Le montant dépensé par les Canadiens en bonbons,
confiseries et grignotines selon les ventes enregistrées par les grands
détaillants en octobre 2014 : 397,7
millions de dollars (Statistiques Canada). La plupart de ces friandises
méritent d’aller droit aux ordures – encore un peu plus de gaspillage.
Que cachent les vibrantes couleurs des bonbons, si
attirantes pour les enfants? Du fructose de sirop de maïs, bien sûr, mais aussi
des ingrédients pas mal plus horrifiants que les monstres de l’Halloween –
entre autres, des saveurs artificielles, des OGM et des agents de conservation
carcinogènes.
Certains colorants nocifs sont encore utilisés
dans les bonbons et les jus de fruits : Bleu # 1 et 2, Vert # 3, Rouge # 3 et
40, Jaune # 5 et 6. Entre 1985 et 2010, Betty Crocker et Con-Agra ont intégré dans
leurs produits 200 000 livres de Rouge # 3, et 5 millions de livres de
produits chimiques, incluant la benzidine et la tartrazine. Ces ingrédients sont reconnus pour avoir des incidences sur la santé – asthme,
urticaire, rhinites, troubles de la vue, insomnies, allergies, hyperactivité, et
ils sont possiblement cancérigènes, avec effets mutagènes et tératogènes.
Qui sont les personnes les plus vulnérables à ces
poisons? Les enfants. Mais les adultes ne sont pas épargnés pour autant...
Le plus étonnant est sans doute le Rouge Carmin
classé «colorant naturel» par la FDA car la teinture dérive de
coccinelles broyées! On a constaté qu’il provoque de graves réactions
allergiques. Franchement! quand on pense aux nombreuses plantes inoffensives
dont on peut obtenir du rouge (pommes grenades, canneberges, betteraves, etc.)
on se demande pourquoi les fabricants n’utilisent pas ces alternatives.
Tout n’est pas perdu
Plusieurs fabricants offrent maintenant des friandises
de qualité, et la plupart sont en plus associés au marché équitable. Par exemple :
Justin’s Candy Bars, Boom Chicka Pop Kettle Corn (mon maïs soufflé préféré...),
Equal Exchange Milk Chocolate Minis, Yummy Earth Organic Pops, Heavenly
Organics Chocolate.
La citrouille ne se changera pas en carrosse doré
le 31 octobre à minuit; c’est juste le retour de l’heure normale. Donc, je
prépare mon hibernation avec soin.
En principe, si nous suivions les pulsions
naturelles de la physiologie de
l’hibernation, nous mangerions beaucoup en automne, puis nous nous endormirions
dans notre trou jusqu’au printemps. Malheureusement infaisable…
«Lorsque les jours raccourcissent avec l’arrivée
de l’automne puis de l’hiver, près d’une personne sur trois ressent un
changement dans son énergie et ses impulsions. Ces changements semblent
inspirés de la physiologie de
l’hibernation : des nuits longues, un réveil difficile, une envie constante de
pain, pommes de terre, pâtes, chocolat, bonbons, une baisse d’énergie et de la
libido, une perte de motivation pour les projets nouveaux, des pensées
ralenties… Entre les mois de novembre et mars, pour près de 10% des gens
qui vivent au-dessus du 40e parallèle (Madrid en Europe, New York en Amérique),
ces symptômes prennent la proportion
d’une véritable dépression. Le plus frappant, c’est que ces symptômes sont bien davantage physiques
que psychologiques.» ~ David
Servan-Schreiber (Guérir le stress...)
Comme le suggère William Martin dans Walk in Beauty, la capacité de s’émerveiller
remplace adéquatement la religion, la prière et la dévotion. Il suffit d’admirer
un ciel étoilé, un oiseau s’envoler, une fleur s’ouvrir, un bébé sourire, pour qu’un
sentiment de gratitude monte spontanément. Mais, il faut prendre le TEMPS de s’arrêter.
Walk in Beauty
I
follow no Jesus, Mohammed, or Buddha but
when I consider the idea that the
Mystery which I call the Tao somehow brought
into being what I call the universe; which
managed to evolve what I call consciousness, is
what I call amazing! To
be amazed each day is quite enough religion
to fill me with awe and reverence. To
see it all with gratitude and wonder is
quite enough prayer to move mountains. To
walk in beauty is quite enough worship to
satisfy the most demanding of deities.
«Dans les instants d'émerveillement, on parvient
aisément à sortir de la petitesse, à élever son esprit aux dimensions de
l'univers jusqu'à embrasser le tonnerre et le murmure, le bon et le mauvais, le
proche et le lointain.» ~ Nicole
et Émile Martel (L'histoire de Pi)
Même si vous avez du mal à l’admettre,
tout du moins publiquement, votre vie ne répond pas toujours à vos attentes. Il
en résulte une souffrance – due au stress, à la déception, à la peur, à la
colère, à l’indignation, aux blessures infligées et à beaucoup d’autres
émotions tout aussi désagréables. La méditation enseigne comment appréhender
les circonstances difficiles et les émotions et tensions qu’elles engendrent
avec équilibre, sérénité et compassion.
Le
mythe de la vie parfaite Au cours de ma vie de psychothérapeute
et de professeur de méditation, j’ai remarqué que beaucoup de personnes
souffraient uniquement parce qu’elles comparaient leur existence à une image
idéalisée de ce que devrait être la vie. Amalgame hétéroclite de
conditionnement infantile, de messages médiatiques et de désirs personnels,
cette image erronée est tapie dans l’ombre et fait office de référence à
laquelle tout succès, échec, événement est comparé et jugé. Arrêtez-vous un
instant pour analyser votre propre image de la vie. [...]
