MÉNAGE Virtuel: boîtes de courriels, sites favoris Internet, livres virtuels
gratuits (non lus), abonnements, relevés bancaires et de crédit, documents personnels
(dont les articles glanés sur le Net). Quoi d’autre? Ça dépend de chacun... En revoyant
vos centres d’intérêt, vos obsessions, vos achats vous obtenez un étonnant portrait
de vous, tout comme le fait Google. Fascinant! C’est redécouvrir des aspects de votre
personnalité peut-être oubliés ou qui ont changé. Ce nettoyage permet de dire
bye-bye à plein de choses et de commencer en neuf.
Tridimensionnel :
eh bien, les choses dont vous ne vous servez plus depuis deux ans mériteraient
d'être données / recyclées. Encore une fois cela libère de l’espace pour du neuf.
Bien que les espaces vides aient aussi leur charme...
RÉSOLUTIONS
Comme on dit : si
la récompense ne vaut pas l’effort, abstiens-toi.
Mais beaucoup de gens prennent quand même des tas
de résolutions au nouvel an. La psychologue Alice Boyes (Psychology Today)
suggère de chercher des résolutions plus stimulantes (ou moins ennuyantes), de
sorte qu’il sera peut-être plus facile d’y rester fidèle...
1. Laissez
tomber les résolutions que vous n’avez jamais réussi à tenir
Parfois les gens reprennent les mêmes résolutions,
année après année, en dépit des échecs accumulés. Habituellement ça concerne
les diètes et l’exercice physique. Vous
pourriez choisir des résolutions «ne pas». Par exemple : je ne commencerai
pas une diète ou je ne m’abonnerai pas à un club d’exercice. Ce faisant, vous
pourriez découvrir une autre résolution pour atteindre votre but, et plus
facile à tenir.
2. Choisissez
une résolution dans un domaine qui habituellement vous importe moins
Nous attribuons généralement une importance
démesurée à un ou deux domaines de notre existence – par exemple l’apparence,
les finances ou la carrière. Essayez de trouver une résolution dans un domaine
que vous valorisez mais que avez tendance à ignorer, comme l’expression
créative, le plaisir ou l’humour.
3. Choisissez
la forme et la fréquence
- Au lieu de planifier un journal de gratitude
quotidien (décrire trois choses dont vous êtes reconnaissant), planifiez un
journal hebdomadaire (décrire une seule chose) et choisissez un endroit et un
moment précis pour ce faire.
- Au lieu de fréquenter le même club de gym cinq jours
par semaine, essayez différents types d’exercice physique dans des endroits
différents. Peut-être le yoga pendant un mois, puis l’escalade le mois suivant,
puis le Tai Chi, etc.
- Au lieu d’entreprendre un programme d’exercices
(si vous n’aimez pas), décidez de ne pas utiliser votre voiture pour vous déplacer
dans un rayon de 8 km de distance.
- Au lieu de moins dépenser, n’achetez rien de
neuf pendant un mois. Si vous répétez à chaque mois, qui sait le nombre d’achats
inutiles qui ne grugeront plus votre budget.
4. Il n’est
pas nécessaire que votre résolution dure toute l’année
L’inflexibilité n’est pas la meilleure stratégie psychologique
pour persévérer. Le mieux est de tester votre résolution pendant le mois de
janvier, puis de continuer en février si cela vous chante. Tenir pendant un
mois est plus facile et motivant et si les bénéfices valent les efforts, il est
probable que vous continuerez mois après mois. Sinon, essayez un plan différent
en février – ce qui pourrait apporter de meilleurs résultats que de rester
accroché au plan de janvier.
5. Essayer
de nouvelles choses devrait faire partie de votre résolution
Par exemple, vous pourriez avoir résolu de
cuisiner un nouveau plat une fois par semaine, ou de pratiquer un nouveau type
d’exercice par mois, comme mentionné précédemment. Trouvez des choses aussi simples
que porter une couleur différente une fois par mois (vêtement, accessoire),
cuisiner une fois par semaine un plat incluant un ingrédient jamais utilisé, planifier
une fois par mois une sortie en terrain inconnu.
Conclusion
Ces suggestions n’impliquent aucun jugement de
valeur sur ce qui peut être intéressant ou ennuyant, ce ne sont que des
exemples pour illustrer les principes et apprivoiser la flexibilité. L’important
c’est ce qui VOUS intéresse, vos préférences personnelles appliquées à vos
résolutions.
~~~
En quoi
consistent les résolutions et que visent-elles à accomplir? Jean
Garneau, psychologue (http://www.redpsy.com)
Typiquement, nous prenons la résolution de
remplacer une habitude par une autre façon d'agir qui nous apparaît plus saine
ou plus profitable. Autrement dit, je décide de changer une façon d'être qui me
semble inadéquate. Je mise, pour y parvenir, sur une décision ferme et un
effort de volonté. Il peut même arriver, si je crains de manquer de ténacité,
que j'essaie de renforcer ma décision en annonçant cette résolution à ceux qui
m'entourent. Et, la
plupart du temps, ça ne marche pas! Les bonnes résolutions sont abandonnées à
la première occasion. Même les promesses faites devant toute la famille se
transforment rapidement en dissimulation, en culpabilité ou en prétextes pour
excuser ma faiblesse. C'est tellement fréquent que personne ne s'attend à ce que
les «résolutions du jour de l'an» tiennent jusqu'à l'Épiphanie! Pourquoi?
Résolution
ou projet?
Il me semble que le germe de l'échec est déjà
présent dans la façon dont on décide. Lorsqu'on prend une résolution, on
choisit la plupart du temps de se conformer à ce qu'on croit bon ou meilleur,
même si ce n'est pas ce qu'on désire réellement. Par
exemple, je trouve qu'il serait bon (pour ma santé) que je cesse de fumer. On
encore je crois qu'il serait mieux (pour le bonheur de ma famille) que je
consacre plus de temps à jouer avec les enfants et à les accompagner au parc.
Dans ces deux cas, c'est par devoir que je prends cette «décision» qui me crée
une nouvelle obligation. Je sais très bien que ce n'est pas ce qui me tente,
mais je considère que ce serait préférable. Une
étrange conception du changement se cache dans ces résolutions. Je suppose, en
procédant ainsi, que les personnes peuvent normalement changer leur façon d'être
par une simple décision, pourvu qu'elle soit accompagnée d'un effort de volonté
suffisant. Mais la psychologie a découvert depuis longtemps que le changement
personnel est beaucoup plus complexe et exigeant. Cette vision ascétique du
développement ne fonctionne jamais. Les rares fois où elle semble efficace,
c'est à cause de l'influence d'autres facteurs puissants comme la peur d'une
catastrophe. Il faut cependant
reconnaître que le changement est possible et que, même si les résolutions sont
typiquement vouées à l'échec, les changements majeurs reposent souvent sur des
décisions volontaires. Mais il ne s'agit pas alors d'une résolution; c'est
plutôt une décision complexe qu'on peut considérer comme un projet. La
différence la plus importante entre cette décision et une résolution est dans
la qualité du motif fondamental sur lequel repose la décision. Dans le
cas des «bonnes résolutions», on décide par devoir, parce que c'est «ce qu'il
faudrait». On cherche à se forcer la main soi-même en transformant ce devoir en
résolution. Pour les décisions efficaces, on «choisit ce qu'on préfère», non
pas parce que c'est facile ou «bien», mais parce que c'est une nécessité qui,
de l'intérieur, nous semble devenue évidente. On décide que c'est le seul
chemin qui conduit vers une satisfaction éventuelle et on refuse de continuer à
tolérer une situation inacceptable. Notre changement devient alors un projet à
long terme. ... On sait que de nombreux obstacles se présenteront sur notre
chemin et on espère parvenir, au bout du voyage, à une plus grande
satisfaction. Tout le reste ne se définit que pendant la réalisation du projet.
