Photographie : site officiel de Leonard Cohen. Magnifique!
https://www.leonardcohen.com/
La poésie de Cohen a quelque chose d’universel, d’intemporel. Dans tous les domaines de la vie, il y a des êtres exceptionnels qui voient plus clair et plus loin que nous. Des visionnaires, des sages, des héros. Ils vivent parmi nous, attentifs à ce qui se passe, et ils proposent des rêves dans un monde où règnent l’indifférence et la haine. Bien sûr, nous ne sommes pas comme eux, mais nous pouvons nous inspirer des œuvres qu’ils laissent en héritage. Les grands écrivains et poètes ont habituellement du vécu, et c’est sans doute ce qui leur permet de traduire les sentiments et les émotions du commun des mortels.
N'oublions pas son sens de l'humour car on a tendance à le classer parmi les poètes désespérés. Il était simplement lucide.
Ma perception de son oeuvre :
Toute notre dualité mise à nu
Descente du Tabor aux enfers
Psalmodiée à voix rauque
Tous nos regrets exhibés
Les trahisons, les fuites, les deuils
Les silences, les soupirs rendus
Tous nos espoirs murmurés
Les amours, les retrouvailles
Les promesses, la main sur le cœur
Toute notre vulnérabilité en sourdine
Chaleur, douceur, tendresse
Violon et guitare en bandoulière
Boudacool, 21.09.2014
Dans Livre du constant désir (2007), Leonard écrivait :
FATIGUÉS
(p. 132)
Nous sommes fatigués d’être blancs et nous sommes fatigués d’être noirs, et nous allons cesser d’être blancs et nous allons cesser dorénavant d’être noirs. Nous allons être des voix maintenant, des voix désincarnées dans le ciel bleu, des harmonies plaisantes dans les cavités de votre détresse. Et nous allons être ainsi jusqu’à ce que vous vous preniez en mains, jusqu’à ce que vos souffrances s’apaisent, et que vous puissiez croire à la parole de D--u qui vous a dit de tant de façons de vous aimer les uns les autres, ou à tout le moins de ne pas torturer et assassiner au nom de quelque stupide idée à vomir et qui fait que D--u se détourne de vous, en assombrissant le cosmos d’une inconcevable tristesse. Nous sommes fatigués d’être blancs et nous sommes fatigués d’être noirs, et nous allons cesser d’être blancs et nous allons cesser dorénavant d’être noirs.
~~~
«Je crois que nous traversons une époque très dure. Pas plus l'expérience littéraire que musicale ne sont parvenues à prendre le pouls de cette crise. Nous sommes au milieu d'un déluge de dimension biblique, à tel point que n'importe qui se cramponne à quelque chose qui flotte, une caisse d'oranges vide, un morceau de bois... Et les gens persistent à se définir eux mêmes comme libéraux ou conservateurs. Cela me semble une hérésie totale.» (Propos rapportés par Javier Ortiz, El Mundo, octobre 1998)
“Leonard Cohen Is Dead; Our World Is Darker.”
~ Allan Showalter
http://cohencentric.com/ Un site extrêmement bien documenté sur Leonard Cohen. Vous y trouverez entre autres une vidéo récente préparée par Showalter à l’occasion du Jour du Souvenir – Cohen récite In Flanders Fields.
Cohen préférait peut-être, avec raison, quitter ce monde en perdition. Son dernier album You Want It Darker retentit comme une mort annoncée (la sienne et peut-être la nôtre), ainsi que son dernier message à Marianne l’été dernier :
«Nous sommes arrivés au point où nous sommes si vieux, nos corps tombent en lambeaux, et je pense que je te rejoindrai bientôt. Sache que je suis si près derrière toi, que si tu tends la main tu peux atteindre la mienne. Et tu sais que j’ai toujours aimé ta beauté et ta sagesse, et je n’ai pas besoin d’en dire plus parce que tu sais tout cela. Je veux seulement te souhaiter un très beau voyage. Au revoir, ma vieille amie. Mon amour éternel. Rendez-vous au bout du chemin.»
“So long [Leonard], it’s time that we began
To laugh and cry and cry and laugh about it all again.”
Je ne connais aucune bonne façon de dire adieu... c’est toujours difficile.
