10 décembre 2014

Carottes, pommes et bisous

Photo : "Pomme et bisou" de François Simard, Mont-Tremblant QC, 6 déc. 2014
http://www.meteomedia.com/photos/vues/animaux

La déforestation et la destruction des habitats fauniques ont poussés les cerfs à déserter leurs milieux naturels. Il est donc de plus en plus facile d’entrer en contact avec eux, autour et dans les villes. Nous les avons apprivoisés en leur donnant des carottes et des pommes. Or, en l’absence de prédateurs naturels comme les loups qu’on a quasiment exterminés, il y a surpopulation de cerfs. Mais, j’ai confiance que les chasseurs, qui se disent des écologistes dédiés à régulation de la faune, vont se faire un plaisir de procéder à une purge. Les hommes, en voulant tout contrôler provoquent des déséquilibres dont les conséquences sont désastreuses, tant pour la nature, les animaux que les humains.

Il existe encore quelques lieux sauvages où les cerfs n’ont pas subi les pressions de l’urbanisation et de la déforestation. Cependant, les seuls humains qu’ils rencontrent sont généralement des chasseurs. De sorte qu’ils sont plus méfiants quand ils flairent des humains. Voilà pourquoi le chercheur Joe Hutto a mis du temps au début pour se faire accepter du troupeau de cerfs dont il est question dans le documentaire Touching the Wild. Un splendide documentaire, émouvant, inspirant, d’une grande sensibilité, mais très sobre, on ressent que ça vient du coeur.

Documentaire complet (53 min) à cette adresse (si l’anglais est un obstacle, vous comprendrez sûrement avec votre coeur et vos tripes) :
http://www.pbs.org/wnet/nature/touching-the-wild-touching-the-wild/8679/


Touching the Wild
 Une production de Nature PBS

Résumé :
Le film documentaire Touching The Wild a été tourné près du ranch de Joe Hutto à Wind River Mountains, Wyoming. Cette zone sert d'aire d'hivernage à un grand troupeau de cerfs mulets. Son implication avec eux a commencé par une rencontre avec un jeune mâle qui semblait s’intéresser à lui et qui, d'une certaine façon, avait compris qu'il n'était pas menaçant : «Il s’est retourné et m’a salué d’un hochement de tête, et je l'ai regardé en hochant la tête, puis, il a recommencé. Le cerf était prêt à me voir comme un individu, et il avait clairement compris que je reconnaissais sa propre individualité. Je ne voyais pas quelque chose, je voyais quelqu'un.» 

Comme l’explique Hutto, il a d’abord dû aller à la rencontre du troupeau à tous les jours pendant deux ans avant d’obtenir un début de confiance de la part des cerfs. Mais, après avoir gagné la pleine acceptation de leur leader, une femelle qu’il a surnommée Raggedy Anne, il a pu se déplacer parmi les individus de la horde, sans qu’ils lui prêtent attention. Finalement, il est devenu partie intégrante de la famille. Mais dès qu’il repérait un autre humain, leurs profonds instincts remontaient et ils fuyaient, puisque les cerfs mulets ont été légalement chassés depuis des générations.


Il y a de nombreux segments poignants dans ce documentaire, entre autres le moment où Rag Tag, la fille de Raggedy Anne, devient le premier cerf à le toiletter, quelque chose qui se fait habituellement entre chevreuils. Plus tard, elle lui présente ses jumeaux nouveau-nés; il s’occupera de l’une d’eux plus tard après la mort de Rag Tag. Hutto réfléchit sur le fait que la famille de Raggedy Anne soit toujours restée à ses côtés quand elle se mourait, et sur la façon dont Boar, un gros mâle, a réagi lorsqu'il a découvert la carcasse de son frère jumeau, victime d'un loup ou d’un lion de montagne. Hutto lui-même fut touché par ces décès. Il conclut que le chagrin et la douleur sont des expériences que tous les êtres vivants ont en commun. L’intensité de ses propres émotions concernant le sort de ses amis l’ont amené à se demander s'il ne devait pas mettre fin à sa recherche sur le terrain.

Il a suivi la vie de ce troupeau de cerfs pendant sept ans.


Citations :
«J’ai une formation scientifique, mais toute ma vie, j’ai voulu entrer en réelle communication avec les animaux sauvages, pour voir la vie et la nature à travers leurs yeux. Mon but était d’écrire un bouquin sur les cerfs de cette région, mais plus important encore était de faire prendre conscience qu’ils font face à de nombreuses difficultés de survie, et que si nous n’y prenons pas garde, ils pourraient fort bien disparaître.»

«Pouvais-je même spéculer sur l'étendue possible de leur expérience sans tomber dans l’inévitable prédisposition humaine à refuser de donner un sens à leur vie complexe et à nier la possibilité qu’ils éprouvent des émotions? Une fois de plus, il est devenu tout à fait évident que, en tant qu’humains, nous n'avons aucun accès privilégié à la réalité.


«L’éthologie, dans sa forme la plus pure et la plus honnête, est essentiellement un exercice qui nous révèle l'ampleur de notre ignorance au sujet de choses vivantes – que la tentative d'appliquer une méthodologie empirique à tout ce qui est abstrait, subjectif, qualitatif et indéniablement mystique est vaine.»

~ Joe Hutto

Photos : ©THIRTEEN Productions LLC, site Nature PBS

En complément :


L'animal est une personne
Franz-Olivier Giesbert
Fayard 2014

«Si j’ai écrit ce livre, c’est pour tirer les leçons d’une vie passée avec les animaux depuis la petite enfance, à la ferme, puis en ville. Au fil des pages, je vous parlerai de plusieurs de mes amis auxquels, si grands soient mes hommages, je ne pourrai jamais rendre les bonheurs qu’ils m’ont donnés, avec leur candeur et leur humour : un jeune bouc, un vieux perroquet, des chats, des araignées, des bovins ou des chiens.

Pourquoi traitons-nous avec tant d’égards les animaux de compagnie, substituts de l’homme, et si mal les bêtes à manger, machines à fabriquer de la viande? Alors que nous consommons chaque année des milliards d’animaux issus de la terre et de la mer, il est temps que nous descendions de notre piédestal pour les retrouver, les écouter, les comprendre.

J’ai voulu aussi lancer un appel pour que cesse le scandale des abattages rituels, halal ou casher, qui imposent à nos sœurs et frères les bêtes des mises à mort dans d’inutiles souffrances.»


Feral
Searching for Enchantment on the Frontiers of Rewilding
George Monbiot

How many of us sometimes feel that we are scratching at the walls of this life, seeking to find our way into a wider space beyond? That our mild, polite existence sometimes seems to crush the breath out of us?

Feral is the lyrical and gripping story of George Monbiot’s efforts to re-engage with nature and discover a new way of living. He shows how, by restoring and rewilding our damaged ecosystems on land and at sea, we can bring wonder back into our lives.

Making use of some remarkable scientific discoveries, Feral lays out a new, positive environmentalism, in which nature is allowed to find its own way.

Feral is a work of hope and of revelation; a wild and bewitching adventure that argues for a mass restoration of the natural world – and a powerful call for us to reclaim our own place in it.

“George Monbiot’s book, Feral, is a Book of Revelations for our times.”
~ Farley Mowat  

Visit http://sustainableman.org/ to explore the world of sustainability.
For more from George Monbiot, visit http://www.monbiot.com/

Harfang des neiges – photo : Marie-Claude Valois, Eastman QC, 6 déc. 2014
http://www.meteomedia.com/photos/vues/animaux 

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