4 mars 2016

Haine et jugement


Moins vous répliquez aux gens brusques, critiques et raisonneurs,
plus votre vie devient paisible. ~ Charles M. Schulz (Peanuts)

Et puis le rire est plus efficace que l’ail pour chasser les vampires.

Pourquoi haïssons-nous et jugeons-nous les autres?
Zoe Blarowski *

Les expressions de la haine sont plus répandues qu'on ne le réalise. On voudrait y penser à deux fois avant de faire une vilaine remarque à propos d'une célébrité ou de se mettre en colère contre le représentant d’un service à la clientèle médiocre. Pourquoi réagissons-nous avec hostilité ou en insultant les gens, alors que nous savons rationnellement  qu’il serait mieux de réagir avec empathie et compréhension?

Le facteur biologique est peut-être le premier déclencheur de la haine, mais ce n’est pas le fin mot de l’histoire.

La haine fait-elle partie de la nature humaine?

La plupart des animaux se montrent naturellement agressifs quand ils sont en compétition pour la nourriture, le territoire ou la survie en général. Mais, dans son livre Why We Hate, Rush Dozier décrit comment le cerveau humain fonctionne différemment de celui des autres animaux. 

La partie du cerveau appelée amygdale joue un rôle important dans l’éclosion de la rage et de la haine. Des études ont montré que la suppression de l'amygdale chez des animaux comme les singes, les chats et les chiens, les rend très dociles et disposés à coexister pacifiquement avec leurs ennemis typiques.



Chez les humains, l'amygdale est beaucoup plus connectée à d'autres parties du cerveau que chez les autres animaux. Elle est reliée à notre système limbique, la zone du cerveau qui prend en charge différentes fonctions telles que les émotions, le comportement, la motivation et la mémoire à long terme. Fait intéressant, l'amygdale est aussi reliée à la zone du langage qui contrôle l’obscénité; ce qui pourrait expliquer que les gens sacrent quand ils sont en colère.

Rush Dozier décrit une autre différence entre le cerveau animal et humain. La structure du cerveau des autres animaux fait en sorte qu’ils se fient principalement à leur instinct pour survivre. Plusieurs savent rapidement après la naissance comment marcher et quoi manger, et connaissent les bases élémentaires de leur survie.

Les humains semblent privés de connaissance intuitive. Ils se fient beaucoup à leur interprétation des situations environnantes en leur donnant un sens qui pourrait les aider à survivre. Or, nos diverses connexions cérébrales font en sorte que notre interprétation et nos croyances sont associées aux émotions et au comportement. Ainsi, pour le cerveau, les croyances font partie de notre survie.

Dozier suggère que c’est le germe de la haine. Si nous rencontrons quelqu'un dont les croyances sont différentes, notre cerveau interprète cela comme une menace à notre survie. Cela devient manifeste quand les gens entrent en conflit pour des idéologies religieuses, politiques ou autres. Des conflits comme ceux qui ont mené à d’innombrables guerres au cours de l'histoire de l'humanité.

Mais les conflits reliés à des croyances peuvent prendre des formes très subtiles. Avez-vous déjà jugé une célébrité parce qu’elle dépense son argent de façon irresponsable? C'est probablement parce qu'elle affiche un comportement qui entre en conflit avec vos croyances.

Mais, si vous la rencontriez en personne et appreniez à la connaître, peut-être comprendriez-vous ses choix. Ce ne serait plus une étrangère que vous pourriez librement insulter.

Cela soulève une autre question : l’instinct binaire de l’humain, c’est-à-dire sa tendance à classer les gens par groupes. Il y a d’abord le groupe auquel il appartient, puis tout le monde à l'extérieur de son groupe perçu comme les «autres». C'est la méthode qu’utilise du système limbique pour simplifier son environnement.

Notre cerveau veut voir le monde en noir et blanc. Si «nous» avons raison, «ils» doivent avoir tort. Étant donné qu’«ils» représentent une menace à notre survie, nous devons nous défendre.

Mais nous savons que le monde est composé de zones grises. Les réponses entièrement justes ou mauvaises à une question sont très rares. La vérité se situe généralement quelque part entre les deux.

Et c'est là que la biologie derrière la haine commence à s'effriter. Ce n'est pas la seule chose qui contrôle nos pensées et nos comportements.

Est-il possible de mettre fin à la haine?

L’une des caractéristiques étonnantes de l'humain est sa capacité de choisir. Nous ne sommes pas obligés d’être les esclaves de nos réactions biologiques. Nous pouvons stopper la haine en devenant plus conscients de nous-mêmes et de nos réactions.

