18 mars 2016

Exigez un bûcheron canadien


@Twittakine – «Je vous le jure, les Canadiens ont du sang de castors dans les veines», commente un internaute. Yep! Déjà vu des situations critiques, mais là, hiiiiii-hâââ... Timber! Incroyable.

- Aujourd’hui on appelle ouvrier forestier bûcheron, lumberjack et logger. 
- Timber – alerte : l’arbre va tomber.



Le Québec viril : la tradition des hommes forts
Par Marc Ouimet (19 février 2013) 

D’aussi loin qu’on s’en souvienne, les légendes et exploits d’hommes forts ont à la fois fasciné et fait la fierté du Québec. De l’Hercule du Nord à Louis Cyr en passant par Jos Montferrand, ces hommes plus grands que nature ont peuplé les histoires de fin de soirées de bien des chaumières québécoises. Qui étaient réellement ces hommes et pourquoi ont-ils pris une telle importance au sein de la mémoire collective?

La fascination pour la force physique

La glorification de la force physique remonte à la nuit des temps et on retrouve, pratiquement dans toutes les cultures, des hommes forts mythiques. Tantôt leurs gros bras étaient mis au service du peuple, tantôt ils le tyrannisaient, mais toujours on y voyait un symbole de supériorité, de valeur guerrière et, parfois, des demi-dieux! C’était par exemple le cas en Grèce antique, où les exploits d’Achille et d’Ulysse, mis en scène dans l’Iliade et l’Odyssée d’Homère, étaient enseignés aux enfants dès leur plus jeune âge.

Au Québec, l’apogée de la fascination populaire des francophones pour les hommes forts s’étend du XIXe au début du XXe siècle. Plusieurs raisons expliquent cet engouement. D’abord, il faut rappeler que la défaite aux mains des Anglais date de peu et que ceux qu’on nomme alors Canadiens français sont souvent confinés aux travaux des champs et des chantiers de bûcherons. Rares sont ceux qui se distinguent en politique ou en économie. La valeur d’un homme est alors jugée par ses capacités physiques et les hommes forts sont une source de fierté collective : leurs prouesses illustrent, aux yeux de tous, la valeur de tout un peuple.

D’autre part, en cette époque de durs labeurs, rares étaient les divertissements après les longues journées de travail. La culture orale était exceptionnellement présente, tant par les contes que les légendes et les chansons. Ainsi, à côté des éternelles histoires d’amour et de «yâble» (diable), celles des exploits surhumains de nos hommes forts faisaient bonne figure. Elles contribuaient sans doute à redonner de l’entrain et des forces à nos ancêtres pour les travaux à recommencer le lendemain…

Quelques hommes forts du Québec (...)
Suite : http://www.marcouimet.net/articles/le-quebec-viril-la-tradition-des-hommes-forts/

Un brin d’histoire

La vie dure, dure, dure. Durant la grande dépression de 1929, extrêmement rares étaient les familles qui pouvaient payer des études à leurs fils. Si l'un d'eux était d'accord pour devenir prêtre, alors il pouvait étudier aux frais de l'Église. Avec les fermetures d'usines dans les grandes agglomérations, beaucoup de chômeurs ont préféré participer à l'effort de colonisation du nord du Québec en devenant bûcherons. Des conditions de vie misérables, avec en prime les pucerons, les mouches noires et la vermine. Exploitation de la main-d'oeuvre, et pas de syndicats...



LE BÛCHERON

Qui étaient ces hommes des bois?

Jusqu’au milieu du XXe siècle, le bûcheron était agriculteur, chasseur ou chômeur et bûchait en hiver pour compléter son salaire. Au-delà de la motivation financière, bûcher tenait de l’émancipation personnelle ou d’un voyage vers l’inconnu. Comme les Canadiens, beaucoup d’immigrés européens (Écossais, Irlandais) travaillaient dans les forêts.

Les anciennes techniques de coupes forestières

Les abatteurs coupaient l’arbre à deux, face à face, et assenaient le tronc avec une hache à environ 23 po (60 cm) du sol. Quand les coupes opposées se rejoignaient, l’arbre tombait.

Au XIXe siècle, on utilisait le godendard, une scie de 78 po (2 m) à deux poignées pour deux hommes, qui fut plus tard remplacé par la sciotte.

La compagnie forestière recrute…

Les bûcherons étaient recrutés par des annonces dans les journaux locaux ou simplement devant le chantier. Des contrats de travail étaient signés entre employeur et employés, puis approuvés par un notaire. Au début du XXe siècle, un bûcheron était payé de 8 $ à 12 $ par mois et disposait d’une avance salariale.