Lorsque
tout s’effondre [...] La vie n’offre pas que la
maladie et la mort : elle procure aussi d’extraordinaires moments d’amour, de
beauté, d’Émerveillement, et de plaisir. Mais, en Occident, nous avons tendance
à occulter la partie sombre de la vie. Nous reléguons nos personnes âgées ou en
fin de vie dans des maisons de repos ou des hospices, nous sommes devenus
indifférents aux sans domicile, cantonnons les minorités appauvries dans des
cités-ghettos, enfermons les handicapés dans des hôpitaux ou des asiles et
tapissons nos panneaux d’affichage et nos couvertures de magasines de sourires
radieux, incarnations de la jeunesse et de la prospérité. Mais en vérité, la vie est une riche et curieuse interaction entre
l’ombre et la lumière, le succès et l’échec, la jeunesse et la vieillesse, le
plaisir et la douleur et, bien entendu, la vie et la mort. Les événements
changent tout le temps, semblant se désagréger à un moment donné pour se
recomposer au suivant. Comme le décrit le maître zen Shunryu Suzuki, en
permanence toute chose «est bouleversée dans un contexte d’équilibre parfait». [...]
Gérer
les situations postmodernes difficiles L’inconstance des conditions de vie
n’est un secret pour personne – les pandits et les sages ont divulgué cette
vérité depuis longtemps. Mais jamais encore les changements n’avaient été si
envahissants et si incessants – touchant si profondément nos vies – qu’au cours
des dix à quinze années passées. Les journaux et la télévision nous inondent de
statistiques et d’images de violence et de famine, de déprédation de
l’environnement, d’instabilité économique, qui décrivent un monde de plus en
plus décousu. Plus concrètement, vous avez peut-être perdu votre travail à cause du
rachat de votre entreprise, brisé votre couple suite à une mutation lointaine,
été victime d’un crime violent ou perdu une petite fortune sur un marché volatile.
Peut-être consacrez-vous toute votre énergie à chercher une solution pour
garder une longueur d’avance dans un environnement de travail très compétitif
ou peut-être ne dormez-vous plus la nuit, angoissé par la vague de changement
qui pourrait venir vous emporter. Avez-vous reconnu – ou vivez-vous – l’une de
ces situations? Les sociologues appellent cette période le postmodernisme. Le changement
continuel y est érigé en mode de vie et les valeurs et vérités séculaires
rapidement démantelées. Mais comment avancer dans la vie lorsqu’on ne sait même
plus ce qui est vrai ni comment trouver la vérité? Doit-on la chercher sur
l’Internet, dans la bouche des prophètes du petit écran? En dépit des avantages incontestables de tous les gadgets électroniques
devenus indispensables depuis les années 1980, vous avez peut-être remarqué que
plus vous communiquiez vite, moins vous aviez de véritable contact riche et
sérieux avec les autres. [...] Ces changements incessants ont un prix émotionnel et spirituel élevé que
l’on a tendance à démentir dans notre effort collectif pour accentuer l’aspect
positif et nier le négatif. Voici quelques-uns des effets secondaires négatifs
de la vie de notre époque : L’anxiété et le stress : Lorsque le sol commence à trembler
sous vos pieds, votre première réaction alors que vous essayez de rétablir
votre équilibre, est de vous alarmer ou d’avoir peur. Cette réponse des tripes
a été génétiquement programmée par des millions d’années de vie dangereuse.
Aujourd’hui, malheureusement, les secousses ne s’arrêtent plus et les petites
peurs s’accumulent et se figent en tension et stress continuels. Votre corps se
sent perpétuellement préparé à affronter la prochaine attaque de difficultés et
de responsabilités – l’empêchant pratiquement de se relaxer et d’apprécier un
tant soit peu la vie. En décontractant votre corps et réduisant votre stress,
la méditation peut vous apporter un antidote bienvenu. La fragmentation : Autrefois, les gens vivaient, faisaient
leurs courses, travaillaient, élevaient leurs enfants et se divertissaient au
sein d’une même communauté. Tous les jours, ils voyaient les mêmes visages, se
mariaient pour la vie, gardaient le même emploi et voyaient même leurs enfants
élever leurs propres enfants tout près d’eux. Aujourd’hui, beaucoup habitent
loin de leur lieu de travail, les enfants sont confiés à des nourrices, des
baby-sitters et nous sommes obligés de gérer les emplois du temps de chacun au
téléphone. Il est devenu de plus en plus improbable de garder le même travail
toute sa vie, ni même d’ailleurs le même conjoint. Bien souvent, les enfants
grandissent et partent à leur tour chercher du travail. S’il est impossible
d’empêcher cette fragmentation, la méditation permet d’établir un lien avec une
intégralité plus profonde que les événements extérieurs ne viennent pas
perturber. L’aliénation : Ne soyez pas surpris de vous sentir totalement
stressé si votre vie semble n’être constituée que de bric et de broc. En dépit
des statistiques et indices de prospérité, nombreux sont ceux qui subsistent
avec un travail purement alimentaire, qui ne sert qu’à payer les factures sans
donner ni but ni sens des valeurs. La tendance actuelle serait à un retour dans
les petites villes pour retrouver le sens de la communauté. À chaque élection,
la désertion des bureaux de vote s’amplifie, de plus en plus de gens ne croyant
plus en leur pouvoir de faire changer les choses. Jamais auparavant les hommes
ne s’étaient sentis si aliénés, non seulement de leur travail et de leur
gouvernement mais aussi des autres, d’eux-mêmes et de leur propre être
essentiel. Et la plupart n’ont pas la capacité ou le mode d’emploi pour se
reconnecter! En comblant le gouffre qui nous sépare de nous-mêmes, la
méditation permet de guérir notre aliénation envers les autres et le monde dans
son ensemble. [...] La solitude et l’isolement : La difficulté de trouver un
emploi, l’éclatement des ménages et le manque de temps a abouti à l’éloignement
des membres de la famille qui perdent contact avec ceux qu’ils connaissent et
chérissent. J’ai entendu récemment sur une radio américaine une publicité
vantant les mérites d’un pack Net pour la famille. Puisque les dîners en
famille étaient devenus obsolètes, pourquoi ne pas acheter un Family Net – un
téléphone portable pour le père, la mère et les enfants afin qu’ils puissent
rester en contact! Difficile de résister aux forces qui nous séparent! La
méditation fait en sorte que chaque moment ensemble se transforme en un moment «de
grande qualité». La dépression : La solitude, le stress, l’aliénation, l’absence
de sens ou d’objectif profondément ancré conduisent certaines personnes à la
dépression. Dans un pays de recordman de la consommation de tranquillisants et
d’antidépresseurs où le Prozac est devenu un terme ménager, plusieurs millions
de personnes avalent quotidiennement des médicaments psychotropes pour ne pas
souffrir de la vie moderne. La méditation, elle, vous aide à vous connecter
avec votre source intérieure de bien-être et de joie qui dissipe naturellement
les nuages de la dépression. Les maladies liées au stress : L’augmentation progressive des
maladies liées au stress – qu’il s’agisse de céphalées hypertensives, de
brûlures d’estomac, de maladies cardiaques ou de cancers – reflète notre
incapacité collective à gérer l’instabilité et la fragmentation de notre
époque. Elle alimente en outre l’industrie pharmaceutique qui ne parvient à
masquer que par moments les problèmes plus profonds de peur, de stress et de
désorientation. Comme l’ont montré bon nombre d’études scientifiques, la
pratique régulière de la méditation permet de renverser les attaques de
maladies liées au stress.
