«Le chat semble mettre un point d'honneur à ne
servir à rien, ce qui ne l'empêche pas de revendiquer au foyer une place
meilleure que celle du chien. Il est un ornement, un luxe.» ~ Michel Tournier (Le miroir des idées)
Photographe inconnu – des chiens heureux!
«Le chien, l’unique ami de l’homme, a un privilège
sur tous les autres animaux, un trait qui le caractérise, c’est ce mouvement de
queue si bienveillant, si expressif et si profondément honnête. Quel contraste
en faveur de cette manière de saluer que lui a donné la nature, quand on la
compare aux courbettes et aux affreuses grimaces que les hommes échangent en
signe de politesse : cette assurance de tendre amitié et de dévouement de la
part du chien est mille fois plus sûre, au moins pour le présent.» ~ A. Schopenhauer (Lichtstrahelen
aus seinen Werken)
Photographe :
Niall Carson / PA (Irlande) – Dublin horse show (Via The Guardian)
«Dans l'histoire millénaire de l'homme et du
cheval, la douleur et la violence ont été la règle afin d'habituer le cheval
aux signaux artificiels. Pourtant, au cours du dernier siècle, nous avons de
plus en plus eu la preuve que, dans le cadre d'une relation de confiance, le
cheval peut exécuter toutes les performances que nous lui demandons sans
douleur et sans violence (et sans porter préjudice à son organisme !). Après
des milliers d'années d'utilisation d'un mors en métal, nous connaissons le
comportement ‘normal’ du cheval monté. Nous savons également que certains chevaux
montrent une aversion pour le mors et parfois embarquent, refusent le mors,
sont très nerveux. Ce que nous ne réalisons pas, c'est que cette aversion est
très courante et se manifeste en général de façon plus subtile et plus
difficile à percevoir. Comment
expliquons-nous cette nervosité ou cette tendance à embarquer chez un animal
toujours calme au pré et gentil et tranquille pendant le pansage? De
nombreux témoignages de cavaliers issus de toutes les disciplines confirment
qu'il est possible de travailler sans mors avec un cheval, sans qu'il soit
nécessaire d'infliger de la douleur à ce dernier afin de le diriger.» ~ Prof.
Robert Cook & Dr Hiltrud Strasser
Photographe inconnu – Rollier à longs brins
L’oiseau chanteur qui a été une bénédiction pour
la terre depuis des millions d'années – et durant toute l'histoire de l'homme –
pourrait bientôt disparaître dans une violente tempête de négligences et de
conséquences imprévues créée par l’homme. Pendant un an, Su Rynard et son
équipe ont suivi les oiseaux au cours des saisons. Un voyage fabuleux. «Nous
avons découvert que les causes du déclin chez les oiseaux chanteurs sont
nombreuses, et que les solutions sont rares. Cependant, partout où nous sommes
allés, nous avons rencontré des gens passionnés et concernés qui travaillent au
changement – il ne s'agit pas uniquement de l'avenir des oiseaux, mais aussi de
la santé de toute la planète.» ~ Su Rynard (The Cornell Lab of
Ornithology)
Mieux que Monsanto / Bayer!
«Nous nous conduisons sur la Terre que
Dieu nous a donnée à peu près comme un éléphant dans le magasin de porcelaine, saccageant
tout sur notre passage, alors que nous devrions veiller avec infiniment de
tendresse à n’écraser ni le plus petit brin d’herbe, ni la plus timide fourmi.»
~Maurice Mességué (Des hommes et des
plantes)
«Combien de crimes commettons-nous dans la nature!
Finalement, ils se retournent contre nous-mêmes, puisque nous faisons partie de
la nature. Qu’avons-nous fait par exemple en débroussaillant les sous-bois?
Nous avons tué des centaines de milliers de fourmis et d’insectes divers. Ce
faisant, nous avons exterminé cette vaillante armée d’artisans et d’ouvriers
qui assuraient l’ordre botanique. Sous terre, à deux doigts de la surface, tout
s’enchaîne mystérieusement, solidement. Dans la nature, rien ne se perd, rien
n’est détruit car tout se transforme, et est rendu à la vie sous d’autres
formes. Il y a de quoi rester stupéfait devant le miracle de la vie végétale.
Micro-organismes, plantes, animaux, hommes sont liés et dépendent étroitement
les uns des autres en un équilibre miraculeux. C’est celui qu’on désigne de nos
jours, en sacrifiant à la mode, par l’expression «d’équilibre écologique». Un
beau jour, sur quelques mètres carrés de champ où à quelques pas sous terre
s’élabore la vie, arrive un bulldozer conduit par un être humain. La machine
creuse, retourne, jette dans un effrayant désordre ce merveilleux équilibre.
Personne ne s’est aperçu de rien. Un coin de nature a été saccagé et violé.
Passe un promeneur qui, sur ce massacre, jette un œil distrait et continue tout
aussi distraitement son chemin. Pour lui, il ne s’est rien passé. Et pourtant,
ce monde dans lequel il vit n’est plus comme avant.» ~ Daniele
Manta et Diego Semoldi (Nos amies les
plantes, tome III, Éditions Famot, Genève; 1977)
«Lecture,
une bonne façon de s'enrichir sans voler personne.»~ Arlette Laguiller
Dans un article intitulé 4 Reasons You Should Really Read More, Jordyn Cormier explique
pourquoi il est plus bénéfique de lire des romans (imprimés) que de regarder
des films sur Netflix.
Photo : Thomas Life
«Entre Netflix et un roman de Steinbeck, habituellement
Netflix gagne. Mais lire régulièrement améliorera votre vie davantage qu’Internet.
Non seulement le livre augmente votre capacité de réflexion et de
concentration, mais la lecture de romans est même thérapeutique.» (J. C.)
La lecture - stimule la
créativité –lire fait
travailler l’imagination, la mémoire et
les aptitudes cognitives car de nouveaux synapses se construisent dans le
cerveau; - développe
la confiance en soi – lire élargit notre vocabulaire et repousse les
limites de notre intelligence; quel que soit l’âge, apprendre, acquérir des
connaissances, fait grimper le sentiment de confiance; - élargit notre
perspective – lire favorise l’ouverture d’esprit et fait voyager dans la pensée
des autres; les enfants qui lisent beaucoup ont plus tendance à développer de l’empathie
et des compétences sociales; - réduit le
stress –lire est une forme de
détente active (même confortablement
installé dans un hamac); le mental hyperactif est en vacances; c’est un moyen d’échapper
aux soucis quotidiens parce qu’on se concentre sur autre chose que notre petit
univers.