Le camp des bûcherons

Le camp était construit avant l’arrivée des bûcherons et regroupait cinq ou six baraques fabriquées de façon à économiser la chaleur et ayant chacune une fonction bien déterminée (salle à manger, cuisine, dortoirs, cache, office, toilettes et écuries).

Les hommes commençaient à travailler à 7 h et mangeaient en forêt le midi. Après le souper, au camp, ils jouaient aux cartes ou lisaient, limaient les lames, réparaient les outils de coupe et lavaient leur linge. Ils se couchaient à 21 h pour se lever à l’aube. Le samedi soir permettait des moments de détente : musique, danse et contes.

Au début, les hommes vivaient avec les parasites et le manque d’hygiène était grave. Face à ces problèmes, dans les années 1950, un inspecteur et un médecin venaient fréquemment au camp pour vérifier la santé des hommes.

La religion était importante pour les gens de l’époque et elle les aidait à se protéger de leur condition de travail difficile, c’est pourquoi ils se confessaient et communiaient. Des curés prêchaient parfois dans la chapelle du camp.



Après le cheval, le tracteur

Dans les années 1940, on vit apparaître la scie mécanique, mais elle ne fit pas l’unanimité, car on la croyait inappropriée pour des coupes efficaces. À la même époque, des tracteurs remplacèrent les chevaux de trait qui débardaient les billots de bois auparavant.

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Une corde de bois mesure officiellement 128 pi³ (39 m³), soit 4 pi sur 4 pi sur 8 pi. L’unité de corde de bois détermine la quantité de bois à produire, à acheter ou à vendre.
   Les meilleurs bûcherons pouvaient couper jusqu’à 50 billots de 12 pi (environ 3,6 m) et de 20 à 24 po (50 à 60 cm) de diamètre en 10 heures!
   Il fallait deux personnes pour manier les premières tronçonneuses. L’une tenait une poignée pour guider la lame tandis que l’autre soulevait la poignée du moteur. Ces machines, trop lourdes et trop grandes, n’étaient pas pratiques pour la coupe forestière.

MÉTIERS DANS LES CAMPS FORESTIERS

Dans les petits chantiers, étant donné le manque de main-d’œuvre et de moyens financiers, un individu exécutait plusieurs tâches, mais les plus grands chantiers spécialisaient leurs ouvriers.

Les chefs de chantier

Le grand surintendant veillait au bon fonctionnement de plusieurs chantiers et vérifiait si les coupes étaient bien réalisées, malgré qu’il vienne rarement aux chantiers.

L’entrepreneur (jobbeur) recrutait les ouvriers et signait les contrats de travail pour la compagnie.

Le contremaître (foreman), engagé par l’entrepreneur, était responsable des employés du camp. Il les surveillait et contrôlait leurs coupes pour respecter les quotas établis par l’entrepreneur, et il donnait fréquemment la messe aux hommes. Le contremaître résidait et dormait dans l’office.

Le mesureur quantifiait les cordes de bois stockées dont le salaire des ouvriers dépendait. L’aide-mesureur estampillait chaque billot avec son marteau : ces marques physiques permettaient le tri des billots après la drave.

Le commis supervisait les stocks, gérait les salaires et les heures de travail et tenait une boutique dans le camp.

Le fonctionnement des camps et chantiers

Le cuisinier, comme son nom l’indique, préparait les repas à base de fèves, de lard, de pain et de mélasse sur des plans de travail dans la cuisine (cookerie). Il réveillait les hommes le matin en frappant ses cuillères sur les casseroles. Il était aidé de son aide-cuisinier (show-boy) pour les travaux secondaires.

Le portageur relevait le courrier et se chargeait des commissions. Il ravitaillait la réserve alimentaire du camp à l’aide de son fardeau dans la ville la plus proche.

Le limeur entretenait le matériel de coupe : scie, hache, lime, etc. Le forgeron quant à lui ferrait les chevaux et réparait et lissait les patins des traîneaux. Plus tard, il allait de camp en camp. Un autre employé approvisionnait les écuries en avoine, en paille et en eau pour les chevaux.

Le glaceur à chemin versait de l’eau sur les chemins qui, en gelant, procurait une meilleure glisse pour les traîneaux.

Le marcheur prévoyait les coupes avec le plaqueur, qui l’aidait à délimiter les parcelles à l’aide d’une ficelle, et pensait à l’aménagement des futurs chemins.

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Certaines familles québécoises pouvaient être amenées à venir en entier travailler aux camps, en cuisine ou dans les écuries, pour assister les ouvriers. Les Amérindiens étaient aussi sollicités par les compagnies pour leur courage et leur motivation : ils venaient avec leur famille et dormaient dans leurs tentes traditionnelles (wigwam).

Source : http://www.metiersforetbois.af2r.org/

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