30 mai 2015

Un avenir sans animaux?

«Les gens de la campagne sont comme les animaux de la forêt. Ils nous observent. Mais nous ne les voyons pas.» ~ Henning Mankell (La cinquième femme)

Son dernier souhait avant de mourir : revoir ses poneys pour leur dire adieu.

L’homme sans animaux
Pierre-Jean Dessertine (1)

Source : Homo Vivens

Nous, humains, avons toujours vécu dans la proximité des animaux. Aujourd’hui nous ne faisons plus très attention aux animaux car nous sommes très occupés par les objets. Peut-être n’avons-nous même pas remarqué qu’ils étaient de moins en moins nombreux et divers autour de nous. Or les chiffres sont implacables : un terrible massacre de la faune s’accomplit près de nous par l’action humaine. Il est temps de nous arrêter sur notre relation avec les animaux…

(...)

Regardez l’homme contemporain! Regardons-nous! Regardons-nous dans nos manières d’être sur nos lieux de travail, regardons-nous dans nos attitudes dans les lieux publics. Nous ne sommes pas des êtres sympathiques! C’est-à-dire que nous ne sommes pas prioritairement accueillants aux signes de souffrance ou de joie d’autrui. Et réciproquement nous masquons nos états affectifs en sachant qu’ils sont malvenus. Si bien que chacun semble avoir développé autour de lui, dans sa vie sociale, comme une aura, non pas vraiment d’antipathie, mais de défiance a priori envers les expressions de la sympathie – une aura d’indifférence. On voit l’intérêt marchand de cette indifférence généralisée : elle inscrit l’esprit de compétition pour la valeur d’échange – qui est censé monopoliser le sens de la vie du travailleur-consommateur – dans l’intime même de la vie sociale. Être sympathique n’est-ce pas se montrer faible en cette compétition?

Or, la sympathie ne se partage pas puisqu’elle est la forme de relation spontanée qui se développe entre êtres sensibles. C’est pourquoi cette indifférence que nous développons dans notre vie sociale vaut aussi pour les animaux qui souffrent et meurent massivement autour de nous du fait des menées des intérêts marchands.

Mais vivre, n’est-ce pas investir la réalité? Qu’investir alors si nous sommes amputés de nos élans spontanés de sympathie dans notre vie sociale?

Hé bien nous investissons les objets proposés à la consommation. : «À proprement parler, les hommes de l'opulence ne sont plus tellement environnés, comme ils le furent de tout temps, par d'autres hommes que par des o b j e t s.» écrivait Jean Baudrillard en 1968 (La société de consommation). Ceci est totalement confirmé aujourd’hui. Simplement, nous voyons clairement qu’il faut compléter le diagnostic : ce n’est pas seulement «par d’autres hommes» que nous ne sommes plus environnés, mais aussi «par des animaux». Pour le dire globalement : nous ne sommes plus environnés de sympathie, et ce sont les objets que nous sommes mis en demeure de trouver sympathiques.

Ce détournement de notre vie affective sur les objets s’est véritablement généralisé, a pris une dimension systématique, avec la diffusion universelle des écrans connectés (à partir de la télévision il y a 50 ans, jusqu’aux smartphones aujourd’hui). Ce qui marche le mieux n’est-ce pas l’image, si possible animée, qui sollicite notre sympathie? Se développe ainsi une vie émotionnelle virtuelle qui semble prendre une part essentielle dans l’économie affective de la vie de chacun.

(...)


L’hécatombe vertigineuse du monde animal qui se produit aujourd’hui est rendue possible parce que s’affirme une idéologie justifiant la pure exploitation de l’environnement naturel pour les intérêts humains, alors que ce qui pourrait la contrer de manière efficace, la sympathie spontanée pour les êtres sensibles, a été séparé de la vie des gens, à la fois dans l’espace et dans le temps. La question se pose alors : pouvons-nous continuer comme cela longtemps ? Jusqu’où pouvons-nous aller dans cette sorte d’essorage de la biosphère qui finirait par ne laisser que les espèces vivantes commercialement intéressantes?

(...)

Nous sommes ainsi lancé dans une logique d’avenir sans animaux qui est tout – nous voulons dire au niveau des possibilités techniques – sauf sympathique. Ce n’est pas l’avenir que nous voulons.

Il nous faut de toute urgence sauver les animaux. Il nous faut retrouver les animaux. C’est la voie incontournable pour donner un avenir à notre humanité.

Article intégral : http://encyclopedie.homovivens.org/documents/lhomme_sans_animaux

(1) L'auteur est professeur de philosophie à Aix-en-Provence. Il a publié des articles dans diverses revues. Il a écrit plusieurs ouvrages de pédagogie de la philosophie. Il est l'auteur de «Pourquoi l'homme épuise-t-il sa planète?».
Il anime le site de philosophie : www.anti-somnambulique.org

Donnez-leur des bisous, ils ne vous repousseront pas! (Photo iStock)

28 mai 2015

De la machine à écrire à l’Académie

Dany Laferrière au temps de la machine à écrire (Photo : Sato et Cleveland, via La Presse)

L’an dernier, à 125 Marie-Anne, Dany Laferrière disait qu’il ne gazouille pas sur Twitter.

Pourtant son Journal d’un écrivain en pyjama est truffé de tweets :

- On lève la tête vers le ciel pour chercher l’inspiration alors que la vie grouille à nos pieds. (p. 303; 78 caractères)

- Pour faire un récit bref et dense, écrivez à toute vitesse une première version de 350 pages, puis prenez tout votre temps pour la réduire à 120 pages.
(p. 311; 123 caractères)

Application de la recette en twittérature : réduisez un texte de 350 caractères à 140.
Le tour est joué – hahaha – ce tweet de 140 caractères (espaces non inclus) m’a pris je ne vous direz pas combien de ratures et de minutes! : -)  

Laferrière en vert et pour tous. Longue vie à l’immortel et multiculturel écrivain, dont la mythique redingote n’affectera pas la simplicité ni l’humour! On le sait.

@Twittakine, une admiratrice inconditionnelle

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Discours de réception de Dany Laferrière
http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-de-dany-laferriere

27 mai 2015

L’art de comprendre

Commentaire : ah on l’oublie, mais un étranger note tous nos comportements : internet.

Nos politiciens devraient s’inspirer de cette méthode de communication : moins d’arrogance et de batailles d’egos inutiles.

Cherchez d’abord à comprendre

Cette stratégie est un moyen sûr et rapide de rendre plus satisfaisants vos contacts avec autrui. C’est même une condition sine qua non.

En une phrase, il s’agit de chercher à comprendre les autres plutôt que d’exiger qu’ils vous comprennent. Sans cette priorité, il ne peut s’établir de communication de qualité, enrichissante pour tous. Quand vous aurez pris en compte le background de votre interlocuteur, le message qu’il essaie de vous transmettre, les valeurs qui importent à ses yeux, etc., vous n’aurez aucun mal à vous faire comprendre : cela se mettra en place naturellement, presque sans effort, comme une conséquence logique. En revanche, si vous inversez le processus (et c’est malheureusement ainsi que nous procédons la plupart du temps), vous mettez la charrue avant les bœufs. En effet, exiger d’être compris avant même de comprendre, c’est exercer une forme de pression sur la conversation. Pression qui sera ressentie par vous et par la personne que vous essayez d’atteindre. Entamée sur de mauvaises bases, la communication a de fortes chances de tourner à une bataille d’egos.

