23 novembre 2016

Rien de mal à être ambitieux

@Twittakine«L’élection de Trump démontre une chose, c’est qu’il ne faut pas hésiter à postuler pour un job, même quand on n’a pas d’expérience.» (Commentaire d’un internaute) 


«Les grands se piquent d’ouvrir une allée dans une forêt, de soutenir des terres par de longues murailles, de dorer des plafonds, de faire venir dix pouces d’eau, de meubler une orangerie; mais de rendre un cœur content, de combler une âme de joie, de prévenir d’extrêmes besoins ou d’y remédier, leur curiosité ne s’étend point jusque-là.»
~ Jean de La Bruyère

Il y a trois sortes d'ambition : la première, c'est de gouverner un peuple et d'en faire l'instrument de ses desseins; la seconde, c'est d'élever son pays et de lui assurer la suprématie sur tous les autres; la troisième, c'est d'élever l'humanité tout entière, en augmentant le trésor de ses connaissances. 
~ Francis Bacon


L’ambition saine est certes un moyen de se réaliser. Mais elle peut se transformer en esclavage, en obsession, en compétition malsaine, voire, en instrument de torture envers soi-même et autrui car il n’y a pas de plafond, ni de béton ni de verre :  

«De l’ambition naissent les jalousies dévorantes; et cette passion si basse et si lâche est pourtant le vice et le malheur des Grands. Jaloux de la réputation d’autrui, la gloire qui ne leur appartient pas est pour eux comme une tache qui les flétrit et qui les déshonore. Jaloux des grâces qui tombent à côté d’eux, il semble qu’on leur arrache celles qui se répandent sur les autres. ... Enfin cette injuste passion tourne tout en amertume, et on trouve le secret de n’être jamais heureux, soit par ses propres maux, soit par les biens qui arrivent aux autres.»

~ Jean-Baptiste Massillon

L'ESPOIR ET LA PEUR (p. 73)

Un des enseignements classiques du bouddhisme qui porte sur l'espoir et la peur se subdivise en quatre paires de contraires : quatre choses qu'on aime et auxquelles on s'attache et quatre autres qu'on déteste et qu'on cherche à éviter. Le message essentiel à retenir, c'est que lorsqu'on est pris au piège de ces huit dharmas*, on souffre.

Premièrement, on aime le plaisir, on s'y attache. À l'inverse, on n'aime pas la douleur. Deuxièmement, on aime les louanges et on y est attaché. On s'emploie à éviter les critiques et le blâme. On n'aime pas le déshonneur et on fait tout pour y échapper. Enfin, on est attaché au gain, on tient à obtenir ce qu'on veut. On n'aime pas perdre ce qu'on possède.

D'après cet enseignement très simple, s'enfoncer dans ces quatre paires de contraires le plaisir et la douleur, les louanges et le blâme, la célébrité et le déshonneur, le gain et la perte , c'est ce qui nous garde coincés dans la douleur du samsara**.

On pourrait avoir l'impression qu'il faudrait en arriver à éliminer complètement ces sentiments de plaisir et de douleur, de perte et de gain, de louange et de blâme ou de célébrité et de déshonneur. Il serait plus pratique de les connaître intimement, de voir comment on s'y accroche, et à quel point ils n'ont rien de permanent. C'est alors que les huit dharmas temporels deviennent des moyens de devenir plus sages, plus bienveillants et plus heureux.

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* Dharma : «loi cosmique», la vérité de ce qui est. 
** Samsara : «la continuation du voyage» – le cercle vicieux de la souffrance qui résulte de la croyance erronée en la solidité et la permanence du moi et de l’autre

SE DÉTENDRE ET PASSER À AUTRE CHOSE (p. 75)

Arriver à se détendre, c’est la clé pour se sentir chez soi dans son corps, son esprit et son monde affectif, pour sentir qu’on mérite de vivre sur cette planète. Par exemple, lorsqu’on entend ce slogan : «adopte toujours un même esprit joyeux», et qu’on commence à se taper dessus parce qu’on n’a jamais la pêche, on peut dire que ce genre de témoin y va un peu trop fort.

La gravité, le sérieux à propos de tout et de rien et l’attitude obsessive du genre «ça va se passer comme ça, sinon...» sont les plus grands rabat-joie du monde. On n’apprécie rien parce que tout est trop solennel. Par contraste, quand on est joyeux, l’esprit est ordinaire, détendu. On a donc intérêt à se calmer. Ce n’est pas la peine d’en faire toute une histoire.

Quand on aspire à se détendre, on commence à avoir le sens de l’humour. Impossible de se prendre au sérieux longtemps. À part l’humour, porter attention, s’intéresser à ce qui est autour de soi, être curieux de tout sont autant de moyens d’avoir l’esprit joyeux. Le bonheur n’est pas nécessaire, mais il est bon de rester curieux sans porter de jugements catégoriques. Et quand on se surprend à porter des jugements, il est bon de s’interroger là-dessus.

La curiosité favorise la bonne humeur. Tout comme se souvenir tout bonnement de faire quelque chose d’autre. On est tellement pris au piège d’un sentiment de lourdeur – le grand bonheur ou le grand malheur – qu’il est parfois utile de changer tout simplement ses habitudes. Tout ce qui sort de l’ordinaire peut aider. Aller à la fenêtre et regarder le ciel, se lancer de l’eau froide dans le visage, chanter sous la douche, faire du jogging, tout ce qui vient rompre les habitudes. C’est comme ça que les choses perdent de leur lourdeur.

~ Pema Chödrön

Bien-être et incertitude
Cent huit enseignements
Pocket Spiritualité; 2002 

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