Je crois que la majorité des gens ne soupçonne pas l’ampleur des ravages de l’industrie du sexe. Parmi les aspects choquants et révoltants de ce commerce il y a la façon dont les proxénètes, les propriétaires de bars de danseuses et les agences d’escortes traitent leurs «employées», c’est-à-dire comme du raw material (des matières premières ou du bétail). Enfants, adolescents et adultes sont kidnappés ou achetés et revendus à des fins d’esclavage sexuel. La pauvreté et la survie sont parallèlement responsables de ce fléau mondial propagé par l’industrie.
Certains adolescents s’engagent volontairement dans cette voie parce qu’ils croient que ce sera un moyen de faire de l’argent rapidement et facilement, et aussi parce qu’ils trouvent ça glamour, cool... Ils ignorent dans quelle sorte de machine infernale ils se jettent. Et puis, il y a une minorité de travailleuses du sexe qui prétend s’adonner à la prostitution par plaisir. Je me permets de douter.
Quand on songe qu’un(e) prostitué(e) peut avoir jusqu’à une douzaine de clients qui lui passent sur le corps (au cours d’une seule journée), on se demande comment on peut supporter ça sans se «geler». Faut-il trouver un moyen de se déconnecter de son corps, de réprimer toute sensibilité? Je suppose que la drogue joue ce rôle et que cela explique le mariage prostitution/drogues – des inséparables.
Le peak de l’exploitation sexuelle
Le documentaire Le commerce du sexe nous balance l’ampleur du fléau en pleine figure (accessible sur le site de l’ONF ou de Télé Québec si vous avez accès à la zone : http://zonevideo.telequebec.tv/a-z/392/le-commerce-du-sexe ).
Quelques commentaires tirés du documentaire
Victor Malarek, journaliste et écrivain. Il a réalisé plusieurs enquêtes sur le sujet et il a publié The Johns: Sex for Sale and the Men Who Buy It, Key Porter 2009 (pourquoi les hommes utilisent-ils les services de prostituées)
Beaucoup de monde pense qu’un club de danseuses est simplement un club de danseuses, mais c’est faux. Quand on regarde les sites où les clients écrivent, ils décrivent exactement ce qu’ils obtiennent dans un club :
-- Est-ce qu’il y a une place pour des extras et combien ça coûte pour une pipe?
-- Tu peux obtenir la totale pour 200$.
Le gars répond :
-- 200$!!
-- Hé, les boys!, il faut négocier.
Sérieusement... Tu découvres l’existence sur Internet d’une fraternité de clients. Ils sont complices mais personne ne donne son vrai nom parce que ce serait trop gênant de révéler son vrai nom. Parfois tu trouves cette fraternité en train de partager des informations comme celles-là :
«Elle est ma toute première expérience. Je suis pas mal certain qu’elle sera ma deuxième, aussi.»
«Après cette action, on commence le datty, le bbbj, le cowgirl, le doggy, le 69...» Ensuite il évalue son visage : 8; son corps : 10; ses fesses : 10; son service : 10; sa chambre : 9,5.
Tout ce qu’ils font c’est raconter ce qu’ils ont obtenu des femmes pour s’assurer que leurs copains disent : Wow! Ils se vantent constamment, message après message. Le but est de vivre leurs fantasmes; et ce fantasme est strictement d’éjaculer. Mais, si le type ne bande pas, alors il accuse la fille, c’est elle la coupable.
Quand j’ai commencé mon enquête au sujet de l’implication des hommes dans la prostitution, j’étais horrifié par ce que j’ai constaté : leurs propos sur Internet, ce qu’ils me racontaient dans les bars quand je me faisais passer pour un client, ce qu’ils racontaient au cours des interviews. Je les regardais en disant :
-- Mais tu parles d’un être humain!
-- Non, mon gars, je parle d’une pute, une prostituée.
Les hommes déclarent : «C’est une pute, une prostituée. Elle choisit d’être là pour faire de l’argent facile.»
