En général, avec un minimum d’entraînement, tolérance
et compréhension suffisent pour composer avec les déceptions et les irritants. Ce
n’est pas la fin du monde si vos neveux renversent leur jus de tomate sur votre
sofa blanc...
«Ne t’en fais pas chérie, tu n’a pas brûlé la
bière!» (Anne Taintor Inc.)
Il y a toujours moyen de s’entendre...
Elle avait décidé de partir avec le «vilain» cette
année. (Anne Taintor Inc.)
Un mari
craint toujours que son épouse le quitte. C'est ça la suprême force des femmes
: vous faire redouter ce que vous souhaitez le plus au monde. ~ San-Antonio
En cas d'intolérance chronique
:
Comptez
jusqu’à dix
Quand j’étais enfant, mon père comptait toujours
jusqu’à dix à voix haute chaque fois qu’il était fâché contre mes sœurs ou moi.
C’était une méthode qu’il employait, à l’instar de nombreux parents, pour se
calmer avant de prendre uns décision (ou de nous flanquer une fessée).
J’ai
perfectionné cette stratégie en y incorporant le recours à la respiration.
Voici ce que je vous propose : quand vous sentez la moutarde vous monter
au nez, prenez une longue inspiration et comptez «un» mentalement. Puis
détendez votre corps dans l’expiration. Recommencez avec «deux», et ainsi de
suite jusqu’à dix au moins (si vous êtes vraiment en colère, allez jusqu’à
vingt-cinq).
Cela
revient à vous vider l’esprit grâce à une version abrégée d’un exercice de
méditation. La combinaison du décompte et de la respiration est si relaxante
qu’il vous sera presque impossible de rester en colère quand vous aurez fini.
La montée d’oxygène dans vos poumons et le temps écoulé entre votre poussée
d’adrénaline et la fin de l’exercice vous permettent de prendre le recul
nécessaire. Vos «montagnes» se réduisent en «taupinières». L’exercice est aussi
efficace contre le stress ou la panique. Recourez-y chaque fois que vous avez
l’impression de «perdre les pédales».
Et
d’ailleurs, c’est un moyen merveilleux d’occuper une minute – que vous soyez en
colère ou non. J’en ai fait une pratique quotidienne, pour le seul plaisir de
la détente.
~ Richard Carlson (Ne vous noyez pas dans un verre d’eau)
-------
Si nous mesurions la contraction de nos muscles,
nous serions assez navrés de constater à quel point nous sommes perpétuellement
tendus à cause des contrariétés que nous ne savons plus accepter – un vrai Far
West mental...!
Raideur de
la nuque
La colonne vertébrale est semblable à un creuset
dans lequel montent et descendent des ondes commandées par le cerveau. Si les
pensées qui les dirigent et les ordonnent sont harmonieuses, tout va bien. Mais
si l’agitation mentale survient, les pensées se mettent à bouillir et, comme l’eau
à 90° monte vers le couvercle,
les ondes vibratoires s’agitent et montent dans le haut de la colonne
vertébrale, fermée par la première cervicale (la Porte de Fer en acupuncture).
Quand une
foule compacte s’amasse dans la rue et devient dense, la police fait circuler,
la disperse et le calme revient.
Ces ondes
densifiées, peuvent être dispersées et redevenir fluides. Le cerveau de l’homme
a ce pouvoir comme on peut dénouer un bloc de ficelles embrouillées devenues
boule; il faut temps, patience et volonté. Celui qui souffre de la nuque doit
reconnaître qu’il a créé des fantasmes, des idées fausses, que son agitation
mentale a cru en un absolu qui n’existe pas; la soif d’une délivrance n’est pas
tarie par un désir mais par une action de la volonté. En reprenant une à une les
idées qui l’ont amené à cette raideur en effaçant mentalement leur existence,
en calmant l’agitation des pensées, lentement la souplesse reviendra... mais
cette action est difficile car elle est contraire aux pensées de celui qui a
raidi sa nuque.
Colère
Si les pensées s’irritent contre quelqu’un ou
quelque chose, elles s’aggolmèrent, grossissent, s’obscurcissent, perdant toute
mesure; elles d’amplifient comme une foule se rassemble et mobilise ses
énergies. Enfin, elles se manifestent par une colère qui éclate bruyamment ou
qui est retenue : alors la rage s’inhibe, c’est-à-dire tourne en rond à l’intérieur
de soi sans se manifester au dehors.
L’énergie
monte au foie et le «noue». Il est aussi mauvais de retenir une colère que de
la laisser éclater. Le bon sens demande de ne pas en faire naître : il
faut la tuer dans l’œuf quand elle est encore à l’état de germe en «évaporant»
la raison qui la provoque.
Ceci n’est
possible que si les pensées sont soigneusement contrôlées. Pensez au cavalier :
il sait que son cheval a peur des feuilles mortes de l’automne quand elles voltigent;
dès que cette saison-là arrive, il reste attentif au moindre sursaut de sa
monture, lui flattant l’encolure si c’est nécessaire et ne la laissant pas s’énerver.
Ce sont
toujours les mêmes choses ou les mêmes personnes qui provoquent en vous un
bouillonnement intérieur. Surveillez vos pensées, rassurez-les. «Ayez du
chagrin conseille la médecine chinoise et non la colère qui vous met «hors de
vous».
~ Marguerite De Surany (Pour une médecine de l’âme)
-------
Pensée du jour :
«Il est
plus facile de sortir de ses gonds que d’y entrer.»
~ Marcel
Achard
BONNE FIN D’ANNÉE
:-)
On parle davantage d’itinérance pendant les Fêtes –
entre autres parce qu’en hiver, il est plus difficile de fermer les yeux sur ce
visage de plus en plus omniprésent de la pauvreté.
Serge Lareault, après 20 ans de service à la
direction du magazine L'Itinéraire (qu'il a lui-même fondé), est maintenant
président de l'International Network of Street Papers (INSP) un réseau
international de journaux de rue.
Quelques propos notés (non textuels) à l’émission
Les Fêtes et rien d’autre (ICI R.-C.)
:
- Il y a un vingt ans, à Montréal, on évaluait le
nombre d’itinérants à environ 15 000 et
maintenant à environ de 30 000. Et, c’est la même chose dans toutes les grandes villes du monde. C’est difficile à évaluer
bien sûr, et en plus, le problème a gagné du terrain à la grandeur du Québec.
- À l’époque, il était plus facile d’aider les
itinérants à réintégrer la société. Mais aujourd’hui, en raison de
l’accessibilité à des drogues plus fortes qui provoquent des psychoses et des
dommages irréversibles au cerveau, la maladie mentale devient un grand obstacle
à la réintégration sociale. Il faut ajouter à cela le manque de ressources, la
situation économique et l’austérité.
- Il y a vingt ans les sans-abri avaient
entre 30 et 40 ans. Aujourd’hui 50% des jeunes décrocheurs qui n’ont pas
terminé leur secondaire 5 se retrouvent dans la rue.
- Et puis, s’ajoutent maintenant les personnes
vieillissantes, c’est-à-dire dans la soixantaine. Ces gens-là ont travaillé
toute leur vie au salaire minimum – travail précaire, petits boulots – et
contribué à la société. Mais, il est impossible d’avoir un fonds de retraire et
d’accumuler des économies au salaire minimum. Quand ils perdent leur emploi à
cet âge-là, ils n’ont plus rien devant eux. Ils se retrouvent donc en perte
totale de repères et incapables de se payer un logement. Dépression, désespoir,
maladie mentale et itinérance s’ensuivent. Il y a un manque flagrant de
logements sociaux pour les personnes âgées. Le gouvernement a promis 500
nouveaux logements sociaux à l’échelle du Québec – 25 000 personnes sont en
attente de logement social, à Montréal seulement...
