21 avril 2014

Si facile de se perdre

Je n'arrive pas à décrypter la signature de l'artiste...

La douleur et l'ennui
[Extraits de Schopenhauer, l'homme et le philosophe, A. Bossert, Paris, 1904, pp. 219-223]

Quand l'homme, ayant pris conscience de lui-même, sachant enfin ce qu'il veut et ce qu'il peut, se met à considérer ce monde où un sort inconnu l'a jeté, que trouve-t-il devant lui? Il n'obéit plus, comme l'animal, comme l'enfant, à un aveugle besoin de conservation. Il sent bien encore en lui quelque chose qui le porte à agir et à désirer, à se répandre au dehors et à attirer à lui ce qui est à sa portée mais c'est une aspiration sereine et claire, capable de se maîtriser, de s'exciter ou de se ralentir, ou même de s'anéantir tout à fait. Alors il fait un retour sur lui-même. Avant de s'engager plus avant dans la vie, il jette un regard en arrière sur le chemin parcouru. Quel besoin avait-il de s'efforcer et d'agir, et quel bien lui en est-il resté? De quel prix a-t-il payé ses jouissances? Jusqu'ici, il a été «tramé par son démon» : le suivra-t-il encore, maintenant qu'il le connaît et qu'il peut s'affranchir de lui? Toutes questions qui se ramènent à une seule : la vie vaut-elle ce qu'elle nous coûte, et, si nous étions libres de choisir, ne ferions-nous pas un marché de dupe en acceptant l'existence?
(…)
L'erreur du commun des hommes est de croire que la cause de leur souffrance est en dehors d'eux. Ah si telle circonstance avait pu tourner autrement, si tel hasard avait pu ne pas se produire, un malheur aurait été évité. Mais la destinée a cent prises sur nous; que nous lui échappions par un côté, elle nous reprend par un autre. Chacun de nous a en lui une certaine capacité de souffrir il faut que la mesure soit remplie. L'un, frappé par une grande douleur, est arrivé à mépriser les petits ennuis; l'autre, que l'on croit heureux, se tourmente pour des contrariétés insignifiantes; un troisième, faute de maux réels, s'en crée d'imaginaires. En réalité, chacun paye son tribut, en grosse ou en menue monnaie.
       Le sage a reconnu qu'il est dans la nature de l'être humain de ne jamais se satisfaire; il s'attache donc de prime abord à un grand objet, sachant bien qu'il ne l'atteindra jamais, mais sachant aussi qu'il ne l'abandonnera jamais, soit la poursuite du vrai, soit la réalisation du beau. Il vivra avec «son grand chagrin», toujours en querelle avec sa destinée, mais du moins réconcilié avec lui-même, dans une certaine humeur mélancolique, qui ne sera pas le parfait bonheur, mais qui le préservera du moins de la contagion des petits plaisirs et des petites douleurs.

Texte complet : http://www.schopenhauer.fr/philosophie/douleur-et-ennui.html

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Intuition
Carmon Coutinho
Le Shiatsu et mes émotions