J’ai eu l’occasion de travailler avec un couple qui avait passé des les dix premières années de son mariage à se disputer, notamment pour des questions d’argent. Le mari ne comprenait pas pourquoi sa femme mettait tant d’empressement à économiser le moindre sou, et elle, de son côté, l’accusait de jeter l’argent par les fenêtres. Tout élément rationnel appartenant à l’une ou l’autre position avait disparu depuis longtemps de leur relation, noyé dans la rancœur commune. Les deux époux se sentaient incompris. Pourtant la solution était relativement simple. Ils n’avaient besoin que de s’écouter mutuellement. Plutôt que de se retrancher derrière leurs barricades, ils devaient d’abord chercher à comprendre. C’est précisément ce que je les ai amenés à faire. Le mari a donc découvert que sa femme épargnait sou après sou pour éviter les ennuis pécuniaires qu’avaient connus ses parents. Elle avait une peur panique de la ruine. De son côté, elle a réalisé qu’il se sentait gêné de ne pouvoir lui assurer un train de vie équivalent à celui de ses parents. Il aurait aimé « prendre soin d’elle » comme son père autrefois s’occupait de sa mère. Au fond, il voulait simplement que sa femme soit fière de lui. À mesure qu’ils pénétraient leurs motivations profondes, leur colère s’est muée en compassion. Aujourd’hui, ils ont appris à équilibrer dépenses et économies.

Chercher à comprendre n’a rien à voir avec déterminer « qui a tort et qui a raison » : c’est une véritable philosophie de la communication efficace. En adoptant cette méthode, vous remarquerez que vos interlocuteurs se sentent écoutés, donc entendus et finalement compris. Et cela se traduira nécessairement par une amélioration de vos relations.

Richard Carlson, psychologue et écrivain (1961-2006)

Ne vous noyez pas dans un verre d’eau
Cent conseils pour vous simplifier la vie!
Éditions Michel Lafon 1998; J’ai lu Bien-être (p. 60) 

Un titre inspirant : Slowing Down to the Speed of Life (ouvrage coécrit avec Joe Bailey).

«Ralentir à la vitesse de la vie» - wow! Des représentants du fournisseur de service me proposent régulièrement de m’abonner à Wifi, d’augmenter ma vitesse de navigation, etc. Je réponds toujours la même chose «non merci, je ne suis pas pressée». Une réponse à la Dany Laferrière :-) !

25 mai 2015

Quel plaisir de retrouver Boucar!

Notre docteur en biologie humoriste. L'émission de radio s’intitule «La nature selon Boucar». On ne s’ennuie jamais à l’écouter. Un divertissement où l’on apprend toujours un tas de choses – si vous avez accès à l’audio fil :
http://ici.radio-canada.ca/emissions/la_nature_selon_boucar/2015/archives.asp?date=2015-05-09

Émission du 23 mai 2015 :
Le chien, notre maître

«J’aime les chiens pour les avoir fréquentés toute ma jeunesse et pour les avoir aussi vus surveiller avec beaucoup de sérieux l’énorme troupeau de zébus de mon père.»
~ Boucar Diouf

Quand l'Homme s'éveilla il dit : "Que fait Chien Sauvage ici?" Et la Femme répondit : "Son nom n'est plus Chien Sauvage, mais Meilleur Ami, parce qu'il sera notre ami pour toujours et toujours et toujours." (Rudyard Kipling)  

Avec ses exceptionnelles capacités à saisir les émotions humaines, sa fidélité et sa malléabilité qui en font un bon candidat au dressage, les chiens sont indéniablement les meilleurs amis de l'homme. Le chien est le tout premier copain animal de l'humanité. Encore aujourd'hui, les chiens nous aident à vivre mieux dans nos sociétés modernes, à tel point que Boucar pose la question : «Et si le chien était le maître de l'homme?»

L'humain a fréquenté le chien 20 000 ans avant de domestiquer la vache, ou le cheval. La présence de son ancêtre lointain, une sorte de loup, remonte au moins à 32 000 ans, à l'époque des chasseurs-cueilleurs. Cette longue cohabitation et les services rendus par le chien à nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ont amené l'ethnologue français Pierre Jouventin à penser que le toutou aurait peut-être fait l'humain.

Pendant les 20 000 ans qui ont précédé la naissance de l'agriculture, l'homo sapiens a utilisé la puissance des crocs de l'animal, sa rapidité à la course, sa vision crépusculaire et son incroyable flair pour décupler ses provisions de viande. Le chercheur croit même que le chien aurait facilité la domination de l'homo sapiens sur ses concurrents comme l'homme de Neandertal, l'homme de Denisova et l'homme de Flores qui, selon les dernières découvertes, coexistaient avec lui il y a 32 000 ans. Et si le chien était non pas le meilleur ami, mais le maître de l'homme?

«Qu'est-ce que les chiens nous ont appris sur la vie?»

La blonde de Michel Rivard, Ève Déziel, a répondu à Boucar que les chiens ne nous jugeaient jamais, qu'ils nous prenaient comme nous étions. Deux soeurs propriétaires de chiens rencontrées dans un parc lui ont répondu : «À ne pas trop nous en faire – ils sont toujours de bonne humeur –, à profiter de la vie simplement, à apprécier les choses qui nous entourent... Les chiens sont les meilleurs êtres pour socialiser.» Il a posé la question à des promeneurs : «Qui, de votre conjoint ou de votre chien, est le plus content de vous voir arriver à la maison?»

Les spécialistes

Boucar Diouf recevait Frédérique Hébert, monitrice en loisirs à l'Institut universitaire en santé mentale Douglas, qui possède une formation d'éducatrice spécialisée et d'intervenante en zoothérapie. Pour elle, le chien est un outil de travail pour atteindre des objectifs de base, comme améliorer la qualité de vie, ou plus complexe, comme stimuler la mémoire et la motricité chez les gens qui souffrent de la maladie d'Alzheimer. Chez les autistes, le chien, par sa présence et sa simplicité, aide à diminuer l'anxiété. 

Le conditionnement par la répétition est la théorie avancée par le médecin et physiologiste russe Ivan Pavlov (1849 – 1915). «Grâce à sa technique de zombification cérébrale, lance Boucar, Pavlov amenait son cabot à saliver en entendant simplement la sonnette annonciatrice du repas. Est-ce que la publicité a fait de nous des chiens de Pavlov?» Pour répondre à cette question, il a invité Roger Tremblay, qui travaille comme publicitaire depuis une quarantaine d'années. Il est aussi chargé de cours en publicité à l'Université de Montréal. Pour lui «la publicité est une arme de conviction massive». 

Émissions précédentes :
- Le colibri et l’hyperactivité (9 mai 2015)
- Les grands singes et nous (16 mai 2015)

En complément :
Le chien.com
Canidés sauvages – les cousins du chien
http://www.chien.com/general/races/canides-sauvages-les-cousins-chien.html 

23 mai 2015

La fuite du vide intérieur

Multitâche vintage...