Ils ont besoin de le croire, de croire que dès qu’un homme donne de l’argent à une femme, elle est consentante, et donc qu’il n’y a pas de viol. Il veut la voir avec le sourire aux lèvres, et puisqu’elle prend de l’argent, lui, il n’éprouve aucun remords.
[Au sujet des Asiatiques]
Sur Internet, on offre du tourisme sexuel organisé pour les clients à partir de leur propre pays. Ils disent : «Je serai en Thaïlande, aux Philippines, au Cambodge, ou en Indonésie, n’importe où, à telle date.» Et tout est organisé pour eux à l’avance. On peut obtenir les services de ce genre de filles pour une somme variant entre 20$ et 50$ USD pour une nuit complète.
Voici un gars qui écrit : «Je fais du tourisme sexuel pendant 39 ans, de 1974 à 2013, et ça me plaît toujours. Des relations saines, sécuritaires avec de jeunes putes, des escortes ou des filles sexy.»
Dans le fond, ces filles ont souvent l’âge de leurs filles, ou plutôt de leurs petites-filles. Elles offrent leurs services à ces vieux Blancs gros et laids en provenance du Canada, des États-Unis, de l’Europe...
Qu’elle soit légale ou illégale, la prostitution est étroitement liée au crime organisé. Le crime organisé ne se privera jamais de 20 milliards de dollars au bénéfice d’affaires légitimes. Ce commerce fait tellement de profit que le crime organisé y restera toujours. Quand on découvre qui est derrière la prostitution dans ce pays, par exemple, le Canada, les Hells Angels contrôlent d’énormes réseaux de prostitution. Les Yakuzas au Japon, les Triades en Chine, les mafias albanaises et russes à travers l’Union européenne, contrôlent la prostitution. Ça représente énormément d’argent, au deuxième ou troisième rang derrière les profits de la drogue ou de la vente d’armes dans les pays du tiers-monde.
Tout ça dépend des hommes qui exigent des rapports tarifiés avec des femmes et des enfants. Et si on arrêtait cette folie, on verrait l’explosion du commerce du sexe et de la traite des femmes et des enfants prendre fin! (1)
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Rita Acosta, Mouvement contre le viol et l’inceste
On sait que la prostitution commence à l’âge de 15-16 ans, même 13-14 ans. Les femmes ont généralement entre 14 et 22 ans. Le recrutement se fait partout, dans les restos, les écoles et sur la rue. C’est un commerce. Quand tu veux démarrer un commerce tu fais une étude marché, tu regardes les possibilités et tu fais du marketing. C’est exactement la même chose sauf que là, ce sont des humains, ce sont des femmes.
Les trafiquants proxénètes ne séquestrent pas les femmes comme tel, mais ils utilisent les menaces, la violence et la manipulation pour les garder sous contrôle.
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Commentaires d’un policier du SPVM, prostitution et traite de personnes à des fins d'exploitation sexuelle. Il chasse littéralement les proxénètes
Le Canada est considéré par les Américains comme un endroit extraordinaire, en particulier Montréal. Ils disent que Montréal est fantastique : ‘Tu regardes les journaux, ou Internet, et tu choisis ta fille comme une pizza, c’est-à-dire que tu choisis la couleur de ses cheveux, de ses yeux, ses mensurations, sa grandeur, son poids, puis elle va t’être livrée à la maison ou à ton hôtel, à l’heure que tu veux; et tu la payes comme une pizza’.
Vous voyez? Ce proxénète habite un secteur huppé du Vieux-Montréal, dans un condo de luxe qui lui coûte 3000$ par mois. Dans le stationnement c’est plein de voitures de luxe, Porsche, etc.
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Commentaires de travailleuses du sexe
Les filles sont enfermées entre 12 et 16 heures par jour à attendre que le proxénète leur envoie des clients. Elles sollicitent sur la rue également. Si elles veulent quitter le milieu, on les menace de mort, on use de violence, ou certains proxénètes réclament des montants compensatoires variant entre 10 000$ et 50 000$. Difficile de sortir du cercle vicieux.