Le bonheur : taper comme un pic-bois sur
un iPad...
Quatre
«solutions» en vogue qui ne fonctionnent pas vraiment Avant d’achever la litanie des malheurs
du postmodernisme et de vous proposer des solutions qui marchent, j’aimerais
que nous survolions quelques approches très prisées de gestion du stress et de
l’incertitude qui créent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent.
La dépendance : En détournant les personnes de leurs
souffrances, en les encourageant à laisser de côté leurs soucis et
préoccupations et en modifiant la chimie du cerveau, la dépendance imite
certains des bénéfices de la méditation. Malheureusement, elle fixe l’esprit
sur une substance ou une activité dont on ne peut plus se défaire – drogues,
alcool, sexe, jeu, etc. Il devient alors difficile de s’ouvrir aux merveilles
du moment ou d’entrer en contact avec une dimension plus profonde de l’être. La
majorité des dépendances entraînent un mode de vie autodestructeur qui aboutit
à une intensification des problèmes que la personne voulait au départ fuir. Le fondamentalisme : En proposant une réponse simple et
superficielle aux problèmes complexes, un sens et un sentiment d’appartenance
et en rejetant un grand nombre des fléaux évidents du postmodernisme, le
fondamentalisme – tant dans sa forme religieuse que politique – offre un refuge
contre l’ambiguïté et l’aliénation. Les fondamentalistes divisent malheureusement
le monde en deux blocs : le blanc et le noir, le bon et le mauvais, nous et les
autres, ce qui ne fait en fin de compte qu’attiser l’aliénation, les conflits
et le stress. Les divertissements : Lorsque vous vous sentez seul ou aliéné,
il vous suffit d’allumer la télé ou de vous rendre au cinéma le plus proche et
de vous jeter sur la dernière nouveauté. Cela calme votre anxiété et apaise
votre souffrance. En plus de divertir, les médias donnent l’impression de
recréer un esprit communautaire en établissant un contact entre les gens et le
monde autour d’eux. Mais il est impossible d’avoir une conversation à cœur
ouvert avec une vedette de télévision ni d’embrasser son acteur préféré! Sans
oublier que les médias – intentionnellement ou non – manipulent nos émotions,
remplissent nos têtes d’idées et d’images de la culture populaire et dirigent
notre attention en dehors de nous-mêmes – au lieu de nous donner la possibilité
de découvrir ce que nous savons, pensons et éprouvons vraiment. Le consumérisme: Le consumérisme est une fausse réponse aux
maux de la vie, fondée sur la croyance que la solution consiste à vouloir et
avoir toujours plus – plus de nourriture, plus de biens, plus de vacances, plus
de tout ce que les cartes de crédit peuvent acheter. Comme vous l’avez déjà
peut-être compris, le plaisir s’estompe vite et vous planifiez activement votre
prochain achat – à moins que vous n’essayiez de trouver un moyen de régler les
factures de cartes de crédit qui tombent avec une précision d’horloge à la fin
de chaque mois. J’en ai dit assez?
Comment
survivre au XXIe siècle – avec la méditation [...] Comme nous l’avons déjà vu
dans ce chapitre, la méditation apporte un antidote bienvenu à la fragmentation,
l’aliénation, l’isolement et le stress – et même aux maladies liées au stress
ou à la dépression. Elle ne va certes pas résoudre vos problèmes extérieurs
mais elle vous aidera à développer la résistance intérieure, l’équilibre et la
force pour trouver des solutions créatives. Pour avoir une idée du fonctionnement de la méditation, imaginez que
votre corps et votre esprit constituent un ordinateur complexe. Au lieu d’être
programmé pour ressentir la paix intérieure, l’harmonie, la sérénité et la
joie, vous avez été programmé pour répondre aux inévitables hauts et bas de la
vie avec stress, anxiété et frustration. Mais vous avez la capacité de modifier
la programmation. En mettant de côté les autres activités, en vous asseyant
tranquillement et en vous adaptant au moment présent pendant 10 à 15 minutes
chaque jour, vous construisez un ensemble de nouvelles réponses et vous vous
programmez pour connaître des émotions et des états mentaux plus positifs. Ou
imaginez que la vie soit un océan dont les vagues agitées et bouillonnantes en
surface représentent les hauts et les bas de la vie. Grâce à la méditation,
vous plongez en profondeur pour trouver une eau plus calme et homogène. La méditation est un moyen de transformer le stress et la souffrance en
sérénité et tranquillité d’esprit.