Nous dépendons tous les uns des autres 
Anthony de Mello

Voilà ce que tous les mystiques nous ont enseigné dans le passé. Je ne dis pas que "moi", le soi conditionné, je ne retombe pas parfois dans mes patterns habituels. Nous avons été conditionnés de cette façon. Mais cela soulève une question : est-il concevable de vivre complètement seul au point de ne dépendre de personne?
       Nous dépendons tous les uns des autres pour toutes sortes de choses, n'est-ce pas? Nous dépendons de l'agriculteur, du boulanger... L'interdépendance. C'est parfait! Nous avons créé une société où nous attribuons des fonctions différentes à des personnes différentes pour le bien de tous, pour que nous puissions fonctionner mieux et vivre plus efficacement – du moins nous l'espérons. Mais dépendre d'un autre psychologiquement – dépendre d'un autre émotionnellement – qu’est-ce que cela implique? Cela signifie dépendre d'un autre être humain pour son bonheur. 
       Pensez à cela. Parce que si c’est le cas, que vous en soyez conscient ou non, la première étape sera d’EXIGER que les autres contribuent à votre bonheur. Puis il y aura une autre étape – la peur, la peur de perdre, la peur de l'aliénation, la peur du rejet, et le contrôle réciproque. L'amour parfait est exempt de peur. Là où il y a amour il n'y a pas de demandes, pas d'attentes, aucune dépendance. Je ne te demande pas de me rendre heureux; mon bonheur ne dépend pas de toi. Si tu me laisses, je ne m’apitoierai pas sur mon sort; j'apprécie énormément ta compagnie, mais je ne m’accroche pas. 
       Je l'apprécie sans attachement. Ce que j'apprécie vraiment ce n'est pas toi; c'est quelque chose de plus grand que toi et moi. C'est quelque chose que j'ai découvert, une sorte de symphonie, une sorte d'orchestre que joue une mélodie en ta présence, mais quand tu pars, l'orchestre ne s'arrête pas. Lorsque je rencontre quelqu'un d'autre, c’est une autre mélodie qui joue, très agréable aussi. Et lorsque je suis seul, ça continue de jouer. L’immense répertoire ne cesse jamais de jouer. C'est ça l'éveil. 
       Mais, nous sommes hypnotisés, endoctrinés, endormis. Il peut être terrifiant de me demander si l’autre m’aime quand il s’accroche et refuse de me laisser partir? Quand il ne me permet pas d’être moi-même? Peux-tu prétendre m’aimer si tu as besoin de moi psychologiquement ou émotionnellement pour être heureux? Cela va à l'encontre des enseignements universels de toutes les écritures religieuses ou mystiques. Comment se fait-il que nous sommes passés à côté pendant si longtemps? Je me demande souvent pourquoi est-ce que je ne le voyais pas. Quand on lit des choses aussi radicales que «si tu ne détestes pas ton père et ta mère, tes frères et tes soeurs, et ne renonces à tout ce que tu possèdes, tu ne peux pas être mon disciple», on croit avoir affaire à des fous. Tout laisser tomber ne signifie pas renoncer au matériel, comprenez-le bien; ça c'est facile. Lorsque vos illusions s’écroulent, vous êtes enfin en contact avec la réalité, et croyez-moi, vous ne serez plus jamais solitaire, plus jamais. La compagnie des humains ne guérit pas la solitude. La solitude guérit par le contact avec la réalité. Oh, j'aurais tellement de choses à dire à ce propos – contacter la réalité, laisser tomber l'illusion – quoi qu'il en soit, ça n’a pas de nom. On ne peut savoir qu’en laissant tomber l’irréel. Vous comprendrez la solitude quand vous cesserez de vous accrocher, quand vous laisserez tomber vos dépendances. Mais pour entrer dans cette voie, vous devez d’abord sincèrement le souhaiter; sinon, c’est peine perdue. 
       Pensez à propre solitude. La compagnie des humains y mettra-t-elle fin? Ce ne sera qu’une distraction. Il y a un vide à l'intérieur, n'est-ce pas? Et quand ce vide monte à la surface, que faites-vous? Vous fuyez, allumez le téléviseur, la radio, vous lisez, recherchez la compagnie, le divertissement, les distractions... Tout le monde le fait. Aujourd’hui, l’énorme business du divertissement s’occupe de vous distraire, de vous divertir.

[Selon Anthony de Mello la plupart des gens sont endormis. Ils ont besoin de se réveiller, d’ouvrir leurs yeux, de voir la réalité, tant à l'intérieur qu’à l'extérieur d'eux-mêmes. Le plus grand cadeau pour l’humain est d'être conscient, en contact avec lui-même, avec son corps, son esprit, ses sentiments, ses émotions, ses pensées, ses sensations.] 

Source : http://demellospirituality.com/awareness/

Parlant de divertissement, qu’avons-nous besoin d’un éventuel mégacentre comme le «15-40», en plein cœur de Montréal, à la croisée de deux autoroutes hyper congestionnées à l’année longue? C’est pour qui? Les touristes? Boutiques et restaurants de luxe, cinémas, piscine, tours à bureaux, condos – casino et jeux comme à Las Vegas avec ça? L’administration municipale ferait mieux de créer un parc rempli d’arbres pour oxygéner le secteur et contrôler le smog toujours croissant. Ce serait beaucoup plus profitable.

«Ignorant la futilité de notre quête, nous concevons toujours de meilleurs moyens d’atteindre ce but insaisissable [la satisfaction]; plus de commodités, plus d’accessoires luxueux, plus de sécurité, plus de stimulation, plus d'excitation; plus de moyens de faire avancer les choses plus vite; plus de moyens d’impressionner les autres pour qu’ils nous donnent ce que nous voulons; plus de façons de remplir le temps; plus de moyens pour nous divertir l'esprit. Les thrillers sont de plus en plus palpitants, la violence plus réaliste, le porno plus séduisant, les jeux plus tentants. Les messages érotiques intenses du marketing saturent nos cerveaux. Les mondes virtuels se multiplient sur le web, nous leurrant avec leurs propres réalités fantaisistes. Nos esprits sont irrésistiblement attirés par cette myriade d'occasions d'être stimulés, titillés, informés et défiés. Tout cela dans le but caché (ou pas si caché que ça) d’augmenter la richesse des fournisseurs pour qu’eux-mêmes atteignent la satisfaction.»
~ Peter Russell (Blind spot)

Pour être capable de réfléchir, il faut s’arrêter, faire le silence autour de soi et cesser ses activités – 30 minutes par jour font toute la différence. Mais, c’est une pratique en voie d’extinction.

Multitâche : parce que nous avions besoin d’un autre mot pour «incapacité de se concentrer sur la tâche à accomplir»

Sans parler des autres effets secondaires indésirables de la communication électronique excessive, il semble qu’elle contribue à diminuer notablement notre capacité de concentration (on s’en doutait!) : 
   «Cela ressemble à une pique, mais c'est pourtant la conclusion d'une étude sérieuse menée par Microsoft sur un panel de 2 000 Canadiens, dans l'optique de mesurer l'impact des appareils mobiles sur leur capacité de concentration.
   Les participants ont passé un électroencéphalogramme, dont les résultats montrent que leurs capacités à accomplir plusieurs tâches à la fois ont augmenté à l'aide de gadgets connectés. Mais les scientifiques chargés de mener cette expérimentation ont constaté que la concentration moyenne des «cobayes» avait baissé de 4 secondes.
   Ils ont ensuite mis le temps de concentration de l'homme du XXIe siècle (soit 8 secondes) en perspective avec celui du... poisson rouge. Et c'est le poisson rouge qui l'emporte pour une seconde.
   Ce résultat étonnant découlerait de l'irrépressible attention réclamée par les objets mobiles, mais aussi de la rapidité des informations à traiter par le cerveau. Microsoft note également que le phénomène s'accentue chez les plus jeunes. 77% des 18-24 ans interrogés ont déclaré consulter leur smartphone dès qu'ils s'ennuient et 52% y jettent un œil toutes les 30 minutes.»

