25 juillet 2015

La récup du temps

La semaine dernière j’observais des voisins exténués partir en vacances à la course – pressés d’aller relaxer (ou peut-être pas...) –, véhicule rempli full top. La notion de vacances est bien subjective, tout comme celle du temps perdu...


«[Selon un sondage CROP] seulement un travailleur sur trois profiterait de ses vacances pour se détendre vraiment. S’ils se savaient plus éphémères, peut-être que les gens s’arrêteraient pour regarder pousser les pierres tombales dans les cimetières ~ Josée Blanchette (La liste des choses à ne rien faire, Le Devoir, 24.07.2015)



Mesurer le temps

L’ultime et peut être la plus significative conversion de la réalité en nombre est la mesure du temps. Les horloges font au temps ce que le nom et le nombre font au monde matériel, ils le réduisent, le rende fini. Et qu’est ce que le temps si ce n’est la vie elle-même? Le temps est expérience, processus, le courant de l’être. En mesurant le temps, en le convertissant en nombre, nous lui volons son infinitude et son unicité, exactement de la même façon que les noms et les nombres réduisent le monde physique. La mesure du temps transforme la succession de moments uniques en autant de secondes, minutes et heures, et leur nie la particularité de l’expérience subjective de chaque personne qui en fait l’expérience. 
   ...Comme le mentionne Lewis Munford, «L’horloge, et non le moteur, est la machine clé de l’âge industriel». Plus nous mesurions et divisions finement le temps, en premier lieu en heures, puis en minutes et secondes, moins nous semblions en avoir et plus l’horloge empiéta et usurpa la souveraineté de nos vies, et aujourd’hui nous sommes tous à l’heure.
   Être ponctuel est le devoir de l’esclave envers son maître ou du sujet envers son Roi. Aujourd’hui nous sommes tous assujetti aux horaires imposés par les exigences de précision de la machine, la régularité et la standardisation. Nous voyons les machines comme nos serviteurs, alors que notre empressement pour être à l’heure dit le contraire. Plongé dans la mesure linéaire du temps, il est difficile d’apprécier l’audace de cette division de la journée en unités uniformes d’heures, de minutes et de secondes définies par l’homme, qui sont volontairement dissociées des processus naturels et «objectives». [...]  
   Une vie programmée et accélérée est une vie dont on n’est pas maître, la vie d’un esclave. Le contrôle suprême est de pouvoir commander à quelqu’un de se présenter sur appel : «Quand je te dis viens, tu viendras». Régner sur l’horaire de quelqu’un c’est régner sur sa vie. Dans la société moderne, nous sommes occupés de façon chronique : trop occupés pour faire ce que l’on désire, trop occupés pour s’arrêter et sentir les roses, pour passer une heure à regarder les nuages, pour jouer avec les enfants, trop occupés pour faire autre chose que ce qui est nécessaire. 
   Comme le fait tristement remarquer John Zerzan, l’horloge «rend le temps plus rare et la vie plus courte»; d’où l’obsession compulsive de la vitesse, de l’efficacité et du confort de la société technologique moderne. Pour quel autre motif voudrions-nous y arriver plus vite, le faire plus vite, l’obtenir plus vite, si ce n’est à cause de la croyance que nos jours sont comptés? L’anxiété de la société moderne vient en grande partie du sentiment qu’il n’y a pas suffisamment de temps. «Vous devez toujours être en train de faire quelque chose d’utile. Vous devez être productif à chaque minute de la journée. Si, lorsque vous vous couchez le soir, vous ne pouvez dire que chaque minute de votre temps a été utile, alors une partie de votre vie s’est envolée, perdue à jamais. Vous l’avez gaspillée.» Après tout, chaque instant peut être utilisé pour exercer plus de contrôle sur le monde, pour augmenter la survie et rehausser le confort. Après avoir maximisé toutes ces possibilités, peut-être alors pourrons-nous nous permettre un peu de temps libre et de loisirs. Nous permettre ? N’est-ce pas là une métaphore financière ? «Le temps c’est de l’argent». 

«Jouir de son temps» signifiait à l’origine ne pas être sujet aux contraintes du temps; aujourd’hui, nous programmons nos loisirs comme tout le reste, et la liberté de flâner selon son bon gré semble devenue un rare privilège. Nos temps libres ressemblent davantage aux permissions accordées à un prisonnier. Nous ne sommes plus maîtres de notre propre temps.
[...] 
Le plus ironique et l’indication la plus incontestable de notre servitude se manifeste dans notre aversion pour les longues périodes de temps libre. Le véritable esclave est amené à craindre la liberté. Ainsi, nous remplissons nos temps libres de passe-temps, nous cherchons à être divertis, c’est-à-dire détournés de nous-mêmes. L’anxiété sous-jacente de la vie moderne nous a volé nos moments et nous incite à une activité incessante.

Source des extraits : The Ascent of Humanity by Charles Eisenstein (en français)
Article intégral : http://www.ascentofhumanity.com/2.5-mesurer-le-temps.php

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Dis, au moins le sais-tu
Que tout le temps qui passe
Ne se rattrape guère
Que tout le temps perdu
Ne se rattrape plus

~ Barbara (Dis quand reviendras-tu?, 1962)

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Why I Left Facebook
It’s time for more love and less like

By Matt Steel

(Excerpts)

There are two kinds of digital communication: those that improve our lives, and those that harm. If that seems too black and white for you, consider our second-greatest resource: time. Besides love, time is perhaps the most valuable thing we have

...Spend your time with ruthless discernment.

It can be hard to tell the difference between healthy and toxic communication tools, and many of them have mixed amounts of honey and arsenic. Some digital tools, however, have been around long enough to prove generally unhelpful for society. And for myself and at least one other person who has my utmost respect, Facebook falls squarely into the toxic category.

This is why I’m leaving Facebook for good. I’m certainly not the first to write about such a decision, but hopefully I can contribute something new to the conversation. [...] 

I’ve decided that the time has come to change the way I use Facebook. People interested in the ideas and work being done at Grain (my company) can follow our Facebook page. But I am choosing to stop using Facebook for personal communication with family, friends or clients.

If anyone has glossed over this entire post until now, leaving Facebook doesn’t mean you (or I) have to leave relationships behind. For myself, I’m actively choosing to deepen the real relationships I already have, and create more space for new ones.

https://medium.com/word-lovers-love-letters/why-i-left-facebook-327461fe2afb

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