Projet,
désir et rêve
Si des projets exigeants peuvent être réalisés
alors que tant de bonnes résolutions beaucoup plus faciles sont vite oubliées,
c'est à cause surtout des forces de vie dont ils sont chargés. Le projet
s'appuie sur un désir profond et un rêve important. C'est ce qui fait sa force.
Il repose sur une amélioration qu'on désire vraiment : éliminer une souffrance
devenue inacceptable, enrichir un aspect important de notre vie, ajouter un
type de satisfaction dont on ne veut plus se priver. Le projet
est souvent aussi un rêve. Il s'agit d'une aspiration qu'on commence à prendre
assez au sérieux pour décider de la transformer en réalité. L'objectif est
relativement lointain, mais il nous apparaît comme très important. ... C'est la
force du désir qui soutient toute cette démarche. Mais ce qui nous permet
d'accepter les erreurs et les faiblesses inévitables, c'est l'ampleur de notre
perspective, la vision à long terme. Ce n'est
donc pas l'effort de volonté qui est le principal garant du succès : c'est la
qualité de l'objectif lui-même. La recherche de satisfaction sert à la fois de
boussole et de carburant pour mener une telle entreprise à bon port. Pour
celui qui a pris de «bonnes résolutions», un obstacle est un prétexte pour se
libérer du devoir qu'il s'était imposé. Pour celui qui est activement engagé
dans un projet qui lui tient à coeur, l'obstacle est «une opportunité en habits
de travail».
Après les chants de Nôwel, on bascule dans le
folklore trad... Et swing la bacaisse
dans l’fond d’la boîte à bois! L’on voit aussitôt des images corrélées au
sens le plus répandu de l’expression : «fais danser la grosse dans le fond
de la cabane» (ou similaire). Bacaisse, un mot qui porte à équivoque.
Dictionnaire
des injures – Baquais, baquaise. Vient du latin baccus; a donné bac :
gros récipient. Puis baquais ou baquet : petit récipient pansu en forme de
cruche. Sens : personne peu dégourdie, homme petit et gros, femme petite
et boulotte (baquaise). Citation :
Souigne la baquaise dans l’fond d’la
boîte à bouâs! (Jeanne d’Arc Charlebois) Variantes : baquet, baquaisse,
baquèse.
De kossé la
bacaisse? La bacaisse
ou la baquaisse!
Le terme bacaisse est l'un des p'tits trésors de
la langue québécoise. Ce terme très familier n'étant pas univoque, il peut donc
signifier plusieurs choses. L'orthographie
correcte de ce terme n'est pas «bacaisse» mais bien «baquaisse». Ce nom féminin
reste conséquemment lié à son masculin : baquais. Un baquais c'est une personne
corpulente! Le terme baquais est aussi connoté au nom baquet qui est pour sa
part dérivé du terme latin populaire : baccus (récipient). [...] Toutefois,
le terme bacaisse a également un
second sens qui est plus intimement lié à la culture canadienne et à ses
traditions festives! La baquaisse ou son glissement
orthographique bacaisse, est une bâche (un morceau de tissus) qui servait
à transporter le bois de chauffage dans les maisons canadiennes en période
hivernale. Le nom bacaisse est donc traditionnellement utilisé dans
l'expression Swing la bacaisse dans
l'fond d'la boîte à bois. Pour
pouvoir se joindre à la fête il fallait swigner(lancer) son instrument de travail (la
bacaisse) dans la boîte à bois pour
ainsi se libérer les mains et se joindre à la danse.[...] Via le site Swing
la bacaisse dans l'fond d'la boîte à bois, d’une Québécoise vivant en
France.
~~~
BONS RÉVEILLONS!
Oui, au pluriel! Autrefois dans les villages on
avait coutume de visiter tous les voisins pour offrir ses vœux – après une
quinzaine de p’tits verres de caribou*
les gens marchaient à quatre pattes... Opération Nez Rouge n’existait pas (service de
raccompagnement pour les gens qui ont dépassé le taux d’alcoolémie permis) https://operationnezrouge.com/
* Mélange de vin rouge et d’alcool fort; parfois, c’était
simplement un verre d’eau-de-vie de bourgeons de sapin, yuck!
@TwittakineTomber amoureux peut
prendre seulement un cinquième de seconde et provoquer la même euphorie que sniffer
une ligne de coca. D’où la prolifération des flirts numériques!
~~~
«Le chemin le plus court d'un point à un autre est
la ligne droite, à condition que les deux points soient bien en face l'un de
l'autre.» ~ Pierre Dac
Dans une civilisation ou le bonheur dépend des
objets, nous pouvons facilement être déçus s’ils ne correspondent pas à nos
attentes... Remarquez qu’on peut dire la même chose des personnes.
Solution pour ne pas s'affliger inutilement...
Soyez
réceptif à «ce qui est»
Dans de nombreuses traditions spirituelles, un des
principes de base est l’acceptation de «ce qui est» par opposition au désir de
changer à tout prix les choses. En effet, une grande partie de nos conflits
intérieurs naissent de cette volonté démiurgique de contrôler la vie, ou
simplement de la vouloir autre qu’elle n’est. Rêve impossible... Plus nous nous
soumettrons à la vérité de l’instant présent, plus notre esprit sera en paix.
Nos idées préconçues sur ce que devrait être l’existencenous empêchent d’apprécier le présent et d’en
tirer des enseignements. Nous ne profitons pas vraiment des situations que nous
traversons et qui pourraient être autant d’occasions d’éveil.
Votre enfant pique une colère ou votre femme vous
fait une scène. Plutôt que de prendre la mouche, acceptez que vos proches n’agissent
pas toujours comme vous le souhaiteriez. Si un projet sur lequel vous
travaillez est rejeté, au lieu de vous prendre pour un raté, dites-vous : «bah,
ce sera pour la prochaine fois». Inspirez profondément et modérez votre
réaction.
Je ne vous demande pas d’avaler des couleuvres! Il
ne s’agit pas de faire semblant de se réjouir de ses échecs, mais de les
transcender. La vie ne correspond pas à vos espérances? Faites contre mauvaise
fortune bon cœur. Lorsque vous prendrez votre parti des difficultés de l’existence
quotidienne, les incidents qui hier vous faisaient bondir peu à peu ne vous
atteindront plus. Vous saurez les mettre en perspective. En revanche, lorsque
vous vous battez avec vos problèmes, la vie devient une partie de ping-pong – et
vous jouez le rôle de la balle!
