L’univers,
c’est un livre…
Victor Hugo
L’univers,
c’est un livre, et des yeux qui le lisent.
Ceux
qui sont dans la nuit ont raison quand ils disent :
Rien
n’existe ! Car c’est dans un rêve qu’ils sont.
Rien
n’existe que lui, le flamboiement profond,
Et les
âmes, les grains de lumière, les mythes,
Les moi
mystérieux, atomes sans limites,
Qui
vont vers le grand moi, leur centre et leur aimant ;
Points
touchant au zénith par le rayonnement,
Ainsi
qu’un vêtement subissant la matière,
Traversant
tour à tour dans l’étendue entière
La
formule de chair propre à chaque milieu,
Ici la
sève, ici le sang, ici le feu ;
Blocs,
arbres, griffes, dents, fronts pensants, auréoles ;
Retournant
aux cercueils comme à des alvéoles ;
Mourant
pour s’épurer, tombant pour s’élever,
Sans
fin, ne se perdant que pour se retrouver,
Chaîne
d’êtres qu’en haut l’échelle d’or réclame,
Vers
l’éternel foyer volant de flamme en flamme,
Juste
éclos du pervers, bon sorti du méchant,
Montant,
montant, montant sans cesse, et le cherchant,
Et
l’approchant toujours, mais sans jamais l’atteindre,
Lui,
l’être qu’on ne peut toucher, ternir, éteindre,
Le
voyant, le vivant, sans mort, sans nuit, sans mal,
L’idée
énorme au fond de l’immense idéal !
La
matière n’est pas et l’âme seule existe.
(…)
Rien
n’est mort, rien n’est faux, rien n’est noir, rien n’est triste.
Personne
n’est puni, personne n’est banni.
Tous
les cercles qui sont dans le cercle infini
N’ont
que de l’idéal dans leurs circonférences.
Astres,
mondes, soleils, étoiles, apparences,
Masques
d’ombre ou de feu, faces des visions,
Globes,
humanités, terres, créations,
Univers
où jamais on ne voit rien qui dorme,
Points
d’intersection du nombre et de la forme,
Chocs
de l’éclair puissance et du rayon beauté,
Rencontres
de la vie avec l’éternité,
Ô
fumée, écoutez ! Et vous, écoutez, âmes,
Qui
seules resterez étant souffles et flammes,
Esprits
purs qui mourez et naissez tour à tour :
Dieu
n’a qu’un front : Lumière ! et n’a qu’un nom : Amour ! –
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On n’en a jamais fini avec [Victor Hugo] le poète, le politique, le polémiste, le
romancier, le dramaturge… Et toutes les occasions sont bonnes pour s’y mettre. (…) Passer à côté de tant de trésors, c’est
passer à côté de sa propre vie.
~ Bertrand Poirot-Delpech
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