«Même s’il est facile de vous laisser distraire
par l’accès universel et instantané au divertissement vidéo, ne laissez pas tomber
vos livres. La lecture de romans fait de vous un être plus multidimensionnel, équilibré et intelligent. Ouvrez ce roman couvert
de poussière que vous aviez mis de côté et redécouvrez l'amour de la lecture
que vous avez toujours eu», conclut l’auteur.
Photo et citations ci-après : brigitisis.centerblog.net
«Lis avec lenteur à une époque où
l'on nous parle de lecture rapide et de lecture en diagonale.» ~
Jean Prieur «On ne
sait pas généralement combien il est troublant de clore un livre. De fermer la
porte d'une maison aimée dont on a refait la toiture tout l'été, dans laquelle
on a vécu jour et nuit et que l'on quitte, soulagé et fourbu, séparé mais pas
encore dépris.» ~Céline Minard
«La lecture,
charmant oubli de vous-mêmes et de la vie.»~Rivarol
«Chaque lecture est un acte de résistance. Une lecture
bien menée sauve de tout, y compris de soi-même. Une heure de lecture est le
souverain remède contre les dégoûts de la vie.»~Montesquieu
~~~
J’ai maintes fois essayé de lire des romans sur
écran, sans réussir à en terminer un seul. En dépit de mon vif intérêt, au bout
de vingt minutes, je décroche, ma vision se brouille; un vrai soporifique. Tandis
que je peux lire un livre imprimé non
stop (ou presque) s’il me passionne. En plus, le livre «papier» n’émet pas de
pollution lumineuse.
On disait autrefois que lire beaucoup pouvait
rendre myope car on utilisait trop le champ de vision rapproché. Imaginez
aujourd’hui! Il paraît que les enfants deviennent myopes de plus en plus en bas
âge (8-9 ans!) notamment parce qu’ils ont souvent le nez collé sur des bidules
électroniques ou la télé.
La
pollution lumineuse
Une autre bonne raison de privilégier les livres (imprimés).
(Source ICI Radio-Canada Info) La
lumière bleue est omniprésente, même si on ne la voit pas. Elle se retrouve dans
la majorité des appareils électroniques, comme le téléphone intelligent,
l'écran d'ordinateur et le téléviseur. Loin d'être inoffensive, cette lumière dérègle
notre horloge biologique, selon plusieurs chercheurs. La surexposition à cette
lumière bleue peut également nuire à la santé visuelle.
On
passe beaucoup de temps devant les écrans sans vraiment s'en rendre compte. Les
Québécois naviguent sur Internet en moyenne 20 heures par semaine (dont un peu
plus de 7 heures sur un appareil mobile) et regardent la télévision 34 heures
par semaine (statistiques de l’Université de Sherbrooke 2014).
Les
chercheurs recommandent de réduire notablement le temps passé devant les écrans
et de fermer le téléphone intelligent et l’ordinateur quelques heures avant d’aller
dormir.
A
dog sits waiting in the cold autumn sun, Too
faithful to leave, too frightened to run.
He’s
been here for days now with nothing to do, But
sit by the road, waiting for you.
He
can’t understand why you left him that day. He
thought you and he were stopping to play.
He’s
sure you’ll come back, and that’s why he stays. How
long will he suffer! How many more days!
His
legs have grown weak, his throat’s parched and dry. He’s
sick now from hunger and falls, with a sigh.
He
lays down his head and closes his eyes. I
wish you could see how a waiting dog dies.
~ Kathy Flood
(Traduction maison)
Un chien attend
Un chien attend, assis dans le soleil froid de l'automne, Trop fidèle pour quitter, trop effrayé pour courir.
Il est ici depuis des jours maintenant, sans rien à
faire, Mais il s'assoit au bord de la route, il t'attend.
Il ne comprend pas pourquoi tu es parti ce
jour-là. Il pensait que tu t'étais arrêté pour jouer avec
lui.
Il est certain que tu vas revenir, c’est
pourquoi il reste là. Combien de temps souffrira-t-il? Combien de jours encore?
Ses pattes se sont affaiblies, il a soif, sa gorge
est sèche. Il est malade, affamé; il s’écroule en soupirant.
Sa tête repose sur le sol et il ferme les yeux. J'aimerais que tu vois comment meurt un chien qui
attend.
~~~
Avec la nouvelle réglementation concernant les
pitbulls au Québec, j’ai bien peur que pour éviter les frais, certains
propriétaires vont larguer leurs chiens au bord des routes. J’ignore
pourquoi les Québécois sont des champions en matière d’abandon animalier. Manquons-nous
de coeur? C’est peut-être à cause de la forte influence de l’éducation
religieuse catholique qui fait de l’Homme le roi de la création ayant tout
pouvoir sur ce qui lui est prétendument inférieur
(femmes, enfants, animaux...).
Heureusement, il y a des hommes différents comme en
témoigne la touchante histoire de ce vétérinaire.
Dans une
cage avec un pitbull gris
Dr Andy Mathis
Résumé
En février dernier, le vétérinaire Andy Mathis, affilié
au Granite Hills Animal Care à
Elberton en Géorgie (États-Unis), reçut un appel à la fin de sa journée de
travail. Une femme avait trouvé un chien affamé, abandonné, gisant au bord
d’une route de campagne. Il lui demanda d’emmener l’animal pour l’examiner. La jeune
femelle (pitbull gris) souffrait d’épuisement, d’anémie, d’hypothermie et d’un
sévère prolapsus génital.
Le vétérinaire se demandait s’il devait tout
tenter pour sauver la chienne ou s’il ne valait pas mieux l’euthanasier pour mettre fin à ses souffrances vu son
état lamentable. Il décida de demander l’avis de ses abonnés sur Facebook.
Après avoir expliqué la situation, la majorité a répondu «essaye». Les
internautes baptisèrent la jeune femelle Graycie Clair. Motivé par leurs
encouragements, Andy Mathis décida de relever le défi. Au bout de trois jours
d’opérations et de traitements quotidiens multiples, l’état général de la
chienne s’améliora.