Inclinez-vous devant l’instant présent, acceptez
ce qui est. Faites l’expérience de cette technique sur les petits pépins que
vous rencontrerez cette semaine. Progressivement, vous pourrez appliquer la
même méthode à des ennuis plus graves.
Richard
Carlson Ne vous
noyez pas dans un verre d’eau Cent
conseils pour vous simplifier la vie! J’ai lu Bien-être; Psychologie; 1998
Et puis, rappelons-nous ce proverbe taoïste : Ne
critiquez pas ce que vous n’avez pas fait vous-même. Pas fou.
Le Noël tout blanc est mythique ici. Beaucoup de gens
sont extrêmement déçus cette année. Voltaire disait que le malheur des uns faisait le
bonheur des autres. Oui, ce mois de décembre clément me réjouit. J’aime la
neige, mais pas le trouble ni le froid extrême. Alors, j’apprécie : pas de
tempêtes ni verglas, pas de sorties de route ni remorquage. Yé!
Bonnes célébrations, quelle que soit votre préférence météo!
Lors du 400e anniversaire de l’arrivée des
explorateurs français en Ontario (célébré en 2010), le chef Marc Miron (Cuisine
& Passion, Ottawa) a fouillé des archives pour savoir ce qu’ils mangeaient durant
leurs voyages transatlantiquesau 17e
siècle. Ils n’avaient guère le choix d’emporter des denrées non périssables incluant
entre autres du poisson salé/séché, de la viande fumée, des pois et des haricots
secs. Il a ainsi découvert que la fameuse French-Canadian
Pea Soup de marque HABITANT (1) s’inspirait d’une recette (française) qui
aurait été transmise d’une génération à l’autre depuis plus de 400 ans. Champlain
et ses marins avaient dû en manger plus d’une fois... Une vraie soupe
d’habitant (on appelait les premiers colons français des «habitants»). A true colonial soup... qui fut au menu
dans les camps de bûcherons, avec les bines
(fèves au lard), notamment durant le dix-neuvième siècle jusqu’au milieu du vingtième.
(1) Habitant/habitante (Dictionnaire des injures québécoises) – Du latin habitare : habiter. Sens : propriétaire terrien qui
borne son horizon à celui de son champ. Personne rustre, lourdaude, naïve, facile
à tromper et à étonner parce qu’elle n’a pas vu grand chose. Faire habitant : être vêtu sans
goût, avoir du foin dans ses souliers, ne pas être sorti du bois. Au 19e
siècle, les anglophones commencèrent à appeler les francophones «French Pea
Soup», et les francophones appelèrent les anglophones «têtes carrées» (squarehead).
Ils étaient quittes. Même si le Québec est la seule province à majorité
francophone, d’autres provinces comme le Nouveau-Brunswick et le Manitoba par
exemple, comptent de fortes minorités francophones. Encore aujourd’hui, des
frictions entre francophones et anglophones subsistent dans ce Canada, dit
bilingue. [En 1969, la Loi sur les
langues officielles fait du français et de l'anglais les deux langues
officielles du gouvernement fédéral. Cette disposition fut confirmée par la Loi
constitutionnelle de 1982.]
Peas and love
La recette d’une Manitobaine
Intro (adaptation/traduction maison)
À chaque année, en février, de nombreux
Manitobains célèbrent le patrimoine culturel canadien-français lors d’un événement
appelé Le Festival du Voyageur. On
sort les mitaines, les tuques, les parkas, les ceintures fléchées et l’on brave
le froid pendant 10 jours. Un festival à la mémoire des voyageurs et des
échanges commerciaux qui se faisaient à l’époque dans les prairies canadiennes.
Le soir, les
tentes chauffées se remplissent de monde. Après une journée d’activités, on
peut savourer un délicieux repas canadiens-français : soupe aux pois, pain
bannock, tourtière, tarte au sucre et caramel à l’érable. Et puis, tout le
monde danse sur des airs entraînants de folklore canadien-français. Est-ce à
cause du violon ou du verre de Caribou? Quand
j’étais jeune, j'adorais manger au Festival du Voyageur. Mais, depuis que je
suis devenue végétarienne (il y a 16 ans), pas de chance – la majorité des plats
contient de la viande. Donc, cette année, en l'honneur du Festival, j'ai remanié
des recettes traditionnelles en éliminant la viande. Normalement,
la soupe aux pois cassés cuit lentement avec un gros morceau de jambon fumé.
Afin de retrouver la saveur de fumé, j’ai fait frire du faux bacon* avec l'oignon
et l'ail. «Love at first bite.»
French-Canadian
Pea Soup végétarienne
1-3/4 tasse de pois cassés jaunes secs 4 grandes tranches de bacon végétarien* 2 cuillères à soupe d'huile végétale 1 petit oignon haché 2 gousses d'ail hachées 3 carottes pelées et coupées en dés 4 branches de céleri coupées en dés 1 cuillère à café de thym séché 2 feuilles de laurier 8 tasses de bouillon de légume (réduite en sodium)
Sel et poivre au goût
* Bacon
de Tempeh fumé à l’érable.
1. Dans
une grande casserole, faites chauffer l'huile à feu moyen-élevé. Ajoutez
l'oignon et le bacon végétarien, et cuisez jusqu'à ce que l'oignon soit
translucide et le bacon croustillant (environ 5 minutes). Ajoutez l'ail haché, les
carottes et le céleri et faites sauter encore 5 minutes en remuant. 2. Ajoutez
les pois cassés, le laurier, le thym, le sel et le poivre. Ajoutez les 8 tasses
de bouillon. Amenez à ébullition, couvrez, réduisez le feu et laissez mijoter
1-1/2 heures (ou jusqu'à ce que les pois soient cuits et la soupe épaisse); remuez
souvent. 3.
Retirer les feuilles de laurier. Broyez les pois avec le dos d'une cuillère en
bois. Pour un potage velouté, réduisez en purée avec un mélangeur manuel.
Assaisonnez de sel et de poivre au goût. Servez
avec un morceau de pain croûté ou une tranche de bannock. (6 portions)
Il y a malheureusement beaucoup d’excès et de
gaspillage durant les Fêtes dans les pays dits riches où néanmoins beaucoup de
gens crèvent de faim. On en fait trop – trop de cadeaux, trop d’alcool, trop de
bouffe (dont on jette les restants
aux ordures). Que ressentent les gens qui n’ont même pas l’essentiel devant
cette exhibition de bombance? C’est scandaleux. Le p’tit Jésus n’est pas
comestible, sauf dans l’hostie, mais ça ne remplit pas l’estomac vide d’un
enfant. On pourrait ramasser tous les cookies du Père Noël laissés sur les
manteaux de cheminée des bien-nantis et les distribuer... Au Canada
nous gaspillons six millions de tonnes
de nourriture chaque année. Et cela, sans compter les aliments qu'on laisse
pourrir au sol. Un aliment sur trois finit dans nos poubelles. En Amérique du Nord, environ 40 % des aliments
produits sont perdus entre le champ et l'assiette. Et, 47 % des aliments jetés
le seraient à la maison, selon les données provenant du rapport Food Waste in Canada. Au Québec, on
estime qu'un ménage gaspille en moyenne près de 800 $ de nourriture par an (cela
peut atteindre 1500 $). À l'échelle du pays, les Canadiens auraient gaspillé en
2014 l'équivalent de 31 milliards de dollars de nourriture (27 milliards de
dollars en 2010). Ces aliments sont rarement récupérés par les banques
alimentaires et se retrouvent généralement dans les sites d'enfouissement. Or un
million de Québécois vit dans une situation économique précaire. Alors,
n’oublions pas de partager, de donner nos surplus, et pas seulement durant les
Fêtes.
