Le grand ménage intérieur est pareil à celui de la maison ou de l’ordinateur.
On commence par nettoyer un recoin négligé. Comme il brille, la poussière dans les autres recoins nous saute aux yeux. Le job exige patience et détermination. Mais, contrairement à bien d’autres buts, celui-ci vaut l’effort. De recoin en recoin, l’espace entier finit par se libérer et s’illuminer.
Certains nettoient leur intérieur au quotidien tandis que d’autres attendent d’être submergés. Quelle que soit la fréquence, on sait qu'il faudra recommencer.
«Le zazen a pour but de mettre fin à cette obsession de soi qui tient lieu d’identité, au moyen de ce qu’on appelle parfois la purification de l’esprit. Purifier l’esprit ne veut pas dire se forcer à devenir un saint ou autre chose que ce que l’on est. Il s’agit tout simplement de se débarrasser des scories qui nous empêchent de bien fonctionner, et voilà où intervient notre métaphore du chauffage. Une chaudière chauffe mieux quand elle brûle de l’anthracite que de la houille grasse qui l’engorge de suie. De même avons-nous besoin du feu clair de l’attention pour ne pas nous laisser engorger par la houille grasse des pensées. (…)
L’attention est une flamme vive, un sabre acéré. C’est un formidable outil dont le zen nous apprend à mobiliser toute la puissance, pas seulement quand on s’assied pour faire zazen, mais à chaque instant de notre vie. Nous n’utilisons guère notre attention et c’est bien dommage car il suffit de brandir ce sabre enflammé – ne serait-ce que pendant quelques instants – pour élaguer beaucoup de branches mortes et consumer bon nombre de scories. Alors le paysage s’éclaircit : en faisant zazen on perçoit le monde de fantasmes dans lequel nous enferme le va-et-vient incessant de nos pensées. Et plus on en prend clairement conscience, et plus on devient capable d’être attentif à la réalité. C’est logique : plus l’esprit se dégage de ses projections et plus il est disponible à la perception du réel. … La pratique n’a qu’un but : nous libérer de l’emprise de la pensée spéculative. … Une fois qu’on reconnaît cette irréalité foncière de nos pensées, elles perdent de leur ascendant sur nous : on les voit, mais elles ne nous affectent plus; on est capable de rester calme et de ne plus laisser nous influencer par elles. On n’en devient pas quelqu’un de froid ou d’indifférent pour autant; simplement, on cesse d’être le jouet de ses pensées et de ses émotions, et donc des circonstances.»
~ Charlotte Joko Beck (Soyez zen… en donnant un sens à chaque acte à chaque instant; Pocket 4707,1989; «Le feu de l’attention», p.71-72)
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