Mais, terrifiée par les humains et incapable de
faire confiance au vétérinaire, elle refusait de se nourrir. Mathis eut une
idée originale pour gagner sa confiance et lui prouver qu’ils étaient égaux. Pendant
plusieurs jours il mangea dans une gamelle, assis à côté de Graycie Clair dans
sa cage.
C’était la Journée internationale de la paix hier. Hum.
La paix est-elle à vendre, comme l’eau, les terres...? Bizarre, personne ne semble intéressé à l’acheter ou la voler...
J’ai quelque fois proposé que tous les belliqueux soient rassemblés
une fois par an (ou plus souvent
si nécessaire) pour s’entretuer
à mains nues – dans un endroit isolé, loin de toute civilisation. L’idée est
vieille comme la guerre. C’est dire! Et je suis persuadée que tous les gens qui
ont le goût de vivre en paix y ont songé.
La morale de la fable d’Ésope et Abstémius Les Vautours en guerre entre eux et pacifiés
par les Colombes était : «Les
querelles entre méchants doivent être stimulées plutôt qu’apaisées, car tandis
qu’ils se déchirent, ils laissent les honnêtes gens vivre en paix.»On aimerait bien...
La version de Jean de
La Fontaine :
Les Vautours et les
Pigeons
Mars autrefois mit tout l'air en émute. Certain sujet fit naître la dispute Chez les oiseaux, non ceux que le Printemps Mène à sa cour, et qui, sous la feuillée, Par leur exemple et leurs sons éclatants, Font que Vénus est en nous réveillée; Ni ceux encor que la mère d'Amour Met à son char; mais le peuple vautour, Au bec retors, à la tranchante serre, Pour un chien mort se fit, dit-on, la guerre. Il plut du sang : je n'exagère point. Si je voulais conter de point en point Tout le détail, je manquerais d'haleine. Maint chef périt, maint héros expira; Et sur son roc Prométhée espéra De voir bientôt une fin à sa peine. C'était plaisir d'observer leurs efforts; C'était pitié de voir tomber les morts. Valeur, adresse, et ruses, et surprises, Tout s'employa. Les deux troupes, éprises D'ardent courroux, n'épargnaient nuls moyens De peupler l'air que respirent les ombres : Tout élément remplit de citoyens Le vaste enclos qu'ont les royaumes sombres. Cette fureur mit la compassion Dans les esprits d'une autre nation Au col changeant, au coeur tendre et fidèle. Elle employa sa médiation Pour accorder une telle querelle : Ambassadeurs par le peuple pigeon Furent choisis, et si bien travaillèrent Que les vautours plus ne se chamaillèrent. Ils firent trêve; et la paix s'ensuivit. Hélas! ce fut aux dépends de la race À qui la leur aurait dû rendre grâce. La gent maudite aussitôt poursuivit Tous les pigeons, en fit ample carnage, Et dépeupla les bourgades, les champs. Peu de prudence eurent les pauvres gens, D'accommoder un peuple si sauvage.
Tenez toujours divisés les méchants : La sûreté du reste de la terre Dépend de là. Semez entre eux la guerre, Ou vous n'aurez avec eux nulle paix. Ceci soit dit en passant : je me tais.
----- En émute : en
émeute, en émoi; maintenu pour la rime.
Ceux du Printemps :
les rossignols
Les colombes sont les
oiseaux de Vénus. La Fontaine a déjà utilisé cette expression dans La
Colombe et le Fourmi «...Dès qu’il vit l’oiseau de Vénus».
Retors : crochu.
Sa peine pour avoir
volé le feu des dieux? Avoir le foie rongé par un vautour.
La vanité, ce vilain défaut humain, nous fait croire que nous sommes le centre de l’univers et dotés d’une intelligence
exceptionnelle. La vanité engendre snobisme, mesquinerie, méchanceté, cruauté, voire
assassinat verbal et physique.
Il suffit de regarder des bribes d’un quelconque
gala artistique pour constater que la vanité n’empêche pas les gens de se
ridiculiser eux-mêmes – soit par leur tenue vestimentaire, leur conduite ou
leurs propos. Croyant s’élever, ils s’abaissent. Centrés dans leur quête de
gloriole, ils ne se voient pas. On retrouve le même phénomène chez les
politiciens... La vraie humilité et la simplicité ont tellement meilleur goût.
Le remède : nous arrêter souvent pour admirer
la voie lactée et ainsi relativiser notre importance ou réaliser la hauteur de
notre insignifiance dans cet univers peuplé de d’incalculables constellations et galaxies.
En tout cas, ça aide à décrocher de notre fatuité innée et bien cultivée.
«Élevons un peu notre pensée. Qu'est-ce que le
désir de la gloire chez les hommes, à bord de cette terre qui vogue dans
l'espace infini où elle naufragera un jour? Il me semble voir à bord d'un gros
vaisseau destiné au naufrage, ou plutôt dont le naufrage est continuel et déjà
commencé, de nombreux passagers desquels pas un n'arrivera, et dont les
premiers morts ont un désir insensé d'occuper la mémoire des survivants, de
ceux qui vont bientôt disparaître et s'abîmer à leur tour. Il est vrai qu'à le
voir de près, le vaisseau est immense, que les passagers d'un pont ne
connaissent pas ceux d'un autre pont, et que la poupe ignore la proue; cela
fait l'illusion d'un monde. Il est vrai encore qu'en même temps qu'on meurt en
un coin du vaisseau, on danse, on se marie, on fête les naissances tout à côté,
et que l'équipage se reproduit et ne diminue pas. Mais, qu'importe? Il n'est
pas moins voué tout entier à un seul et même terme. Nul ne sortira de cette
masse flottante pour aller porter son nom ni celui de ses semblables sur les
rivages inconnus, sur les continents et les îles sans nombre qui étoilent le
merveilleux azur. Tout se passe entre soi et à huis-clos. Est-ce la peine? – J'ai
fait la paraphrase, mais Pascal a rendu d'un mot cette pensée : ‘Combien de
royaumes nous ignorent!’»
~Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869)
Mes Poisons
/ Collection Romantique / José Corti 1988 (p.138)
«Primitivement l'individu fort traite, non
seulement la nature, mais encore la société et les individus faibles comme des
objets de proie : il les exploite tant qu'il peut, puis continue son chemin.