The true Christmas spirit...
Passons au plaisir auditif avec l’ensemble vocal Musique à bouches. De très belles voix!
Chants traditionnels, arrangements a cappella, podorythmie (tapage de pied).
Muni d’une bourse du Conseil des arts et des
lettres du Québec, le groupe Musique à
bouches part à la recherche de nouvelles chansons traditionnelles. L’album Jusqu’aux oreilles présente 15 pièces tirées
du répertoire de l’Estrie, de la Loire (France) et de la collection de
l’Alliance des chorales du Québec. Des chants marins ou chorals aux chansons
grivoises, à boire ou à répondre, toutes les pièces mettent en valeur le style
a cappella, puissamment livré avec une richesse harmonique des plus envoûtantes
sur fond de podorythmie.
C’est ridicule, mais à chaque année, j’essaie de
trouver une musique ou un chant de circonstance sans référence à Jésus-Marie-Joseph,
au Père Noël, aux sapins-boules-guirlandes-neige-foyer-eggnog et bébelles. Inconcevable.
Nativité oblige. Mais, j’ai trouvé une interprétation de l’Ave Maria Bach/Gounod
originale, avec en bonus une note d’humour.
Bobby McFerrin - Ave Maria Yo-Yo Ma disait de McFerrin : «Il n’y a
aucun instrument de musique qu’il ne peut pas imiter. En fait, son corps est un
instrument de musique!»
Un musicien qui milite pacifiquement pour la
créativité, exprimée sans autocensure à travers la musique – voix, instruments,
etc.
“As
musicians, we transcend technique in order to seek out the truths in our world
in a way that gives meaning and sustenance to individuals and communities. That’s
art for life’s sake.” ~ Yo-Yo
Ma
Et puis, que de vaines discussions sur les
religions en ce moment. Une espèce d’antinomie universelle. Si les croyants se
contentaient de vivre leur religiondans leur propre sanctuaire intérieur et
de pratiquer ce qui est au cœur des
messages desdits prophètes, c’est-à-dire l’amour du prochain (ou à défaut, le
respect), il me semble qu’on aurait un petit peu plus de paix sur cette (jadis
plus belle) planète.
Alors je vous propose cet entretien avec McFerrin –
il explique sa conception de la spiritualité. Beaucoup de sagesse.
“To
me, just being is a religious experience. Just being is holy.”
“I
always felt that artists have a huge responsibility because culture looks at
them as a way of interpreting what’s going on. So I think it’s important for artists
to be redeeming, to offer things that are redeeming, things that will lift people,
encourage them. So you do have to be careful with what you say, with what the
material is, because there is a lot of material out there that... bleeds
violence.”
McFerrin
says that one of his job descriptions as an artist is moving people to joy. “If
there’s any one thing I want it’s for people to have that sense of joy, the joy
that I feel just being able to sing.”
“Music
has a way of communicating … that language does not. It can go past language.”
He
frequently works with young people, trying to help them see the power of music.
It’s a lesson his mother taught him when he was a boy. “She knew how music was
a healing balm because whenever I was sick she’d give me two things: she’d give
me medicine for my aches and pains and she’d give me music for my spirit,” he
recalls. “Music does have incredible power to rearrange your insides, rearrange
your thoughts, and heal your body. Music is about transformation and
transcendance.”
2. Nébuleuse avec flux gazeux – poils de chat,
poudre d'ail, sel, farine, cumin, curcuma
Quand on numérise un objet en laissant le
couvercle du scanner ouvert, l'arrière-plan de l’image est noir au lieu de blanc. Voilà ce
qui a déclenché le projet du photographe Navid Baraty, Wander Space Probe. Baraty dispose soigneusement sur la vitre du
scanner divers éléments, dont plusieurs sont comestibles. Du bicarbonate de
soude, du sucre et de la cannelle créent des étoiles et des nébuleuses tandis
que des verres contenant du lait, de l'eau et des colorants alimentaires créent
des planètes. Une fois que tout est correctement agencé, Baraty numérise. Selon
le photographe ce sont les «explorations cosmiques d’une sonde spatiale
imaginaire» (cosmic explorations of an
imaginary space probe). Vous pouvez suivre Baraty dans les profondeurs de
l'inconnu sur Facebook et Instagram. (Via My Modern Met)
À propos : Navid Baraty a abandonné une carrière d’ingénieur
insatisfaisante pour se consacrer à sa passion, la photographie. Son oeuvre évoque
des histoires humaines de façon à la fois crue et poétique. Il veut capter l'émerveillement
dont se nourrit la curiosité humaine, et aussi influencer notre façon de voir
la terre. Son intense curiosité et son amour des voyages l’ont amené à explorer
les environnements les plus extrêmes et les plus beaux du monde sur tous les
continents.
Premier squeak toy de Morty. C’est un cochon.
Il pense qu’on lui fait mal à chaque fois qu’on le presse, alors il le protège
depuis 45 minutes.
L’hypersensibilité auditive des chiens leur permet
entre autres d’identifier les émotions en jeu. J’ai connu un chien qui ne
pouvait pas supporter d’entendre pleurer un bébé ou un enfant – il angoissait
et pleurait aussi... Identification? Compassion? Empathie?
~~~
Compatir, c'est «souffrir avec». La compassion n'est pas une émotion. Il
s'agirait plutôt d'une attitude qui nous porte à être sensible à la souffrance
de quelqu'un. Devant la douleur d'autrui, nous vivons alors différentes
émotions. Il peut s'agir de tristesse, de colère, de révolte, etc., toutes
suscitées par ce que nous observons chez la personne qui pâtit.
Il faut distinguer la compassion de
l'identification. Dans l'identification
nous nous mettons plus ou moins clairement et plus ou moins volontairement à la
place de l'autre et réagissons comme si nous étions lui. Par exemple, une
collègue vient de recevoir des menaces de son amant (comme il m'est arrivé d'en
recevoir du mien) : je réagis fortement et lui dis comment je réagirais si
j'étais elle. Il est clair que j'ai fait un rapprochement entre les deux
situations et que mes réactions sont liées à mon propre vécu. La situation de
ma collègue a servi de déclencheur à mon propre vécu. L'identification se distingue de la compassion
aussi par le fait qu'elle porte sur différents sujets, positifs comme négatifs,
alors que la compassion n'existe que devant la souffrance. Je puis m'identifier
à ma fille qui a des difficultés de relation avec ses copains comme à mon fils
qui ne vit que pour le soccer.