Une travailleuse raconte que son père a commencé à l’abuser sexuellement à l’âge de 5 ans. Quand elle eut autour d’une dizaine d’années, le bonhomme invita des amis de son réseau de pédophiles à participer aux agressions. «Tout ce que tu veux, c’est te ‘geler‘ pour être inconsciente, parce que t’es pas capable de t’en sortir», dit elle.
«J’ai des clients de toutes les classe sociales : retraités, camionneurs, travailleurs de la construction, hommes d’affaires de l’extérieur.»
«J’ai comme clients des hommes d’affaires, beaucoup d’ingénieurs, des avocats, beaucoup de fonctionnaires, et aussi des gens du milieu de l’humour.»
Une escorte de luxe – L’agence l’envoyait en Californie, à Hawaï, etc., faisant valoir qu’elle pourrait gagner plusieurs milliers de dollars par semaine. Or une fois les frais payés : billets d’avion, vêtements, chambres d’hôtel de luxe et repas, ainsi que le pourcentage de l’agence, c’était loin d’être mirobolant.
«Tu dois voir plusieurs clients par jour, être toujours souriante, impeccable et fraîche jusqu’au dernier, faire semblant qu’il n’y en a pas eu d’autres avant. ... Le jour où j’ai décidé de cesser c’est parce que j’étais plus capable de vivre avec ça. Ces lourdeurs d’hommes sur mon corps. J’étais plus capable d’être une marchandise. J’étais plus capable de me taire. On ne peut pas exister quand on fait ça. Qu’on soit escorte de luxe ou simplement travailleuse du sexe, c’est impossible de pouvoir se laisser être, se laisser vivre. Se respecter c’est impossible. L’homme achète notre silence, complètement.»
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(1) L’écrivaine et auteur de séries télévisées Janette Bertrand disait : «le sexe c’est comme l’appétit, certains en ont plus que d’autres». Pas faux. Il y a des gens qui ont des fixations sur le sexe, d’autres sur la nourriture, l’alcool, l’argent, le jeu, etc. Nous sommes une civilisation de compulsifs. Les compulsifs ne connaissent pas la satiété. Le marketing a une immense part de responsabilité; le rabâchage publicitaire poussant les gens à une consommation/dépendance effrénée.
Je me souviens de l’époque où l’on avait interdit les messages subliminaux en publicité. Ce ne fut jamais respecté. Pour la petite histoire : le message subliminal incorpore un stimulus (images/mots) diffusé à une vitesse telle qu’il ne peut être perçu consciemment; par contre le subconscient l’enregistre. Alors, imaginez ce que nous gobons sur internet en matière de messages subliminaux! Comprendre la façon dont le subconscient est influencé ou même programmé peut aider à éviter certaines influences. Mais, la simple prise de conscience ne suffit pas. Pour se retirer du jeu, il faut cesser de jouer. Il faut rendre l’inconscient conscient, identifier ses pulsions, laisser tomber les mensonges auxquels on croit, éviter de les refiler aux autres et cesser de se mentir et de mentir aux autres.
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La sexualité est notre instinct le plus primaire et de loin le plus facile à exploiter. L’industrie du sexe l’utilise à grande échelle pour faire croître la dépendance, car cela rapporte gros. Par toutes sortes de moyens, l’on invite le mental à se centrer sans relâche sur l’activité sexuelle en la juxtaposant à presque tous les aspects de la vie courante. L’individu qui n’a aucune maîtrise mentale et émotionnelle est facile à droguer et à manipuler (physiquement, chimiquement, émotionnellement, mentalement) et il donnera dans le fast-food sexuel sans hésitation. (L’identification au robot, Parenthèse sur le sexe, Air Karma)
Dans la même veine :
Le viol télépathique
Intimidation et autodéfense
http://artdanstout.blogspot.ca/2014/10/intimidation-et-autodefense.html
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