Les
bénéfices psychophysiologiques de la méditation
Les bénéfices physiologiques
: - Le ralentissement du rythme cardiaque
pendant la méditation silencieuse - Une diminution de la tension
artérielle chez les sujets normalement ou modérément hypertendus - Un rétablissement plus rapide après
une période de stress - Une augmentation du rythme alpha –
activité électrique cérébrale lente et de haute amplitude qui apparaît lors du
repos ou de la relaxation - Une meilleure synchronisation –
c’est-à-dire un fonctionnement simultané – des deux hémisphères gauche et droit
du cerveau - Une diminution des taux de
cholestérol sérique - Une consommation plus faible
d’énergie et d’oxygène - Une respiration plus profonde et plus
lente - La relaxation des muscles - Une réduction de l’intensité de la
douleur
Les bénéfices psychologiques
: - Une meilleure empathie - Une meilleure créativité et
réalisation de soi - Une précision et une sensibilité
perceptives accrues - Une régression de l’anxiété chronique
ou aiguë - Un complément à la
psychothérapie et aux autres approches dans le traitement de la dépendance
Je suis bouche bée devant les portraits de Cayce
Zavaglia. Essayez d’imaginer le nombre de piqûres d’aiguille : tout est cousu
à la main avec du fil de coton, de
soie ou de laine à tapisserie! Sa technique est stupéfiante et le résultat tout
autant : des portraits d’amis, de la famille ou d’artistes qui nous regardent
dans les yeux : «le regard du sujet centré sur le spectateur est
constant dans mon oeuvre», dit-elle.
Elle a troqué la peinture à l’huile contre la
broderie il y a une douzaine d’années parce qu’elle voulait travailler dans un
studio non-toxique. C’est en se souvenant d’une broderie réalisée dans l’enfance
qu’elle a eu l’idée d’explorer la technique.
«De loin, on dirait des peintures hyper réalistes
et c’est seulement en les examinant de près que le véritable ouvrage de
construction se révèle. Au fil des ans, j'ai mis au point une technique qui me
permet de mélanger des couleurs, des tonalités et des textures qui donnent l’illusion
d’un tableau à l'huile classique. Le sens donné aux fils imite les traces des coups
de pinceau superposés et créent la profondeur, le volume et la forme. Ma
façon de broder est aux frontières du trouble obsessionnel, mais ultimement
cela me permet de représenter la texture de la peau, des cheveux et des tissus comme
en peinture.»
Détail des points de broderie
Folie, obsession, passion? Il est vrai que la
passion ne requiert ni patience ni détermination tant que l’intérêt, la
fascination et la curiosité restent à l’avant-plan.
Un jour, en observant attentivement l’envers d’une broderie, Cayce Zavaglia a entrevu la possibilité de nouvelles images. Le verso chaotique avec ses noeuds et ses fils lâches était très différent du recto lisse et méticuleusement brodé... et peut-être plus profond psychologiquement : «Cette découverte a suscité un ‘retour à la peinture’ avec une série de reproductions des ‘verso’ à la gouache ou à l’acrylique. L’envers des broderies, toujours caché au spectateur, reflète peut-être la divergence entre le moi affiché et le moi privé.»
Leonard Cohen disait à propos du processus créatif :
«Avant d’abandonner, nous devons avoir
investi tout ce que nous avions pour que l'image complète se révèle d’elle-même.
Cela s'applique à tout, du travail à l’amour.»
Ressources
de base pour donner libre cours à la créativité
La créativité jaillit de l’intérieur. Nos
ressources créatives sont illimitées, mais pour en profiter, il faut leur
ouvrir la porte, faire confiance, et être réceptif aux idées de de la «Twilight
Zone»...
L’intuition L’intuition est la connaissance immédiate d’une
chose sans passer par le processus du raisonnement; elle se présente souvent
comme un éclair de perspicacité inattendu.
La volonté La volonté est l’énergie qui nous permet de réaliser
nos buts. Les créateurs ont souvent l’impression d’avoir une mission qui les
pousse malgré eux à aller de l’avant en dépit des obstacles.
Le courage On décrit souvent la créativité comme une percée
car pour briser le mur de la peur et de la critique qui menace de nous bloquer,
il faut du courage. La créativité implique de prendre des risques; le courage
nous permet d'utiliser notre intuition et notre volonté.
La compassion La compassion appliquée à soi contribue à calmer
la voix du critique intérieur qui nous décourage de prendre des risques.
La joie Lorsque la joie imprègne une activité, la
pratiquer est en soi l’unique récompense.
À quoi ressemblerait notre vie si nous exploitions
pleinement nos ressources intérieures?
Je me réjouis doublement car ce pianiste est aux antipodes
des concurrents-robots dont la technique est parfaite mais l’interprétation dépourvue
d’âme...
--- Charles Richard-Hamelin, a remporté la médaille
d'argent du 17e Concours International de Piano
Frédéric-Chopin à Varsovie, qualifié d'Olympiques du piano. Il a ainsi reçu une
bourse de 25 000 € pour son interprétation du deuxième concerto de Chopin. Il a
également reçu le prix Krystian Zimerman pour la meilleure interprétation
d'une sonate. «Juste faire la finale de ce concours vaut
plus que beaucoup de premiers prix internationaux. J'étais tellement content
d‘être là que j'étais moins nerveux pour le concerto», dit le musicien au sujet
du grand sourire qu'il affichait lors de la finale. «S'il n'y a pas de plaisir
dans l'acte de faire de la musique, il n'y a pas grand-chose. Ça dépend du
caractère de la pièce, mais pour ce qu'on vit ensemble, s'il n'y a pas un petit
sourire en coin, on manque le bateau, je pense.» (C. Richard-Hamelin) (Émission Médium large, ICI-Radio-Canada
Première, 21/10/2015)
Si vous êtes amateur de
concours vous avez sans doute entendu des extraits du concerto, alors je vous
propose quelque chose de différent (une exclusivité d'ICI Radio-Canada Musique) : FRATRES d’Arvo Pärt interprété par Stéphane Tétreault et Charles
Richard-Hamelin.
«Marche doucement, car tu marches sur mes rêves.»~ William
Buttler Yeats
Image :
Chris Westwood / The Sun
Fou comme
brume mêlée de neige William Buttler Yeats
Verrouille bien le volet Puisque les vents se déchaînent. Nous voyons vraiment clair ce soir Et j'ai l'impression que je sais Que là-dehors tout est fou Comme brume mêlée de neige.
Horace ici, près d'Homère S'étale, et Platon dessous Près d'un Cicéron grand ouvert. Que de temps depuis que tous deux Nous étions ignares, et fous Comme brume mêlée de neige!
Vous me demandez, mon ami, Pourquoi je soupire et frissonne? C'est de comprendre que même Cicéron, et Homère qui En savait tant, furent fous Comme brume mêlée de neige.
