Une grande partie de ce que diffusent les médias –
films, séries, romans, magazines, etc. – représente les aspirations des leurs
créateurs et cela sert à perpétuer l'idée que le bonheur et le succès ne
peuvent être atteints qu’à la condition d’avoir le travail, le
partenaire, le corps parfait, et une
multitude de biens matériels.
Certes, l’insatisfaction et les désirs sont générateurs
de créativité. Mais selon leur degré d’emprise, ils peuvent ruiner notre vie
(au propre et au figuré), car on peut perdre de vue l’utile au profit de
l’inutile.
Si vous avez sincèrement envie de réduire votre
impact personnel sur l’éco-suicide planétaire, je vous suggère : «En as-tu vraiment besoin?» par Pierre-Yves McSween (Guy Saint-Jean Éditeur,
2016).
Un livre très apprécié par plusieurs car la
tablette de mon libraire s’est vidée en un jour – j’ai dû réserver pour la
prochaine livraison!
Beaucoup de gens s’imaginent que consommer moins
et mieux signifie sacrifice, privation, vie ennuyante et misérable. C’est vrai
si les possessions (pouvant inclure des personnes)
sont à peu près l’unique source de bonheur (durable?!) qu’on connaisse.
Il y a plusieurs années je suis devenue plus
attentive à mes impulsions basées sur l’émotion du moment. Avant d’agir je me
demandais «est-ce vraiment important?», et la plupart du temps la réponse était non. Ce
qui ne veut pas dire que je ne succombe jamais à des petits plaisirs
«coupables» comme on dit, cependant, ce n’est pas mon principal moteur de
recherche. La question «En as-tu vraiment besoin?» est très efficace pour
éviter les automatismes et les entourloupettes du subconscient.
Comment ma consommation peut-elle faire une
différence quand on regarde l’ampleur des défis, penserez-vous. Poser la
question c’est y répondre. Avec les nouveaux accords de mondialisation, on peut
imaginer la quantité de produits inutiles qui envahira nos marchés. Pourtant, nos
sites d’enfouissement débordent au point qu’on exporte nos déchets dans les
pays émergeants. Puisque nos gouvernements sont irresponsables et ouvrent la
porte à ceux qui, de toute façon, l’ouvrent sans notre permission, il faut se
responsabiliser individuellement. Tout ce que nous achetons est relié à des
investissements. Demandez à votre banquier dans quoi il investit l’argent de
vos placements : les armes, le pétrole, l’exploration minière,
l’agrobusiness, la technologie, la pharmacologie, les alternatives aux énergies
fossiles? La connaissance donne la liberté de choix. Moins on possède, plus on se
sent libre, mais il faut le vivre pour l’apprécier à sa mesure.
Extrait du résumé de l’éditeur :
En as-tu
besoin? En as-tu vraiment besoin? Dans cet ouvrage capital où le
chroniqueur affaires et économie [Pierre-Yves
McSween] passe dans son tordeur
une quarantaine de sujets avec perspicacité et humour, cette question toute
simple invite à revoir toutes les décisions qui ont un effet direct sur notre
compte de banque.
Au
Québec, l’analphabétisme financier et la consommation à outrance influent
négativement sur l’existence de chacun. [...]
L’auteur remet en question notre façon de dépenser et insiste sur la nécessité
de se construire une marge de manœuvre financière.
Cette
lecture ne laissera personne indifférent. Pierre-Yves McSween parle d’argent
sans filtre et sans tabou... Il propose de brillants mécanismes d’autodéfense
contre la société de consommation et la naïveté financière. Avec deux grands
objectifs en tête : définir le comportement d’un citoyen responsable
financièrement; puis, donner au lecteur, enfin, un peu plus de cette liberté
dont il a vraiment, tellement, carrément besoin.
---
Quelques titres de chapitres (juxtaposez en as-tu vraiment besoin? à chacun) :
La dernière technologie / Les marques / Les
!%#*?& de cartes de points / L’équipement haut de gamme / Une voiture neuve
/ Le mariage / L’amour / Les enfants / Les dettes / Gérer les attentes / La
faillite / Prévoir ta mort...
J’ai beaucoup aimé ses conclusions de chapitres où
il fait l’équilibre entre le pour et le contre.
Les extraits suivants sont tirés des chapitres qui
ont le plus fait sourciller les chroniqueurs : Le mariage : en as-tu vraiment besoin? et L’amour : en as-tu vraiment besoin? Pourtant c’est plein de
bon sens!
Le mariage : en as-tu vraiment besoin?
(p. 123)
Mes parents se sont mariés le 3 août 1968, dans un
Québec postreligieux où l’on devait encore, par principe d’acceptabilité
sociale, se marier pour baiser, faire des enfants et vivre moyennement heureux
jusqu’à la fin de ses jours. Cette époque est bel et bien révolue au Québec.
Alors pourquoi a-t-on encore besoin de se marier?
Selon
l’Institut de la statistique du Québec, près des deux tiers des naissances au
Québec surviennent hors mariage. Toujours selon l’ISQ, en 2008, on avait
compilé 22 053 mariages et 13 899 divorces. Il faut se l’avouer, on
est loin de la pensée magique évoquant le fameux «jusqu’à ce que la mort nous
sépare».
