1 novembre 2016

Désirs, besoins et finances perso sous la loupe de McSween

Une grande partie de ce que diffusent les médias – films, séries, romans, magazines, etc. – représente les aspirations des leurs créateurs et cela sert à perpétuer l'idée que le bonheur et le succès ne peuvent être atteints qu’à la condition d’avoir le travail, le partenaire, le corps parfait, et une multitude de biens matériels.

Certes, l’insatisfaction et les désirs sont générateurs de créativité. Mais selon leur degré d’emprise, ils peuvent ruiner notre vie (au propre et au figuré), car on peut perdre de vue l’utile au profit de l’inutile.



Si vous avez sincèrement envie de réduire votre impact personnel sur l’éco-suicide planétaire, je vous suggère : «En as-tu vraiment besoin?» par Pierre-Yves McSween (Guy Saint-Jean Éditeur, 2016).

Un livre très apprécié par plusieurs car la tablette de mon libraire s’est vidée en un jour – j’ai dû réserver pour la prochaine livraison!

Beaucoup de gens s’imaginent que consommer moins et mieux signifie sacrifice, privation, vie ennuyante et misérable. C’est vrai si les possessions (pouvant inclure des personnes) sont à peu près l’unique source de bonheur (durable?!) qu’on connaisse.

Il y a plusieurs années je suis devenue plus attentive à mes impulsions basées sur l’émotion du moment. Avant d’agir je me demandais «est-ce vraiment important?», et la plupart du temps la réponse était non. Ce qui ne veut pas dire que je ne succombe jamais à des petits plaisirs «coupables» comme on dit, cependant, ce n’est pas mon principal moteur de recherche. La question «En as-tu vraiment besoin?» est très efficace pour éviter les automatismes et les entourloupettes du subconscient.

Comment ma consommation peut-elle faire une différence quand on regarde l’ampleur des défis, penserez-vous. Poser la question c’est y répondre. Avec les nouveaux accords de mondialisation, on peut imaginer la quantité de produits inutiles qui envahira nos marchés. Pourtant, nos sites d’enfouissement débordent au point qu’on exporte nos déchets dans les pays émergeants. Puisque nos gouvernements sont irresponsables et ouvrent la porte à ceux qui, de toute façon, l’ouvrent sans notre permission, il faut se responsabiliser individuellement. Tout ce que nous achetons est relié à des investissements. Demandez à votre banquier dans quoi il investit l’argent de vos placements : les armes, le pétrole, l’exploration minière, l’agrobusiness, la technologie, la pharmacologie, les alternatives aux énergies fossiles? La connaissance donne la liberté de choix. Moins on possède, plus on se sent libre, mais il faut le vivre pour l’apprécier à sa mesure.

Extrait du résumé de l’éditeur :

En as-tu besoin? En as-tu vraiment besoin? Dans cet ouvrage capital où le chroniqueur affaires et économie [Pierre-Yves McSween] passe dans son tordeur une quarantaine de sujets avec perspicacité et humour, cette question toute simple invite à revoir toutes les décisions qui ont un effet direct sur notre compte de banque. 
     Au Québec, l’analphabétisme financier et la consommation à outrance influent négativement sur l’existence de chacun. [...] L’auteur remet en question notre façon de dépenser et insiste sur la nécessité de se construire une marge de manœuvre financière. 
     Cette lecture ne laissera personne indifférent. Pierre-Yves McSween parle d’argent sans filtre et sans tabou... Il propose de brillants mécanismes d’autodéfense contre la société de consommation et la naïveté financière. Avec deux grands objectifs en tête : définir le comportement d’un citoyen responsable financièrement; puis, donner au lecteur, enfin, un peu plus de cette liberté dont il a vraiment, tellement, carrément besoin.

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Quelques titres de chapitres (juxtaposez en as-tu vraiment besoin? à chacun) :

La dernière technologie / Les marques / Les !%#*?& de cartes de points / L’équipement haut de gamme / Une voiture neuve / Le mariage / L’amour / Les enfants / Les dettes / Gérer les attentes / La faillite / Prévoir ta mort... 

J’ai beaucoup aimé ses conclusions de chapitres où il fait l’équilibre entre le pour et le contre.

Les extraits suivants sont tirés des chapitres qui ont le plus fait sourciller les chroniqueurs : Le mariage : en as-tu vraiment besoin? et L’amour : en as-tu vraiment besoin? Pourtant c’est plein de bon sens! 

Le mariage : en as-tu vraiment besoin? (p. 123) 

Mes parents se sont mariés le 3 août 1968, dans un Québec postreligieux où l’on devait encore, par principe d’acceptabilité sociale, se marier pour baiser, faire des enfants et vivre moyennement heureux jusqu’à la fin de ses jours. Cette époque est bel et bien révolue au Québec. Alors pourquoi a-t-on encore besoin de se marier? 
     Selon l’Institut de la statistique du Québec, près des deux tiers des naissances au Québec surviennent hors mariage. Toujours selon l’ISQ, en 2008, on avait compilé 22 053 mariages et 13 899 divorces. Il faut se l’avouer, on est loin de la pensée magique évoquant le fameux «jusqu’à ce que la mort nous sépare». 
     Pourquoi faire une promesse qui, statistiquement, est rompue dans plus de 50 % des couples? Au référendum de la vie, cette promesse ne serait pas adoptée. Le parti de l’opposition contesterait la validité du vote, et on tiendrait une nouvelle élection conjugale. 
     On pourrait changer les habituels vœux de mariage par ceux-ci : «Je te promets d’être fidèle, de t’aimer et de te chérir jusqu’à ce qu’on change d’idée.» C’est peut-être moins romantique, mais voilà qui serait plus réaliste. 
     Autrefois, à l’époque où l’être humain avait une espérance de vie de trente ans, c’était certainement plus facile de tenir une promesse de longévité dans le mariage. 