Aussitôt
que je me réconcilie avec la race humaine, je reçois une gifle.
Les
nations autochtones n’arrivent pas à sortir du cercle vicieux où nous les
tenons en otage depuis des siècles. Suprématie oblige!
Femmes
autochtones disparues.
Mon pays rêvé ou la Pax Kanata Myra Cree * Mon pays
rêvé commence, à l’évidence, au
lendemain d’un ultime référendum, une fois
le «verduct rendi» pour
écrire comme l’ineffable Jean Chrétien parle. L’autonomie
nous est acquise, nous
avons notre propre Parlement, Il y a
dorénavant trois visions de ce pays. Au
Québec, on est copains comme cochons avec la communauté francophone qui s’est
mise à l’étude des langues autochtones. Nos
réserves, sur lesquelles nous en émettions tant, sont
devenues des colonies de vacances et nos
chefs, qui se répartissent également entre
hommes et femmes, de gentils organisateurs. À
Kanesatake, où j’habite, y’a du
bouleau et du pin pour tout le monde. Le
terrain de golf a disparu et tous,
Blancs et Peaux-Rouges (je rêve en couleurs) peuvent,
tel qu’autrefois, profiter de ce site enchanteur. Nos
jeunes ne boivent plus, ne se droguent plus, la
scolarisation a fait un bon prodigieux. Tout va
tellement bien dans nos familles (il n’y a
plus trace de violence) que
l’association Femmes autochtones du Québec s’est
recyclée en cercle littéraire. Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir vient
d’être traduit en mohawk; l’XY de l’identité masculine, d’Elizabeth Badinter, devrait
l’être en montagnais pour le Salon du livre qui se
tiendra à Kanawake, et L’Amant de Duras, en inuktitut (ça va
dégivrer sec les iglous). Il est
question que Marie Laberge soit jouée en cri et Denys
Arcand s’apprête à tourner une comédie musicale, musique de
Pierre Létourneau, inspirée de la vie d’Ovide Mercredi, qui a
accepté de jouer son propre rôle. Titre
provisoire : Je veux t’aimer tous les jours de la semaine. Bref,
c’est beau comme l’antique, tout le
monde il est content, tout le monde il est gentil, on est
bien TRAITÉ. Je me
pince pour y croire, trop fort sans doute, car c’est
à ce moment-là que je me suis réveillée.
Avec mes
meilleurs vœux, que l’an
prochain, si nous
ne sommes pas plus, nous ne
soyons pas moins.
(Terres en vues, vol. 3, no 4, 1995, p.
23)
* Myra
Cree (1937-2005) est originaire de Kanesatake (Oka) où elle a demeuré toute sa
vie. Sa carrière d’animatrice pour la radio de Radio-Canada lui a valu
plusieurs prix et distinctions. [Cette satire] fait partie d’une série
intitulée Les bouts rimés de Myra Cree,
publiée dans la revue Terres en vues
entre 1995 et 1996 comme une sorte d’éditorial alternatif.
Source : Littérature amérindienne du Québec,Écrits de langue française; rassemblés
et présentés par Maurizio Gatti (Société
d’édition Bibliothèque Québécoise, 2009)
Un
reportage de Josée Dupuis et d'Emmanuel Marchand pour Enquête présente les témoignages bouleversants de nombreuses femmes
autochtones, qui, pour la première fois, prennent la parole et dénoncent
publiquement le mépris, les sévices sexuels,les abus de pouvoir et
l’intimidation qu'elles subissent de la part de ceux qui normalement devraient
les protéger : les policiers.Une enquête sur les agents de la Sûreté du
Québec de Val-d'Or a été confiée au Service de police de la Ville de Montréal
(SPVM) au lendemain de la diffusion. «Ils m'ont brutalisée. J'avais 16 ans. Ils
m'ont cassé le bras, ils m'ont ramassée, ils étaient huit sur moi. J'étais
toute seule. Bien souvent, ils m'embarquaient, pis au lieu de m'emmener au
poste de police, ils m'emmenaient dans un autre endroit. [...] On allait dans
un chemin dans le bois, pis là ils me demandaient de faire une fellation.
J'en ai connu six ou sept agents de la SQ qui me demandaient de faire des
fellations.» ~ Bianca Moushoun, 26 ans Tout ça à l’abri des regards. Priscillia
Papatie et Bianca Moushoun nous ont conduits vers l'un de ces endroits à
l'extérieur de la ville. Un petit chemin forestier. «C'était ici que les policiers venaient débarquer des filles»,
raconte Bianca, montrant le chemin devant elle. «Elles se faisaient demander des affaires et se faisaient laisser là.
(...) Pis les filles marchaient tout ça pour revenir au centre-ville»,
poursuit Priscillia. Porter plainte à la police, surmonter sa
peur, c’est un défi immense pour une femme autochtone. Certaines l’ont fait.
Mais ces plaintes sont restées sans réponse.
À l’émission
Le 15-18, (ICI Radio-Canada Première)Alexis Wawanoloath avouait qu'il n'était
malheureusement pas surpris : «C'est un problème de racisme, carrément.
Encore aujourd'hui, on ne comprend pas la réalité des Premières Nations. En
particulier chez les policiers en région, le racisme est très présent.» Il a
été député d'Abitibi-Est et a travaillé à la réserve de Lac-Simon, située près
de Val-d'Or. Il connaît très bien la réalité autochtone sur le terrain. «J'avais
entendu cette histoire il y a trois ans, mais les femmes à ce moment-là ne
voulaient pas parler. (...) Nous faisons face à un réel problème de société. Nous
ne sommes pas encore sortis de cette logique coloniale.» (1)
Le racisme est nouveau en Amérique Georges Sioui* (Extraits)
«Le
lendemain de leur retour, mes deux fils parlèrent en conseil de quantité de
gens qu’ils avaient vus en France réduits à quémander un peu de nourriture à
des compatriotes français à qui rien ne manquait, lesquels se montraient très
souvent insensibles à la peine et à la misère de ces gens, qui étaient leur
propre peuple. Ils parlèrent d’une autre chose tout aussi monstrueuse, dont il
me fut malheureusement donné de témoigner cette même année de 1535 ... Cette
expérience horrible fut d’observer que plus quelqu’un avait le teint foncé,
plus il devait s’attendre à être traité durement et injustement...»