Il faut également distinguer la compassion de
l'empathie. L'empathie est une
attitude qui rend capable de saisir ce qu'une personne vit émotionnellement,
tel qu'elle le vit. C'est en quelque sorte la capacité de se mettre à sa place
pour la comprendre «de l'intérieur». Lorsque nous sommes empathiques, nous choisissons
volontairement d'essayer de voir et de ressentir la situation comme l'autre;
nous adoptons volontairement son point de vue, incluant les réactions émotives
qui en font partie. Mais nous restons toujours conscients qu'il s'agit de
l'expérience de l'autre (ce qui n'est pas le cas dans l'identification). Contrairement
à ce qui se passe dans la compassion, dans l'empathie nous ne sommes pas
nécessairement touchés (même si nous pouvons l'être).
Pour être
capable de compassion, il faut savoir être empathique. C'est en effet parce
que nous saisissons ce que vit l'autre que nous sommes amenés à être touchés.
Si nous n'en avions aucune représentation, il nous serait impossible d'être
émus.
À quoi sert
la compassion?
Ce sont les émotions vécues dans la compassion qui
nous donnent de l'information. En extrapolant sur l'exemple ci-haut, on
pourrait imaginer que je souffre parce que j'aime cette personne. S'il
s'agissait d'un inconnu (un accidenté que j'assiste), mon bouleversement
pourrait être avant tout d'ordre existentiel : un désarroi devant la
vulnérabilité des êtres vivants... S'il s'agissait du chagrin d'un père face à
son enfant mourant, je vivrais sans doute de la révolte devant l'injustice de
la vie, etc.
L'usure de
compassion
L'usure de compassion est une affection qui guette
les personnes qui sont souvent en contact avec la souffrance d'autrui. Elle est
causée par l'accumulation d'expériences émotionnelles vécues dans l'assistance
de personnes souffrant de traumatismes.
(Photographe inconnu) Nos
gouvernants et leurs délégués ont paradé à la COP21, tout à l’euphorie d’un accord
non contraignant. Pas de contraintes
(punitions) si les pays n’appliquent pas les recommandations. Que les parlements cessent de parler et agissent!
Ici, nous
sommes de véritables cancres, comme le prouve cette béante fracture environnementale approuvée par nos gouvernants. Vendredi, j’étais vraiment enragée
d’apprendre que le Mamba noir d’Enbridge (un des rejetons du grand serpent à cravate)
avait déjà commencé à charrier son venin toxique jusqu’au fleuve pour le
cracher dans L’Espada Desgagnés *. http://situationplanetaire.blogspot.fr/2015/12/smile-as-you-go-under.html Le Mamba
noir (Dendroaspis polylepis) est
une espèce de serpent venimeux de la famille des Élapidés. Il doit son nom à la
coloration noire de l'intérieur de sa gueule. C'est le plus grand et le plus
répandu des serpents venimeux d'Afrique, et le deuxième plus venimeux au monde.
Il évolue avec une rapidité incroyable – sa vitesse de pointe officielle atteint
23 km/h; il serait donc le serpent le plus rapide au monde, et aussi le plus violent selon plusieurs experts scientifiques. Le reptile attaque sans provocation, et s'il est confronté à une
menace importante, comme un homme, il défendra son territoire avec une agressivité
redoutable. En mordant saproie, le Mamba
noir injecte une grande quantité de venin neurotoxique (conotoxine), puis, il
recule et attend que le venin la paralyse. Il chasse activement de jour et de nuit.
L’analogie au pipeline est déconcertante de similitude, non?
* Le 7 octobre 2015 – Selon la Garde côtière
canadienne, le tuyau reliant le navire de livraison de pétrole M/T Sarah au
bassin s’est rompu lorsqu’il a été frappé par une hélice du bateau de la
compagnie Desgagnés. Le déversement est d’environ 2 400 à 10 000 litres de pétrole.
À Salluit, dans leNord-du-Québec. Le
village est situé à environ 1 900 kilomètres au nord de Montréal. Territoire du
Eeyou Istchee.Province de Québec.Canada. http://meteopolitique.com/Fiches/petrole/deversements-de-petrole/2015/Deversements-de-petrole-en-2015.htm ~~~ Chez les
Cris, on l’appelle Kimisominaw, ce qui veut dire «notre grand-père», surnom
affectueux, comme celui que portait Nelson Mandela – Tata dans la langue xhosa
–, des mots qui veulent dire sage père ou grand sage, et qui désignent des gens
reconnus pour leur humanité et leur sens de la justice. À l’aube de ses 80 ans, David Suzuki, 6 fois grand-papa, tremble et rage devant l’état de la
planète que nous laisserons aux jeunes. Son message est pourtant clair; il
le claironne si brillamment depuis 50 ans : la survie de l’espèce humaine
dépend de celle de la nature. Gaïa finira par avoir raison de la cupidité de
Wall Street qui croit que la planète est une poubelle magique et que ses
ressources sont illimitées. L’humanité est au bord du précipice. En fait, selon
ce généticien, militant écologiste et grand communicateur, elle commence même à
«pendre dans le vide». Aussi en appelle-t-il à un changement de conscience. Au
Canada, par exemple, les dégâts de l’ère Harper sont incommensurables, à tel
point que David Suzuki croit que ceux
qui font fi de la science devraient être jugés pour «crimes
intergénérationnels». D’ailleurs à quoi sert la science, si ce n’est à
assurer la pérennité de l’humanité? L’heure est si grave que Kimisominaw doute
parfois que ses petits-enfants puissent mourir de mort naturelle. David Suzuki, sage et indigné Propos
recueillis par Lucie Pagé Québec
Science http://quebecscience.qc.ca/accueil
Adieu
donc fleuve Saint-Laurent! Adieu
paysages bucoliques, promenades sur les battures à observer les bélugas, à
rêvasser assis sur les rochers. Un vague souvenir nous en restera.
Puisque
toutes beautés du Saint-Laurent se trouvent plus que jamais menacées de
saccage, voici la version intégrale du poème Ode au Saint-Laurent. Le texte paraîtra pour la première fois aux
Éditions du Jour (Montréal) en 1963. L'auteur précise dans un entretien accordé
in Lettres québécoises, no 24, hiver 1981-82 qu'il a composé ce texte en deux
jours et trois nuits, et que le titre initial était «L'homme en marche» mais
que sous l'influence de certains de ses bons amis, «ça a pris ce titre horrible».