Photographe : Mikaël. En cherchant une photo d’itinérant, je suis tombée
sur un reportage au sujet d'un formidable projet de
sensibilisation aux «Humains de la rue». Plusieurs photos incluent un résumé biographique, comme celle-ci. Une qualité de photographie impeccable.
Site officiel – à visiter! http://humansofthestreet.tumblr.com/
(défilez vers le bas en page d'ouverture pour les photos et commentaires)
Un portrait
des itinérants montréalais par Humans of the street
Par Sandrine Vincent (Nightlife.ca, septembre 2014)
Humans of the street est un tout
nouveau projet lancé par Portrait de
Montréal. Captant des portraits intimes d'itinérants montréalais. Mikaël,
photographe du projet, nous plonge au coeur de cette initiative, et lève les
voiles sur le quotidien des gens que l'on croise chaque jour, sans les voir.
D'où vient
le projet Humans of the street?
«Humans of
the Street a pour mission de changer le regard que l'on porte sur les
itinérants, en permettant aux Montréalais de découvrir leurs histoires», nous
explique Mikaël. Nous avons depuis le début partagé des portraits d'itinérants
sur Portraits de Montréal, et nous avons vite réalisé que ces portraits
obtenaient généralement plus de succès que les autres. Les gens étaient
toujours surpris de découvrir les histoires, souvent touchantes, des gens que
beaucoup ne prennent même pas le temps de regarder dans la rue. Beaucoup de
gens nous disaient également reconnaître tel ou tel itinérant, et que, suite à
la découverte de leur histoire, ils prendraient le temps de les saluer la
prochaine fois qu'ils les croiseraient.»
«Nous sentions donc que nous avions le potentiel
de changer le comportement des gens face à l'itinérance, et avons décidé
d'aller un peu plus loin. Nous avons regroupé tous les portraits d'itinérants
sur une même plateforme - Humans of the
street -, et avons commencé à réaliser des portraits plus en profondeur.
Nous voulions également donner aux gens les moyens d'aider ces itinérants, en
leur listant exactement les choses qu'ils pouvaient faire pour leur rendre la
vie plus facile : comment ils boivent leur café, ce qu'ils aiment manger, les
vêtements dont ils ont besoin, etc.»
Quelle a
été la réaction initiale des participants du projet lorsque vous les avez
approchés avec la caméra?
«Très bonne. C'est avec David et Diamond que le
projet a vraiment commencé. David a été très réceptif à l'idée, et était très
reconnaissant du fait qu'on veuille faire une différence dans la vie des
itinérants. Il était également très heureux de pouvoir contribuer à faire
évoluer le regard des gens sur les itinérants.
Depuis
que nous l'avons rencontré, nous sommes restés en contact quasi quotidien avec
David, nous sommes en voie de lui trouver un appartement. Nous allons réaliser
une vidéo avec lui, et organiser une levée de fonds participative pour l'aider
à sortir de la rue.»
Moment/rencontre
mémorable?
«Chaque rencontre avec un itinérant est mémorable,
mais à date la plus forte rencontre est celle avec David et Diamond. David a un
véritable coeur d'or, c'est un homme extraordinaire, d'une force de caractère
incroyable. Nous l'avons même invité à passer une nuit chez nous, comme la
température est fortement tombée ces derniers jours.»
Quelle(s)
leçon(s) faut-il en tirer?
«Nous aimerions surtout dire aux gens de ne pas
ignorer les itinérants. Ne pas avoir de change à leur donner c'est correct,
mais faire comme si on ne les voyait ou ne les entendait même pas, ce n'est pas
une manière de traiter un être humain. Prenez le temps ne serait-ce qu'une fois
de payer un café ou un burger à un itinérant, et de discuter avec lui quelques
minutes : vous ressortirez plus grand et plus riche de cette expérience.»
http://www.nightlife.ca/2014/09/15/un-portrait-des-itinerants-montrealais-par-humans-street
Tout comme en matière de solitude ou de sexualité,
l’itinérance (ou le nomadisme) peut être délibérément choisie à cause de tendances psychologiques personnelles ou imposée par divers facteurs
psychosociaux, socioéconomiques, etc.
Il reste que vu de l’extérieur, l’alcool et la
drogue semblent aller main dans la main avec l’itinérance. Et dans bien des
cas, je suppose qu’il est difficile de savoir ce qui vient en premier (la poule
ou l’œuf?). Dans le milieu des affaires, par exemple, on trouve pas mal d’alcooliques
et de drogués «fonctionnels» qui ne finiront probablement pas itinérants. Il y
a aussi la catégorie des rebelles notoires tels que Jack Kerouac. L’alcool a fini
par le tuer. Quand même dommage. Mais, c’est un phénomène courant chez de
nombreux créateurs, artistes, écrivains, etc. Dans cette veine :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2014/12/prenez-un-taxi.html
C’est comme si les humains cherchaient à fuir la
réalité physique de toutes les manières possibles, de par une sorte de répulsion
innée, inconsciente, et incurable. Enfin, c’est mon impression...
Je suis en train de relire On The Road, en français cette fois. Avec les années de recul, ma
perception a un peu changé... Superficiellement on peut n’y voir que
nomadisme, sexe et drogues, mais cette narration poétique est tellement plus
que ça. Et puis, elle est intemporelle car si les décors ont changé, le mal de vivre et la quête de liberté sous-jacents au récit sont toujours actuels.
Les
Clochards célestes fait suite à Sur
la route, et réfère à ce qui fut appelé la «Renaissance poétique» de San
Francisco. «Dans ce nouveau roman, Jack Kerouac se sépare du mouvement «bohème»
de la Beat Generation et conduit ses
lecteurs vers une conception «de la compassion consciente et continue» et vers
une trêve paisible dans la compréhension du paradoxe de l’existence.»
Les clochards célestes (The Dharma Bums; Viking Press, 1958)
KEROUAC Sur la route et autres romans; Éditions
QUARTO GALLIMARD, 2003
Extraits
Sans bourse délier, je quittai Los Angeles sur un
coup de midi, caché dans un train de marchandises, par une belle journée de la
fin septembre 1955. Étendu sur une plate-forme roulante, mon sac sous la nuque,
les genoux croisés haut, je me laissai absorber par la contemplation des nuages
tandis que le convoi roulait vers le Nord. L’omnibus qui m’emportait me
permettrait d’arriver avant la nuit à Santa Barbara où je me proposais de
dormir sur la plage. Le lendemain matin, un autre omnibus m’emmènerait jusqu’à
San Luis Obispo, ou bien le rapide de marchandises me déposerait à San
Francisco à sept heures du soir. Quelque part du côté de Camarillo, où Charlie
Parker était allé se reposer après être devenu dingue et où il avait retrouvé
la raison, un vieux clochard rabougri grimpa sur la plate-forme juste au moment
où notre convoi se rangeait sur une voie de garage pour laisser passer un autre
train. Le petit homme parut surpris de me voir mais il alla s’installer dans un
coin, à l’autre bout du wagon. Là, il s’étendit de tout son long, en me
regardant sans rien dire, la tête posée sur son misérable balluchon. La
locomotive siffla plusieurs fois de toute sa vapeur après le passage du grand
train de marchandises, lancé vers l’Est en ouragan, sur la voie principale, et
nous repartîmes. L’air devenait frais et la mer nous envoyait déjà des souffles
de brume par-dessus les chaudes vallées de la côte. Le petit vieux et moi
tentions inutilement de nous blottir contre l’acier froid de notre véhicule; il
fallut nous lever et marcher de long en large pour nous réchauffer. Chacun dans
notre coin, nous sautions sur place en battant des bras, mais très vite, le
train se rangea de nouveau sur une autre voie de garage, à proximité d’une
petite gare et je jugeai qu’un litron de rouge me serait indispensable pour
gagner Santa Barbara. «Pouvez-vous garder mon sac pendant que je vais acheter
une bouteille de vin?»