«Au
milieu de la nuit, je fus éveillée par deux hommes ivres. Ils entrèrent où
j’étais en vociférant. L’un d’eux, assez vieux et le regard méchant, voulut me
pousser vers mon grabat. L’autre, plus jeune mais très laid, m’arracha à lui et
me serra si fort que je criai... Ils voulurent m’arracher mes vêtements, mais
je me sauvai. Je montai vivement une échelle et réussis à trouver un petit
recoin où, tremblante de peur et de froid, je passai le reste de la nuit. (...)
Mes deux frères capturés l’année antérieure
par les mêmes hommes nous ont dit, à leur retour, que les hommes blancs sont
susceptibles d’utiliser leur force et leur statut de mâles pour violenter les
femmes et les déshonorer. (...) Or, puisque pauvreté, teint foncé et
croyances différentes vont généralement ensemble, ces femmes sont des victimes
de ce que l’on nomme ‘racisme’.»
(Écrire contre le racisme : le pouvoir
de l’art, Montréal, Les 400 coups, 2002, p. 20-22)
* Né à Wendake
en 1948, Georges Sioui est professeur au Département d’études anciennes et de
sciences des religions et coordonnateur du programme d’études autochtones à
l’Université d’Ottawa.
Source : Littérature amérindienne du Québec,Écrits de langue française; rassemblés
et présentés par Maurizio Gatti (Société
d’édition Bibliothèque Québécoise, 2009)
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(1) Quelle
que soit l’époque, quand une nation ou un empire colonialiste s’empare d’un
pays, l’envahisseur se conduit plus sauvagement
que les sauvages qu’il veut «civiliser»,
convertir ou exterminer.
Napoléon
aurait dit que «la religion servait à empêcher le pauvre de tuer le riche».
J’ai
sauté au plafond la première fois que j’ai lu des passages du rapport d’enquête
Hidden No Longer; Genocide in Canada,
Past and Present par Kevin D. Annet, non pas tant à cause des méthodes génocidaires utilisées – ce sont toujours les
mêmes horreurs! – mais parce que nous ne
savions rien de ce qui se passait. Qui étaient les assassins? De fervents
chrétiens supposés suivre religieusement le Décalogue qui stipule entre autres
: «tu ne tueras point», «tu ne déroberas point», «tu ne convoiteras point la
maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni
son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui
appartienne à ton prochain» – ah mais... le mot «prochain» n'incluait pas les
autochtones, bien entendu, puisqu’à leur point de vue, ils avaient le statut d’animaux. Ils ont plutôt appliqué le code du
Deutéronome : “When the
Lord your God brings you into the land you are entering to possess, and drives
out before you many nations, and you have defeated them, then you must destroy
them totally. Make no treaty with them and show them no mercy. Do not allow any
of them to live. This is what you are to do them: break down their altars,
smash their sacred stones, cut down their trees and burn them in the fire. For
you are a people chosen by the Lord over all others on the face of the earth.” ~ From
the Old Testament of the Bible; Deuteronomy 7: 1-2, 5-6 The stories,
documentation and other evidence in this book are based in part on the living
testimonies of nearly three hundred survivors of thirty eight separate Indian
residential or hospitals across Canada. These accounts were offered freely and
unconditionally in open public forums, or in private interviews, between
December 1995 and July 2010. All documents, letters, photos and other evidence
were obtained from public records of the Department of Indian Affairs (the RG
10 series) held in the microfilm section of the Koerner Library, University of
British Columbia, from newspaper archives, and from the public internet or
private collections. Versions web et PDF : http://fr.scribd.com/doc/86619003/Hidden-No-Longer-Genocide-in-Canada-Past-and-Present-by-Kevin-D-Annett-M-A-M-Div
«Cette histoire de génocide délibéré
implique tous les niveaux de gouvernement au Canada, la Gendarmerie royale du
Canada (GRC), chaque église dominante, les grandes entreprises, la police
locale, des médecins et des juges. Le réseau de complices de cette machine
à tuer était, et demeure, si vaste que sa dissimulation a nécessité une
procédure complexe de camouflage conçue par les hautes sphères du pouvoir au
pays. Le cover-up se poursuit, surtout que maintenant des témoins oculaires des
meurtres et des atrocités commis par l'Église dans les «pensionnats» sont
révélés pour la première fois : On entend toujours des histoires au sujet de
tous les enfants qui ont été tués à Kuper Island. L’existence du cimetière au
sud de l’école, où l’on enterrait les bébés des jeunes filles violées par les
prêtres, a été ignorée jusqu'à ce qu'il soit creusé par les prêtres à la
fermeture de l’école en 1973. Les religieuses pratiquaient les avortements et
parfois elles tuaient les mères. Il y avait beaucoup de disparitions. Ma mère,
âgée de 83 ans maintenant, a vu un prêtre descendre un escalier en traînant une
fille par les cheveux; la jeune fille est morte. Des filles ont été violées,
tuées et enterrées sous le plancher. Nous
avons demandé à la GRC de la région d'exhumer cet endroit et de rechercher les
restes, mais ils ont toujours refusé jusqu’à récemment, en 1996. Le caporal
Sampson nous a même menacés. Ce genre de cover-up est la norme. Les enfants
ont délibérément été mis en contact avec des malades atteints de tuberculose à
l'infirmerie. C'était une procédure standard. Nous avons recensé 35 meurtres
sur une période de sept ans.» ~ Témoignage de Diane Harris au Tribunal IHRAAM,
le 13 juin 1998 (agente en santé communautaire pour le Conseil de bande
Chemainus, Vancouver) Vidéo documentaire (en anglais) : http://hiddennolonger.com/
En regardant cette photo, je ressentais ce que le
secouriste avait éprouvé. Du bonbon pour le cœur.