Photo : routedesnavigateurs.ca
Ode au Saint-Laurent (L’homme en marche) Gatien Lapointe Éditions
du Zéphir, 1986
Et je
situerai l’homme où naît mon harmonie
Ma
langue est d'Amérique Je
suis né de ce paysage J'ai
pris souffle dans le limon du fleuve Je
suis la terre et je suis la parole Le
soleil se lève à la plante de mes pieds Le
soleil s'endort sous ma tête Mes
bras sont deux océans le long de mon corps Le monde
entier vient frapper à mes flancs J’entends
le monde battre dans mon sang
Je
creuse des images dans la terre Je
cherche une ressemblance première Mon
enfance est celle d’un arbre Neiges
et pluies pénètrent mes épaules Humus
et germes montent dans mes veines Je
suis mémoire je suis avenir J’ai
arraché au ciel la clarté de mes yeux J’ai
ouvert mes paumes aux quatre vents Je
prends règne sur les saisons Mes
sens sont des lampes perçant la nuit
Je
surprendrai debout le jour naissant
Une hirondelle
s’agrippe à ma tempe gauche Je
pressai dans ma main le clair présage
Ô que
je m’embarque sur la mer verte et bleue Ô que
je saisisse les reflets qui m’aveuglent Le
temps dispersé en mille figures Le mot
prisonnier de la chair L’accord
caché au fond du sang L’infini
de l’univers et du cœur La
solitude sans fin de chaque être Trouverai-je
le secret de ma vie
Trouverai-je
un jour l’événement qui commence
Être
homme est déjà une tragédie Et
j’ai pleuré en découvrant le monde
J’ai
allumé un feu sur la haute clairière Je
suis descendu dans l’aine des sources Le
parfum du sol me frappe au visage La
femme aux hanches brillantes d’aurore L’homme
à genoux inventant Dieu Je
suivrai la marche du fleuve Je
connais ensemble hier et demain Et
c’est aujourd’hui qu’il me faut construire
Je
découvre ma première blessure Je
plante dans le sol ma première espérance
Espace
et temps ô très charnelle phrase
Toutes
les routes dans une même figure L’instant
et toute l’année en un pas
Je regarde
au plus profond de la terre
C’est
de l’homme désormais qu’il s’agit C’est
dans ce pays que j’habiterai
Quelle
est cette tige à cinq branches Jetée
en travers de mon corps Est-ce
une main profonde et fluide Est-ce
l’ombre tremblante d’un oiseau Quels
sont ces cinq Grands Lacs Flottant
comme de grandes fleurs sur ma poitrine Fleuve
dont les flots m’entraînent m’enchaînent J’apprendrai
la phrase âpre et belle de tes rives
Ta
bouche est le début de la mer J’entrevois
une très longue patience Le
cœur plein d’énigmes je rêve d’un ciel pur Ma
langue est une feuille en pleine terre Je dis
tout ce qui éclot sur la terre J’inventorie
et j’évalue je nomme et j’offre J’investis
la journée de l’homme J’ouvre
des routes je jette des ponts Je prends
des images de chaque événement J’invente
un paysage pour chaque âge Je
taille chaque chose selon sa fonction
Je
m’assure d’un souvenir charnel
Donnerai-je
visage à tout ce qui existe Sauverai-je
chaque instant de la chair
Solitaire
et habité d’amour J’unis
la bouche au flanc qui frissonne J’unis
l’arbre à la terre étonnée Je
mène à leurs noces tous les désirs Mon
pas enflamme chaque saison Mon
souffle agrandit chaque demeure Et
l’expérience ondule au large de ma main La mer
remplit toute ma main
Je ne
laisse rien dans la nuit Chaque
peine chaque plaisir recommencent ma vie
Je
dresse sur la terre une image de l’homme
Ma
bouche est une double cicatrice Un
double horizon découpe mes yeux Vulnérable
on m’a jeté parmi les hasards Mortel
on m’a marqué d’éternité Je
ferai une échelle de mon corps Et
j’étendrai mes bras en largeur de la terre Mon
enfance est un sapin plein de neige Mon
enfance est un prisme dans l’espace
Le
temps me donnera un visage durable Aujourd’hui
est un chantier à ras de sillons
Je
frappe du poing la vivace énigme
La
vieille nostalgie soulève mon talon Je
remonte le cours du sang Je
parle d’un commencement du monde L’ombre
et la lumière s’emmêlent sur mon front Je ne
refuse rien je n’oublie rien J’éclaire
mon passé j’affirme l’avenir Multiple
et nouveau dans l’instant On
m’entraîne jusqu’à l’ultime choix
J’ai
dans mon cœur une grande souffrance
Ma
langue est un champ de bataille Toute
menace accroît mon sang
Je
dirai le frisson d’un outil dans mes paumes Je
veux savoir je veux me rappeler Je
dirai le vent qui prend sur mon front Je
donne parole à tout ce qui vit Je
donne confiance je donne élan Je
caresse et j’éveille Je
descends sur la langue chaude et verte du fleuve Le
soleil se lève en chant sur ma nuque
J’imagine
tout ce qui peut être sauvé
Je vis
dans le présent Mes
souvenirs m’entraînent
Je
suis un mot qui fait son chemin dans la terre Chaque
aube me réveille au bord de mon enfance Un air
de printemps me met sur la route Et la
montagne monte au rythme de mon pied Ma
main est une aile guidant le feu Ma
main emporte le vif témoignage Je
fais mon lit dans la chaleur des bêtes Et le
crépuscule m’ouvre ses bras en fleurs
J’avance
en suivant un reflet sur le fleuve Je
suis dans ma chair le frisson d’un arbre
Mon
rêve prend racine dans le temps
Je me
reconnaîtrai dans une image de la terre Je
creuse mon berceau et j’élève mon toit Je dis
la force d’une forêt reverdie Je dis
l’extrême faiblesse d’un grain qui germe Je
n’ai plus peur j’énumère mes songes J’apprends
à parler je vous reconnais L’automne
de mon pays est le plus beau de la terre Octobre
est un érable plein de songe et de passion
Ma
maison fait face à tous les pays Et
toutes mes tables seront complètes
Je
vous nomme et je vous invite Je
suivrai le pas précis des saisons Ma
main s’ouvre comme un miroir Je me
figure le corps de femme d’une moisson Et je
confonds les fleurs avec l’aulne enneigé Ici le
printemps est un bref éclat de rire Et l’automne
un grand fruit qui joint les rives L’hiver
est une bête qui souffre et s’ennuie Et
l’été est un bonheur excessif
Arbres
douloureux et pleins d’impatience Nous
faisons du givre et du feu d’un même souffle Et
c’est une même foudre qui nous abat
Le
soleil nous cache notre plus grand secret Et la
nuit brûle toutes les étoiles de l’année Janvier
remplit nos premiers pas de neige Et
d’un seul flot avril efface notre enfance Le
jour la vase nous recouvre la figure Et
l’aile du soir souffle en nous toute lumière Le
désespoir s’éteint lentement dans nos mains Et
lentement pourrit la noce dans nos bouches
Mais
qui a connu les combats de mon pays
A-t-on
vu cet espace immense entre chaque maison A-t-on
vu dans nos yeux ce grand exil
Montrez-moi
mes compagnons d’espérance Ô mes
amis de neige et de grand vent Et ce
ciel froid qui nous brûle le front Et
cette forêt vaste où s’égarent nos cris Et ce