Source :
http://radio-monaco.com/news/sciences/item/5280-le-temps-de-concentration-des-poissons-rouges-superieur-a-celui-des-hommes

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Le mutant-poisson

Ils vivent, les humains, et pour eux l’oxygène qui garantit la non-mort est donné par la succession d’expériences. Il y a bien longtemps, Benjamin, toujours lui, enseigna qu’expérimenter est une possibilité qui peut elle aussi venir à manquer. Elle n’est pas donnée automatiquement, dans le trousseau de la vie biologique. L’expérience est un passage fort de la vie quotidienne : un lieu où la perception du réel se cristallise en pierre angulaire, en souvenir et en récit. C’est le moment où l’humain prend possession de son royaume. Pour un instant, il en est le maître et non l’esclave. Faire l’expérience de quelque chose veut dire se sauver. Il n’est pas certain que ce soit toujours possible. 
   Je peux me tromper, mais je crois que la mutation en cours, si déconcertante, peut se résumer entièrement ainsi : ce qui a changé est la manière de faire des expériences. Il y avait des modèles, des techniques, et depuis des siècles le résultat était d’expérimenter. Mais d’une certaine manière, à un moment donné, ils ont cessé de fonctionner. Pour être plus précis, rien en eux n’était cassé. Les poumons étaient sains, mais on respirait mal. La possibilité de faire des expériences est venue à manquer. Que devait-il faire, l’animal? Soigner ses poumons? Longtemps, il l’a fait. Puis, à un moment donné, il s’est laissé pousser des branchies. Modèles nouveaux, techniques inédites. Et il a recommencé à expérimenter. Sauf que, maintenant, il est devenu poisson. 
   Le modèle formel du mouvement de ce poisson, nous l’avons découvert dans Google : des trajectoires de liens qui courent en surface. Je traduis : l’expérience, pour les barbares, est quelque chose qui a une forme de chaîne, de séquence, de trajectoire. Elle implique un mouvement qui relie différents points dans l’espace du réel. Elle est l’intensité de cet éclair. 
   (...) Alors le mutant a appris combien de temps, minimum et maximum, il devait demeurer sur les objets. Et cela le tient inévitablement éloigné de la profondeur, qui est désormais pour lui une perte de temps injustifiée, une impasse inutile qui brise la fluidité du mouvement, Il l’accepte sans hésiter, car ce n’est pas là, dans la profondeur, qu’il trouve le sens : c’est dans le dessin. Et le dessin est rapide ou il n’est pas.
   Vous le voyez le mutant en herbe? Le petit poisson avec ses branchies? À sa façon, il est déjà comme une bicyclette : s’il ralentit, il tombe. Il a besoin d’un mouvement constant pour avoir l’impression de faire de l’expérience. De la façon la plus claire, il vous fera comprendre dès qu’il pourra vous montrer la manière de surfer la plus spectaculaire inventée par les nouvelles générations : être multitâche. Vous connaissez? Ce sont les Américains qui lui ont donné ce nom. Dans son acception la plus vaste, il définit le phénomène par lequel votre enfant, en jouant à Game Boy, mange son omelette, téléphone à sa grand-mère, suit un dessin animé à la télévision, caresse le chien du bout du pied et chantonne un jingle publicitaire. Encore quelque années et il se transformera en ceci : quelqu’un qui fait ses devoirs tout en chattant sur son ordinateur, écoute son iPod, envoie des textos, cherche sur Google l’adresse d’une pizzeria en jouant avec une balle en caoutchouc. Les universités américaines sont pleines de chercheurs qui tentent de comprendre si ce sont des génies ou des idiots qui se grillent le cerveau. Ils n’ont aucune réponse. Vous direz, plus simplement : c’est névrotique.

~ Alessandro Baricco

LES BARBARES
ESSAI SUR LA MUTATION
Gallimard, 2014

21 mai 2015

HSI porte secours aux animaux du Népal

À chaque fois que des catastrophes comme celle du Népal se produisent, j’avoue que le sort des animaux en détresse me préoccupe aussi. Et ça me rassure de voir des organismes comme Humane Society International s’en occuper. Bien sûr, les humains ont la priorité, mais ces équipes de bénévoles m’aident à croire qu’il y a encore des humains bienveillants et compatissants envers les animaux. High Five! 

Rahul Seghal (HSI, Asie)

Les animaux du Népal reçoivent de l’aide
Par Cherise Udell (Care2)

(Traduction/adaptation maison)

Peu après le premier tremblement de terre, le petit royaume himalayen du Népal était durement frappé, même le mont Everest. Les gens et les animaux luttent pour retomber sur leurs pieds.


L'aide internationale sert majoritairement à sauver les humains, mais comme les animaux souffrent aussi, des équipes de bénévoles leur portent secours : les petits cheptels indispensables à la survie des gens, les animaux domestiques et les animaux errants, dont vraisemblablement personne ne s’occuperait.

Rahul Sehgal, l'un des directeurs de la Humane Society International, décrit la situation sur le terrain : «C’est une dévastation totale dans de nombreux domaines, tant pour les gens que les animaux, et nous aidons les deux. Pour de nombreuses personnes, leurs animaux étaient tout ce qu'il leur restait, de sorte que l'aide apportée aux animaux par l’HSI est vitale.»

Selon Humane Society International, la plupart des animaux traités ont soit été piégés sous les bâtiments effondrés ou blessés par des débris en chute. Malheureusement, des milliers d'autres animaux ont été écrasés et enterrés vivants pendant la catastrophe.


À Sengden Village, un village éloigné de Katmandou où 85 % des maisons se sont écroulées, les gens et les animaux vivent au jour le jour dans des tentes de fortune. Sehgal raconte qu’une femme rencontrée par l'équipe d'HSI, Mme Purnima Tamang, vit maintenant toute seule, sans famille, mis à part son troupeau de huit chèvres qu'elle refuse d’abandonner; ils se réfugient tous ensemble dans ce qui reste de sa maison. «Appelez-les comme vous voudrez – ma propriété, ma famille, mes amis – ils sont tout ce qui me reste», dit Mme Tamang au personnel d’HSI. Ses chèvres ont subi un choc et ont été exposées à la pluie pendant cinq jours consécutifs après le séisme. Les vétérinaires de l'HSI ont traité leurs problèmes respiratoires et reviendront chez Mme Tamang avec des médicaments et de la nourriture.

Dans chaque village visité jusqu'à présent, «Les animaux sont malades à cause des pluies abondantes; plusieurs sont trop malades pour manger, et la plupart des aliments pour animaux ont de toute façon été perdus sous les décombres. Pour compliquer les choses, bon nombre de ces villages sont éloignés et difficilement accessibles car on doit emprunter des chemins de terre escarpés pour les atteindre», ajoute Sehgal.


«Ces animaux ont survécu à une immense catastrophe et il serait navrant de les voir mourir à cause de problèmes respiratoires facilement traitables. Les équipes humanitaires vaccinent les gens et nous travaillons en tandem avec eux pour vacciner les animaux. Tous ont besoin d'aide ici», ajoute-t-il.


Visitez le site de l’HSI pour en savoir plus. Beaucoup d’organismes humanitaires travaillent sur le terrain au Népal en ce moment. Si vous avez des compétences, vous pourriez joindre leurs rangs. Sinon, les dons sont bienvenus...  

https://donate.hsi.org/ea-action/action?ea.client.id=104&ea.campaign.id=16153&ea.tracking.id=billboard


Pensée du jour 

«Était-il possible qu'un chien pût montrer aux hommes les choses qui comptaient vraiment dans la vie? Je crois que oui. Loyauté. Courage. Dévotion. Simplicité. Joie. Et les choses qui ne comptaient pas, aussi. Un chien n'avait pas besoin de belles voitures, de grandes maisons ou de vêtements griffés. Les symboles de prestige ne signifiaient rien pour lui. Un simple bâton lui suffisait. Un chien jugeait les autres non pas en fonction de leur couleur, de leurs croyances ou de leur statut social, mais simplement en fonction de ce qu'ils étaient vraiment. Un chien se moquait de savoir si vous étiez pauvre ou riche, cultivé ou illettré, intelligent ou borné. Donnez-lui votre coeur et il vous donnera le sien. C'est aussi simple que cela et pourtant, nous, humains, si sages et si sophistiqués, avons toujours eu du mal à comprendre ce qui est vraiment important.»