Parce qu'il vit dans une grande incertitude, alternant entre la faim et l'abondance,
il tue plus de bêtes qu'il ne peut en consommer, pille et maltraite plus
d'hommes qu'il ne serait nécessaire. Sa manifestation de puissance est en même
temps une expression de vengeance contre son état de misère et de crainte ; il
veut, en outre, passer pour plus puissant qu'il n'est, voilà pourquoi il abuse
des occasions : le surcroît de crainte qu'il engendre est pour lui un surcroît
de puissance. Il remarque à temps que ce n'est pas ce qu'il est, mais ce pour
quoi il passe qui le soutient ou l'abat : voilà l'origine de la vanité.»
~Friedrich Nietzsche (1844-1900) Humain, trop
humain / Oeuvres I (1978) / Robert Laffont, Bouquins 1990 (181 p.897)
«L’ego est comme une ombre qui recouvre notre
être; et c'est cette ombre qui est touchée par l'ego des autres. À force de
recevoir des flèches, l'ombre peut s'écrouler, mais souvent les gens ont peur
de souffrir. Ils refusent de recevoir ces flèches, et mettent un bouclier...
Ils restent alors dans l'ombre! Lorsqu'on accepte d'être ouvert, sans peur, le
bouclier n'existant pas, les flèches sont reçues et l'ego s'effondre.»
Je le répète pour l’énième fois : profitez de
la nature tandis que vous y avez encore accès librement... ça change des
smartphones et c’est réconfortant.
Voir et entendre
Voir est une des choses les plus difficiles au
monde : voir ou entendre, ces deux perceptions sont semblables. Si vos yeux
sont aveuglés par vos soucis, vous ne pouvez pas voir la beauté d'un coucher de
soleil. Nous avons, pour la plupart, perdu le contact avec la nature. La
civilisation nous concentre de plus en plus autour de grandes villes : nous
devenons de plus en plus des citadins, vivant dans des appartements encombrés,
disposant de moins en moins de place, ne serait-ce que pour voir le ciel un
matin ou un soir. Nous perdons ainsi beaucoup de beauté. Je ne sais pas si vous
avez remarqué combien peu nombreuses sont les personnes qui regardent le soleil
se lever ou se coucher, ou des clairs de lune, ou des reflets dans l'eau.
N'ayant plus ces contacts, nous avons une tendance
naturelle à développer nos capacités cérébrales. Nous lisons beaucoup, nous
assistons à de nombreux concerts, nous allons dans des musées, nous regardons
la télévision, nous avons toutes sortes de distractions. Nous citons sans fin
les idées d'autrui, nous pensons beaucoup à l'art et en parlons souvent. À quoi
correspond cet attachement à l'art? Est-ce une évasion? Un stimulant. Lorsqu'on
est directement en contact avec la nature lorsqu'on observe le mouvement de
l'oiseau sur son aile; lorsqu'on voit la beauté de chaque mouvement du ciel;
lorsqu'on regarde le jeu des ombres sur les collines ou la beauté d'un visage,
pensez-vous que l'on éprouve le besoin daller voir des peintures dans un musée?
Peut-être est-ce parce que vous ne savez pas voir tout ce qui est autour de
vous que vous avez recours à quelque drogue pour stimuler votre vision.
Il y a l’histoire d’un maître religieux qui
parlait tous les jours à ses disciples. Un matin où il se trouvait sur son
estrade, s’apprêtant à parler, un petit oiseau se posa sur le rebord de la
fenêtre et se mit à chanter de tout cœur. Lorsqu’il se tut et qu’il s’envola,
le maître dit : «Le sermon de ce matin est terminé.»
[...]
Il n’existe pas de maître, il n’existe pas d’instructeur,
il n’existe personne pour vous dire ce que vous devez faire. Chacun de nous est
seul dans ce monde fou et brutal.
~Krishnamurti
Se libérer
du connu, chapitre 11, Voir et écouter. La beauté. L’austérité. Les images.
Les problèmes. L’espace. Éditions Stock 1979 (p. 110-111)
Twittakine@
J’ai ri aux éclats en lisant l’article du magazine Elle à table à propos de notre «toque-star» Ricardo Lavallée, «ambassadeur
de la Nouvelle-France» et «gentleman trappeur». Savoureux.
J’ai pensé que le journaliste Julien Bourré s’était gouré. Qu’il décrivait
plutôt le chef Martin Picard, propriétaire du resto Au Pied de Cochon et d’un Sugar
Shack dans les bois. Ses
descriptions sont donc exactes, mais attribuées au mauvais chef... Martin Picard a de l’ADN de
Gaulois, c’est sûr. D’ailleurs il ressemble énormément à Obélix. «Un quadra
bien portant à la barbe fournie», disait Étienne Labrunie (ViaMichelin 2009). Il porte souvent des chemises à carreaux de bûcheron et
une casquette (il est anti toque). Comme le célèbre Gaulois, il est doté d'un appétit insatiable et prépare
des festins copieux. Il élève des cochons qu’il égorge lui-même et chasse le
chevreuil au lieu du sanglier. Ce chef appartient à la civilisation
décadente «porc/bacon» québécoise (1). Il inclut
du porc dans presque tous ses plats. «On ne va pas au restaurant pour manger de
la salade!», dit-il. Après une poutine au foie gras, de la tourtière et des
grands-pères à l’érable copieusement arrosés de vin, le client est prêt pour un
triple coma – cholestérolitique, diabétique, éthylique –, et un pontage. Au
fond, c’est un Heart Attack Grill classé
haut-de-gamme par les «carnivores cool».
Martin Picard à sa cabane à sucre (érablière)
Extrait de l’article d’Elle à table : «... L’appétit autonomiste de Ricardo évoque le
fonctionnement des anciens établissements pionniers, ces sociétés dedéfricheurs capables de tout produire
en autarcie, comme autant de petites arches de Noé. Il y a chez lui, comme en
tout Québécois, une vénération de la
retraite dans l’érablière, équivalent autochtone de la palombière ou de la
datcha : pendant « le temps des sucres » (entre 4 et 6 semaines autour de
Pâques), un porc est traditionnellement
sacrifié et congelé en plein air,
véritable garde-manger dont on tire des
charcuteries fumées au bois d’érable, des «oreilles de crisse» (chips
de couenne de porc frite au saindoux) ou des fèves au lard. Cela se déguste avec des délices de cabane
sucrière comme les œufs au sirop ou la
tire sur neige... (...) Ricardo vit
à proximité du fort de Chambly, au bord d’un affluent houleux du
Saint-Laurent qui a dû servir de décor à la geste de Jacques Cartier et aux guerres indiennes. (...)»
