Cool de se défoncer les tympans?!
La pollution sonore est omniprésente – mon degré d’aversion est proportionnel au volume de décibels. J’évite d’en rajouter. Alors les concerts rock, connais pas. Les fans de David Bowie le considèrent comme un génie. Je ne peux pas en juger. J’ai vu un seul film où il jouait, Furyo (1983), dont j’ai adoré la musique. Ironiquement, il avait refusé de composer la bande sonore, prétextant qu’il voulait rester crédible en tant qu'acteur (1).
De la «musique» qui nous casse les oreilles
Malheureusement pour les fans, le hard rock, le glam metal et les genres «musicaux» du même ordre ont le pouvoir de détruire notre précieux et fragile sens de l’ouïe, plus encore s’ils sont écoutés à fond la caisse. Les concerts rock sont idéals pour se bousiller le système auditif (et nerveux). Voilà pourquoi on fait tant usage d’alcool et de drogues (pensons aux raves) car ces substances déforment la perception auditive, atténuent la sensibilité à la douleur et réduisent la vigilance – quand on est «gelé», on ne ressent rien. Cela fait partie du kick de s’éclater, dans tous les sens du terme.
Les concerts hard rock attirent des gens qui ne se préoccupent pas de conserver leur capacité auditive pour le futur. La surdité limite considérablement la communication... Je suppose que le public en général ignore les conséquences de ces spectacles sur la santé physique et psychologique.
Saviez-vous que deux heures de baladeur numérique à la puissance maximale plus un concert à 105 dB correspondent à 3 fois la dose de son tolérée par semaine? «Quelqu’un qui écoute longtemps et souvent son baladeur à plus de 120 décibels ou se tient près des enceintes acoustiques dans un concert rock s’expose à des dommages insidieux qui, au fil du temps, risquent de devenir irréversibles.»
(http://www.rqcb.ca/fr/baladeurs.php)
Par conséquent, j’évite les endroits (même les salles de cinéma) où le volume sonore (bruit) risque de dépasser les 85 dB (seuil critique). Pourquoi? Parce que je veux être capable d’entendre de la musique le plus longtemps possible. À ma connaissance, l’écoute du chant des oiseaux dans la nature n’a jamais rendu quiconque sourd.
Traumatisme sonore suite au concert de David Bowie
Témoignage de Cédric
«J’ai 34 ans et je connais l’enfer depuis 5 ans après avoir assisté au concert de David Bowie au Zénith de Lille en 2003. J’étais vraiment mal placé ce soir là, juste devant la scène. En plus, les hurlements et sifflets venaient s’ajouter aux riffs et j’avais remarqué que la batterie était particulièrement forte aussi.
Après le concert j’ai su que quelque chose ne tournait pas rond car j’ai ressenti de violents acouphènes stridents. J’ai attendu que ça se calme pendant 2 jours. J’ai essayé de suivre les conseils des forums, de ne pas stresser et de mettre mes oreilles au calme quelques temps.
Mais la semaine suivant je vais voir un ORL qui me fait passer un audiogramme, il constate une perte auditive sur les 4000 Hz et me prescrit un nootrope (piracetam) et du paracétamol car je ressens une vive douleur à l’oreille droite.
Pendant deux ans je vais vivre l’enfer avec une perte auditive et des acouphènes bilatéraux qui me causent un mal de crâne insupportable. À chaque bruit mon oreille se bouche, chauffe et devient douloureuse. Je travaille en plus comme éducateur spécialisé et j’ai affaire à des adolescents qui ne sont pas pour le moins silencieux…
En novembre 2006, je suis obligé de prendre un long arrêt de maladie car je ne tiens plus…
Je dois consulter un psychiatre, qui ne m’est pas vraiment d’un grand secours. Le prozac et le lexomil me rendent malade comme un chien.
J’ai repris mon travail non sans mal… Dernièrement j’ai subi un autre choc auditif, un camion de pompiers sirène hurlante est passé près de moi dans la rue. J’ai eu beau essayer de boucher je me suis retrouvé encore plus bas qu’avant en quelques jours.
Je suis encore en arrêt maladie et croyez-moi ça n’est pas simple de faire comprendre à vos collègues de quoi vous souffrez…
Je suis au bout du rouleau et je ne sais pas vraiment de quoi demain sera fait.»
Message d’Antoine
«Je m’appelle Antoine et je viens d’avoir 23 ans. Je suis en troisième année de droit à Montpellier mais j’ai d’énormes difficultés à suivre les cours car j’ai subi un traumatisme sonore il y a un an.
J’ai toujours aimé les concerts, le rock indépendant était une véritable passion. Je traînais souvent au Rockstore, mais un soir de l’année dernière, un groupe de garage s’est mis à jouer très fort; il y a eu plusieurs larsens atroces au point que tout le monde s’est bouché les oreilles instinctivement. Beaucoup avaient des bouchons, même moi, mais ils mettaient la musique en permanence même entre les morceaux. En sortant mes oreilles se sont mises à siffler, je n’ai pas fait attention car ça arrive souvent avec ce genre de groupe… Un copain, comme moi, s’est plaint de maux de têtes assez forts et de légers acouphènes.
