16 juillet 2015

La porte de la compassion

Quand on n’est pas totalement déshumanisé, c’est-à-dire qu’on a un coeur au lieu d’une pierre dans la poitrine, on peut en effet éprouver plus de compassion. Mais la tentation de se fermer, pour moins souffrir soi-même, peut être forte. D’autant plus qu’on nous conditionne à percevoir le meurtre et la violence globale comme «normaux», comme faisant partie de la nature des choses ici-bas. Néanmoins, si le cœur reste ouvert on évitera instinctivement la surenchère des violences.


Appelle-moi par mes vrais noms
Par Thich Nhat Hanh

Ne dis pas que je vais partir demain
parce qu’aujourd'hui même, j'arrive encore.

Regarde attentivement : j'arrive à chaque seconde
pour être un bourgeon sur la branche au printemps,
pour être un petit oiseau aux ailes encore fragiles,
apprenant à chanter dans mon nouveau nid,
pour être une chenille au coeur d'une fleur,
pour être un joyau se cachant au milieu d’une pierre.

J’arrive encore, pour rire et pleurer,
pour avoir peur et espérer.
Le rythme de mon coeur est la naissance et
la mort de tous ceux qui sont en vie.

Je suis l'éphémère qui se métamorphose à la surface de la rivière,
et je suis l'oiseau qui au printemps, arrive à temps
pour manger l'éphémère.

Je suis la grenouille qui nage joyeusement dans l’étang limpide,
et je suis aussi le serpent qui, approchant en silence,
avale la grenouille.

Je suis l'enfant en Ouganda, de la peau et des os,
des jambes aussi maigres que des tiges de bambou,
et je suis le marchand qui vend des armes meurtrières en Ouganda.

Je suis la fillette de douze ans, réfugiée sur un petit bateau,
qui se jette dans l'océan après avoir été violée par le pirate,
et je suis le pirate, car mon coeur n’est pas encore capable de voir et d'aimer.

Je suis un membre du politburo qui a beaucoup de pouvoir entre les mains,
et je suis l'homme qui doit payer sa «dette de sang» à son peuple,
en train de mourir lentement dans un camp de travail. 

Ma joie est comme le printemps, si chaude que les fleurs bourgeonnent
   dans toutes les sphères de la vie.
Ma souffrance est comme une rivière de larmes, si pleine qu’elle remplit
   les quatre océans.

Appelle-moi par mes vrais noms,
afin que je puisse entendre tous mes cris et mes rires à la fois,
afin que je puisse voir que ma joie et ma douleur sont une.

Appelle-moi par mes vrais noms,
afin que je puisse me réveiller,
et qu’ainsi la porte de mon coeur reste ouverte,
la porte de la compassion.

Call me by my true names (traduction maison)
Via http://www.awakin.org

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