La vie privée n'est pas possible
Par Vimala Thakar
Traditionnellement, investiguer des faiblesses psychologiques en relation avec le comportement social était tabou, inacceptable. Tant qu'un activiste social rendait service aux autres, on ne se souciait pas de savoir s’il était sujet à la cupidité, la jalousie, la colère ou la peur. «Ça ne regarde que moi, ce n’est pas de vos affaires» était l'attitude courante.
En vérité, la vie intérieure ou la vie psychologique n'est pas une chose privée ou personnelle, c'est largement une affaire sociale. L'esprit résulte d’un effort humain collectif. Il n'y a pas votre esprit et mon esprit, c'est l'esprit humain. C'est un esprit humain collectif, qui s’est organisé et standardisé au fils des siècles. Les valeurs, les normes et les critères sont des modes de comportement organisés par des collectivités. Ils n'ont rien de personnel ou de privé. Ils n'ont rien qui puisse être une source de fierté ou d'embarras.
La vie privée dans la vie personnelle est impossible. Cet énoncé peut sembler choquant, mais je vous en prie, réalisez que la pensée est de la matière subtile qui émane de chacun de nous. Dès le moment où une pensée naît, qu’elle soit exprimée ou non, il en émane une sorte de vague (onde d’énergie) qui flotte dans l'espace. Nous pouvons fermer nos portes de chambre, et avoir l’impression que personne ne connaît nos pensées, mais ce que nous faisons soi-disant en privé affecte la vie autour de nous. Si nous passons nos journées persécutés par des énergies négatives, des pensées négatives, si nous cédons à la dépression, la mélancolie, l'amertume, ces énergies polluent l'atmosphère. Alors, où se trouve la vie privée?
À titre de responsabilité sociale nous devons apprendre à voir l'esprit comme quelque chose qui a été créé collectivement, à reconnaître que nos expressions individuelles sont des expressions de l'esprit humain collectif. Nos pensées, nos émotions et nos sentiments sont des relectures de la mémoire contenue en nous. Ce que chacun appelle «ma réponse», est en fait une réponse issue de la collectivité.
Source : http://www.awakin.org/
«Si on voit réellement que tout ce que l’esprit a rassemblé et que tout ce que la pensée a construit est inutilisable pour découvrir la signification de la vie et résoudre les conflits et les contradictions en soi-même, cette compréhension aura pour résultat un état de non-identification qui est le contenu de la liberté. C’est la libération.
Pendant des milliers d’années, cet état de liberté a été recouvert de mystère, comme s’il avait été le privilège de quelques élus, comme si c’était quelque chose de mystique.
Laissez-moi vous assurer qu’il n’y a rien de mystérieux au sujet de la liberté. C’est aussi simple qu’un brin d’herbe dansant dans la brise. C’est aussi simple qu’un bouton s’épanouissant en une fleur. La compréhension des limitations de la psyché humaine crée un état de non-engagement qui est humilité.
Vivre, c'est être en mouvement avec la créativité de la vie.
Vivre, ce n'est pas imiter, obéir ou répéter.
Vivre, c'est l'émanation de la créativité à travers ton regard, tes mots, tes attitude dans tes relations.
L'esclavage vient toujours de mes actions et de mes réactions, de ce que je fais de moi, des autres et des choses. C'est là, dans la vie, que doit venir la liberté.
Si l'on est honnête, loyal et vrai avec soi-même, on n'a besoin d'aucun gourou, d'aucun maître, d'aucun professeur, car la compréhension est la lumière née de la sensibilité elle-même.» (Vimala Thakar)
-------
S’il faut prendre garde aux pensées non exprimées, songeons à tout ce qui s’écrit sur les réseaux sociaux : ouch!
Hugo le génie avait tout compris, bien sûr :
LE MOT
Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites!
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes;
TOUT, la haine et le deuil!
Et ne m'objectez pas que vos amis sont sûrs
Et que vous parlez bas.
Écoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille du plus mystérieux
De vos amis de cœur ou si vous aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu.
Ce MOT — que vous croyez que l'on n'a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre —
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre;
Tenez, il est dehors! Il connaît son chemin;
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle;
Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle!
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera; Il suit le quai, franchit la place, et cætera
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez le citoyen dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe, entre, arrive
Et railleur, regardant l'homme en face dit :
"Me voilà! Je sors de la bouche d'un tel."
Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.
Victor Hugo
Humour
Aucun commentaire:
Publier un commentaire