Nous savons que notre cerveau se divise en deux hémisphères et l’on dit généralement que la partie de gauche est intellectuelle tandis que la partie de droite est intuitive. Notre société moderne est extrêmement intellectuelle et nous sommes constamment bombardés par une foule d’informations à propos de certaines réalisations scientifiques. Chaque jour, nous nous servons de la partie intellectuelle de notre cerveau parce qu’on nous a appris comment raisonner et analyser logiquement nos pensées et actions. Ceci est le niveau conscient du cerveau que l’on nomme esprit d’analyse.
       Nous sommes conscients de tout ce que l’on fait ou dit grâce à nos cinq sens et nos actions sont basées sur notre faculté de raisonner et de comprendre. Chaque pensée et action consciente est raisonnée logiquement et accomplie mécaniquement. Notre style quotidien de vie est très prévisible parce que nos actions sont encadrées et régies selon les règles de la société. Nous avons une forte tendance à rationaliser les hauts et les bas de nos vies. Ainsi, lorsque nous allons bien, nous affirmons que nous le méritons bien puisque nous travaillons si fort; lorsque nous sommes malades, nous disons que nous avons attrapé un virus; lorsque nous perdons notre emploi, nous prétendons que l’économie va mal et qu’il y a peu d’emplois disponibles.
       C’est de cette façon que nous analysons habituellement chaque situation pour en arriver à une conclusion toute faite d’avance. L’analyse est un procédé visant à transférer un objet à des éléments qui nous sont familiers. Analyser est un état de conscience non-créatrice où nous avons l’habitude de comparer tout pour pouvoir comprendre ce qui se passe autour de nous. Nous utilisons nos 5 sens et notre intelligence pour différencier les objets et sujets. La plupart d’entre nous sommes non-créatifs car nous voulons nous sentir en sécurité devant ce que nous connaissons déjà.
       En analysant, nous n’allons pas plus loin que notre propre connaissance limitée, nous cherchons une réponse à l’intérieur de cette limite. Lorsque l’objet est réduit à des éléments connus, il remplit alors une fonction autre que la sienne. Toutefois, le fait d’analyser contribue à l’évolution du monde matériel et permet un concept relatif de l’individu.

Par contre, nous nous servons rarement de la partie intuitive de notre cerveau, et lorsqu’il nous arrive de le faire, nous ne sommes pas à l’aise avec cette situation. Il nous vient comme un genre de sentiment qui nous pousse à agir sans raison ou sans logique. On appelle parfois ce sentiment «pressentiment» ou «sixième sens», mais la plupart du temps, nous dirons : «je l’ai senti», tout simplement. Ce «sentiment» ou intuition, survient très souvent dans notre vie de tous les jours, lorsque nous rencontrons des amis, des relations ou des étrangers et que, tout en réagissant d’après ce sentiment, nous continuons à analyser la situation.
       La partie intuitive de notre cerveau est simple et nous avons tendance à répondre naturellement à ces «sentiments». Mais dans la société scientifique d’aujourd’hui, où tout doit être prouvé ou basé sur de solides évidences, on considère souvent ce sentiment intuitif comme provenant de l’imagination, de la superstition ou d’un caprice auquel on ne doit pas se fier. Et quand cette intuition s’avère être vraie, on dit alors que c’est une coïncidence.
       Dans la philosophie Yogi, l’intuition est considérée comme une fonction stable de la partie droite du cerveau à laquelle on peut se fier; c’est le quatrième niveau de conscience appelé «Buddhi». À ce niveau, les activités mentales, comme réfléchir, cessent d’exister pour laisser place aux sentiments vibratoires. Ce quatrième niveau de conscience est symbolisé par le troisième œil, siège de l’intuition et de la compréhension parfois appelé «sixième sens», vision intérieure (perception).
       Lorsque nous atteignons ce haut niveau de conscience, l’intellect, l’émotif, le raisonnement et la logique se fondent dans le courant de l’intuition et celui-ci nous permet d’accéder à la plus haute source de connaissance provenant du cosmos. Ce regard vers l’intérieur nous permet éventuellement de voir notre monde actuel avec une nouvelle lumière et de ce fait, notre gamme de valeurs s’accroît. Cette conscience intuitive nous permet de passer outre les barrières quotidiennes de notre vie stéréotypée et nous ouvre à des choses qui étaient autrefois au-delà de notre imagination.
       L’intuition est donc un procédé spontané qui se produit dans notre moi intérieur. Elle est simple et complète On ne peut la traduire par des éléments tangibles parce que c’est un processus complet qui se produit tel quel. La connaissance intuitive provient de notre moi intérieur et elle est absolue. C’est ici que l’on trouve la connaissance profonde de la guérison. Mais pour avoir accès à cette connaissance, que nous devons passer par un entraînement long et systématique d’une évolution personnelle.
       Les intuitions ne sont pareilles à ce qui provient d’impulsions ou de l’imagination, elles sont pures et ne sont pas gouvernées par des opinions, de l’égoïsme ou des problèmes personnels. Les impulsions sont basées sur l’égoïsme et les manques personnels, et l’imagination est basée sur le jugement, les opinions et les besoins. Il est donc très important de bien faire la distinction entre l’intuition et les autres sentiments. (…)

