Le soleil a brûlé La terre et la maison Et jusqu’à l'horizon Brûlé toute la journée... Le soleil a brûlé Nos mains et puis nos yeux On voudrait te parler Laisse-nous partir Monsieur
Connais-tu notre misère
Le soleil est si fort Qu’il fondra tout ton or Et qu'un grand incendie Viendra sur le pays... Le soleil est si fort Et tu nous laisses dehors Écout’ nous un peu mieux, Laisse-nous partir Monsieur
Connais-tu notre misère
Le soleil est si grand On n’y échappera pas il s’ra pas midi quand le dernier d’nous mourra... Le soleil est si grand Sur ton rire éclatant Regard' nous un peu mieux, Tu n’es pas bon Monsieur...
L'affiche est peut-être dans un musée, mais elle ne semble pas avoir été rayée de la mentalité sudiste. Crédit photo : Racist
Sign, Deep South National Civil Rights Museum, Downtown
Memphis, Tennessee USA
Harold et Maude Immense
plaisir de revoir ce vintage touchant, rafraîchissant, drôle et si audacieux pour
l’époque. Bien qu’à la nôtre, il y a sûrement des gens rebutés par ce type de
relation décalée, mieux tolérée dans sa combinaison inverse – homme âgé / jeune
fille; on se demande pourquoi d’ailleurs... vestige tribal peut-être?
Dialogue – C’est un enchantement. Les fleurs sont
tellement attachantes! – Vraiment? – Oh, oui. Elles nous donnent tant d’elles-mêmes!
– Elles poussent, fleurissent, se fanent,
meurent et se transforment en quelque chose d’autre. Regardez ces tournesols.
Vous ne les trouvez pas magnifiques? J’aimerais bien, dans une autre vie, être
changée en soleil. – Et pourquoi? – Parce que ce sont des fleurs toutes simples ...
et aussi parce qu’elles sont hautes sur tige. – Ce qui veut dire? ... – Que toute jeune déjà, j’ai compris que je
resterais petite. J’en ai éprouvé une vive déception, mais sachant que je n’y
pouvais rien j’ai décidé de m’en accommoder, de ne pas me laisser arrêter par
ce handicap. Et c’est ce que j’ai fait. Mais, quand même, j’ai toujours
regretté de ne pas être grande. On doit avoir l’impression de dominer ... et
vous, Harold, en quelle fleur voudriez-vous être transformé?
Extrait
du livre : «Harold et Maude» de Colin Higgins, éd. Folio Via http://textesatoutvent.blogspot.ch/ Paroles
de la chanson fétiche du film
If you
want to sing out Well if you want to sing out, sing out And if you want to be free, be free 'Cause there's a million things to be You know that there are
And if you want to live high, live high And if you want to live low, live low 'Cause there's a million ways to go You know that there are
You can do what you want The opportunity's on And if you find a new way Well you can do it today
Well you can make it all true And you can make it undo You see, ah ah ah, it's easy ah ah ah You only need to know
Well if you want to say yes, say, "Yes" And if you want to say no, say, "No" 'Cause there's a million ways to go You know that there are
And if you want to be me, be me And if you want to be you, be you 'Cause there's a million things to do You know that there are
You can do what you want The opportunity's on And if you find a new way Well you can do it today
Well you can make it all true And you can make it undo You see, ah ah ah, it's easy, ah ah ah You only need to know
Well if you want to sing out, sing out And if you want to be free, be free 'Cause there's a million things to be You know that there are
You know that there are You know that there are You know that there are You know that there are
Auteur :
Steven Demetre Georgiou, alias Cat Stevens, alias Yusuf Islam
Dans la même veine
:
Qui n’a
pas un jour souhaité faire table rase, partir (avec ou sans valise) et laisser
sa petite vie propre et nette, programmée comme une carte d’ordinateur?
Beaucoup de romans et films ont abordé ce thème, mais j’ai trouvé «Train de
nuit pour Lisbonne» (d’après le roman de Pascal Mercier*) différent et plus
captivant. Extrait
de «Ce désir de changer de cap» http://artdanstout.blogspot.ca/2014/02/ce-desir-de-changer-de-cap.html
Nos
parents commençaient dès la petite enfance à nous extorquer des OUI à renfort
de punitions, privations et autres tourments plus ou moins subtils : «si tu
manges pas tes légumes, t’auras pas de dessert», ou «si tu fais pas tes
devoirs, t’iras pas jouer dehors», ou «si t’es pas sage, t’auras pas de cadeaux
à Noël», et ainsi de suite. Ou bien, ils utilisaient le chantage émotif : «si
tu prêtes pas tes jouets, tu vas faire de la peine au p’tit Jésus», «si t’es
dissipée à l’école, j’t’aimerai plus». Lameilleure que j’ai entendue récemment, c’est «si tu sors avec cette
fille-là, mon gars, tu vas faire mourir ta mère…»; énorme responsabilité pour
un ado! Bien entendu, la nature des menaces évoluait avec l’âge et le contexte,
mais celle-ci dépendait aussi du degré de machisme des éducateurs qui s’étaient
ajoutés à l’autorité parentale. Or cette manipulation insidieuse faisait
en sorte que nous finissions par croire que dire OUI aux autorités était
synonyme de récompense et dire NON synonyme de punition. Faire ce qu’on aime
devenait une source de culpabilité artificielle puisque nous essuyions
régulièrement des refus, peu importe la validité de ces refus. Les prétextes au
chantage émotif visant à nous imposer des comportements tout à fait arbitraires
étaient légions. Extrait
de «NOUI» http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/01/noui.html
Dernier roman de Kundera (en espérant que ce ne soit
pas le dernier!). J’aime son titre : «La fête de l’insignifiance» – fête universelle et quotidienne, jamais
de congé...