Si vous
croyez que je suis obsédée par la question des réfugiés, vous avez raison. C’est
tellement horrible, colossal, insensé, étriqué. Qu’on songe aux clandestins
mexicains aux États-Unis ou aux migrants syriens en Europe, aux murs qui s’érigent
un peu partout, la question demeure : comment héberger tous ces gens qui
arrivent par milliers? En principe, quand on est bien dans son pays, on y
reste. Néanmoins, il suffit d’un changement politique, économique ou
climatique, ou d’une guerre civile, pour que tout bascule. Durant toute transformation significative,
la saleté, la boue et la puanteur montent à la surface. Nauséabond. Nos vieux
systèmes ancrés dans la peur, l’avidité, la corruption, le racisme, la ségrégation,
l’égoïsme, le mensonge et l’injustice s’écroulent et doivent être transformés.
Néanmoins, plusieurs s’y agrippent. Comme dit le proverbe : ‘si ça brasse
sur le navire, ne t’accroche à rien qui traîne sur le pont’.
Principales
routes migratoires pour l’Europe par les Balkans :
L’agence Frontex,
qui surveille les frontières de l’Union européenne, estime que 60 % des entrées
illégales sur le territoire européen ont eu lieu en 2014 par la Méditerranée
centrale, c’est-à-dire en Italie et Malte. La périlleuse traversée maritime sur
des embarcations souvent fragiles constitue une nouvelle épreuve pour des
migrants qui ont déjà derrière eux un long périple. Ainsi, les Érythréens, qui
fuient la «prison à ciel ouvert» qu’est devenu leur pays, doivent-ils traverser
le Soudan-du-Sud et le Soudan avant de se mettre en quête d’un bateau en
Égypte, en Lybie ou en Tunisie. Toujours selon Frontex, un migrant sur cinq
tente de pénétrer en Europe par l’est de la Méditerranée, soit en arrivent par
la mer sur les îles grecques, soit en transitant par voie terrestre par la
Turquie. Beaucoup s’engagent ensuite dans une longue traversée des Balkans afin
de rejoindre l’Europe du nord.
Album Migration
/ Titre Road Trip Étiquette
: Nice Up! Records, 4 mars 2016 Artiste :
Poirier (collaboration Dubmatix) DJ / producteur, originaire de Montréal, QC http://poiriersound.com/biography-poirier/
«Les
sociétés et les gouvernements poussent souvent les individus et les communautés
à bout avec des lois violentes, des mesures intenables et le conflit continuel.
Ces entités restreignent nos déplacements et nos libertés pour établir un genre
de chaos propice à l'exploitation. Il est temps de briser cet étranglement et
d'apporter une nouvelle unité non pas motivée par le profit mais par le souci
des autres. Le titre de cet album exprime la réalité
de la migration – un problème qui ne peut pas et ne devrait pas être évité en
2016. Pour être juste, la migration a été un problème majeur depuis des siècles
et des millénaires. Le monde est constamment en train de se reconfigurer, les
gens se déplacent d'un endroit à un autre, cherchant toujours quelque chose de
mieux. Les choses changent, le temps avance, et la musique est un point de
rencontre, un dialogue. Les idées et la musique se déplacent avec les gens.
Rien n'est statique. À travers la musique, nous pouvons encore entendre les
traces de ce qui s'est passé il y a des décennies, des siècles et des
millénaires. Cet album est fait de plusieurs collaborations, et chacune a une
histoire différente, un chemin différent, et tous sont à la recherche d'un
meilleur endroit pour vivre et partager.» ~ [Guislain] Poirier
Les clandestins
Des
hommes pour la plupart martyrs
du hasard par une
nuit sans lune sur des
esquifs de fortune commencent
leur fuite incertaine organisée
par le passeur alliance
d’argent et de haine
On
raconte qu’il est une terre remède à
leur malheur où la
satiété est reine femme,
enfant, père et mère laissés
dans leur contrée lointaine attendront
que par
ces héros l’abondance
advienne
À vous
qui faites ripaille sourds
aux damnés de la faim à vous
qui livrez une
inégale bataille à ceux
qui vous tendent la main accueillez
dans vos forteresses un peu de
leur grande détresse
~ Kamal
Zerdoumi (poète originaire du Maroc)
Commentaire
de l’auteur sur Poética (22 avril 2016) : Ce poème
a été écrit entre 2011 et 2012, après la publication de «L’exil et la mémoire» [éditions
L’Harmattan]. J’avais alors le projet d’écrire un recueil intitulé «Indomptable
espérance». Finalement, j’ai écrit trente poèmes. «Clandestins» est né avant la
tragédie des migrants – Syriens en particulier. Le point de départ en fut les
clandestins qui transitaient par le Maroc avant de passer en Espagne ainsi que
«le passeur», une nouvelle de Le Clézio. Via :
http://www.poetica.fr/a-propos/
Ceci est à moi! Marie-Noëlle Agniau
Il y a
ces petites tentes au milieu des villes, comme autant de balises de détresse.
Il y a ces hommes et ces femmes, assis par terre, ceux et celles à qui on a l’habitude
de donner, puis les autres, ceux et celles qu’on ignore, comme s’ils n’étaient
pas là, recroquevillés, osant à peine lever les yeux. Sans domicile fixe. Les
abréviations sont commodes : elles désignent une réalité en la vidant de
sa substance. En la déréalisant. SDF. Voilà trois lettres qui finalement font
écran. On peut certes s’interroger. Pourquoi abréger cette réalité, cette
réalité-là et pas une autre? Pourquoi au contraire ne pas parler des «domiciles
fixes» que nous sommes? DF? Non, le langage opère parfois d’étranges réductions
et redouble d’une certaine manière ce qui déjà fait défaut. Le sans domicile
fixe est privé non seulement d’un «chez-soi» mais plus encore d’un nom propre,
singulier, irremplaçable. Il est devenu une abstraction, une vague
collectivité, anonyme, quantifiable, observable comme un phénomène objectif. Plus
ou moins. Une statistique. Une marge. Il est le fatal horizon quotidien d’une
cité qui préférerait le cacher. L’indésirable, un parmi tant d’autres, pour
lequel notre mobilier urbain se fait repoussoir. Un être dont l’être serait
précisément périphérique. Mais voilà, il y a ces petites tentes au milieu des
villes. Que signale cet abri de fortune? Ce qu’on
ne veut pas voir, ce que dissimulaient ces trois lettres. Ce que nous voulions
ignorer en passant. Parce que celui ou celle qui n’a pas de «chez-soi» semble
nous menacer. Aussi l’oubli de l’autre fonctionne à plein. Le SDF est la part
anéantie du regard humain. Cette part est même devenue une habitude sociale.