-- Pour sûr.»
Je sautai par-dessus le rebord du wagon et
traversai au pas de course la Route 101. Dans une boutique, j’achetai le vin,
un peu de pain et des sucreries. Je regagnai à toutes jambes mon train de
marchandises qui baignait maintenant dans une grande flaque de soleil chaud où
nous passâmes encore un quart d’heure avant de repartir. Mais le soir tombait
déjà et le temps commencerait bientôt à fraîchir. Le petit vieux était assis en
tailleur dans un coin, devant le maigre contenu d’une boîte de sardines qui
composait tout le menu de son dîner. Il faisait vraiment pitié. Je me rapprochai
donc pour lui demander : «Vous ne voulez pas un peu de vin? Ça vous
réchauffera. Peut-être bien que vous mangerez aussi un peu de pain et de
fromage avec vos sardines?»
-- Pour sûr.» On aurait dit qu’il tirait chaque
son des profondeurs de son corps. Il avait une petite voix grêle qui semblait
sortir d’une boîte à musique, comme celle d’un homme mal assuré ou qui n’ose
pas élever le ton. J’avais acheté le fromage trois jours plus tôt, à Mexico,
avant d’entreprendre le long voyage de trois mille kilomètres, jusqu’à la
frontière américains, dans des autocars peu dispendieux, qui allaient me
ramener à El Paso par Zacatecas, Durango et Chihuahua. Il mangea le pain et le
fromage, en buvant du vin, avec plaisir et gratitude. J’étais content. Je me
rappelais le passage du Sutra du Diamant
où il est dit : «Fais la charité sans aucune arrière-pensée charitable, car
la charité n’est qu’un mot.» J’étais pratiquant, à cette époque-là, et
remplissais mes devoirs religieux avec une rigueur proche de la perfection.
Depuis lors, je suis devenu un peu hypocrite quant à la dévotion, un peu
désabusé et cynique. Je me sens vieilli et indifférent... mais en ce temps-là
je croyais vraiment à l’existence la charité, de la bonté, de l’humilité, de la
ferveur, du détachement qui procure la paix, de la sagesse, de l’extase, et je
me croyais un vieux bhikkhu des anciens temps sous ma défroque moderne, errant
de par le monde (généralement à l’intérieur du vaste triangle délimité par New
York, San Francisco et Mexico), afin de tourner la roue de la Véritable
Signification, ou du Dharma, pour accumuler les mérites qui feraient de moi un
futur Bouddha (Instrument du Réveil) et un futur héros du paradis. Je ne
connaissais pas encore Japhy Ryder que j’allais rencontrer la semaine suivante
et ignorais tout des «clochards célestes» alors que j’en étais un moi-même,
dans toute l’acception du terme, et me considérais comme un pèlerin errant. Le
petit vieux du train renforça toutes mes croyances lorsque la boisson l’eut
rendu loquace et qu’il fit jaillir de je ne sais où un bout de papier où l’on
pouvait lire une prière de sainte Thérèse : elle y annonçait qu’après sa
mort, elle reviendrait ici-bas, sous la forme d’une pluie de roses éternelles,
arrosant du haut du ciel toutes les créatures vivantes.
Je demandai au petit vieux : «Où avez-vous eu
ça?
-- Oh! je l’ai découpé dans un magazine de la
salle d’attente, à Los Angeles, il y a bien deux ans. Je l’emporte toujours
avec moi.
-- Et vous le lisez en brûlant le dur, comme ça,
dans les fourgons?
-- Presque tous les jours.» Il n’en dit pas
beaucoup plus long et ne commenta pas davantage la prière de saint Thérèse. Il
se montra très discret sur sa religion et sur sa vie privée. C’était l’un de
ces vieux clochards rabougris et tranquilles qui n’attirent pas beaucoup
l’attention – pas plus dans les bas-fonds que dans les beaux quartiers. Si un
flic leur dit de circuler, ils obtempèrent et disparaissent, et si les gardiens
de nuit font une ronde dans les entrepôts, d’une grande gare au moment où un
train de marchandises s’ébranle, il y a des chances pour qu’ils ne voient guère
l’un de ces petits vieux cachés parmi les buissons et sautant d’un bond dans
l’ombre d’un wagon. Quand je lui dis que je pensais me glisser dans le rapide,
la nuit suivante, il demanda : «Vous voulez dire le Fantôme de
minuit?
-- C’est comme ça que vous appelez le Zipper?
-- Sûr que vous avez travaillé dans ce train?
-- Oui, j’étais serre-freins sur le réseau de la
Sud-Pacifique.
-- Eh bien, nous autres, clochards, on l’appelle
le Fantôme de minuit, parce qu’on peut sauter dedans à Los Angeles et se retrouver
le lendemain matin à San Francisco sans que personne ne vous ait aperçu tant ce
machin va vite.
-- Cent vingt-cinq à l’heure dans les lignes
droites, vieux père.
-- Sûr; et même qu’il fait drôlement froid, la
nuit, à cette allure-là, quand on remonte le long de la côte vers Gavioty avant
de contourner le Surf.
-- Et après le Surf, il redescend par la montagne
jusqu’à Margarita. Bien des fois j’ai fait le trajet sur ce train-là.
-- Ça fait combien de temps que vous n’êtes pas
rentré chez vous?
-- Trop longtemps pour que je me rappelle. C’est
de l’Ohio que je viens.»
Mais le train repartait et le vent redevint froid.
Il y avait de nouveau de la brume. Pendant une heure et demie environ notre
seul souci fut de maîtriser nos frissons et le tremblement bruant de nos
mâchoires. Je me recueillis dans mon coin pour méditer sur la chaleur, la
grande chaleur divine, ce qui m’aidait à lutter contre le froid. Puis je me
remis debout pour battre des bras et trépigner tout mon soûl en chantant à
tue-tête. Il resta étendu, à ruminer ses pensées avec une moue amère et
désabusée. Je claquais des dents et mes lèvres étaient bleues. Dans le noir,
nous aperçûmes avec soulagement se dessiner les contours des montagnes de Santa
Barbara; peu après, le train s’arrêta. Nous pûmes enfin nous réchauffer dans la
nuit chaude et étoilée qui enveloppait maintenant la voie.
Je souhaitai bonne chance au petit vieux de sainte
Thérèse et nous sautâmes à bas du wagon devant le passage à niveau. Je m’en
allai vers la plage, où je pensais dormir sous mes couvertures, dans un endroit
écarté, au pied de la falaise; les flics ne m’y découvriraient pas pour m’en
déloger.
(...)