Il y a deux aspects de la croissance personnelle qui jouent un rôle très important dans notre existence. L’aspect le plus évident est la croissance professionnelle qui s’évalue à la quantité de biens matériels possédés ou en notre possession. On dit qu’une personne a un certain statut social parce qu’elle possède une voiture, qu’elle a un bon emploi, une maison bien décorée et un bon standard de vie.
       Si quelques années plus tard, la même personne devient vice-présidente de l’entreprise, qu’elle possède maintenant deux voitures, une maison à la ville et une à la campagne, un bateau et qu’elle est membre d’un club privé, on dit alors qu’elle a évolué. Sa croissance personnelle est sur la pente ascendante. Si par malheur, cette même personne perd toutes les richesses qu’elle avait accumulées, nous avons tendance à dire qu’elle est maintenant dans la merde et qu’elle n’a plus aucune évolution personnelle.
       Nous passons le plus clair de notre temps à mouler notre personne en fonction des images qui sont établies par nos parents, nos amis et nos fréquentations jusqu’au jour où nous faisons face à une crise qui nous fait réaliser, que nous ne sommes plus nous-mêmes mais une imitation, ou encore que nous imitons nos idoles. Nous nous rendons compte que nous avons complètement perdu contact avec notre vraie personnalité et que nous avons besoin que la créativité et la découverte de nous-mêmes deviennent une priorité dans notre vie.

Ceci nous amène à comprendre et à apprécier l’autre aspect de notre personnalité qui peut paraître moins évident, puisqu’il ne peut être mesuré par aucun instrument sinon par une conscience toujours plus grande provenant de notre moi intérieur. C’est un développant notre intuition et en y étant attentif le plus souvent possible qu’on peut y arriver.
       L’intuition nous vient lorsque nous sommes détendus, mais au début, on la ressent très rarement. Toutefois, si nous sommes réceptifs et présents, nous l’accueillerons avec l’esprit ouvert. Lorsque ces messages intuitifs sont acceptés librement sans être analysés ou classés, nous les recevons plus souvent. Ces «flash» vont et viennent si rapidement que l’on doit réagir immédiatement pour pouvoir en bénéficier.
       Au tout début, cette opportunité se présentera à nous et si nous sommes réceptifs, une seconde intuition nous viendra quelques moments après, nous dictant ce que nous devrons faire avant qu’elle ne se dissipe. Cette conscience intuitive fait ressortir la créativité qui sommeille en nous, faisant surgir un sentiment de croissance à l’intérieur de nous-mêmes.
       Lorsque notre côté «pratique» est détendu ou au repos, notre côté «créatif» s’éveille et les intuitions se manifestent. On peut dire que notre côté pratique est au neutre, un peu comme une voiture arrêtée dont le moteur tourne. Le propos n’est donc pas d’éliminer ce côté pratique mais de la garder «en attente» jusqu’au moment où il deviendra nécessaire. L’être humain se plaît naturellement à être créatif et productif. (…)

Dans l’environnement de peur et d’incertitude où nous vivons, nous devons nous engager à grandir et à devenir conscient de notre potentiel de croissance en prenant garde de ne pas tomber dans un mode de vie rempli de stéréotypes et de jeux de rôles. Nous devons grandir à un rythme constant, afin de préserver notre énergie.
       Lorsque nous avons expérimenté les échecs, les joies et les peines, nous somme alors en mesure de rejoindre les autres afin de leur offrir la compassion, l’amour, le courage, la patience et l’espoir dont ils peuvent avoir besoin. Ainsi, nous devenons une source de force intérieure immense qui nous permet d’aider les autres. Lorsqu’on touche quelqu’un avec compassion, notre toucher produit un sentiment de paix et de tranquillité à l’intérieur de son corps et l’énergie se remet à circuler librement.

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