pas aveugle des bêtes dans l’orage Et ce
signe incompréhensible des oiseaux Comment
l’homme pourrait-il vivre ici Par
quel mot prendrait-il possession de ce sol
La
distance est trop grande entre chaque homme Nous
n’avons pas le temps de regarder la terre
Le
froid nous oblige à courir
Mais
a-t-on vu de près l'homme de mon pays A-t-on
vu ces milliers de lacs et de montagnes Qui
s'avancent à pas de bêtes dans ses paumes A-t-on
vu aussi dans ses yeux ce grand désert Ici
chacun marche sur des échasses Nous
existons dans un geste instinctif Naîtrons-nous
dans une parole Quelles
marées nous amèneront aux rives du monde
Ce
paysage est sans mesure Cette
figure est sans mémoire
J’écris
sur la terre le nom de chaque jour J’écris
chaque mot sur mon corps
Phrase
qui rampe meurt au pied des côtes
J’ai
refait sept fois le geste qui sauve Et
chaque fois l’éclair disparut
Tu
nais seul et solitaire ô pays
D’abord
je te baptiserai dans l’eau du fleuve Et je
te donne un nom d’arbre très clair Je te
donne mes yeux mes mains Je te
donne mon souffle et ma parole Tu
rêveras dans mes paumes ouvertes Tu
chanteras dans mon corps fatigué Et
l’aube et midi et la nuit très tendre Seront
un champ où vivre est aimer et grandir
J’assigne
le temps d’aujourd’hui Je
m’assure d’un espace précis
Le
ciel tremble des reflets de la terre
Je m’élancerai
du plus haut de l’horizon Et nu
je connaîtrai dans ma chair Je me
cherche à tâtons dans la terre Je
perce des galeries je creuse des puits J’écoute
les oiseaux je regarde les bêtes J’imagine
un modèle avec mes propres mains Le
doute et l’espérance éclaboussent mes yeux La
pluie et le soleil annulent ma mémoire
Je ne
suis qu’un bloc de terre plein de racines
J’apprendrai
par tous les chemins Le
temps me nommera
J’apprivoise
et je noue j’épelle et je couronne Je
compare toutes les images du sang J’adapte
ma face à celles des heures Je
suis le chant du pain les verdures de givre Je
suis un paysage d’ailes et de vagues Je me
rêve dans un arbre dans une pulpe Je
touche de la main pour connaître mon cœur Et ma
voix est un jour et une nuit très proches
Je
suis un temps jumeau et solitaire Je
suis un lien de pollens et de cendres
J’ai
toute la confusion d’un fleuve qui s’éveille
Qui me
montrera les sept jours du monde Quel
arbre quelle bête m’indiquera le chemin Je
pose dans l’instant les poutres de l’année J’enferme
dans un épi toute la prairie Je
fais de chaque blessure un berceau Je
vais de souvenir en avenir Je
vais du cri du sang aux yeux de la beauté J’essaie
de voir et de parler avec mon corps
Je ne
puis qu’étreindre mon cœur en pleine nuit
Ô que
sourde le premier visage de l’homme Et que
j’entende son premier récit
Je
mêle ma langue aux racines enneigées Je
mêle mon souffle à la chaleur du printemps Je
m’imprègne de chaque odeur J’invente
des nombres j’invente des images Je me
construis des lettres avec du limon Je
plante dans la plaine un mot nouveau Et
cela monte peu à peu à l’horizon Comme
un homme plein de songe et plein de rosée
L’homme
naît d’un frisson du ciel et de la terre Je
m’accomplirai dans les pas du temps
Je
vois dans une phrase l’espace de l’homme
L’homme
de mon pays sort à peine de terre Et sa
première lettre est un feuillage obscur Et son
visage un rêve informe et maladroit Cet
homme fait ses premiers pas sur terre Il
s’initie au geste originel Et ses
poignets saignent sur la pierre sauvage Et les
mots écorchent sa bouche Et
l’outil se brise dans ses mains malhabiles
Et
c’est toute sa jeunesse qui éclate en sanglots
Ici
tout commence au ras de la terre Tout
s’improvise ici à corps perdu
Ma
langue est celle d’un homme qui naît J’accepte
la très brûlante contradiction Verte
la nuit s’allonge en travers de mes yeux Et le
matin très bleu se dresse dans ma main Je
suis le temps je suis l’espace Je
suis le signe et je suis la demeure Je
contemple la rive opposée de mon âge Et
tous mes souvenirs sont des présences
Je
parle de tout ce qui est terrestre Je
fais alliance avec tout ce qui vit
Le
monde naît en moi
Je
suis la première enfance du monde Je
crée mot à mot le bonheur de l’homme Et pas
à pas j’efface la souffrance Je
suis une source en marche vers la mer Et la
mer remonte en moi comme un fleuve Une
tige étend son ombre sur ma poitrine Cinq
grands lacs ouvrent leurs doigts en fleurs Mon
pays chante dans toutes les langues
Je
vois le monde entier dans un visage Je
pèse dans un mot le poids du monde
Je
balise le premier jour de l’homme
L’homme
de mon pays pousse et grandit Telle
une jeune plante dans la terre Tous
les chemins se croisent sur son front Toutes
les saisons s’accrochent à ses épaules Flammes
et flots se heurtent sur sa tempe Et
cela oscille dans le vent violent Et
cela pleure et rit dans l’éphémère Et
cela parle d’un jour infini
Je
définirai l’homme en un pas quotidien
Dans mon
pays il y a un grand fleuve Qui
oriente la journée des montagnes
Je dis
les eaux et tout ce qui commence Dans
ma chair dans mon cœur Je dis
ce mot qui s’éveille en mes paumes Je
lancerai un chant dans l’univers J’entre
dans le temps je borne l’espace Je
dispose couleurs et formes J’unis
et j’agrandis j’abrège et je dénude Je me
construis un abri ici-bas
Nommerai-je
infini chaque visage Deviendrai-je
le monde que je rêve Trouverai-je
une seule parole
J’ai
pris mon élan sur la haute vague J’apprends
sur terre le songe de dire
Je
marche dans les pas du temps Je
m’informe de chaque route Et
j’accompagne par-delà la nuit
J’ouvre
à l’homme un champ d’être
On a
refait en moi le grand rêve de Dieu Je
souffle sur le limon de mon flanc J’attache
l’enfant à ma hanche Je
tends les bras à ma famille En
secret j’écoute bouger le nom nouveau Toute
une forêt descend sur les rives Toute
une récolte porte l’horizon Une
cité naît au creux de ma main
J’affirme
dans le temps et l’espace de l’homme Je
parle à des hommes vivants
Rien
ne reste pur que dans la souffrance
Qui
détachera de moi la charnelle phrase J’ai
la bouche pleine de terre J’ai
les yeux pleins de sang J’ai
bâti ma maison sur cette terre J’ai
mesuré le poids de mon désir Le
mouvement commence au milieu de mon cœur Et
j’ai dessein d’organiser Ordonner
afin de ne pas mourir
Saurai-je
la grandeur exacte de l’homme
Un
détail me promet la possession du monde Un
sentier m’amène à la rencontre des hommes
Je me
suis revêtu d’un manteau millénaire Et le
haut fleuve me prit par la main Je
trace les grandes lignes du cœur J’accorde
la terre au souffle de l’homme Je
porte secours à la plante foudroyée Je
creuse toute solitude L’air
germe dans ma bouche ouverte Et vert