Le petit vieux de saint Thérèse fut le premier
vrai représentant des « clochards célestes » que je rencontrai. Le
second, Japhy Ryder, fut le plus important d’entre eux. Ce fut même lui qui
imagina de donner ce nom aux membres de la corporation. Japhy Ryder était un
garçon de l’est de l’Oregon, élevé dans une cabane perdue au fond des bois,
avec son père, sa mère et sa sœur; il avait toujours vécu en forestier, la
hache sur l’épaule, en terrien profondément intéressé par les animaux et les
traditions indiennes, de sorte qu’en se retrouvant, par un curieux concours de
circonstances, sur les bancs de l’université, il était tout prêt à se
spécialiser dans l’anthropologie et la mythologie indiennes. Finalement, il
apprit le chinois et le japonais, devint un orientaliste érudit et découvrit
l’existence des plus grands clochards célestes – les Fous du Zen de la Chine et
du Japon. Comme c’était en même temps un vrai garçon du Nord-Ouest, plein
d’idéal, il se passionna pour les mouvements ouvriers anarchisants du début du
siècle – comme les syndicats IWW («Industrial Workers of the World») – et
apprit à jouer de la guitare. Cela lui permit entre autres, de chanter en
s’accompagnant lui-même les vieux hymnes ouvriers qu’il ajouta à son répertoire
de chansons indiennes. (...) La première fois que je le vis (...) Japhy était
en train de descendre cette longue rue où passe le curieux funiculaire de San
Francisco. Son petit sac à dos était bourré de livres, de brosses à dents, et
de je ne sais quoi d’autre encore, le tout constituant son «couche-en-ville»; ce qui ne l’empêchait pas de traîner en outre
un grand paquetage avec sac de couchage, poncho et batterie de cuisine. Il
portait une barbiche qui, avec ses yeux verts un peu en amende, lui conférait
un air vaguement oriental, mais il ne faisait pas penser à un bohémien malgré
tout (en fait, il était beaucoup moins un bohémien qu’une sorte d’amateur
d’art). Il était maigre, tanné par le soleil, vigoureux et ouvert, plein de
faconde joviale, saluant à grands cris les clochards qu’il croisait et
répondant aux questions qu’on lui posait avec une vivacité telle qu’on ne
savait si c’était instinct ou raison, mais toujours avec brio et esprit.
«Où as-tu pêché Ray Smith? lui cria-t-on tandis
que nous entrions à The Place, le bar favori des amateurs de jazz de la Plage.
-- Oh! je rencontre toujours mes Bodhisattvas dans
la rue », glapit-il, et il commanda de la bière.
Ce fut une nuit mémorable, une nuit historique à
plus d’un titre. Lui et quelques autres poètes (il écrivait aussi des vers et traduisait
des poèmes chinois et japonais en anglais) devaient lire des textes à la
Galerie Six, en ville. Ils s’étaient donné rendez-vous au bar pour se mettre en
forme. Mais tandis que tous prenaient place ou déambulaient ça et là, je vis
qu’il était le seul à ne pas avoir l’air d’un poète – encore qu’il le fût
indiscutablement. Les autres étaient des zazous intellectuels, binoclards (...).
Mais Japhy portait des vêtements de travailleur manuel, achetés d’occasion dans
une coopérative et qui lui permettaient d’escalader sans souci un sommet, de
marcher le long des routes et de s’asseoir par terre, la nuit devant le feu de
camp, au cours de ses randonnées le long de la côte. (...)
... Mais je ne pourrais répéter, même en
m’appliquant, les traits d’esprit de Japhy, ses commentaires et ses gloses qui
me tinrent sur des charbons ardents toute la soirée et finalement troublèrent
mes pensées de cristal au point de modifier mes projets d’avenir.
Quoiqu’il en soit, je suivis la meute hurlante des
poètes jusqu’à la Galerie Six où devait avoir lieu la lecture, ce soir-là qui
marqua, entre autres choses importantes, le première manifestation de la
renaissance poétique de San Francisco. Tout le monde était présent. Ce fut une
nuit de folie.
... Japhy habitait sa propre bicoque :
beaucoup plus petite que la nôtre (quatre mètres sur quatre), elle ne contenait
rien qui ne fût révélateur des idées du propriétaire sur les vertus d’une
simplicité monastique. Pas de chaises du tout, même pas de rocking-chair. Seulement
quelques nattes. (...) Il avait un tas de caisses à oranges, pleines de beaux
livres d’érudits, certains écrits dans des langues orientales (notamment tous
les sutras et leurs commentaires, les œuvres complètes de D. T. Suzuki et une
belle édition en quatre volumes de haïkus japonais). (...) Lorsque j’allais le
voir, dans la soirée, il était installé à cette table [des caisses à oranges transformées en table], une paisible tasse de thé fumant à
côté de lui, studieusement penché sur les idéogrammes du poète chinois Han
Shan. (...) Je n’avais jamais contemplé de spectacle plus paisible.
***
Bref, nous ne savons jamais à qui nous avons
affaire, tant dans le contexte social «normal» que dans celui de l’itinérance. Vous
croyez rencontrer un paumé? C’est peut-être un génie!
«La vie même va et vient, tel un métier à tisser.
De puissants sentiments d’insatisfaction ou d’échec, le désir implicite de nous
échapper, le sentiment que tout est fini ne sont peut-être que les échos d’un
courant beaucoup plus profond qui entre et sort de notre vie.
L’intimité
de l’âme nous demande d’imaginer que nos relations familiales, amicales ou
amoureuses revêtent des proportions cosmiques. Cette perspective grandiose n’enlève
rien aux valeurs et émotions personnelles. Au contraire, elle les enracine pour
les rendre plus robustes. Si une relation était un moyen de défense contre le
mystère de la vie qui gît au plus profond de chacun de nous, contre le destin
et la fatalité, elle n’aurait guère de chances. Si nos engagements et nos
espoirs, notre colère et notre exaspération étaient les moyens de dominer l’âme
toujours mouvante d’un autre être ou d’un groupe, ils n’auraient rien de sacré
et ne seraient plus que des moyens narcissiques de défense.
Le
paradoxe final exige de nous, si nous souhaitons allumer les feux de l’intimité,
que nous honorions l’âme de l’autre. (...) Nos relations intimes s’étendent au
monde qui nous entoure et le protègent afin que nos désirs d’union, étroitement
liés aux fils de l’âme qui se tendent bien au-delà des mortels, empêchent l’univers
de se désintégrer.»
~ Thomas
Moore (Les âmes sœurs; Le Jour,
éditeur)
Sublimissime moment d’intimité entre des âmes
de même fréquence. Accord parfait.
NO ONE BUT YOU
Where
is your love?
Who
are you (...?) love?
Your
babies aren't born
Their
mother won't return
The
torch you're trying to carry burns
for no one but you
Play
us a song
Show
us that we belong
Our
lovers nod their heads
They'll
never tell our kids
They
wish they'd had the life you've lived
for no one but you
’Cause
when it's time to go
You'll
have so many things to show
To
no one but you
The Goat Rodeo Sessions 2011
Yo-Yo Ma, Stuart Duncan, Edgar
Meyer, Chris Thile
Aoife O'Donovan (vocalist)
COMMENTAIRE
Dans son message de Noël, M. Harper invitait les Canadiens à «songer avec gratitude et confiance aux
militaires courageux qui servent en uniforme au péril de leur vie».
Curieusement, c'est ce qui m'a fait penser à cette chanson, notamment :
The
torch you're trying to carry burns for... no one but you ...
when
it's time to go, you'll have so many things to show to... no one but you.
Le
flambeau que tu essaies de porter ne brûle... pour personne d’autre que toi ...
quand viendra le temps de partir, tu auras tant de
choses à montrer... à personne d’autre que toi.
Après avoir abondamment exposé certains aspects «négatifs»
des Fêtes (mercantilisme, sentiment d’obligation, etc.), je me tourne vers la
lumière (comme les plantes dans mes fenêtres), surtout qu’on en manque dans
notre hémisphère nord.
Le Winter
light Festival du parc Nabana no Sato (île Nagashima, Japon) semble assez
fabuleux. Entre novembre et mars, le festival de fleurs de la saison estivale se
transforme en festival de lumières – 7 millions d’ampoules LED encastrées dans
des imitations de bulbes de fleurs! Une grande partie du jardin est alimenté en
électricité par des panneaux solaires. En tout cas, les photos sont fantastiques.
Photo : Hiroshi Kano. En 2013, le Mont Fuji était
à l’honneur puisqu’il fut inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Photo : Akira
Photo : André Sato
Plus de photos :
http://www.incrediblesnaps.com/amazing-winter-light-festival-in-japan
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Dans le domaine de l’architecture lumineuse, les forêts
de lumière (Forest of Light) de Bruce
Munro me font penser aux forêts enchantées dont je rêvais en lisant des contes
de fées.