Celle qui consiste à neutraliser d’une manière ou d’une autre ceux qui «gênent».
Car leur désordre est trop grand. Mais voilà, il y a des tentes, des tentes au
milieu des villes, sur les trottoirs. Elles accrochent le regard, si on veut
bien ne pas passer comme avant, faisant semblant de ne pas voir. Quelqu’un est
peut-être à l’intérieur. Cette tente nous rappelle les conditions nécessaires
de toute intimité, le sens véritable de la «vie privée». Ou comment l’absence
de ce que l’écrivain Virginia Woolf appelait une «chambre à soi» (cette sorte
de maison intime dans la maison) modifie profondément l’existence humaine. La sphère du propre. Autre façon de
questionner la propriété comme extension du corps et de la personne. Certes, je
ne suis pas la chose. Et la chose n’est pas moi. Entre les deux, il y a l’irréductibilité
de la personne humaine. Cela dit, le «domicile fixe» garantit les conditions de
vie de l’individu, la conservation de sa dignité. Celle-ci passe et passe d’abord
par les gestes les plus simples, la satisfaction des besoins vitaux :
comme dormir, manger mais aussi se laver. Ce qui est en jeu ne doit pas être
perçu seulement comme ce qui exclut l’autre au sens où «ceci est à moi» veut
dire «ceci n’est pas à toi». La propriété privée est ici envisagée de manière
exclusive et négative. Or il y a un degré en dessous duquel l’absence de
propriété signifie l’aliénation de l’homme. Sa possible déshumanisation dont
une des formes est la désocialisation. En effet, la propriété est légitime dans
la mesure où elle permet la conservation du «propre» : ce qui est à soi mais
bien plus ce qui est soi. Elle est une appropriation de la personne par
elle-même. D’abord comme corps, comme intégrité physique et morale : cette
liaison est nécessaire. De plus, le «domicile fixe» constitue cette synthèse du
collectif et du singulier, la possibilité de faire coexister une sorte de
vivre-ensemble avec la sphère intime. À part soi. Qui ne regarde que soi. Aussi
nier la possibilité même de cette sphère privée (ainsi de tout totalitarisme)
revient à nier l’homme en tant que tel. On supprime le nom et le prénom, on
réduit à néant (ou à presque rien) la sphère intime, le corps humain et ses
besoins. On affame, on épuise, on humilie les forces vitales. On rend
impossible ou difficile la propreté. Bref, on assiste à la décomposition de la
valeur de la vie d’un homme. L’idée même d’intimité devient suspecte. Toujours
trop sacrée. Toujours trop en retrait. Toujours trop «soi». Toujours trop
individuelle. Vivre dehors, sans domicile fixe, pose
cette même question de l’intime et de sa nécessaire sauvegarde. La vie propre
se réduit au minimum et l’on comprend que certains s’y accrochent comme à la
dernière manifestation objective de leur existence : un bout de trottoir,
un vieux carton, une vieille couverture. Elle se réduit au minimum, à la vue de
tous. Cette vue est insupportable. C’est alors (à supposer qu’elle ait un sens)
notre honte qu’on ne veut pas voir. Honte de laisser-faire et de passer son
chemin. (p.
115/117)
Méditations du temps présent La philosophie à l’épreuve du quotidien 2 L’Harmattan,
2008
“The
sky’s the limit”, disait-on. Notre folie des grandeurs et des hauteurs n’a
pas de limite, pas même le ciel. Comme Icare, nous montons toujours plus haut
avec nos ailes de cire, et nous finirons par chuter un jour ou l’autre. Partout
dans le monde, c’est la compétition à savoir qui détiendra la plus haute tour indestructible. Ainsi que l’armée la
plus puissante, les sous-marins et les drones les plus puissants, la bombe
nucléaire la plus puissante, etc. Ensuite, les dirigeants discutent de paix internationale
dans le confort de luxueuses forteresses hôtelières (1).
«Nietzsche disait ‘ce qui ne tue pas rend plus
fort’, cependant, ce qui ne tue pas laisse des cicatrices.»~ Joe Frank (At the Border)
Cent chiens sauveteurs, pour la plupart sans
bottes, sans masques ni protection, commencèrent au lendemain des attentats à flairer
les ruines du WTC pour trouver des survivants. Même si très peu de gens ont pu
être tirés hors des décombres, Denise Corliss, sapeur-pompier volontaire, a été
étonnée de l’impact extrêmement positif et thérapeutique de sa chienne, dont la
présence et la douceur touchaient les survivants et les bénévoles.
Denise Corliss et son golden retriever Bretagne (je n'ose même pas imaginer la peine de cette femme)
«Bretagne, la dernière chienne de sauvetage des
attentats du 11 septembre, est décédée le 7 juin 2016 à Cypress, au Texas.
Souffrant d'insuffisance rénale et d'une dégradation de son état de santé, sa
propriétaire, la sapeur-pompier volontaire de Cy-Fair Denise Corliss, a fait le
douloureux choix de l'euthanasier. Une
douzaine de pompiers de la caserne et des forces d'intervention du Texas lui
ont rendu hommage. Après l'intervention, Bretagne a été transportée dans un
véhicule des forces de l'ordre, enveloppée dans le drapeau de l'État. «C'est un
moment très dur pour les sapeurs-pompiers, a expliqué le pompier David Padovan.