Les cygnes sont généralement très territoriaux et
n'aiment pas la compagnie des humains, mais Richard Wiese (1) a vécu un moment intense
et touchant lors d’une opération de sauvetage organisée par une fondation qui rescape
les oiseaux blessés (Angleterre).
«Je l'ai soulevé et j’ai doucement pressé sa
poitrine pour qu'il se sente en confiance et en sécurité. Après quelques
instants, le cygne a cessé de résister et s'est littéralement enroulé autour de
mon cou. Je pouvais sentir son coeur battre contre le mien. J’ai voulu fermer les
yeux pour profiter totalement de ce moment. C'est tellement merveilleux quand
vous ressentez une véritable connexion et une confiance réciproque – quand un animal
réalise que vous ne lui voulez aucun mal.»
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(1) Richard Wiese est un explorateur et cinéaste
américain. Il est l'auteur du guide Born
to Explore: How to Be a Backyard Adventurer. Il anime et produit la série
télévisée Born to Explorewith Richard Wiese, diffusée par ABC depuis
septembre 2011.
Hurler, brutaliser, contraindre par la force ne
mènent nulle part. La douceur, la délicatesse et le vrai respect éliminent la
résistance; ce que le macho intrusif et envahissant ne comprend pas. L’abandon survient
uniquement si un lien de confiance et de réceptivité s’établit avec l’animal. Et
comme le dit Wieser, c’est quelque chose d’extraordinaire. Sans confiance :
pas d’abandon ni d’amour. Il faut être loyal : pas de tricherie ni de trahison,
sinon c’est foutu. Pareil avec les humains : impossible d’accorder sa confiance
une seconde fois à quelqu’un qui nous a menti.
Pour avoir des rapports harmonieux avec les
humains ou les animaux il faut renoncer au désir de dominer. La sensibilité,
l’intuition, la complicité et la compassion doivent occuper l’avant-plan pour éliminer
les obstacles qui nous séparent. Nous centrer dans le cœur pour nous relier au
monde et aux êtres permet l’écoute vraie et l’oubli de soi. À pratiquer...
À ce temps-ci, la marche paisible en forêt est
impossible à cause de la chasse – à moins d’aller dans une réserve faunique où la chasse est interdite, ce qui n’est
pas à la portée de tous. Il suffit d’une balle perdue, bang! c’en est terminé de
vous. Un ami (non chasseur) en a entendu une siffler près de lui tandis qu’il circulait
sur ses propres terres en Estrie! Il a eu la frousse de sa vie.
Quelle horreur... Parades et
trophées
«Entre les meneaux, elle vit un pick-up arriver
paresseusement par la rue du Moulin avec, allongée sur le capot, une magnifique
biche tachetée. La camionnette fit lentement le tour du parc, ralentissant le
pas des villageois. C’était la saison de la chasse, mais ces chasseurs-ci
venaient surtout de Montréal ou d’autres villes. Ils louaient des pick-up et,
tels des mastodontes en quête de nourriture, régnaient sur les routes de terre,
de l’aube au crépuscule, à la recherche de cerfs. Lorsqu’ils en repéraient un,
ils s’arrêtaient sournoisement, sortaient du camion et tiraient. ... Ayant
ligoté le cerf au capot de leur camionnette, ces mêmes chasseurs parcouraient
la campagne, certains d’exhiber la preuve de leur grandeur, allez savoir
pourquoi! Chaque année, des chasseurs tiraient sur des
vaches ou des chevaux, sur des chiens ou des chats, et les uns sur les autres.
Incroyablement, il leur arrivait de se tirer eux-mêmes, peut-être au cours d’un
épisode psychotique où ils se prenaient pour du gibier. Les gens savaient que
certains chasseurs – pas tous – ont de la difficulté à distinguer un pin d’une
perdrix ou d’une personne.» (Réflexion de Clara, p. 8-9)
Source : En plein cœur (Still life), LOUISE PENNY, trad. Michel Saint-Germain, Éd.
Flammarion 2010
«L'essence de ce prétendu ‘sport’ consiste en une sorte d’excitation dérivant de la poursuite
et de la mise à mort des animaux. Parmi les arguments du sportsman, le fleuron
de l’absurdité, une absurdité qui bat toutes les faussetés servies, est l’affirmation
que ce sport ennoblie le caractère parce qu’il adoucie et humanise! Le vrai
sportsman, comme le vrai soldat, n'est jamais cruel. Il est miséricordieux,
chevaleresque, réfléchi, il a le cœur tendre, et il est sympathique. Et ces
qualités résultent de la pratique du sport. Il est parfois difficile de rester
sérieux quand on essaie de réfuter ces fieffés nonsenses. La chasse sportive
est peut-être la plus stupide et la plus vulgaire de toutes les formes de
cruauté.»
~Henry S. Salt (1851-1939) humaniste et
homme de lettre britannique
Et puis, il y a la catégorie «grands» chasseurs. Ceux-là
se font amener leurs proies sous le nez par des guides, et vlan! voilà un autre
éléphant, un autre lion ou un autre rhinocéros rayé de la liste des espèces en
voie d’extinction... Pour moi, ils ne sont pas au courant, sinon ils ne feraient
jamais ça, voyons donc!
Le dernier du genre a tué (dans une zone officiellement
protégée où la chasse est interdite) le plus grand éléphant recensé en Afrique depuis
50 ans. L’éléphant aurait été traqué afin de l’acheminer du parc Kruger vers le
parc Gonarezhou au Zimbabwe. Le braconnier allemand aurait déboursé 53 000
euros pour la traque. Il visait un ‘Big Five’, soit un léopard, un lion, un
buffle, un rhinocéros ou un éléphant. Johnny Rodriguez, président du groupe de
conservation du Zimbabwe, déplore l'immunité des touristes qui abattent des
animaux au Zimbabwe tandis que les habitants du pays risquent gros pour ce type
d'action : «Si un Zimbabwéen tue un animal pour nourrir sa famille, il risque entre
5 et 15 ans de prison, mais quand un riche chasseur étranger arrive pour abattre
un animal, il a le droit de le faire.»