~ John Grogan (Marley et moi ; Éditions JC Lattès, 2008)

19 mai 2015

Des causes de décès insoupçonnées

Paradoxe : parfois, en voulant supprimer la maladie et la mort, on les provoque...


«Voilà, laissez-moi savoir si elles sont efficaces
et je vais moi-même les essayer.»
Cartooniste : Jim Unger

De quoi mourons-nous exactement?
Katie Waldeck

Pouvez-vous nommer les principales causes de décès aux États-Unis? Probablement – cancer, maladies cardiaques, accidents de voiture, infarctus... Apparemment, la façon dont nous mourrons n'est pas vraiment surprenante. Mais, quand on fouille un peu plus les statistiques, on découvre des facteurs qui n’ont rien à voir avec nos suppositions les plus répandues.

Les drogues licites : parmi les plus grands tueurs

En 2009, les États-Unis ont atteint un record : pour la première fois, les décès causés par des surdoses de médicaments ont dépassé les décès causés par des accidents de voiture. Et ce ne sont pas les drogues illégales comme la cocaïne et l'héroïne vendues sur la rue qui sont en cause, mais l’abus d’analgésiques légalement prescrits. En fait, les médicaments comme l'Oxycontin et le Vicodin tuent plus de gens que l'héroïne et la cocaïne combinées. (1)

Les suicides l’emportent sur les homicides

Cela paraît invraisemblable quand on suit les actualités, mais, aux États-Unis et partout dans le monde, les suicides sont beaucoup plus nombreux que les homicides. Aux États-Unis, les suicides dépassent les homicides par au moins un tiers, et ils sont plus courants que les accidents de voiture et les surdoses de drogues. En fait, il s'agit de la principale cause de décès par blessure intentionnelle.

La septicémie

La septicémie survient souvent chez les personnes en premier lieu hospitalisées pour un autre problème de santé. C’est une cause de décès extrêmement fréquente aux États-Unis, dans tous les groupes d'âge. Le sepsis est une réaction du système immunitaire à une infection généralisée causée par des germes pathogènes, et il tue plus de patients dans les hôpitaux que n’importe quelle autre cause. Étant donné que beaucoup de gens meurent de septicémie alors qu’ils sont traités pour d'autres maladies graves, il est probable que ce soit encore plus fréquent que ce qu’on rapporte.

La grippe

Pour beaucoup de gens, la grippe n'est rien plus qu'un ennui temporaire. Mais la grippe peut être mortelle – très, très mortelle. À chaque année, entre 250,000 et 500,000 personnes meurent de la grippe saisonnière. La grippe est une des principales causes de décès chez les personnes âgées, les jeunes enfants et les personnes dont le système immunitaire est déjà affaibli.

Le travail le plus dangereux : bûcheron 

Les gens qui travaillent dans l'industrie forestière ont le plus haut taux de mortalité relié à l’emploi.

Les blessures non intentionnelles sont plus fréquentes avant 44 ans

Avant l’âge de 44 ans, la façon de mourir la plus courante est l’accident – de la surdose de drogue à l’accident de voiture. Si vous êtes jeune, il est peu probable que votre état de santé soit responsable d’un décès précoce.

La peste bubonique tue toujours

Si vous pensez que la peste noire a disparu, vous avez tort. Bien qu’extrêmement rare, la bactérie à l’origine de la peste bubonique existe toujours, et une poignée de cas sont diagnostiqués aux États-Unis à chaque année, surtout dans le sud-ouest. Même si la maladie est généralement traitable, une personne sur sept en meurt.

Les maladies cardiaques chez les femmes

On a tendance à voir les maladies cardiaques comme un problème masculin – mais ce n’est pas du tout le cas. En fait, la maladie cardiaque tue plus de femmes que d'hommes. Elle tue plus de femmes que toutes les formes de cancer confondues. Une femme sur trois en meurt aux États-Unis.

Les chutes chez les aînés

Voici une statistique stupéfiante : à chaque année, un aîné sur trois fait une chute. Une visite sur trois en salle d'urgence est due à une chute. Et, rien de surprenant, c’est aussi la principale cause de décès par blessure non intentionnelle chez les personnes âgées de plus de 65 ans.

Source : Care2

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(1) En complément :

La face cachée de l'industrie pharmaceutique – L'industrie pharmaceutique a infiltré et corrompu tous les systèmes de santé publique dans le monde à tous les niveaux : médecins, instituts de recherche, publications scientifiques prestigieuses de même que les agences gouvernementales comme la FDA. Très peu de gens tirent avantage des médicaments qu'ils consomment. En fait, les médicaments seraient la troisième cause de décès dans les pays riches. 
    Pour sortir de cette situation intenable, il faudrait rien de moins qu'une révolution : abolition des brevets en pharmacie; interdiction de tout marketing et de toute recherche clinique à l'industrie; disqualification systématique de tout expert ayant un conflit d'intérêts, qu'il soit financier ou simplement intellectuel. Notre système de santé serait donc menacé non pas par le vieillissement de la population, mais bien par l'explosion de la pharmaceutique. 
    - Remèdes mortels et crime organisé : comment l'industrie pharmaceutique a corrompu les services de santé, de Peter C. Gøtzsche M.D., traduit par Fernand Turcotte M.D., publié aux Presses de l'Université Laval, 2015.

(Source : Dessine-moi un dimanche, ICI Radio-Canada Première, 17 mai 2015)


«Ici nous traitons les maux de tête en détournant
votre attention sur autre chose.»
Cartooniste : Jim Unger

17 mai 2015

Le dénuement : pour une plus grande vie

Moines franciscains, Assise/Italie, 1999; surianiphoto.com

Carnets I
Albert Camus

(Mai 1935 – février 1942)

15 sept. 37

Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/

Au cloître de San Francesco à Fiesole, une petite cour bordée d'arcades, gonflée de fleurs rouges, de soleil et d'abeilles jaunes et noires. Dans un coin, un arrosoir vert. Partout, des mouches bourdonnent. Recuit de chaleur, le petit jardin fume doucement. Je suis assis par terre et je pense à ces franciscains dont j'ai vu les cellules tout à l'heure, dont je vois maintenant les inspirations, et je sens bien que, s'ils ont raison, c'est avec moi qu'ils ont raison. Derrière le mur où je m'appuie, je sais qu'il y a la colline qui dévale vers la ville et cette offrande de tout Florence avec ses cyprès. Mais cette splendeur du monde est comme la justification de ces hommes. Je mets tout mon orgueil à croire qu'elle est aussi la mienne et celle de tous les hommes de ma race - qui savent qu'un point extrême de pauvreté rejoint toujours le luxe et la richesse du monde. S'ils se dépouillent, c'est pour une plus grande vie (et non pour une autre vie). C'est le seul sens que je consente à entendre dans le mot «dénuement». «Être nu» garde toujours un sens de liberté physique et cet accord de la main et des fleurs, cette entente amoureuse de la terre et de l'homme délivre de l'humain, ah, je m'y convertirais bien si elle n'était déjà ma religion.

Aujourd'hui, je me sens libre à l'égard de mon passé et de ce que j'ai perdu. Je ne veux que ce resserrement et cet espace clos - cette lucide et patiente ferveur. Et comme le pain chaud qu'on presse et qu'on fatigue, je veux seulement tenir ma vie entre mes mains, pareil à ces hommes qui ont su renfermer leur vie entre des fleurs et des colonnes. Ainsi encore de ces longues nuits de train où l'on peut se parler et se préparer à vivre, soi devant soi, et cette admirable patience à reprendre des idées, à les arrêter dans leur fuite, puis à avancer encore. Lécher sa vie comme un sucre d'orge, la former, l'aiguiser, l'aimer enfin, comme on cherche le mot, l'image, la phrase définitive, celui ou celle qui conclut, qui arrête, avec quoi on partira et qui fera désormais toute la couleur de notre regard. Je puis bien m'arrêter là, trouver enfin le terme d'un an de vie effrénée et surmenée. Cette présence de moi-même à moi-même, mon effort est de la mener jusqu'au bout, de la maintenir devant tous les visages de ma vie même au prix de la solitude que je sais maintenant si difficile à supporter. Ne pas céder : tout est là. Ne pas consentir, ne pas trahir. Toute ma violence m'y aide et le point où elle me porte mon amour m'y rejoint et, avec lui, la furieuse passion de vivre qui fait le sens de mes journées.