Elle a servi son pays. Sa communauté. C'est juste une petite façon pour nous de
l'honorer.» Bretagne
a commencé sa carrière à l'âge de deux ans sur le site du World Trade Center,
dans le sud de Manhattan à New York, lors des attentats du 11 septembre où
quelque 3000 personnes ont trouvé la mort. Avec son maître, elle a passé dix
jours sur place à chercher des survivants dans les décombres. En 2005, elles
étaient également intervenues après la catastrophe des ouragans Katrina et
Rita. À sa
retraite à l'âge de 9 ans, Bretagne était devenue la mascotte et l'ambassadrice
des pompiers de Cy-Fair et faisait office de chien de thérapie auprès des
enfants.» (Source : lefigaro.fr; extrait)
Nietzsche disait aussi «il n’y a pas assez d’amour
et de bonté dans le monde pour avoir le droit d’en prodiguer à des êtres
imaginaires». En effet. Alors, qu’on en prodigue en masse aux chiens! Si vous cherchez
un vrai héros désintéressé, regardez votre chien – il est prêt à mourir pour
vous. Le chien bien entraîné est bienveillant et paisible, et sa force
tranquille fait en sorte que les gens se tournent vers lui pour trouver
réconfort lorsqu’ils sont en détresse. Dommage que des humains malveillants entraînent
des chiens à devenir des tueurs; ce sont ces entraîneurs qu’il faudrait bannir...
~~~
(1) Beaucoup de gens attendent que la paix vienne
des autres. Les poignées de main entre
diplomates et dirigeants, au nom du bien de l’humanité et de la paix dans le monde,
ne servent qu’à nous endormir, à masquer la réalité.
Car derrière la façade, les actes de violence et les guerres se multiplient, causant
à de nombreuses populations civiles des dommages irréparables et des
souffrances inimaginables. Mais, la guerre c’est très payant – demandez à votre
banquier dans quelles entreprises (privées ou gouvernementales) il investit l’argent
de vos placements...
Alors, il
ne nous reste plus qu’à pratiquer la paix individuellement, avec de petits gestes
anodins pourtant significatifs : donner un peu d’argent à un mendiant; sourire
à quelqu’un sur la rue (s’il n’a pas les yeux rivés sur son smartphone); donner
du temps à quelqu’un qui a besoin d’écoute; caresser un chien qui attend un peu
d’affection; être patient avec les membres de sa famille; respecter ses collègues
et ses voisins; être bienveillant envers les animaux (pas juste les animaux de
compagnie); éviter de nuire le plus possible à la nature. Les occasions ne
manquent pas. Cela dit, il est bien sûr recommandé d’éviter les personnes résolument
égoïstes, désagréables, violentes, voire, toxiques.
@Twittakine
Ah, pouvoir célébrer ses 102 ans! «En vieillissant, on apprend à troquer ses
terreurs contre ses ricanements.» ~
E.-M. Cioran
La vieillesse Par Philippe Noiret (1930-2006)
Photo : film Père et fils
Il me
semble qu’ils fabriquent des escaliers plus durs qu’autrefois. Les marches sont
plus hautes, il y en a davantage. En tout cas, il est plus difficile de monter
deux marches à la fois. Aujourd’hui, je ne peux en prendre qu’une seule.
À noter
aussi les petits caractères d’imprimerie qu’ils utilisent maintenant. Les
journaux s’éloignent de plus en plus de moi quand je les lis : je dois loucher
pour y parvenir. L’autre jour, il m’a presque fallu sortir de la cabine
téléphonique pour lire les chiffres inscrits sur les fentes à sous.
Il est
ridicule de suggérer qu’une personne de mon âge ait besoin de lunettes, mais la
seule autre façon pour moi de savoir les nouvelles est de me les faire lire à
haute voix – ce qui ne me satisfait guère, car de nos jours les gens parlent si
bas que je ne les entends pas très bien.
Tout
est plus éloigné. La distance de ma maison à la gare a doublé, et ils ont
ajouté une colline que je n’avais jamais remarquée avant.
En
outre, les trains partent plus tôt. J’ai perdu l’habitude de courir pour les
attraper, étant donné qu’ils démarrent un peu plus tôt quand j’arrive.
Ils ne
prennent pas non plus la même étoffe pour les costumes. Tous mes costumes ont
tendance à rétrécir, surtout à la taille. Leurs lacets de chaussures aussi sont
plus difficiles à atteindre.
Le
temps même change. Il fait plus froid l’hiver, les étés sont plus chauds. Je
voyagerais, si cela n’était pas aussi loin. La neige est plus lourde quand
j’essaie de la déblayer. Les courants d’air sont plus forts. Cela doit venir de
la façon dont ils fabriquent les fenêtres aujourd’hui.
Les
gens sont plus jeunes qu’ils n’étaient quand j’avais leur âge. Je suis allé
récemment à une réunion d’anciens de mon université, et j’ai été choqué de voir
quels bébés ils admettent comme étudiants. Il faut reconnaître qu’ils ont l’air
plus poli que nous ne l’étions; plusieurs d’entre eux m’ont appelé «monsieur»;
il y en a un qui s’est offert à m’aider pour traverser la rue.
Phénomène
parallèle : les gens de mon âge sont plus vieux que moi. Je me rends bien
compte que ma génération approche de ce que l’on est convenu d’appeler un
certain âge, mais est-ce une raison pour que mes camarades de classe avancent
en trébuchant dans un état de sénilité avancée.
Au bar
de l’université, ce soir-là, j’ai rencontré un camarade. Il avait tellement changé
qu’il ne m’a pas reconnu.
(Via
Babelio)
Le bonheur
parfait selon vous? «Le cul bien sur la selle de mon andalou, le nez
au vent dans la fraîcheur du matin, avec les Pyrénées enneigées au loin. Et mon
labrador qui, lui, sourit, la langue pendante.» Que
possédez-vous de plus cher? «Ce que j'ai de plus cher, je ne le possède pas.
En l'occurrence, Monique, ma femme, Frédérique, ma fille. Et mes
petits-enfants, Deborah et Samuel.» ~ Philippe Noiret
«Lorsqu'on s'interroge, au seuil de la
vieillesse, on découvre qu'on n'a rien fait de ce que l'on avait arrêté, que
les voeux les plus chers ne se sont pas réalisés, que rien n'est arrivé de ce
que l'on attendait, et que, en somme, le temps a galopé en marge du chemin que
l'on s'était tracé... Et l'on s'en est à peine aperçu...» ~ Pierre Aguétant (Le Coeur secret)
Court métrage «Le passager» (? Claude
Delon 1992-1993) Irrésistible!