Les jours passent mais les acouphènes ne passent pas… mes oreilles commencent à se boucher et je ressens de vives douleurs à l’oreille gauche. Ni une ni deux, je consulte un ORL de Montpellier qui me prescrit du Solupred 20 mg, une posologie de 3 comprimés par jour pendant une semaine ainsi que du Vastarel 35 mg à raison de 2 comprimés par jour. Au bout de 15 jours, je ne tiens plus! mes oreilles sifflent toujours, je souffre d’insomnie et je sens bien que la dépression est en train de me tomber dessus. Le moral à zéro, je retourne chez l’ORL qui me prescrit cette fois-ci du Rivotril (20 gouttes le soir) et Seroplex 10 mg pour m’aider à faire face. Les effets secondaires l’emportent sur les effets bénéfiques pour moi qui ne suis pas habitué aux médicaments…
J’ai des nausées, des maux de têtes, des douleurs abdominales en plus de mes acouphènes et des douleurs à l’oreille gauche. Je décide d’arrêter le traitement au Seroplex en accord avec l’ORL qui me propose Cymbalta. Je retrouve l’appétit et un peu d’énergie pour continuer à suivre les cours à la Fac, mais en quelques mois je prends beaucoup de poids… Il me reste le plus dur : terminer ma deuxième année avec des acouphènes permanents et douloureux, et mon oreille gauche est toujours bouchée. J’y arrive non sans mal. Les oraux ont été un véritable supplice. Cette année je peux difficilement aller en cours car le bruit des amphis me rend dingue. En plus avec des bouchons, je ne passe pas inaperçu et comment prendre des notes dans ses conditions?
Enfin, j’ai décidé de consulter un ORL réputé à Lyon. J’espère qu’il m’aidera à voir le bout du tunnel car ma vie sociale est vraiment limitée en ce moment. J’ai essayé mille remèdes sans aucune efficacité…
À lire aussi, le témoignage de Pascal, un guitariste rock :
http://www.acouphenes-hyperacousie.com/2010/10/exposition-decibels-duree-maximale-avant-traumatisme-sonore.html
Le son peut guérir mais aussi détruire
La notion de pollution sonore regroupe généralement des nuisances sonores, et des pollutions induites par le son devenu dans certaines circonstances un altéragène physique. Elles peuvent être provoquées par diverses sources et les conséquences peuvent aller d'une gêne passagère à des répercussions graves sur la santé et la qualité de vie chez l'homme, mais également à une altération du fonctionnement des écosystèmes, pouvant aller jusqu'à tuer des animaux, ou empêcher leur reproduction normale. Du proche ultrason à l'infrason, une large gamme de longueurs d'onde peut être source de stress ou de conséquences pathologiques, selon l'intensité, la durée d'exposition et la sensibilité de la personne ou de l'animal exposé. (Wikipedia)
Au cours de l'évolution, l'oreille s'est adaptée à l'écoute des sons naturels de l'environnement, mais n'a pas développé de défenses contre les sons forts. Il en résulte qu'un niveau sonore élevé est nocif pour l'oreille.
Système auditif
Il n’y a pas de solution miracle pour restaurer les fins mécanismes de l’appareil auditif une fois les dommages causés. L’oreille interne est tapissée de quelques milliers de cellules auditives. Ces cellules sont fragiles et, une fois détruites, elles ne peuvent pas se régénérer.
Il est possible de provoquer la mort par ébranlement sonore des cervicales. Certaines ondes de son agissent sur la matière. Par exemple, les ultrasons sont d’autant plus dangereux qu’ils ne peuvent pas être perçus; cependant ils peuvent provoquer des lésions internes importantes et irréversibles dans l’oreille. Des sons ont été testés en laboratoire pour briser les os, provoquer des variations de tension artérielle et modifier le flux des ions de calcium, potassium et sodium dans le corps. En traversant la membrane cellulaire, les ondes génèrent des signaux micro-électriques qui se propagent dans tout le système nerveux pour informer le cerveau de ce qui se passe dans son environnement; le cerveau déclenche alors une réaction musculaire, un malaise, une maladie ou autre, pour signifier qu’il y a un danger.
Quelques équivalences bruits/décibels
Le seuil critique pour endommager ou perdre l'ouïe (si le bruit dure trop longtemps ou est constant) se situe à environ 85 dB.
Concert Rock 110-120 dB (parfois plus)
Baladeur (volume max.) 115 dB
Sirène d'ambulance, discothèque 115-120 dB
Marteau-piqueur 120-130 dB
Feux d’artifice 130-190 dB
Avion à réaction (à proximité) 140 dB
Course Formule 1 140-150 dB
Pistolets/carabines 140-170 dB
Les êtres vivants peuvent mourir s’ils sont exposés à des sons d’intensité supérieure à 150 dB.
Effets sur la santé
Les effets de la pollution sonore ne se limitent pas à la perte de l'ouïe. Les bruits forts persistants entraînent une grande variété de symptômes. Résumé schématique des effets du bruit sur la santé (New Scientist) :
- Surdité passagère (parfois définitive) ou perte importante d'acuité auditive
- Acouphènes
- Hyperacousie
- Dépression pouvant conduire au suicide
- Problèmes de sommeil important (insomnie)
- Augmentation de la tension artérielle (hypertension)
- Augmentation des maladies cardio-vasculaires
- Fatigue, irritabilité
- Modifications du comportement : agressivité subite
À visiter : Le Regroupement québécois contre le bruit excessif – (RQCB)
http://www.rqcb.ca/fr/donnees_de_base.php
(1) Une superbe interprétation du thème de Furyo (Merry Christmas, Mr. Lawrence) par le Trio Ryūichi Sakamoto (piano, violon et violoncelle). Bon allez, je l'offre à David Bowie, que son âme repose en paix.
Un compositeur/interprète au parcours exceptionnel :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ry%C5%ABichi_Sakamoto
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