Chaque fois que l'on (que je) cède à ses vanités, chaque fois qu'on pense et vit pour «paraître», on trahit. À chaque fois, c'est toujours le grand malheur de vouloir paraître qui m'a diminué en face du vrai. Il n'est pas nécessaire de se livrer aux autres, mais seulement à ceux qu'on aime. Car alors ce n'est plus se livrer pour paraître mais seulement pour donner. Il y a beaucoup plus de force dans un homme qui ne paraît que lorsqu'il le faut. Aller jusqu'au bout, c'est savoir garder son secret. J'ai souffert d'être seul, mais pour avoir gardé mon secret, j'ai vaincu la souffrance d'être seul. Et aujourd'hui, je ne connais pas de plus grande gloire que de vivre seul et ignoré. Écrire, ma joie profonde! Consentir au monde et au jouir - mais seulement dans le dénuement. Je ne serais pas digne d'aimer la nudité des plages si je ne savais demeurer nu devant moi-même. Pour la première fois, le sens du mot bonheur ne me paraît pas équivoque. Il est un peu le contraire de ce qu'on entend par l'ordinaire «Je suis heureux».

Une certaine continuité dans le désespoir finit par engendrer la joie. Et les mêmes hommes qui, à San Francesco, vivent devant les fleurs rouges, ont dans leur cellule le crâne de mort qui nourrit leurs méditations, Florence à leur fenêtre et la mort sur la table. Pour moi, si je me sens à un tournant de ma vie, ce n'est pas à cause de ce que j'ai acquis, mais de ce que j'ai perdu. Je me sens des forces extrêmes et profondes. C'est grâce à elles que je dois vivre, comme je l'entends. Si aujourd'hui me trouve si loin de tout, c'est que je n'ai d'autre force que d'aimer et d'admirer. Vie au visage de larmes et de soleil, vie sans le sel et la pierre chaude, vie comme je l'aime et je l'entends, il me semble qu'à la caresser, toutes mes forces de désespoir et d'amour se conjugueront. Aujourd'hui n'est pas comme une halte entre oui et non. Mais il est oui et il est non. Non et révolte devant tout ce qui n'est pas les larmes et le soleil. Oui à ma vie dont je sens pour la première fois la promesse à venir. Une année brûlante et désordonnée qui se termine et l'Italie; l'incertain de l'avenir, mais la liberté absolue à l'égard de mon passé et de moi-même. Là est ma pauvreté et ma richesse unique. C'est comme si je recommençais la partie; ni plus heureux ni plus malheureux. Mais avec la conscience de mes forces, le mépris de mes vanités, et cette fièvre, lucide, qui me presse en face de mon destin.

16 mai 2015

Question embarrassante

Pourquoi admirez-vous ce penseur?
Parce que j'y trouve exprimées des choses que vaguement je pensais.
Et cela ne vous inquiète pas?

~ Fernand Vandérem, 1864-1939 (La littérature)

Tableau : Van Dongen, La penseuse

«Le fait de laisser le moi mourir à chaque instant est ce qui permet à la vraie vie de couler en nous, inlassablement. Grâce à l’observation, la perception sensorielle se régénère et, par-là, remplit sa fonction sans aucune déformation. Les vieux systèmes sont impuissants face aux situations neuves et le savoir d’hier est aujourd’hui périmé. Il nous faut être neuf à chaque instant. Être neuf ce n’est pas comme devenir neuf. Le devenir est une notion évoquant l’évolution dans le temps ou la projection dans le futur. Être neuf s’applique, au contraire, à maintenant

~ V. R. Dhiravamsa (La voie du non-attachement; La vie juste)

14 mai 2015

Jusqu’où?


Jusqu'où puis-je me pousser? Jusqu'à quel point est-il bon de s'accorder du repos et à partir de quand ce repos devient-il trop important?

Jusqu'où une chose reste-t-elle pertinente et cohérente et à partir d'où devient-elle étriquée, bornée?

Jusqu'à quel degré dois-je prendre conscience du monde extérieur et jusqu'à quel degré est-il bon que je me concentre profondément sur mon monde intérieur?

Jusqu'à quel point dois-je être confiant en mes capacités ou douter de moi-même?

Je suis de ceux qui s'engagent à fond – dans n'importe quelle activité.
Je devais donner tout ce que j'avais et, si j'essuyais un échec, il me faudrait l'accepter. Mais je savais que si je ne faisais les choses qu'à moitié et qu'elles ne marchaient pas, j'en éprouverais toujours des regrets.

~ Haruki Murakami
(Autoportrait de l'auteur en coureur de fond)


Bols chantants

Il y a une vingtaine d’années, un engouement viral pour les bols chantants gagna la planète. Comme les money-makers ne ratent jamais une occasion de faire une piasse, il y a eu de la fraude – du bol tibétain toc revendu à des prix exorbitants. Quoiqu’il en soit, la mode passa (comme toutes les modes) et l’on a séparé l’ivraie du bon grain. Le son de mon bol est splendide et ne m’a pas coûté une fortune.

Certains internautes disent à propos de cette vidéo : "pourquoi faut-il qu’on ajoute toujours des sons d’eau ou d'orage dans ce genre d’enregistrement?"
Well, l'eau est un élément de base de la Nature...

«J'ai beaucoup plus appris en écoutant couler l'eau de la rivière qu'en entendant raisonner les hommes...», disait Pierre Aguétant.
Et wouala!

Bref, envie d’un voyage intérieur? – essayez ça... 38 minutes de paix garantie. Fermez les yeux et laissez-vous pénétrer; d'autres sons s’ajoutent aux bols chantants en cours de route. Je suis ravie d’être tombée sur cet enregistrement :  



Si vous n’avez pas envie de l’écouter ici/maintenant : 
https://www.youtube.com/watch?v=qIsfwOIzkkQ

13 mai 2015

Fichu chaos

Encore une fois : moins d’armement, plus d’aide! la résilience a ses limites... Aux jeunes qui cherchent à donner un sens à leur vie, allez donc donner un coup de main au Népal...  

«Quand je me représente que j'ai apparu fortuitement sur un globe emporté lui-même dans l'espace, au hasard des catastrophes célestes; quand je me vois entourée d'êtres aussi éphémères et aussi incompréhensibles que moi, lesquels s'agitent et courent après des chimères, j'éprouve l'étrange sensation du rêve. Je ne puis croire à la réalité de ce qui m'environne. Il me semble que j'ai aimé, souffert, et que je vais bientôt mourir en songe. Mon dernier mot sera : J'ai rêvé!» ~ Louise Ackermann (Pensées d'une solitaire)

Séismes au Népal

Randonneuse

Apprendre à descendre vite
la vie est faite de montagnes
de chutes inattendues, de cascades infinies
de paysages verticaux sublimes, de couchers de soleils eternels

Ne jamais s’arrêter
Ne jamais s’arrêter même au creux de la vallée
où le chemin se rétrécit sans cesse
et les sommets s’écroulent, sans fondations

S’essouffler, crier détresse
Je me réveille les jambes lourdes
je fixe l’horizon
je prends ma bouteille d’eau et la jette contre le rocher
je regarde pendant des heures chaque goutte descendre

Je rentre par la forêt
le rêve peut recommencer
sans qu’elle puisse me voir
sans qu’elle puisse me parler

Edgar Georges, 2001 

Via : http://www.poetica.fr/a-propos/

Camp de réfugiés : Choucha, Tunisie, juin 2011 (Amnistie internationale)  

SOIF

Je me suis perdu mille fois
Dans le désert
J'ai affronté les mirages
Et le doute
J'ai connu l'enfer de la soif
Le goût âpre du sable
J'ai maudit l'horizon
Puis je l'ai aimé
Sans fin

Je suis revenu mille fois
Entier
La peau brûlée
Et les veines gonflées
Pleines de rage
Et d'espoir
Les yeux ouverts
Et l'envie de voir
Au loin

J'y retournerai
Encore et toujours.
J'irai chercher là bas les joies que l'on m'a promis...