En 2005, l’ONU
estimait le nombre de sans-abri à 100 millions à travers le monde. En 2015, on
estimait qu’il y avait 1,6 milliards de gens qui n’avaient pas de logement
adéquat – soit le quart de la population mondiale. Pourtant ni l’argent ni la
nourriture ne manquent dans le monde, mais ces ressources sont concentrées entre
les mains de gens qui choisissent de ne pas partager, de détourner des fonds ou d’ignorer
délibérément le sort misérable de leurs semblables. Les réfugiés sont des personnes qui n’ont plus
de toit, qui ont perdu leurs biens, qui n’ont plus de racines, qui ont faim et qui n'ont plus de contrôle sur leur destinée; ce sont des victimes des guerres, des compétitions
économiques et des machinations politiques; ils vivent dans un no man’s land brutal, hantés par d’inimaginables anxiétés
et tribulations. Certains pays ont fait preuve de grande générosité tandis que d’autres
ont fait preuve de dureté et les camps de détention ont
rendu la vie des réfugiés aussi misérable sinon pire qu’avant. Collectivement, plusieurs pays occidentaux
se dissocient de ces injustices, ne voient pas comment ils pourraient aider ou s’efforcent
de consolider leur position financière dans le monde. Or l’indignation ne
compense pas l’apathie et l’inaction. L’empathie qui ne produit pas une
quelconque action positive devient un ulcère purulent. (Philip Lindsay, Ageless wisdom philosophy)
Le cri
Lorsque
le passager, sur un vaisseau qui sombre, Entend
autour de lui les vagues retentir, Qu'à
perte de regard la mer immense et sombre Se
soulève pour l'engloutir,
Sans
espoir de salut et quand le pont s'entrouvre, Parmi les
mâts brisés, terrifié, meurtri, Il
redresse son front hors du flot qui le couvre, Et pousse
au large un dernier cri.
Cri vain!
cri déchirant! L'oiseau qui plane ou passe Au delà
du nuage a frissonné d'horreur, Et les
vents déchaînés hésitent dans l'espace À l'étouffer
sous leur clameur.
Comme ce
voyageur, en des mers inconnues, J'erre et
vais disparaître au sein des flots hurlants; Le
gouffre est à mes pieds, sur ma tête les nues S'amoncellent,
la foudre aux flancs.
Les ondes
et les cieux autour de leur victime Luttent
d'acharnement, de bruit, d'obscurité; En proie
à ces conflits, mon vaisseau sur l'abîme Court
sans boussole et démâté.
Mais ce
sont d'autres flots, c'est un bien autre orage Qui livre
des combats dans les airs ténébreux; La mer
est plus profonde et surtout le naufrage Plus
complet et plus désastreux.
Jouet de
l'ouragan qui l'emporte et le mène, Encombré
de trésors et d'agrès submergés, Ce navire
perdu, mais c'est la nef humaine, Et nous
sommes les naufragés.
L'équipage
affolé manœuvre en vain dans l'ombre; L'Épouvante
est à bord, le Désespoir, le Deuil; Assise au
gouvernail, la Fatalité sombre Le dirige
vers un écueil.
Moi, que
sans mon aveu l'aveugle Destinée Embarqua
sur l'étrange et frêle bâtiment, Je ne
veux pas non plus, muette et résignée, Subir mon
engloutissement.
Puisque,
dans la stupeur des détresses suprêmes, Mes pâles
compagnons restent silencieux, À ma voix
d'enlever ces monceaux d'anathèmes Qui
s'amassent contre les cieux.
Afin
qu'elle éclatât d'un jet plus énergique, J'ai,
dans ma résistance à l'assaut des flots noirs, De tous
les cœurs en moi, comme en un centre unique, Rassemblé
tous les désespoirs.
Qu'ils
vibrent donc si fort, mes accents intrépides, Que ces
mêmes cieux sourds en tressaillent surpris; Les airs
n'ont pas besoin, ni les vagues stupides, Pour
frissonner d'avoir compris.
Ah! c'est
un cri sacré que tout cri d'agonie : Il
proteste, il accuse au moment d'expirer. Eh bien!
ce cri d'angoisse et d'horreur infinie, Je l'ai
jeté; je puis sombrer!
~ Louise
Ackermann; 1813-1890 (Poésies
philosophiques, 1871)
Un Canadien parcourt
1 944 km chaque jour pour travailler comme Barista This is That, CBC 6 juillet 2016
Ted Clark n'ayant pas trouvé de travail dans sa
ville natale Calgary, a dû élargir sa recherche : «Je sais que ça semble fou
mais l’endroit le plus proche où j'ai pu trouver un emploi était à Vancouver.»
Clark a décroché un emploi comme barista dans la sélecte région de Mount
Pleasant, mais il n'a pas voulu déménager : «Nous aimons trop le style de
vie de Calgary pour nous éloigner, donc je roule pendant 13 heures chaque jour
pour aller travailler», dit-il.
Selon Clark, il dépense environ 500 $ par semaine pour
le gaz et parcourt 5 832 km à chaque semaine. Pour combler le manque à gagner, il fait aussi de la sollicitation en ligne pendant qu'il conduit... Mais il dit que ça vaut vraiment
la peine puisqu’il peut passer 26 heures avec sa famille chaque week-end dans
la ville qu'il adore. Ainsi, il peut vivre son rêve.
«Si pour
gagner deux fois plus, il faut travailler deux fois plus, je ne vois pas où est
le bénéfice.» ~ Raymond
Castans
--- L'émission This is
That ne se contente pas de parler d’actualité, elle la fabrique. (L’émission a remporté trois prix du Canadian Comedy Awards et la médaille d’or
du New York International Radio Awards
en 2014)
Canadian Man Drives 1,944 km Every
Day to Work as Barista This is That, CBC July
06, 2016
When
Ted Clark couldn't find work in his hometown of Calgary he had to broaden his
search: "I know it sounds crazy but the closest job I could find was in
Vancouver."
Clark
landed a job as a barista in Vancouver's fashionable Mount Pleasant area but
was unwilling relocate to the city: "We just love the Calgary lifestyle
too much to move away from it, so I drive 13 hours every day to work,"
says Clark.
According
to Clark, he spends roughly $500 a week on gas and traverses 5,832 km every
week. But he says it's all worth it to spend 26 hours with his family each
weekend in the city that he loves.
--- This is That is an award-winning satirical current affairs
show that doesn't just talk about the issues, it fabricates them.