Le philosophe indien Jiddu Krishnamurti disait que si une personne nous déplaisait c’était souvent parce que nous reconnaissions chez elle une caractéristique que nous n'aimions pas en nous. Il disait aussi que c'était une excellente occasion d'acquérir une plus grande conscience de soi.

La prochaine fois que vous aurez envie de juger quelqu'un ou de vous mettre en colère, prenez une pause et demandez-vous d’où viennent ces impulsions? Pour quelle raison cette personne vous met-elle hors d’état? La situation reflète-t-elle quelque chose d'autre qui vous contrarie?

Krishnamurti estimait que nos relations avec les autres agissaient comme un miroir nous permettant de voir plus clairement ce qui se passe à l'intérieur de nous.

Une autre étape importante vers la compréhension et l'acceptation des autres, est de voir les gens en tant qu'individus. Plus vous connaîtrez quelqu’un, moins il fera partie du groupe sans visages appelé les «autres».

Ce concept pourrait à lui seul changer le monde. Si les gens pouvaient communiquer entre eux en face à face, cela pourrait éliminer beaucoup de discrimination et d'intolérance.

La haine et la colère sont des émotions humaines naturelles qui ne devraient jamais être supprimées. Mais explorer et questionner nos émotions peut être très utile pour mieux nous comprendre. Et c'est là que la compréhension réelle des autres peut démarrer.

* Zoe Blarowski détient un baccalauréat en horticulture. Elle est végétarienne depuis plus de vingt ans, et ses écrits touchent principalement la santé et l’alimentation (Healthy Living, Care2). Elle aime explorer les montagnes près de sa ville natale de Kelowna en Colombie-Britannique (Canada).

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Le saviez-vous?
10 % des conflits sont dus aux différences d’opinions
et 90 % au mauvais ton de voix.

Le cerveau des bébés serait sensible aux émotions véhiculées par le ton de la voix, avance une étude américaine. 
   Des chercheurs ont étudié, à l’aide de l’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (IRMf), l’activité cérébrale de bébés âgés de 6 à 12 mois. Durant une sieste au laboratoire, les bambins ont été exposés à des conversations dont le ton de voix changeait : joyeux, colérique et neutre. 
   Les chercheurs ont observé plus d’agitation cérébrale lorsque les échanges étaient exprimés avec colère. De plus, les bébés vivant dans des familles au climat plus conflictuel affichaient une plus grande activité dans les zones du cerveau liées au stress et à la régulation des émotions. Les disputes familiales provoqueraient donc beaucoup de stress chez les tout-petits, estiment les chercheurs. Certaines interventions des parents peuvent toutefois en réduire les effets négatifs. 
   Agence Science-Presse, via Naître et grandir

Apprendre à l’enfant à maîtriser ses émotions

Les émotions sont des messages envoyés par le cerveau pour nous dire si la situation dans laquelle nous sommes nous convient ou non. Ainsi, si la situation nous procure un malaise, nous adopterons un nouveau comportement pour modifier la situation. Il est donc important de se rappeler qu’il ne faut pas empêcher un enfant d’éprouver des émotions, mais plutôt lui fournir de bons moyens de les exprimer. 
   En effet, lorsqu’un enfant est en contrôle de ses émotions et qu’il parvient à en gérer l’intensité, cela lui permet de mieux réagir aux différentes situations de la vie. Une bonne gestion des émotions est associée au maintien de bonnes relations avec les autres, à une meilleure gestion des conflits ainsi qu’à la réussite scolaire. 
   Il existe une différence entre exprimer son émotion et agir sur le coup d’une émotion.

Suite :
http://naitreetgrandir.com/fr/etape/1_3_ans/comportement/fiche.aspx?doc=ik-naitre-grandir-enfant-apprendre-maitriser-emotion

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Pensées du jour :

«L’eau n’a pas de forme, sa nature est de s’écouler. Si vous la versez dans un vase, elle prendra la forme de ce vase. Dans cette tasse, elle a pris la forme de la tasse. Si on la verse dans mes mains, elle en prendra aussi la forme. Mais elle n’a pas de forme propre. Il en va de même pour la conscience, qui est plus subtile que l’eau. Elle n’a pas non plus de forme, mais elle revêt celle du concept auquel elle s’identifie, quel qu’il soit, sans pour autant se réduire à cette forme. Elle conserve toujours sa nature sans forme.»

«Ayez confiance en votre cœur et en son intuition. Faites le choix d’abandonner la peur et de vous ouvrir au Vrai, et vous vous éveillerez à la liberté, à la clarté et à la joie de l’être.»

«Pas d’intentions, pas de tension.
Pas d’attentes, pas de stress.
Pas de sentiment de manque, joie.»

~ Mooji (Satsang)

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