Gaëtan Hochedez, 2006 

http://flash.zeblog.com/

Boat people, sud de l'Italie

DERNIÈRE DESCENTE AVANT LA VIE

Je suis dans l'eau
En flottement
Mon visage se maintient au dessus de la surface
Difficilement
Je te distingue à peine
Est-ce toi qui t'éloignes?
Ou moi qui dérive?
L'équilibre est fragile entre deux éléments
Tout est flou
Étrange

Plus le temps passe et plus je coule
Qui viendra me chercher en bas?

(Gaëtan Hochedez)

QUE DU VENT

Je sais ce que tu penses,
Ici ou ailleurs c'est pareil
Finalement il n'y a jamais de règles
Rien de définitif
Pas de but à atteindre
Rien à gagner, rien à perdre
Que du vent qui part en poussière
Des directions qui n'ont pas de sens
Moi je sais ce que tu veux
Te sentir bien
Le temps d'une vie
Mais tu n'y arrives pas
Tu n'y arrives pas

Tu y arriveras...

Promis

(Gaëtan Hochedez)

12 mai 2015

Vibrant tandem!

Rodrigo y Gabriela, des virtuoses à voir au
Festival de Jazz de Montréal, le 30 juin 2015, Salle Wilfrid-Pelletier – PdA 
«Originaire de Mexico, le duo n’a pas son pareil pour enflammer des guitares acoustiques à grands coups de prouesses techniques et de jeu rythmé percutant. Ils déboulent huit ans après leur unique escale festivalière avec un nouvel album, 9 Dead Alive. En première partie : un jeune virtuose de la guitare acoustique, le Canadien Calum Graham.» (FJM)
http://www.montrealjazzfest.com/programmation/concert.aspx?id=11780

Grafton Street, Dublin, juin, 2014
Rodrigo y Gabriela sont des militants de Vegan Justice. Une prestation sur la rue dédiée à Eden Farmed Animal Sanctuary (avant un concert au National Concert Hall).

Tamacun


Une excellente démonstration que le végétalisme n’est pas synonyme de vie plate, dépourvue de vitalité et d’énergie! Interview biographique – leur parcours inusité du Mexique à l’Irlande : https://www.youtube.com/watch?v=O5thbDfF1aE

Puisqu’il est question de végétalisme profitons-en pour en clarifier certains aspects.

Les questions les plus souvent adressées aux végétaliens 
Par Chris Sosa (1)
Le 7 mai 2015

Pour celles et ceux qui ne savent pas très bien ce que signifie «végétalien», le terme renvoie à tout ce qui est absolument exempt de produits animaux. De nombreux aliments et produits que les gens achètent sont naturellement végétaliens. Mais le végétalisme est un mode de vie où les gens ne consomment aucun produit ou sous-produit animal. Il sera question ici des aliments, mais il faut savoir que les végétaliens ne portent pas de produits provenant d’animaux (fourrure, cuir, etc.) ou provenant d’activités qui nuisent aux animaux.
   Je suis végétalien depuis mon adolescence. Au début, quand les droits des animaux sont devenus une valeur importante pour moi, les gens ont réagi avec scepticisme et même avec une franche hostilité. Quand on est à contre-courant, les gens se sentent jugés, et je le comprends. Le concept du végétalisme est encore très nouveau pour la vaste majorité des Américains.
   Au fil du temps, le végétalisme est devenu un terme plus connu à mesure que les entreprises courtisaient ouvertement les consommateurs végétaliens, et que plusieurs personnalités publiques, y compris des célébrités et des élus, adoptaient un style de vie compatissant. Mais l'attention grandissante du public apporte ses propres formes d’inspection. On me pose tellement des questions sur le végétalisme à tous les mois que je perds le suivi. 
   Les questions suivantes reflètent la tendance générale, et j'ai pensé qu'il était temps de répondre aux plus fréquentes en un seul article. Et je vais le faire sans recourir aux horribles vidéos ou images qu’on a tendance à inclure d’habitude.

Allons-y!

Êtes-vous en bonne santé?

Une alimentation équilibrée à base de végétaux n’est pas seulement saine, mais elle est effectivement supérieure. Des études ont montré que réduire la consommation de viande était reliée à une longévité accrue.
   Il n’y a pas eu beaucoup de recherches sur les végétaliens, mais il y en existe plusieurs très détaillées sur les végétariens. (Tous les régimes végétaliens sont végétariens par défaut.) Les conclusions ne s'arrêtent pas à une durée de vie supérieure. Les gens qui ne mangent pas d’animaux ont un risque de cancer et de maladie cardiaque inférieur, et sont généralement de meilleure humeur. 
   Cela ne veut pas dire que tous les végétaliens sont en bonne santé. Seuls les individus qui ont une diète végétalienne équilibrée pourront l’être. Les végétaliens peuvent avoir une mauvaise alimentation à base de frites et de sodas comme tout le monde.
   En conclusion : l’alimentation végétalienne est incroyablement saine si vous la pratiquez de manière responsable; mais une personne peut facilement être végétalienne et choisir de mauvais aliments.

Où prenez-vous vos protéines?

On considère qu’une protéine complète est une protéine composite qui contient les neuf acides aminés essentiels. Obtenir des protéines complètes à partir d'aliments à base de végétaux est incroyablement facile. La raison pour laquelle les gens l’ignorent est que différents lobbies ne veulent pas que vous le sachiez. 
   Toutefois, de nombreuses cultures à travers l'histoire tiraient leurs protéines complètes des végétaux. Un riz traditionnel mexicain et repas de haricots noirs contiennent des protéines complètes. Même chose pour les pois chiches avec lesquels on prépare l'houmous.
   Un certain nombre de céréales et de légumineuses contiennent des protéines complètes. Et, bien sûr, le soja est sur la liste. Certains légumes comme le chou-fleur et les feuilles du navet contiennent aussi des protéines complètes.
   Puisque je fais beaucoup d'exercice, j’ai besoin d’une alimentation particulièrement élevée en protéines. Je bois donc un «Daily Protein Shake» en plus de mes repas pour un coup de pouce supplémentaire.

Pourquoi est-il nuisible de manger des animaux?

Il y a plusieurs raisons. La réponse la plus évidente est l'empathie : les humains, qui n'ont pas besoin de causer de préjudices aux autres pour se nourrir ne devraient pas le faire. Généralement, les végétaliens ne prétendent pas qu'une personne affamée sur une île ne devrait pas tuer pour se nourrir, ou qu'une personne malade ne devrait pas prendre une médication contenant un sous-produit animal.
   Le végétalien choisit rationnellement d'être un consommateur bienveillant et éthique dans sa vie quotidienne. Nous avons une tendance naturelle à valoriser des personnes qui nous ressemblent, et cela se voit dans la perpétuation de nos attitudes racistes par exemple. Or nous sommes des animaux, et nous devrions nous efforcer de ne pas causer de souffrance à quiconque, qu’il nous ressemble ou non.
   Le consommateur américain moyen n'a tout simplement pas besoin de nourriture animale pour avoir une vie saine et enrichissante. Nous consommons des produits issus de la cruauté et de la maltraitance parce que notre culture et la publicité nous endoctrinent et nous incitent à le faire. Leur objectif n'est pas du tout d’améliorer notre santé, mais plutôt de garder à flot la production industrielle des animaux de consommation.

