29 décembre 2014

Itinérance 1

On parle davantage d’itinérance pendant les Fêtes – entre autres parce qu’en hiver, il est plus difficile de fermer les yeux sur ce visage de plus en plus omniprésent de la pauvreté.

Serge Lareault, après 20 ans de service à la direction du magazine L'Itinéraire (qu'il a lui-même fondé), est maintenant président de l'International Network of Street Papers (INSP) un réseau international de journaux de rue.

Quelques propos notés (non textuels) à l’émission Les Fêtes et rien d’autre (ICI R.-C.) :
- Il y a un vingt ans, à Montréal, on évaluait le nombre d’itinérants à environ 15 000 et  maintenant à environ de 30 000. Et, c’est la même chose dans toutes les grandes villes du monde. C’est difficile à évaluer bien sûr, et en plus, le problème a gagné du terrain à la grandeur du Québec.
- À l’époque, il était plus facile d’aider les itinérants à réintégrer la société. Mais aujourd’hui, en raison de l’accessibilité à des drogues plus fortes qui provoquent des psychoses et des dommages irréversibles au cerveau, la maladie mentale devient un grand obstacle à la réintégration sociale. Il faut ajouter à cela le manque de ressources, la situation économique et l’austérité.
- Il y a vingt ans les sans-abri avaient entre 30 et 40 ans. Aujourd’hui 50% des jeunes décrocheurs qui n’ont pas terminé leur secondaire 5 se retrouvent dans la rue. 
- Et puis, s’ajoutent maintenant les personnes vieillissantes, c’est-à-dire dans la soixantaine. Ces gens-là ont travaillé toute leur vie au salaire minimum – travail précaire, petits boulots – et contribué à la société. Mais, il est impossible d’avoir un fonds de retraire et d’accumuler des économies au salaire minimum. Quand ils perdent leur emploi à cet âge-là, ils n’ont plus rien devant eux. Ils se retrouvent donc en perte totale de repères et incapables de se payer un logement. Dépression, désespoir, maladie mentale et itinérance s’ensuivent. Il y a un manque flagrant de logements sociaux pour les personnes âgées. Le gouvernement a promis 500 nouveaux logements sociaux à l’échelle du Québec – 25 000 personnes sont en attente de logement social, à Montréal seulement...

Photographe : Mikaël. En cherchant une photo d’itinérant, je suis tombée sur un reportage au sujet d'un formidable projet de sensibilisation aux «Humains de la rue». Plusieurs photos incluent un résumé biographique, comme celle-ci. Une qualité de photographie impeccable.  
Site officiel – à visiter! http://humansofthestreet.tumblr.com/ (défilez vers le bas en page d'ouverture pour les photos et commentaires)

Un portrait des itinérants montréalais par Humans of the street
Par Sandrine Vincent (Nightlife.ca, septembre 2014)

Humans of the street est un tout nouveau projet lancé par Portrait de Montréal. Captant des portraits intimes d'itinérants montréalais. Mikaël, photographe du projet, nous plonge au coeur de cette initiative, et lève les voiles sur le quotidien des gens que l'on croise chaque jour, sans les voir.

D'où vient le projet Humans of the street?
«Humans of the Street a pour mission de changer le regard que l'on porte sur les itinérants, en permettant aux Montréalais de découvrir leurs histoires», nous explique Mikaël. Nous avons depuis le début partagé des portraits d'itinérants sur Portraits de Montréal, et nous avons vite réalisé que ces portraits obtenaient généralement plus de succès que les autres. Les gens étaient toujours surpris de découvrir les histoires, souvent touchantes, des gens que beaucoup ne prennent même pas le temps de regarder dans la rue. Beaucoup de gens nous disaient également reconnaître tel ou tel itinérant, et que, suite à la découverte de leur histoire, ils prendraient le temps de les saluer la prochaine fois qu'ils les croiseraient.»

«Nous sentions donc que nous avions le potentiel de changer le comportement des gens face à l'itinérance, et avons décidé d'aller un peu plus loin. Nous avons regroupé tous les portraits d'itinérants sur une même plateforme - Humans of the street -, et avons commencé à réaliser des portraits plus en profondeur. Nous voulions également donner aux gens les moyens d'aider ces itinérants, en leur listant exactement les choses qu'ils pouvaient faire pour leur rendre la vie plus facile : comment ils boivent leur café, ce qu'ils aiment manger, les vêtements dont ils ont besoin, etc.»

Quelle a été la réaction initiale des participants du projet lorsque vous les avez approchés avec la caméra?
«Très bonne. C'est avec David et Diamond que le projet a vraiment commencé. David a été très réceptif à l'idée, et était très reconnaissant du fait qu'on veuille faire une différence dans la vie des itinérants. Il était également très heureux de pouvoir contribuer à faire évoluer le regard des gens sur les itinérants. 
   Depuis que nous l'avons rencontré, nous sommes restés en contact quasi quotidien avec David, nous sommes en voie de lui trouver un appartement. Nous allons réaliser une vidéo avec lui, et organiser une levée de fonds participative pour l'aider à sortir de la rue.»

Moment/rencontre mémorable?
«Chaque rencontre avec un itinérant est mémorable, mais à date la plus forte rencontre est celle avec David et Diamond. David a un véritable coeur d'or, c'est un homme extraordinaire, d'une force de caractère incroyable. Nous l'avons même invité à passer une nuit chez nous, comme la température est fortement tombée ces derniers jours.»

Quelle(s) leçon(s) faut-il en tirer?
«Nous aimerions surtout dire aux gens de ne pas ignorer les itinérants. Ne pas avoir de change à leur donner c'est correct, mais faire comme si on ne les voyait ou ne les entendait même pas, ce n'est pas une manière de traiter un être humain. Prenez le temps ne serait-ce qu'une fois de payer un café ou un burger à un itinérant, et de discuter avec lui quelques minutes : vous ressortirez plus grand et plus riche de cette expérience.»

http://www.nightlife.ca/2014/09/15/un-portrait-des-itinerants-montrealais-par-humans-street

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