«[La
chasse] ce n’est pas pour se
nourrir. Ce n’est pas pour le tir parce que des boîtes de conserve feraient
l’affaire. Ce doit être simplement pour le plaisir de tuer. Débile. Ce qui est
vraiment triste de nos jours, c’est que les chasseurs de gros gibier à trophées
voient leur célébrité comme un bonus à leur perversité. Exactement comme les
tueurs en série.» ~ Ricky
Gervais (PETA)
Un journaliste québécois blâmait les réseaux sociaux pour avoir tenté de détruire la réputation du dentiste américain Walter Palmer (le tueur du lion Cecil). Ce n’est pas le dentiste qui était visé, mais le chasseur d’animaux protégés, notamment le dernier spécimen à crinière noire.
Photo:
Andrew Loveridge / Wildlife conservation unit
L’idée de pureté est une idée curieuse. Elle
suppose une discrimination entre le pur et l’impur, entre le net et le moins
net. Lorsque nous pensons protéger une nature vierge, nous la supposons
intouchée, inaltérée, pure comme de l’eau de roche. En principe, il ne faudrait
pas y poser le pied puisque nous avons le pied aussi sale que la main. Dès
lors, cette nature vierge demeurerait inaccessible à jamais, puisque le seul
fait d’y pénétrer pour mieux la contempler constitue un viol, une prise de
virginité.
Les Américains ont un mot pour désigner les
espaces sauvages : wilderness. Ils
ont aussi la manière. Au XIXe siècle, ils ont développé leurs parcs nationaux
en considérant qu’il fallait protéger ces territoires chastes de
l’industrialisation et de la patte de l’homme. En réalité, il s’agissait de
mettre de côté des réserves de paradis luxuriants pour le bénéfice des élites
et des privilégiés, bien sûr au détriment des classes populaires et des couches
inférieures de l’humanité. La nature pure exclut les humains cachés dans ses
broussailles; seuls les anges fréquentent le paradis.
La wilderness
américaine a même son icône : Theodore Roosevelt. Le président était un
chasseur compulsif, tout comme ce dentiste qui a tué récemment au Zimbabwe un
lion intouchable. Pouvoir se payer la tête d’un lion, cela indique bien le
statut de l’ultra-prédateur. Teddy Roosevelt aimait les armes, la virilité, la
race blanche. Ces qualités réunies, il ne lui restait plus qu’à créer des
terrains de jeux pour les puissants de ce monde, des lieux sacrés où le
prédateur suprême pourrait chasser en paix l’ours et le gros gibier, pêcher la
truite à la mouche et le noble saumon, sans être importuné par le menu fretin
de la société.
Nous avons été au Québec à l’avant-scène de cette
comédie. La nature sauvage, dont le pays regorgeait, n’appartenait nullement
aux petits Canadiens français, et surtout pas, ironiquement, aux Sauvages. La
nature appartenait à celui qui avait des loisirs et assez de goût, de
raffinement, pour en jouir pleinement. Servir l’Américain, guider ces
messieurs, fut notre destin. Nous avions tous le statut de «boy», comme dans
les colonies. Autrement, si nous affichions quelque indépendance, si nous
tuions l’orignal ou le saumon pour le manger, on faisait de nous des
braconniers, des moins que rien, de petits pygmées qu’il fallait chasser des
bonnes terres. Bas les pattes! Laissés à nous-mêmes, nous étions capables de
détruire les ressources. Nous avions de la pureté à la pelle, mais nous étions
trop impurs pour en profiter.
Monsieur Menier, le riche chocolatier qui devint
propriétaire d’Anticosti en 1895, investit une fortune pour développer son île
: il en fit une réserve de chasse pour l’élite mondiale désirant se divertir à
la manière des rois. Et pour faire les choses proprement, il n’eut de cesse
d’en éloigner les Innus et les Cayens, ces parasites de la nature. Le comte de
Gobineau, auteur de l’Essai sur l’inégalité des races humaines, était un grand
ami de Menier et un grand amateur de safari. Où l’on voit que tout se tient. Le
cercle des bien-pensants s’entendait sur les privilèges des humains supérieurs
en face d’une nature qui leur revenait de droit. Terre sauvage, carré de sable
des puissants messieurs de ce monde, chasse gardée des seigneurs aryens, nature
réservée à l’usage des tenants de l’infériorité des races impures. Expulsons le
Massaï du Serengeti, l’Indien de Yosemite, l’Algonquin du parc de La Vérendrye,
le Montagnais de sa rivière, expulsons ces peuples de Métis, ces braconniers
qui chassent pour manger; ne trouvez-vous pas que l’humain original fait tache
dans les décors vierges du paradis terrestre?
Au tournant du XXe siècle, des journalistes
américains des magazines de type outdoor
cherchaient encore des autochtones «n’ayant jamais vu d’hommes blancs», quelque
part au nord du lac Ashuanipi, dans la région de Petisikapau. Car la présence
de Sauvages, naturellement, était gage de sauvagerie... Il suffit pourtant
d’évoquer les explorations du géologue Henry Youle Hind au Labrador vers 1860,
les réflexions du chroniqueur Arthur Buies sur le territoire québécois tout au
long des années 1870 ou le fameux essai sur la Côte-Nord du naturaliste
Napoléon-Alexandre Comeau, publié en 1909, pour se rendre compte que la nature
sauvage, déjà, n’existait plus. Les sportsmen anglais et américains s’étaient
donné des privilèges exclusifs de pêche au saumon sur les rivières québécoises
depuis au moins 1850. La chasse sportive, la pêche à la mouche, le droit de
tirer sur tout ce qui bougeait, du martin-pêcheur jusqu’au huard et à l’ourson
– sans oublier le droit de chasser le Sauvage –, tout cela avait sonné le glas
de la fameuse wilderness.
Le lion doit être tué par un riche dentiste du
Minnesota. Cela est dans l’ordre de la nature. Seul le dentiste aux dents plus
blanches que blanches a le droit d’entrer nuitamment dans la réserve faunique
africaine. Autrement, ce serait le chaos. L’Américain sacrilège a tué le lion à
crinière noire, un lion protégé et interdit, le symbole même de la savane pure.
L’argent s’est toujours arrogé la part du lion.