Pourquoi
faire une promesse qui, statistiquement, est rompue dans plus de 50 % des
couples? Au référendum de la vie, cette promesse ne serait pas adoptée. Le
parti de l’opposition contesterait la validité du vote, et on tiendrait une
nouvelle élection conjugale.
On pourrait
changer les habituels vœux de mariage par ceux-ci : «Je te promets d’être
fidèle, de t’aimer et de te chérir jusqu’à ce qu’on change d’idée.» C’est
peut-être moins romantique, mais voilà qui serait plus réaliste.
Autrefois,
à l’époque où l’être humain avait une espérance de vie de trente ans, c’était
certainement plus facile de tenir une promesse de longévité dans le mariage.
Cynisme, quand tu nous tiens
Sur le
plan financier, il y a de quoi être cynique à l’égard du mariage. Pourquoi tant
de cynisme? D’abord, parce que pour plusieurs, cette journée exige de
renouveler le prêt hypothécaire sur 25 ans. Parce que, pour justifier une telle
dépense à un moment névralgique de sa vie financière, on joue sur les
sentiments, les apparences et sur une fausse association entre amour et argent.
[...]
Qu’on
parle d’un mariage de 10 000 $, 20 000 $, 50 000 $ ou
100 000 $, on constate la même séquence [...] le lendemain, la dette est inscrite dans le bilan
financier, et on n’est pas plus heureux que la veille. On a juste fait un trop
gros party qui aurait pu financer 200 ou 300 soupers entre amis à la maison, ou
deux ou trois voyages!
Peu
importe, on est mariés! L’amour, ce n’est pas juste de l’argent, direz-vous.
Non,
mais est-ce que ça valait le coût? Est-ce que ça valait la mise de fonds qu’on
n’avait pas pour la maison? Est-ce que ça justifiait le fait de devoir acheter
à crédit les voitures au lieu de les payer comptant? [...]
Le
mariage dont on a vraiment besoin
Le mariage a toutefois son utilité : il procure aux époux la
protection nécessaire en cas de décès ou de séparation. En effet, l’acte légal
de la chose repose sur la signature des papiers, que le mariage soit religieux
ou non.
Pourquoi se protéger? Parce que cela
génère des mécanismes automatiques en cas de problème. Par exemple, si le mari
partait avec une autre femme de l’âge de sa propre fille, la séparation du
patrimoine familial pourrait s’effectuer avec plus d’objectivité que si elle se
déroulait dans une guerre d’insultes et d’avocats. [...]
L’amour : en as-tu vraiment besoin?
(p. 157)
L’amour. Le grand amour. On y aspire tous (en
fait, j’imagine). Oui, ou en a vraiment besoin, comme un sens unique dans la
ruelle du bonheur!
L’amour
s’exprime sous plusieurs formes : les sentiments, l’amitié, le désir, le
partage, le compromis, l’expérience, le sexe, le pardon, la disponibilité, la
reproduction (pour le meilleur et pour le pire), etc. L’amour, c’est un peu
tout cela à la fois et bien plus encore.
Être
aimé, c’est comme recevoir une lettre quotidienne dans laquelle est
écrit : « J’ai envie que tu sois dans ma vie ». Évidemment,
l’amour copte divers degrés et prend plusieurs formes selon les individus.
Certains n’en auront jamais assez et d’autres en recevront trop. Et certains
n’auront pas la chance d’y goûter, ne serait-ce que minimalement.
La
répartition de l’amour est un peu comme celle de la richesse dans notre
société : une infime partie de la population naît avec une cuillère
d’amour dans la bouche, tandis que l’autre se battra toute sa vie pour avoir sa
juste part. Le lien avec les finances personnelles? Ça prend beaucoup d’amour
pour survivre à la vie économique. Oui, l’amour est f?%$?%$ économique. En
fait, il n’y a rien de plus économique ou financier que la relation de couple.
Le couple : une relation économique
«Heille,
le comptable! Arrête de mélanger argent et amour. L’amour ce n’est pas de
l’argent, c’est des sentiments!»
Vrai...
Au début, c’est juste des sentiments.
Lorsque
s’amorce la vie commune, la finance débarque avec ses gros sabots. Le rationnel
entre en ligne de «compte». La vie devient une réalité financière
quotidienne : on partage le paiement de la voiture, du loyer, de l’électricité,
des coûts liés aux enfants, etc. On fait des projets à deux, on fait des voyages
à deux, on rénove la cuisine à deux, on planifie à deux. On consomme à deux et
on a une stratégie d’épargne à deux.
En
fait, le couple partage non seulement les coûts, mais aussi les investissements
et la gestion du risque. Bref, le conjoint ou la conjointe est un partenaire en
amour, mais aussi en affaires. Notre mode de vie à deux influent sur notre
réalité financière individuelle et commune.
Photo : ICI Radio-Canada, Tout le monde en parle. Pierre-Yves McSween est comptable professionnel
agréé, chroniqueur à la radio, collaborateur à La Presse, blogueur
à Voir.ca et professeur d’administration au cégep régional de Lanaudière à l’Assomption.
http://www.lapresse.ca/debats/nos-collaborateurs/pierre-yves-mcsween/
https://voir.ca/pierre-yves-mcsween/
Bonne lecture!
"J’ai sans doute passé une année complète de ma vie
juste à regarder dans le frigo."
Peut-être davantage si vous avez plus de 60 ans...
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