Design :
Bruce Munro, Longwood Gardens, Pennsylvanie
Design : Bruce Munro – une deuxième vie (lumineuse)
pour nos bouteilles?
Il ne me reste qu’à vous souhaiter beaucoup de
lumière, de joie et d’amour durant cette période de festivité.
(Light painting) N’oubliez pas
d’allumer votre cœur... mais sans vous mettre de pression supplémentaire si le courant baisse à cause du verglas :-)
Et, pourquoi ne pas relire les préceptes de Ryôkan
avant d’aller à un party.
Ou offrir une photocopie en cadeau à chaque invité
– si vous en avez l’audace :-)
Ne pas trop parler.
Ne pas parler vite.
Ne pas parler fort.
Ne pas donner son avis quand il n’est pas
sollicité.
Ne pas couper la parole…
Ne pas dire le contraire de ce que l’on pense.
Ne pas prendre la parole avant que l’autre ait
terminé sa phrase.
Adapter les propos à la situation.
Ne pas parler de raison à quelqu’un qui est ivre.
Ne pas parler de raison quand soi-même, on est
ivre.
Ne pas parler de raison à un homme en colère.
Ne parler de raison quand on est soi-même en
colère.
Ne pas insister sur les détails.
Ne pas parler en exigeant.
Ne pas dévoiler ce qu’un autre veut cacher.
Ne pas faire de demi-plaisanteries.
Ne pas taquiner à la légère.
Ne pas surestimer quelqu’un.
Ne pas répondre à quelqu’un sans bien comprendre
ce qu’il veut dire.
Ne pas aborder des sujets de querelles.
Ne pas parler de sujets politiques.
Ne pas tromper un enfant.
Ne pas faire de leçons savantes à un enfant.
Ne pas parler longtemps sans raison.
Ne pas prendre plaisir à utiliser un mot dont on
n’a pas complètement compris le sens.
Ne pas parler avec mystère.
Ne pas tenir des propos inutiles.
Ne pas dire de mal d’autrui.
S’abstenir de propos pas vraiment utiles.
Il est difficile d’écouter avec attention la
réponse d’autrui.
Il est difficile d’exprimer quelque chose dans sa
totalité.
Il faut savoir extraire les aspects nécessaires et
faire un résumé.
Ne pas revenir sans cesse sur quelque chose que
l’on a irrémédiablement perdu.
Ne pas parler de ses exploits.
Ne pas se glorifier de ses succès.
Ne pas développer des choses sans importance en
sachant qu’elles sont sans importance.
Ne pas dire à quelqu’un quelque chose qu’il lui
est insupportable d’entendre.
Ne pas lui dire des choses qu’il n’aime pas
entendre.
Ne pas dire quelque chose sans tenir compte de
l’état émotionnel de l’autre.
Ne pas parler à haute voix auprès de quelqu’un qui
dort.
Ne pas faire semblant de tout savoir.
Ne pas forcer quelqu’un à écouter son propre avis.
Ne parler pas de sujets religieux impunément.
Ne pas abuser de paroles pour demander un service
à quelqu’un mais dire juste ce qui est nécessaire.
Ne pas tenir tête.
Ne pas user de flatteries.
Ne pas faire de reproches avant d’avoir fait le
tour de la question.
Ne pas faire facilement des promesses car l’on
risque de manquer à sa parole.
Ne pas tenir de propos licencieux.
Ne pas aborder un nouveau sujet alors que l’on n’a
pas fini de traiter le premier.
Ne pas dire à l’un ce que l’on veut dire à
l’autre.
Parler sous le couvert de la gentillesse peut se
transformer en rancune.
Ne pas médire dans le dos de quelqu’un mais lui
dire en face, ce que l’on pense.
Ne pas parler de quelqu’un d’un sujet qu’il ne
connait pas.
Sous le couvert du savoir, dire des choses que
l’on ne sait pas.
Dire tous les mots qui expriment le regret est
regrettable.
Ne pas revenir sur des paroles déjà dites.
Ne pas se confondre en amabilités.
Ne pas dire à quelqu’un ce qui n’est pas
convenable pour lui.
~ Daigu Ryôkan (1758-1831)
(Ces conseils donnés par Ryôkan à ses
contemporains ont traversé le temps au Japon, on trouve encore parfois ces
préceptes affichés dans les demeures.
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Source :
Contes Zen
Ryôkan Le
moine au cœur d’enfant
Traduction du japonais et composition par Claire
S. Fontaine
Le Courrier du livre; 2001
Je lisais ce qui suit en me disant que j’avais
encore pas mal de croutes à manger en
matière de sagesse. Aïe.
---
Signes certains qu'un homme fait du progrès dans
l'étude de la sagesse : il ne blâme personne, il ne loue personne, il ne se
plaint de personne, il n'accuse personne, il ne parle point de lui comme s'il
était quelque chose ou qu'il sût quelque chose.
Quand il
trouve quelque obstacle ou quelque empêchement à ce qu'il veut, il ne s'en prend
qu’à lui-même. Si quelqu'un le loue, il se moque en secret de ce louangeur, et,
si on le reprend, il ne cherche pas à se justifier; mais, comme les
convalescents, il se tâte et s'observe, de peur de troubler et de déranger
quelque chose dans ce commencement de guérison, avant que sa santé soit
entièrement fortifiée.
Il a
supprimé en lui tout désir, et il a transporté toutes ses aversions sur les
seules choses qui sont contre la nature de ce qui dépend de nous. Il n'a pour
toutes choses que des mouvements peu empressés et soumis. Si on le traite de
simple et d'ignorant, il ne s'en met pas en peine. En un mot, il est toujours
en garde contre lui-même comme contre un homme qui lui tend continuellement des
pièges et qui est son plus dangereux ennemi. (Manuel)
-- Je compose de beaux dialogues, je fais de bons
livres.
-- Eh! mon ami, montre-moi plutôt que tu domptes
tes passions, que tu règles tes désirs, et que tu suis la vérité dans tes
opinions. Assure-moi que tu ne crains ni la prison, ni l'exil, ni la douleur,
ni la pauvreté, ni la mort. Sans cela, quelques beaux livres que tu fasses,
sois bien persuadé que tu n'es encore qu'un ignorant. (Entretiens)
~
Épictète
---
La véritable indulgence consiste à comprendre et à
pardonner les fautes qu'on ne serait pas capable de commettre.
~
Victor Hugo (Philosophie prose)
---
Si Dieu existe, alors qu'il arrête de faire la grève.
~ Agust
---
Le Dieu des chrétiens est un père qui fait grand
cas de ses pommes, et fort peu de ses enfants.
~ Denis
Diderot
Le pauvre homme devait être tellement heureux! Oh
que ça me touche.
Retrouvailles
Un homme de la Californie qui croyait avoir tout
perdu lors d’une importante tempête la semaine dernière, a finalement retrouvé
son chien quelques heures plus tard. Après avoir été emporté par les vagues,
l’animal a dû nager dans le noir pour retrouver son maître.
Steve Alioto vivait avec son chien, sur un bateau
ancré en bordure d’une baie, à Sausalito. Lors de la tempête, l’homme n’était
pas chez lui. C’est donc à son retour, qu’il a réalisé, horrifié, que son
bateau avait été emporté par les vagues, avec son plus fidèle compagnon, Daisy.
Par chance, la chienne n’a pas été blessée lorsque
la tempête a frappé. Elle a toutefois dû nager 2,4 kilomètres dans la noirceur totale
afin de rejoindre la rive. Elle s’est par la suite rendue à l’église, où elle
et son maître se rendent régulièrement pour la soupe populaire. C’est à cet
endroit que les deux amis se sont retrouvés!
