En cherchant une cantate de Jean Sébastien Bach, j’ai trouvé une dissertation sur son probable athéisme. Qui aurait osé se poser pareille question puisque le clergé avait décerné à Bach le titre de «5e évangéliste»? Or, une fois de plus, cette dissertation nous montre à quel point nous prenons les affirmations des «autorités» (religieuses dans le cas présent) pour du cash. «Si l'on parvenait à comprendre le mécanisme et les ressorts de la mentalité collective, ne pourrait-on pas contrôler les masses et les mobiliser à volonté sans qu'elles s'en rendent compte?» (Lippman, Public Opinion, 1922. Un projet qu’Edward Bernays* concrétisa avec succès au siècle dernier. Mais, cette volonté de manipuler les masses existait bien avant que Freud se mette à la disséquer...)
L’hypothèse d’Eubel est plausible, car dans un système de survie esclavagiste comme le nôtre, il est commun de se prostituer (au figuré ou au propre) pour répondre à des besoins primaires comme manger et avoir un toit.
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L’article étant très long, voici un aperçu (extraits de la transcription de conférence; 12 décembre 2008, Melbourne, Australie); anecdotes intéressantes et humour…
Transcription complète (en anglais) :
http://www.bach-cantatas.com/Articles/Bach-Atheist.htm
L’auteur d’origine allemande, Wolfgang Eubel, dit d’entrée de jeu qu’il est très facile de conclure que Bach était indubitablement un fervent chrétien, vu le nombre d’œuvres de musique sacrée qu’il a composées. Et puis, l’abominable machine de propagande chrétienne ne le considérait-elle pas comme le 5e évangéliste? Mais Eubel ajoute aussitôt : «comme la seule certitude est le doute, il est toujours avisé d’examiner une chose deux fois plutôt qu’une. Examinons donc le contexte historique dans lequel Bach a vécu».
Bach est né en 1685, et même si les persécutions religieuses avait cessé «il y avait encore des situations incendiaires à l’époque; et je ne parle pas ici de barbecues qui fonctionnent mal, mais d’êtres humains brûlés vifs parce qu’ils osaient modifier les paroles du Message évangélique du doux Jésus de quelques iotas».
À l’époque, deux classes sociales disposaient d’un pouvoir absolu : l’aristocratie et le clergé. L’aristocratie de l’Europe continentale (c’était un peu différent au Royaume-Uni) était un partenaire d’affaires indigne de confiance : peu ou pas de garantie de paiement et licenciements sans préavis, surtout pour les artistes. Mais, comme ils disposaient d’un pouvoir absolu sur l’État, l’armée et la police, les ducs, les comtes et les rois pouvaient commander des palais, des tableaux et de la musique à la manière absolutiste de Harvey Norman : «commandez maintenant et ne payez jamais!».
Le clergé disposait également d’un pouvoir absolu, et l’Église possédait en outre tout l’argent du monde – littéralement. Que pouvait faire Bach, qui voulait vivre de son art, sinon vendre son travail à ceux qui détenaient le pouvoir, la gloire et l’argent (pour l’éternité, amen)? Aucun syndicat, aucune pension, aucune garantie de renouvellement; telles étaient les conditions.
Cependant, le grand nombre d’œuvres liturgiques que Bach a été contraint de composer ne prouve pas qu’il était pour autant un zélateur chrétien. La réalité est bien plus prosaïque. Il a serré les dents et s’est mis à la tâche parce ses enfants grandissaient et avaient besoin d’étudier. Entre 1723 et 1728, il a produit environ 90 % de sa musique sacrée. Lorsqu’il était maître de chapelle à Leipzig, il a composé une cantate pour chaque dimanche (52 en 5 ans = 250), cinq passions (une par année) et plusieurs autres œuvres liturgiques.
Il est approprié de qualifier ces cinq années d’«années d’esclavage». (Seuls d’odieux cyniques pourraient alléguer, par exemple, que les Africains étaient désespérément amoureux du coton et qu'ils avaient migré en Amérique par millions pour aller en ramasser dans les champs.)
Bach a tout de même été plus chanceux que certains de ses collègues comme Fasch, Telemann, Kramer, Stölzel et Römhild, réduits en esclavage par des contrats de cinq ans renouvelés jusqu’à ce qu’ils aient composé 1500 cantates. Pourrions-nous affirmer qu’ils étaient (1500 divisé par 300) cinq fois plus pieux que J. S. Bach?
Pourquoi avons-nous découvert l’athéisme de Bach 260 ans après sa mort?
«Je veux faire amende honorable à Bach : l’athéisme de Bach était bien connu dès le début », dit Eubel. «Que Bach ait été un instrument de la machine propagandiste chrétienne est un mythe.»
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* La bible de l’expert en manipulation disponible en lecture gratuite :
Propaganda; Comment manipuler l'opinion en démocratie
Edward Bernays
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Oristelle Bonis
Préface de Normand Baillargeon
Zones (2007) : http://www.editions-zones.fr/spip.php?page=lyberplayer&id_article=21
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Tiphaine Vigneron, hautbois - Albane Genat, violon
Question superflue.
RépondreEffacerEn effet, pour qui sait lire entre les notes... :-)
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