l’espoir engendre tout espoir
Le
vent vient naître dans l’œil d’un enfant
Je
suis un ordre d’avant la souffrance Je
suis un plaisir d’avant la nécessité
Ivre
d’éternité et proche de mourir J’imprime
mes yeux sur le flanc de l’arbre J’épelle
ma chair sur le flot patient Je
mêle mes souvenirs à ceux des saisons Et mon
sang aux couleurs des fleurs Je
cherche un moyen de durer Je
tends la main j’ouvre mon cœur J’appelle
la grande aurore d’une parole
On m’a
lié à la terre
J’accorde
les premiers contrastes Et de
visage en visage s’éveille la nuance élémentaire
Je dis
ce qui pousse et fleurit dans mon pays J’ai
entendu le chant profond du fleuve J’ai
senti sur moi les lames du froid Et
j’ai vu la grande solitude des arbres Je me
suis forgé des outils avec des branches Je me
suis forgé un alphabet avec de la vase J’ai
dormi flanc à flanc avec les bêtes Et
j’ai souri en même temps que le soleil
Ô que
la lumière jaillisse de ma bouche
J’ai
plein mon souffle d’étincelles Mes
mains sont pleines de blessures
Je dis
ce qui souffre et mûrit dans l’homme Je dis
ce qui chante et crie dans la terre Je
cerne une proche merveille Ma
face est reflets d’ombre et de lumière Ma
face est mémoire de chaque jour Je
m’élève et je tombe au même instant Et
c’est la même douleur qui m’oblige d’avancer Je
soutiens pas à pas mon espérance
Le
monde ne peut plus m’abandonner
Je
chante le plein air de l’homme J’augure
la neuve harmonie
Mais
qu’ai-je retenu du souffle de la terre Qu’ai-je
reconnu des grands signes de la mer Sur le
sein de la femme affleure une caresse Et
dans la voix de l’homme une vaste musique La mer
lance ses bateaux dans le ciel Le feu
ouvre un sentier dans la forêt Et
dans le cœur enfantin de la terre Commence
le vivace souvenir
Le
jour commence à hauteur de mes yeux
Je
cherche une mesure d’homme Aujourd’hui
est un pont qui me lie aux deux rives
C’est
la terre que je veux sentir dans mes mains Je
réchaufferai cette terre de mon souffle J’en
ferai des oiseaux planant dans le grand vent J’en
ferai du pain pour nourrir les hommes Et des
fleurs pour guider les ténèbres J’en
ferai des maisons pour abriter les hommes Et des
lettres pour dire leur amour J’en
ferai un chant à visage d’homme
Je
vois l’homme jetant sur la nuit sa rouge aurore La
forme se leva de ses mains souples
Et le
soleil se mit en marche dans mon cœur
Je dis
l’homme arrivant sur terre Accueillant
dans ses mains le terrestre plaisir Je dis
l’homme ployant sous le fardeau Et
construisant son nom jour après jour Je dis
l’homme découvrant la première peine Et
traçant sur le sol la première aventure Toute
la saveur du monde éclaire sa bouche Toute
l’angoisse du monde assombrit ses yeux
Deux
mots soudain ont chanté sur ses lèvres Et
c’est le chant du sol qu’on crut entendre
C’est
son propre cœur que l’homme crut voir
Arbre
plein de neige je rêve d’un pur printemps Je
plante des phares dans chaque enfance J’allume
des lampes dans chaque solitude J’éveille
un amour dans chaque demeure J’étouffe
l’angoisse de mourir Le
soleil étend jusqu’à la mer l’ombre de ma main Je
navigue de présence en présence La
fête d’un verger m’éclaire et me réchauffe
On
m’enferme dans l’œil très pur des bêtes
La
terre imagine en mon corps Je
reviens du plus profond de la terre
Je
figure en plein air les songes de la mer Je dis
ce que la terre a gardé du soleil J’annonce
à pleine voix le désir habitable On me
nomme en un présent infini Je
suis destination je suis lieu d’origine Je
suis le cantique et je suis l’outil Tout
ce que j’aime est mon propre héritage Et la
face de mes enfants
J’ouvre
le premier paysage
Mais
qui peut regarder de près un arbre A-t-on
vu un homme mourir
Je
poserai mon front sur les genoux de l’aube J’apporterai
le tribut de fruits et de laine Un
récit s’éveille en largeur du temps Je
commence à pied mon premier voyage Les
bêtes parlent de noces prochaines Et
c’est l’été debout parmi l’heure de pluie Mes
mots poussent comme des plantes Rêveuse
ma phrase s’incline en mesurant le monde
Ô très
belle irremplaçable réalité
Je ne
veux pas pleurer les morts Je
voudrais sauver les vivants
J’entraîne
au jour tout ce qui est nocturne J’ajuste
l’arc-en-ciel sur la cuisse des mers Ma
main rêve d’un continent à l’autre Ma
main est une baie au large du grand fleuve Tous
les méridiens passent sur ma tempe Toutes
les sources frappent à mes flancs Je
porterai sur mon épaule à vif L’aube
comme un faisceau de fleurs
J'affirme
un grand besoin d'être et d'aimer
Le bras
en visière sur l'horizon Je
guette un très lointain secret
Une
longue vallée affleure en ma mémoire Le
soleil monte pas à pas vers mon enfance Je
reconnais un à un tous mes songes Les
Appalaches ferment leurs yeux sous la neige Et
l'Etchemin se met à rire dans les trèfles rouges Là-haut
près des Frontières Veille
une maison de terre et de bois Je
sais qu'un grand bonheur m'attend
Tout
ce que j'ai appris me vient d'ici Je
retrouve ici mes premières images
Et
brille en mes doigts la première ville
Québec
rose et gris au milieu du fleuve Chaque
route jette en toi un reflet du monde Et
chaque paquebot un écho de la mer Tu
tiens toute la mer dans ton bras recourbé Une
figure naît sur ton double profil Une
parole creuse son nid dans tes paumes Je me
rappelle un soir avoir vu la lumière Ton
coeur battait sur chaque front
C'est
le fleuve qui revient d'océan chaque soir Et
c'est l'océan qui tremble dans chaque regard
C'est
ici le plus beau paysage du monde
Mais
que devient tout cela que je nomme
Que
sont devenus ceux que j’ai laissés Là-bas
tremblants sur le bord du matin
Je
vous montrerai la mer verte et bleue Je
reviens à la mer comme un arbre qui souffre
J’ouvrirai
les paupières du temps Je
jetterai debout chaque enfance
Car
l’homme ne peut que grandir
Et que
s’agrippe l’aube à mon dos couturé Soleil
de chair ô lumière la plus belle Tout
me lie et tout me brûle en secret La
parole de l’homme est ma seule présence Je
réduis la distance entre chaque être Je
célèbre chaque chose qui vit Le blé
grandit à hauteur d’homme Je
planterai des arbres pour nos haltes
Mais
ne dites pas que vous m’avez vu pleurer
J’ai
remis en terre l’épi de ma mémoire La
douceur me revient plus forte qu’une épée
Je
prends pied sur une terre que j'aime L'Amérique
est ma langue ma patrie Les
visages d'ici sont le mien Tout
est plus loin chaque matin plus haut Le
flot du fleuve dessine une mer J'avance
face à l'horizon Je
reconnais ma maison à l'odeur des fleurs Il
fait clair et beau sur la terre
Ne
fera-t-il jamais jour dans le coeur des hommes?