(Via : Météo Média, 19.12.14)
En complément
Les chiens réagissent
au langage humain
de la même manière que nous
Il semble que les chiens comprennent beaucoup plus
que ce qu’on croyait jusqu’à maintenant. Selon une nouvelle étude, les chiens ne réagissent
pas uniquement à ce que nous disons, mais ils sont également très attentifs à notre
manière de les exprimer. Le plus curieux c'est que l'humain traite le processus du langage
de façon tout à fait similaire.
En mode d'écoute, le cerveau humain ne réagit pas
uniquement aux mots entendus. Différents stimuli auditifs et visuels, tels que le
ton (l'émotion dans la voix) et certaines informations identitaires – sexe, âge, etc. – entrent en ligne de compte.
Le cerveau humain est capable de percevoir ces stimuli, et de distinguer et traiter
séparément les divers composants du langage humain.
Des chercheurs en psychologie de
l'Université de Sussex ont constaté que le cerveau du chien a la même capacité de
traiter les différents composants du langage et donc de réagir à la fois aux
signaux verbaux et non verbaux de l’information.
«Bien que notre recherche ne nous permet pas
encore de savoir comment les chiens comprennent l'information, nous pouvons affirmer
qu'ils réagissent à la fois aux mots et aux informations connexes, et
que ces composants semblent être traités dans les différentes zones de leur cerveau», dit la co-auteure de l'étude Victoria Ratcliffe de l’Université de
Sussex.
On avait précédemment établi que les animaux (tout
comme les humains) utilisaient indistinctement l’hémisphère gauche ou droit
pour écouter les sons produits par leur espèce. Cette fois, la recherche visait
à déterminer si les animaux – les animaux domestiques en particulier – réagissaient
de la même façon aux composants du langage humain.
Pour ce faire, on a placé les chiens entre deux
haut-parleurs diffusant simultanément la voix humaine et un autre son.
Les chercheurs notaient leurs mouvements de tête. Ce faisant, on a constaté que les chiens avaient
tendance à réagir aux commandes verbales avec leur hémisphère gauche, alors qu’ils
traitaient le ton de voix et les signaux non verbaux avec leur hémisphère droit.
Le plus intéressant dans tout cela, c'est que le cerveau humain réagit au
discours exactement de la même manière.
Les auteurs de l'étude suggèrent que les chiens
ont développé leurs aptitudes d'écoute à la suite de la domestication. Pour
confirmer cette hypothèse, il sera nécessaire de poursuivre les recherches avec
d'autres espèces d'animaux domestiques tels que les chevaux, ainsi qu'avec des
canidés non-domestiqués tels que les loups.
Donc, sachez que votre chien ne peut peut-être pas
comprendre et réagir à tout ce que vous lui dites (les mots), mais soyez assuré qu’il vous
écoute et qu’il est très attentif à ce que vous transmettez parallèlement.
~ Anna Lemind http://themindunleashed.org/
La véritable
indépendance consiste à dépendre de qui on veut.
~
San-Antonio (Les pensées de San-Antonio)
J’ai publié plusieurs messages au sujet des engagements
«festifs» parce que je rencontre des gens qui se sentent plus coincés et frustrés
que joyeux. Je leur demande «pourquoi y vas-tu, si t’as pas envie?» La réponse
est toujours la même : «j’ai pas le choix.»
Par ailleurs, la crainte de manquer un party, un
événement, etc., peut aussi faire en sorte qu’on accepte n’importe quelle
invitation, même en sachant que ce sera désagréable. Cette peur-là est habituellement
couplée à la peur d’être seul.
Célébrer n’est pas un job ou une obligation, et percevoir
les fêtes ainsi est totalement antinomique. J’aime fêter, mais pas avec un
mélimélo de gens qui ne matchent pas (1). Le but étant que ce soit agréable et
joyeux, je célèbre avec des personnes enjouées, spontanées, qui ont le sens de
l’humour et aiment s’amuser, mais qui se comportent en adultes responsables.
Alors j’insiste, en me disant que si quelqu’un a
besoin d’un coup de pouce libérateur, il le trouvera peut-être ici. On a le
droit de choisir, de se choisir, et
même de choisir ceux qu’on aime (2).
Les cadeaux
Plusieurs semblent toujours croire que «plus»
c’est mieux. Sinon les centres d’achat et les boutiques ne seraient pas aussi
bondés. Plus de cadeaux, plus de réceptions, plus d’activités. La pression
mercantile atteint son maximum en cette période. La suggestion psychologique est
simple : prouvez votre amour en offrant des cadeaux plus gros, plus
performants, plus dispendieux, etc. Les vendeurs poussent fort car la
compétition est féroce. Certains éprouvent de la culpabilité s’ils sont
incapables de donner autant qu’avant (restriction oblige), et ont malheureusement
l’impression de ne pas être à la hauteur.
Les objets peuvent être des symboles d’affection, certes,
mais le don de soi parle plus fort. Il est rare qu’une personne ne soit pas
touchée par un présent qu’on a choisi intuitivement car cela reflète notre
intérêt pour sa personnalité et ses goûts (le prix n’a aucune importance). La
sélection intuitive marche aussi pour les cadeaux «obligés» (parenté, collègues,
etc.); c’est un défi plutôt ludique.
La
nostalgie
Le temps des Fêtes peut éveiller nostalgie, tristesse et regrets. D’ailleurs l’industrie joue
beaucoup avec les émotions et donne souvent dans la pub à l’eau de rose – images,
vidéos, chansons «ah, ces bons vieux Noëls d’antan». On va même jusqu’à «humaniser»
les objets. Ces concepts font partie du conditionnement saisonnier. On n’y voit
que du feu (des petites lumières et des sapins), et l’on se concentre sur les bons souvenirs – ce qui n’est pas
mauvais en soi. Mais il peut aussi être difficile d’oublier la famille
dysfonctionnelle, avec ses mauvais
buveurs, ses conflits et ses jeux de pouvoir entre frères/sœurs/conjoints, et
la compétition entre les rejetons. Certains s’évertuent pourtant à reproduire
des réveillons traditionnels qui ne signifient plus rien pour eux. D’autres espèrent
créer les Fêtes de rêve qu’ils n’ont
pas vécues dans leur enfance.
Conclusion
Essayons d’être conscients de la pression
médiatique. Si nous n’avons pas envie de célébrer à l’ancienne et/ou en famille,
disons-le gentiment (3). Osons faire les choses différemment. Comme pour les
cadeaux, suivons notre intuition. Choisissons de célébrer avec des personnes
que nous apprécions et aimons profondément – privilégions la qualité plutôt que la quantité. Ne craignons pas de laisser
tomber les choses qui ne nous servent plus, non pas avec un sentiment d’échec
ou de défaite, mais avec un sentiment de reconnaissance pour ce qu’elles nous
ont appris. Tout change, rien n’est permanent, ne retournons pas en arrière, célébrons
au présent.
-------
(1) Trouvez ce qui vous attire tant chez les
personnes qui ne vous conviennent pas et fuyez-les comme la peste. Il est
enrichissant de cultiver votre capacité d’aimer inconditionnellement, mais ne
laissez jamais votre amour inconditionnel se changer en masochisme ou en mépris
de soi inconditionnel.
~
Howard M. Halpern, psychologue
(2) Dire
non à ... c’est dire oui à ...
Lorsque nous changeons, notre environnement change
aussi. Conséquemment, les relations avec les partenaires, membres de la famille
et amis peuvent être soumises à dure épreuve. Mais, si elles n’y survivent pas,
une ouverture à d’autres relations plus harmonieuses et bénéfiques peut aussi
se produire.