     Cynisme, quand tu nous tiens 
     Sur le plan financier, il y a de quoi être cynique à l’égard du mariage. Pourquoi tant de cynisme? D’abord, parce que pour plusieurs, cette journée exige de renouveler le prêt hypothécaire sur 25 ans. Parce que, pour justifier une telle dépense à un moment névralgique de sa vie financière, on joue sur les sentiments, les apparences et sur une fausse association entre amour et argent. [...] 
     Qu’on parle d’un mariage de 10 000 $, 20 000 $, 50 000 $ ou 100 000 $, on constate la même séquence [...] le lendemain, la dette est inscrite dans le bilan financier, et on n’est pas plus heureux que la veille. On a juste fait un trop gros party qui aurait pu financer 200 ou 300 soupers entre amis à la maison, ou deux ou trois voyages! 
     Peu importe, on est mariés! L’amour, ce n’est pas juste de l’argent, direz-vous. 
     Non, mais est-ce que ça valait le coût? Est-ce que ça valait la mise de fonds qu’on n’avait pas pour la maison? Est-ce que ça justifiait le fait de devoir acheter à crédit les voitures au lieu de les payer comptant? [...] 

     Le mariage dont on a vraiment besoin 
     Le mariage a toutefois son utilité : il procure aux époux la protection nécessaire en cas de décès ou de séparation. En effet, l’acte légal de la chose repose sur la signature des papiers, que le mariage soit religieux ou non. 
     Pourquoi se protéger? Parce que cela génère des mécanismes automatiques en cas de problème. Par exemple, si le mari partait avec une autre femme de l’âge de sa propre fille, la séparation du patrimoine familial pourrait s’effectuer avec plus d’objectivité que si elle se déroulait dans une guerre d’insultes et d’avocats. [...]

L’amour : en as-tu vraiment besoin? (p. 157)  

L’amour. Le grand amour. On y aspire tous (en fait, j’imagine). Oui, ou en a vraiment besoin, comme un sens unique dans la ruelle du bonheur! 
     L’amour s’exprime sous plusieurs formes : les sentiments, l’amitié, le désir, le partage, le compromis, l’expérience, le sexe, le pardon, la disponibilité, la reproduction (pour le meilleur et pour le pire), etc. L’amour, c’est un peu tout cela à la fois et bien plus encore. 
     Être aimé, c’est comme recevoir une lettre quotidienne dans laquelle est écrit : « J’ai envie que tu sois dans ma vie ». Évidemment, l’amour copte divers degrés et prend plusieurs formes selon les individus. Certains n’en auront jamais assez et d’autres en recevront trop. Et certains n’auront pas la chance d’y goûter, ne serait-ce que minimalement. 
     La répartition de l’amour est un peu comme celle de la richesse dans notre société : une infime partie de la population naît avec une cuillère d’amour dans la bouche, tandis que l’autre se battra toute sa vie pour avoir sa juste part. Le lien avec les finances personnelles? Ça prend beaucoup d’amour pour survivre à la vie économique. Oui, l’amour est f?%$?%$ économique. En fait, il n’y a rien de plus économique ou financier que la relation de couple. 

     Le couple : une relation économique 
     «Heille, le comptable! Arrête de mélanger argent et amour. L’amour ce n’est pas de l’argent, c’est des sentiments!» 
     Vrai... Au début, c’est juste des sentiments. 
     Lorsque s’amorce la vie commune, la finance débarque avec ses gros sabots. Le rationnel entre en ligne de «compte». La vie devient une réalité financière quotidienne : on partage le paiement de la voiture, du loyer, de l’électricité, des coûts liés aux enfants, etc. On fait des projets à deux, on fait des voyages à deux, on rénove la cuisine à deux, on planifie à deux. On consomme à deux et on a une stratégie d’épargne à deux. 
     En fait, le couple partage non seulement les coûts, mais aussi les investissements et la gestion du risque. Bref, le conjoint ou la conjointe est un partenaire en amour, mais aussi en affaires. Notre mode de vie à deux influent sur notre réalité financière individuelle et commune.


Photo : ICI Radio-Canada, Tout le monde en parle. Pierre-Yves McSween est comptable professionnel agréé, chroniqueur à la radio, collaborateur à La Presse, blogueur à Voir.ca et professeur d’administration au cégep régional de Lanaudière à l’Assomption.

http://www.lapresse.ca/debats/nos-collaborateurs/pierre-yves-mcsween/

https://voir.ca/pierre-yves-mcsween/

Bonne lecture!


"J’ai sans doute passé une année complète de ma vie juste à regarder dans le frigo."  
Peut-être davantage si vous avez plus de 60 ans...   

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