Traveling Light
Words by Leonard Cohen, Music by Patrick Leonard and Adam Cohen
(You Want It Darker)
Excerpt
I’m traveling light
It’s au revoir
My once so bright
My fallen star
I’m running late
They’ll close the bar
I used to play
One mean guitar
I guess I’m just
Somebody who
Has given up
On the me and you
I’m not alone
I’ve met a few
Traveling light like
We used to do
...
http://cohencentric.com/official-lyrics-leonard-cohens-want-darker-album/
Source des extraits suivants : Livre du constant désir, LEONARD COHEN
Éditions de l’Hexagone, 2007 (Traduction : Michel Garneau)
MISSION
(p.
76)
J’ai travaillé à mon travail
J’ai dormi à mon sommeil
Je suis mort à ma mort
Et maintenant je peux m’en aller
Quitter ce qui est nécessité
Et laisser ce qui est plein
Besoin en l’Esprit
Et besoin dans le trou
Amour, je suis tien
Comme je l’ai toujours été
De la moelle au pore
Du constant désir à la peau
Maintenant que ma mission
Arrive à sa fin :
Priez que je sois pardonné
Pour la vie que j’ai menée
J’ai poursuivi le Corps
Il m’a pourchassé aussi
Mon constant désir est un lieu
Mon mourir une voile
LE GRAND ÉVÉNEMENT
(p.116)
Il va survenir très bientôt.
Le grand événement qui mettra fin à l’horreur.
Qui va mettre fin au malheur.
Mardi prochain, au coucher du soleil,
je vais jouer la Sonate à la lune à l’envers.
Ça va renverser les effets de la folle plongée du monde
dans la souffrance depuis les derniers
deux cents millions d’années.
Quelle jolie nuit ce sera.
Quel soupir de soulagement,
quand les rouges-gorges séniles redeviendront
rouge clair comme avant, et que les rossignols à la retraite
relèveront leurs queues poussiéreuses, et témoigneront
de la majesté de la création!
Je laisse la conclusion à son fils Adam Cohen :
«Quand on me demande combien de temps mon père va vivre, je réponds que dans 200 ans, quelqu’un va chanter une chanson de Leonard Cohen. C’est pas ça, la vie?» ~ Adam Cohen (octobre 2016)
~~~
Version audio de la dernière entrevue de Leonard Cohen avec David Remnick (New Yorker) :
http://www.newyorker.com/culture/culture-desk/leonard-cohen-a-final-interview?mbid=social_twitter
J’ai travaillé à mon travail
J’ai dormi à mon sommeil
Je suis mort à ma mort
Et maintenant je peux m’en aller
Quitter ce qui est nécessité
Et laisser ce qui est plein
Besoin en l’Esprit
Et besoin dans le trou
Amour, je suis tien
Comme je l’ai toujours été
De la moelle au pore
Du constant désir à la peau
Maintenant que ma mission
Arrive à sa fin :
Priez que je sois pardonné
Pour la vie que j’ai menée
J’ai poursuivi le Corps
Il m’a pourchassé aussi
Mon constant désir est un lieu
Mon mourir une voile
LE GRAND ÉVÉNEMENT
(p.116)
Il va survenir très bientôt.
Le grand événement qui mettra fin à l’horreur.
Qui va mettre fin au malheur.
Mardi prochain, au coucher du soleil,
je vais jouer la Sonate à la lune à l’envers.
Ça va renverser les effets de la folle plongée du monde
dans la souffrance depuis les derniers
deux cents millions d’années.
Quelle jolie nuit ce sera.
Quel soupir de soulagement,
quand les rouges-gorges séniles redeviendront
rouge clair comme avant, et que les rossignols à la retraite
relèveront leurs queues poussiéreuses, et témoigneront
de la majesté de la création!
Je laisse la conclusion à son fils Adam Cohen :
«Quand on me demande combien de temps mon père va vivre, je réponds que dans 200 ans, quelqu’un va chanter une chanson de Leonard Cohen. C’est pas ça, la vie?» ~ Adam Cohen (octobre 2016)
~~~
Version audio de la dernière entrevue de Leonard Cohen avec David Remnick (New Yorker) :
http://www.newyorker.com/culture/culture-desk/leonard-cohen-a-final-interview?mbid=social_twitter
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