Suite : http://artdanstout.blogspot.fr/2013/08/dire-non-cest-dire-oui.html
(3) S’affirmer
avec respect :
«Quand on s’affirme, on communique franchement; on
exprime ses sentiments, ses besoins et ses idées et on fait valoir ses droits,
mais sans violer les droits d’autrui. On est alors authentique, cohérent,
ouvert et direct.»
~
Linda Adams
Et... on assume les conséquences.
Qui s'en souvient? "Est-ce pour moi?"
Complément au message précédent.
Dire
bye-bye à Facebook pourrait vous rendre plus heureux
Dr Judith
Tutin, psychologue
Les gens fulminent contre le contenu émotionnel
manipulateur de Facebook. La psychologue que je suis ne s’en inquiète pas outre
mesure. Un internaute se demandait si les recherches sur Facebook avaient déjà
tué quelqu’un. J’en doute sérieusement!
Néanmoins,
cette controverse, jointe à mes clients et amis qui menacent régulièrement de
supprimer leurs comptes Facebook, m'a amenée à regrouper leurs raisons de vouloir
devenir membres du Club Liberté-Facebook
(Facebook-Free Club).
Vous ne
serez plus un cobaye
Si vous êtes furieux contre le contenu émotionnel
manipulateur de FB, vous aimeriez peut-être réfléchir à ce que le psychologue
Michael Ross disait : «C'est comme si vous aimiez vous dévêtir devant votre
fenêtre ouverte tout en étant scandalisé si quelqu'un vous regarde.»
Quoiqu'il
en soit, non seulement fermer votre compte FB résoudrait le problème des potentiels
voyeurs intrapsychiques indésirables, mais peut-être que vous auriez aussi la
satisfaction de donner un peu de payback
à FB en quittant : «Tiens-toi, Facebook!»
Adieu
comparaisons négatives
Les recherches sont mitigées à ce sujet, mais pensez
au besoin humain inné de se définir par la comparaison. Comment vous
sentez-vous quand vous voyez ce que d'autres personnes publient sur leurs
enfants? Que ce soit parce que vos enfants ne réussissent en ce moment (ou que vous
n’en avez pas) ou parce que vos enfants ne vous parlent pas – si cela vous rend
mal à l’aise, à quoi bon regarder?
Voir les
vacances luxueuses, les réunions de famille heureuses et les nouveaux jobs fantastiques
de vos «amis» peut être troublant si vous êtes dans une situation adverse dans ces domaines. C'est comme si
quelqu'un frottait vos blessures avec du gros sel.
Vous éliminerez
la dépression post-rupture
Lire les messages FB de votre ex, ou ceux de vos amis
au sujet de votre ex, est une très mauvaise idée, mais difficile à éviter. Vous
n'avez peut-être pas la volonté de vous en abstenir, ou quelque chose d’affligeant
peut venir d'une connaissance (vous ne saviez même pas qu’elle connaissait
votre ex), ou du nouveau béguin de votre ex. Avez-vous vraiment besoin de vous
démoraliser de façon aussi gratuite?
Vous sauverez
beaucoup de temps
Avez-vous remarqué que les 20 premières minutes de
votre journée, ou les 20 dernières, ou plusieurs 20 minutes entre les deux sont
aspirées dans le trou FB? Pour le savoir prenez note du temps que vous consacrez
à vos diverses activités à chaque jour. Puis regardez combien de temps vous
avez gaspillé de façon irréfléchie en surfant sur FB. Vous avez sûrement mieux
à faire...
Vous éliminerez
quelques mélodrames de votre vie
Mes clients veulent quitter FB principalement
parce qu'ils ne peuvent plus supporter les mélodrames – non seulement de les
lire, mais souvent d’être involontairement aspirés. Vous pouvez pécher par action : vous publiez
des commentaires que vous jugez inoffensifs mais ils sont totalement mal interprétés.
Vous pouvez même pécher par omission :
le fait de ne pas commenter est sur-interprété (tout le monde sait que rien n’est
plus important que de lire et de commenter les messages FB). Il s’agit d’une
situation où vous êtes perdant d’un côté comme de l’autre.
Vous ne
serez pas obligé de lire d'ennuyeux messages intimistes
Peut-être que je suis seule à penser ainsi, mais
il y a certaines choses que je préfèrerais ignorer. Par exemple : la
composition du copieux déjeuner d’un «ami» aujourd’hui, le libertarisme enragé
de mon coach de gym, ou le fait qu’un ancien ami de collège est en train de
virer fou parce qu’il a peur de contracter le virus Ébola. J’apprends toutes ces
choses et beaucoup d’autres grâce à mon feed FB. Je préfèrerais le déni – comme
ça je pourrais imaginer le menu d’un déjeuner sur une plage de Maui mais seulement
si je le désire, je pourrais prétendre que mon entraîneur partage mes valeurs
personnelles, ou me rappeler de mon vieil ami comme la personne raisonnable qu'il
était. Le problème, c'est que vous ne pouvez pas empêcher les avertissements FB
de sonner constamment.
Pour terminer en toute intégrité, je dois admettre
que je ne supprimerai mon compte dans l’instant; cependant, je connais beaucoup
de gens qui ont de merveilleuses histoires à raconter au sujet de leur vie sans
Facebook.
(Source : Care2)
La joie, on doit la partager, certes.
Est-elle mieux vécue sur Facebook?
Ouah, le feu de la passion virtuelle a pogné dans l'e-mail!
Coup de cœur de @Twittakine
Je triche... un tweet proustien (plus de 140 caractères!) hyper réaliste et
drôle :
e-love vows
If you will be my cyber-sweetie
I will be your constant tweetie.
You, my faithful Facebook friend,
Ours, a virtual love without end.
We
will chat and have a quickie,
(no
need to fear a leak from Wiki)
no
exchange of body fluids
no
ecstatic dancing Druids
Its
safe and wholly antiseptic
Nothing
carnal, just electric.
~ Sam Keen
An
inquiring philosopher http://samkeen.com/
Outre ses savoureux poèmes, ce philosophe publie les
résultats de quelques-unes de ses investigations philosophiques.
Au sujet de la mort :
Build Your Ship of
Death: For the Longest Journey Over Endless Seas
…
Nowhere do we see this paradigm of illness so clearly as in the mythology that
surrounds our most highly – cathected disease – cancer. Cancer: the enemy, the
dark, insidious, irrational thing strikes its victims without warning or
rationale. It is a metaphor for the evil that attacks the innocent. The deaths
that we most focus on are those in which we feel ourselves to be victims of
something. Increasingly, we are a society where there is a rush to
victimization, where illness, and especially catastrophic terminal illness, is
thought of as something that happens to a person – a cancer victim, a victim of
a stroke, etc.
Ivan Illich has argued in Medical Nemesis
that modern medicine has disempowered us to deal with our own suffering and
dying. As experts take over the management of our bodies in every crisis from
borning to dying, and redefine moral conducts such as addiction or greed as
diseases, we are reduced to being passive consumers of professional body
tenders. Increasingly our medical system infantilizes patients. How obediently
we tolerate the authoritarian atmosphere of doctors’ offices and hospitals! We
wait patiently and submit to procedures we do not understand because the
experts assure us they are necessary. …
Au sujet de la dette
de carbone :
Whose Carbon Debt?
…
We demand the right to consume at any cost to the environment. We hate the
pushers but love the drug. …
Au sujet de la
violence :
Appeal of Violence
Can a peaceful world generate the common
commitment communal enthusiasm and ecstasy of war?
How do we domesticate and transform our
secret love of violence, our destructive and sadistic impulses, our need for
power?
Can loyalty to the earth household and
commonwealth of all sentient beings ever replace patriotism?
What sacrifices would we have to make to
create a more peaceful world?
How do we deal with those who commit crimes
against humanity?
