des milliards de dollars chaque année en antidépresseurs et tranquillisants pour traiter les symptômes du stress. Selon une étude de Harvard, les personnes qui vivent beaucoup d’anxiété (premier symptôme de stress) sont quatre fois et demie plus susceptibles de mourir d’une crise cardiaque.

En conclusion, si vous ne pouvez pas éviter de jouer dans le trafic, vous pourriez, pendant les attentes à la queue-leu-leu, méditer, pratiquer la respiration profonde, faire des étirements, bouger un peu, penser à des choses agréables/drôles ou écouter de la musique apaisante (plutôt que du heavy metal) – ce qui pourrait vous aider à garder votre calme. Bien sûr, vous continuerez à gaspiller de l’argent,  du temps et de l’essence, mais votre facture de stress sera moins élevée.

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(1) Les causes de la rage au volant sont multiples. Parmi les plus courantes : agressivité, impulsivité, perte de la maîtrise de soi, consommation excessive d’alcool ou de drogue.

«On conduit comme on se conduit» : chez les conducteurs qui ont un mauvais dossier de conduite (accumulation de points de démérite) ou qui présentent des problèmes de comportements, l’agressivité joue souvent un rôle prépondérant, autant dans leur façon de se conduire dans la vie en général que dans leur façon de conduire un véhicule.

Situations les plus propices à susciter votre irritation :
- vous attendez une place de stationnement, et un conducteur se hâte pour se faufiler dans cet espace;
- la circulation est bloquée, mais un conducteur profite de l’accotement à droite pour passer devant tout le monde;
- vous avez été distrait deux secondes et le conducteur derrière vous klaxonne;
- un conducteur change soudain de voie juste devant vous, sans signaler;
- depuis plusieurs minutes un conducteur persiste à vous suivre de près;
- après l’arrêt au feu rouge, un automobiliste s’efforce de démarrer plus vite que vous pour vous couper à droite;
- une camionnette vous suit de très près la nuit, avec ses phares qui vous éblouissent;
- un piéton passe lentement devant votre véhicule et vous empêche de «prendre votre lumière verte»;
- le conducteur juste devant vous ne démarre pas même si le feu est vert.

Beaucoup de gens sont peu conscients d’avoir eux-mêmes des comportements qui risquent d’indisposer les autres conducteurs et de susciter leur irritation :
- klaxonner pour exprimer votre mécontentement;
- dire votre façon de penser à un conducteur qui a fait une mauvaise manœuvre;
- allumer vos phares pour exprimer votre mécontentement;
- ralentir pour irriter un conducteur.

Comment éviter de se retrouver soi-même dans une interaction agressive avec un autre conducteur, et comment réagir si on est victime d’un geste déplaisant ou d’une manœuvre agressive de la part de quelqu’un d’autre? Il est d’abord  important de considérer que pour la sécurité de chacun et l’amélioration de la qualité de vie sur la route, il est essentiel d’accorder le bénéfice du doute aux autres conducteurs. Il arrive à tout le monde d’être tendu ou nerveux dans certaines conditions et de commettre une erreur ou d’effectuer une manœuvre maladroite. C’est peut-être le cas  de ce conducteur qui ralentit la circulation devant vous parce qu’il ne connaît pas le quartier, ou de cet autre conducteur qui omet de signaler ses intentions avant d’effectuer un virage. 
   Si on a tendance à bouillir d’impatience dans la circulation, il faut dans la mesure du possible éviter de conduire quand on est fatigué ou stressé. Quelle que soit la difficulté des conditions routières, il faut considérer que les autres aussi peuvent être impatients, nerveux et tendus, et qu’ils peuvent involontairement effectuer de mauvaises manœuvres. En somme, la patience et la courtoisie au volant ne peuvent qu’améliorer la qualité de vie de l’ensemble des usagers de la route.

Source : Psychologie Québec, 2001*

* Aujourd’hui on va beaucoup plus loin en matière d’attitudes agressives, voire violentes...

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