D'accord, mais pourquoi le lait est-il nuisible?

Heureux que vous l’ayez demandé! Les animaux élevés pour leurs sous-produits, y compris le lait et les oeufs, sont souvent encore plus maltraités que les animaux élevés pour être abattus. Et les étiquettes «en liberté» ou «animaux d’élevage biologique» n'aident pas. C'est le même système cruel, quel que soit le nom qu’on lui donne.
   Mais il y a un problème philosophique plus grave en jeu : l'exploitation. Les animaux sont des êtres vivants à part entière, qui ont leurs propres familles, leur propre langage et qui éprouvent des émotions comme nous tous. Dans le futur, les gens regarderons notre façon de traiter les animaux avec la même animosité que nous avons développée à l’égard de l'esclavage humain autrefois admis.
   En fait, nous commençons à voir ce changement : les consommateurs boycottent des sociétés comme SeaWorld qui asservissent d'autres animaux pour divertir les humains.

Ne devrions-nous pas d’abord nous soucier des problèmes humains?

Les humains sont aussi des animaux. Un végétalien qui prendrait la défense des animaux sans se soucier des humains ne ferait pas un très bon travail. 
   Le végétalisme contribue au bien-être des humains. L'Organisation Mondiale de la Santé recommandait récemment une orientation mondiale vers l’alimentation végétalienne pour lutter contre le changement climatique, puisque la production de bétail est reconnue comme une cause majeure. 
   Parallèlement au changement climatique, la production animale affecte les humains de plusieurs façons, notamment parce que les ressources sont utilisées pour nourrir les animaux de ferme tandis qu’elles pourraient servir à nourrir des humains et contribuer à enrayer l'épidémie d'obésité qui nuit à nos enfants.

Je suis convaincu! Par où commencer?

La transition au végétalisme est beaucoup plus facile que les gens ne l'imaginent. Je l'ai fait en un seul jour, et maintenant c'est plus simple qu'en 2006. 
   Un conseil que j’aurais aimé recevoir : n’essaie pas d'imiter la viande. Certains substituts de viande et de fromage sont super, et sont très différents des produits carnés qu’ils remplacent. Leur goût est différent, et c’est parfait pour certains consommateurs; par contre d’autres pourraient regretter leur ancienne diète carnée encore plus. 
   Au lieu d'imiter, planifiez des repas faciles qui ciblent tous les éléments nutritifs essentiels. Ils peuvent être délicieux, luxueux ou simples, c’est selon vos goûts. Il existe des tonnes de fabuleuses recettes facilement accessibles. Assurez-vous d’y inclure de la vitamine B-12, du calcium, du fer et du zinc. Ce sont des éléments nutritifs spécifiques que les végétaliens doivent consommer.
   Vous n'avez pas besoin d'acheter des poudres spéciales, des barres énergisantes ou des suppléments pour être un végétalien en santé. (Bien que certains soient formidables!) Le végétalisme n’est pas un régime alimentaire insipide. C'est un choix éthique et les gens réalisent de plus en plus que c’est bénéfique tant pour leur propre santé que celle de la planète.

(1) Chris Sosa est chroniqueur à Care2 Green Living.

http://www.care2.com/greenliving/author/chrissosa

10 mai 2015

Carrefour «je devrais» / «je dois»


L’artiste et designer Elle Luna, dans son essai The Crossroads of Should and Must: Find and Follow Your Passion, reprend le manifeste en faveur du courage et de la créativité là où Campbell l’avait laissé, et dans l'esprit de Parker J. Palmer et de Debbie Millman.

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«Je devrais»

Le «je devrais»,correspond à la manière dont les autres veulent que nous vivions. Ce sont toutes les attentes qu'ils empilent sur nous.

Parfois les «je devrais» sont petits, apparemment inoffensifs et faciles à accommoder. «Tu devrais écouter cette chanson», par exemple. À d'autres moments, les «je devrais» sont des systèmes de pensée extrêmement influents qui nous mettent de la pression et qui, dans leur forme la plus destructrice, nous contraignent à vivre notre vie différemment.

Lorsque nous choisissons «je devrais», nous choisissons de vivre pour quelqu'un ou pour quelque chose qui n’a rien à voir avec nos aspirations. Le chemin «je devrais» peut être lisse, les récompenses peuvent sembler évidentes et les options sont souvent abondantes.

«Je dois» 

Le «je dois» est différent. Le «je dois» vient de qui nous sommes, de ce que nous croyons et faisons lorsque nous sommes seuls avec notre «moi» le plus authentique. C'est ce qui nous interpelle le plus profondément. Ce sont nos convictions, nos passions, nos envies et désirs profonds – inévitables, indéniables et inexplicables. Contrairement au «je devrais», le «je dois» n’accepte pas de compromis.

Le «je dois», c’est lorsque nous cessons de nous conformer aux idéaux des autres pour nous connecter aux nôtres – et cela nous permet de cultiver notre plein potentiel en tant qu'individus. Choisir le «je dois» c’est dire oui à un travail acharné et à des efforts constants, c'est dire oui à un voyage sans carte routière ni garanties, et ce faisant, dire oui à ce que Joseph Campbell décrivait comme «l'expérience d'être vivant qui fait en sorte que nos expériences de vie sur le plan purement physique ont une résonance avec notre être intérieur et la réalité, afin de pouvoir réellement ressentir l’émerveillement d'être vivant».

«Je dois» : le meilleur choix 

Si vous voulez connaître «je dois», apprenez à connaître «je devrais». C'est un dur labeur. Un travail vraiment difficile. Nous nous emprisonnons inconsciemment pour éviter nos peurs les plus primales. Nous choisissons «je devrais» car choisir «je dois» est terrifiant, incompréhensible. Notre prison se construit à partir de toute une vie de «je devrais», un monde de choix que nous avons inconsciemment acceptés, ce sont des murs qui nous aliènent de notre soi authentique. «Je devrais» est le gardien du «Je dois ». Mais, de la même manière que vous avez créé votre prison, vous pouvez configurer votre propre libération.

Combien de fois avons-nous blâmé une personne, un travail ou une situation alors que le véritable problème, la véritable souffrance était à l'intérieur de nous? Par conséquent, nous tournions les talons, nous quittions en colère, frustré et triste, transportant inconsciemment les mêmes «je devrais» dans un nouveau contexte – la relation suivante, le travail suivant, l’amitié suivante – en espérant obtenir des résultats différents.

Le «je dois» est fantastique, et il se trouve juste de l'autre côté des «je devrais». Le «je devrais», c'est le monde des attentes. C'est comme une force de camouflage, une des supercheries du «je devrais» – et elle peut s’introduire sournoisement quand on a le dos tourné. C’est plus facile – cette force invisible agit contre nous et apparaît souvent très tôt dans la vie. Elle peut venir de l'époque où nous sommes nés, de la société ou de la communauté où nous sommes nés, du corps dans lequel nous sommes nés... Des tas de choses peuvent se produire tôt dans la vie et prendre cette trajectoire... nous faisant souvent dévier du chemin différent que nous étions censés prendre.

Citations via :
http://www.brainpickings.org/2015/05/05/the-crossroads-of-should-and-must-elle-luna/?mc_cid=8b8abcc2f9&mc_eid=082c5c5432