-------
Dans la veine des amours virtuels -- un(e) internaute averti(e) en vaut 2 :
L’amour
arobase – Les amours virtuels et impossibles ont toujours existé. Mais à
l’heure des médias sociaux Internet, on peut supposer qu’ils atteignent
maintenant des proportions astronomiques. ...
Suite : http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/10/lamour-arobase.html
Photo : "Pomme et bisou" de François Simard, Mont-Tremblant QC, 6
déc. 2014
http://www.meteomedia.com/photos/vues/animaux
La déforestation et la destruction des habitats fauniques
ont poussés les cerfs à déserter leurs milieux naturels. Il est donc de plus en
plus facile d’entrer en contact avec eux, autour et dans les villes. Nous les
avons apprivoisés en leur donnant des carottes et des pommes. Or, en l’absence
de prédateurs naturels comme les loups qu’on a quasiment exterminés, il y a surpopulation
de cerfs. Mais, j’ai confiance que les chasseurs, qui se disent des écologistes
dédiés à régulation de la faune, vont se faire un plaisir de procéder à une
purge. Les hommes, en voulant tout contrôler provoquent des déséquilibres dont
les conséquences sont désastreuses, tant pour la nature, les animaux que les
humains.
Il existe encore quelques lieux sauvages où les
cerfs n’ont pas subi les pressions de l’urbanisation et de la déforestation. Cependant,
les seuls humains qu’ils rencontrent sont généralement des chasseurs. De sorte
qu’ils sont plus méfiants quand ils flairent des humains. Voilà pourquoi le
chercheur Joe Hutto a mis du temps au début pour se faire accepter du
troupeau de cerfs dont il est question dans le documentaire Touching the Wild. Un splendide documentaire,
émouvant, inspirant, d’une grande sensibilité, mais très sobre, on ressent que
ça vient du coeur.
Documentaire complet (53 min) à cette
adresse (si l’anglais est un obstacle, vous comprendrez sûrement avec
votre coeur et vos tripes) :
http://www.pbs.org/wnet/nature/touching-the-wild-touching-the-wild/8679/
Touching the Wild
Une production de Nature PBS
Résumé :
Le film documentaire Touching The Wild a été tourné près du ranch de Joe Hutto à Wind
River Mountains, Wyoming. Cette zone sert d'aire d'hivernage à un grand
troupeau de cerfs mulets. Son implication avec eux a commencé par une rencontre
avec un jeune mâle qui semblait s’intéresser à lui et qui, d'une certaine façon,
avait compris qu'il n'était pas menaçant : «Il s’est retourné et m’a salué d’un
hochement de tête, et je l'ai regardé en hochant la tête, puis, il a recommencé.
Le cerf était prêt à me voir comme un individu, et il avait clairement compris
que je reconnaissais sa propre individualité. Je ne voyais pas quelque chose,
je voyais quelqu'un.»
Comme l’explique Hutto, il a d’abord dû aller à la
rencontre du troupeau à tous les jours pendant deux ans avant d’obtenir un
début de confiance de la part des cerfs. Mais, après avoir gagné la pleine
acceptation de leur leader, une femelle qu’il a surnommée Raggedy Anne, il a pu
se déplacer parmi les individus de la horde, sans qu’ils lui prêtent attention.
Finalement, il est devenu partie intégrante de la famille. Mais dès qu’il
repérait un autre humain, leurs profonds instincts remontaient et ils fuyaient,
puisque les cerfs mulets ont été légalement chassés depuis des générations.
Il y a de nombreux segments poignants dans ce
documentaire, entre autres le moment où Rag Tag, la fille de Raggedy Anne,
devient le premier cerf à le toiletter, quelque chose qui se fait habituellement
entre chevreuils. Plus tard, elle lui présente ses jumeaux nouveau-nés; il
s’occupera de l’une d’eux plus tard après la mort de Rag Tag. Hutto réfléchit
sur le fait que la famille de Raggedy Anne soit toujours restée à ses côtés quand
elle se mourait, et sur la façon dont Boar, un gros mâle, a réagi lorsqu'il a
découvert la carcasse de son frère jumeau, victime d'un loup ou d’un lion de
montagne. Hutto lui-même fut touché par ces décès. Il conclut que le chagrin et
la douleur sont des expériences que tous les êtres vivants ont en commun.
L’intensité de ses propres émotions concernant le sort de ses amis l’ont amené
à se demander s'il ne devait pas mettre fin à sa recherche sur le terrain.
Il a suivi la vie de ce troupeau de cerfs pendant
sept ans.
Citations :
«J’ai une formation scientifique, mais toute ma
vie, j’ai voulu entrer en réelle communication avec les animaux sauvages, pour
voir la vie et la nature à travers leurs yeux. Mon but était d’écrire un
bouquin sur les cerfs de cette région, mais plus important encore était de
faire prendre conscience qu’ils font face à de nombreuses difficultés de survie,
et que si nous n’y prenons pas garde, ils pourraient fort bien disparaître.»
«Pouvais-je même spéculer sur l'étendue possible
de leur expérience sans tomber dans l’inévitable prédisposition humaine à refuser
de donner un sens à leur vie complexe et à nier la possibilité qu’ils éprouvent
des émotions? Une fois de plus, il est devenu tout à fait évident que, en tant qu’humains,
nous n'avons aucun accès privilégié à la réalité.
«L’éthologie, dans sa forme la plus pure et la
plus honnête, est essentiellement un exercice qui nous révèle l'ampleur de
notre ignorance au sujet de choses vivantes – que la tentative d'appliquer une
méthodologie empirique à tout ce qui est abstrait, subjectif, qualitatif et
indéniablement mystique est vaine.»
~
Joe Hutto
Photos : ©THIRTEEN Productions LLC, site Nature PBS
En complément :
L'animal est une personne
Franz-Olivier Giesbert
Fayard
2014
«Si
j’ai écrit ce livre, c’est pour tirer les leçons d’une vie passée avec les
animaux depuis la petite enfance, à la ferme, puis en ville. Au fil des pages,
je vous parlerai de plusieurs de mes amis auxquels, si grands soient mes
hommages, je ne pourrai jamais rendre les bonheurs qu’ils m’ont donnés, avec
leur candeur et leur humour : un jeune bouc, un vieux perroquet, des chats, des
araignées, des bovins ou des chiens.
Pourquoi
traitons-nous avec tant d’égards les animaux de compagnie, substituts de
l’homme, et si mal les bêtes à manger, machines à fabriquer de la viande? Alors
que nous consommons chaque année des milliards d’animaux issus de la terre et
de la mer, il est temps que nous descendions de notre piédestal pour les
retrouver, les écouter, les comprendre.
J’ai
voulu aussi lancer un appel pour que cesse le scandale des abattages rituels,
halal ou casher, qui imposent à nos sœurs et frères les bêtes des mises à mort
dans d’inutiles souffrances.»
Feral
Searching for Enchantment on the
Frontiers of Rewilding
George Monbiot
How
many of us sometimes feel that we are scratching at the walls of this life,
seeking to find our way into a wider space beyond? That our mild, polite
existence sometimes seems to crush the breath out of us?
Feral
is the lyrical and gripping story of George Monbiot’s efforts to re-engage with
nature and discover a new way of living. He shows how, by restoring and
rewilding our damaged ecosystems on land and at sea, we can bring wonder back
into our lives.
Making
use of some remarkable scientific discoveries, Feral lays out a new, positive
environmentalism, in which nature is allowed to find its own way.
Feral
is a work of hope and of revelation; a wild and bewitching adventure that
argues for a mass restoration of the natural world – and a powerful call for us
to reclaim our own place in it.
“George Monbiot’s book, Feral, is a Book of Revelations for our times.”
~ Farley Mowat
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Harfang des neiges – photo : Marie-Claude
Valois, Eastman QC, 6 déc. 2014
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