Un face-à-face doux-amer avec notre pérenne
insignifiance et ses conséquences : «Leçon
de modestie, ce court roman est millimétré, pas un mot en trop, point de
longueur, ce n’est pas un livre pour passer le temps, c’est une mise en abyme,
une renonciation : l’humble aveu d’impuissance face à la déferlante du grand
n’importe quoi. Puisque l’on ne peut rien changer de ce monde qui part à
vau-l’eau, autant ne pas le prendre au sérieux.» (François Xavier, salon-littéraire.com/fr)
(Photographe inconnu)
La fête de
l’insignifiance Milan Kundera
Gallimard 2014 pour l’édition française
Notes de
lecture
[D’Ardelo
avait dit à son ami Ramon qu’il avait le cancer] ...Je ne peux pas éluder une question : Pourquoi
D’Ardelo avait-il menti? Cette question, D’Ardelo lui-même se la posa tout
de suite après et lui non plus ne sut pas la réponse. Non, il n’avait pas honte
d’avoir menti. Ce qui l’intriguait, c’était son incapacité de comprendre la
raison de ce mensonge. Normalement, si l’on ment c’est pour tromper quelqu’un
et en retirer un avantage quelconque. Mais que pouvait-il gagner à inventer un
cancer? Curieusement en pensant au non-sens de son mensonge, il ne put
s’empêcher de rire. Et ce rire, lui aussi, était incompréhensible. Pourquoi
riait-il? Trouvait-il son comportement comique? Non. Tout bonnement, sans
savoir pourquoi, son cancer imaginaire le réjouissait. (...) (Le charme
secret d’une grave maladie; Mensonge
inexplicable, inexplicable rire, p. 22)
Dans mon vocabulaire de mécréant, un seul mot est
sacré : l’amitié. (...) -- Si je ne me trompe pas, continua Charles en
s’adressant à Ramon, ton grand-père a signé avec d’autres intellectuels une
pétition pour soutenir Staline, le grand héros du progrès. -- Oui, admit Ramon. -- Ton père, j’imagine, était déjà un peu
sceptique à son égard, ta génération encore plus, et pour la mienne il était le
criminel des criminels. -- Oui, c’est comme ça, dit Ramon. Les gens se
rencontrent dans la vie, bavardent, discutent, se querellent, sans se rendre
compte qu’ils s’adressent les uns aux autres, chacun depuis un observatoire
dressé en un lieu différent du temps. (...) Après une
pause, Charles dit : «Le temps court. Grâce à lui, nous sommes d’abord
vivants, ce qui veut dire : accusés et jugés. Puis, nous mourons, et nous
restons encore quelques années avec ceux qui nous ont connus, mais très tôt un
autre changement se produit : les morts deviennent des vieux morts,
personne ne se souvient plus d’eux et ils disparaissent dans le néant; seuls
quelques-uns, très très rares, laissent leurs noms dans les mémoires mais, privés
de tout témoin authentique, de tout souvenir réel, ils se transforment en
marionnettes... (Charles
rêve d’une pièce pour le théâtre de Marionnettes, p. 34-36)
...Dans sa réflexion sur le comique, Hegel dit que
le vrai humour est impensable sans l’infinie bonne humeur (...). Pas la
raillerie, pas la satire, pas le sarcasme. C’est seulement depuis les hauteurs
de l’infinie bonne humeur que tu peux observer au-dessous de toi l’éternelle
bêtise des hommes et en rire. (Lamento de
Ramon sur la fin des blagues, p.99)
...Depuis longtemps, D’Ardelo, je voulais vous
parler d’une chose. De la valeur de l’insignifiance. À l’époque, je pensais
surtout à vos rapports avec les femmes. (...) Passons. À présent
l’insignifiance m’apparaît sous un tout autre jour qu’alors, sous une lumière
plus forte, plus révélatrice. L’insignifiance, mon ami, c’est l’essence de
l’existence. Elle est avec nous partout et toujours. Elle est présente même là
où personne ne veut la
voir : dans les horreurs, dans les luttes sanglantes, dans les pires
malheurs. Cela exige souvent du courage pour la reconnaître dans des conditions
aussi dramatiques et pour l’appeler par son nom. (...) Respirez d’Ardelo, mon
ami, respirez cette insignifiance qui nous entoure, elle est la clé de la
sagesse, elle est la clé de la bonne humeur... (La fête de
l’insignifiance, p. 139)
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«À quoi tenait notre entente? Tant de choses
auraient pu nous opposer. Peut-être à la même vision littéraire de l’existence
qui nous inspirait la même exaltation à savourer ses éphémères plaisirs; à la
même croyance que tout passe, que rien ne reste, ni les amitiés, ni les amours,
ni la gloire, ni les civilisations, ni même le monde, voué à disparaître,
projeté, planète morte parmi les planètes mortes, infime signe dans l’infini
des constellations, dans l’abîme insondable du temps.»
~ Jean-Marie
Rouart (au sujet de ses rencontres avec Jean d’Ormesson; inNe pars pas avant moi, Gallimard 2014; p. 197)
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Rappel
La journée mondiale du chien : pour nous rappeler qu'en
principe nous devrions être les meilleurs amis* du chien. La journée mondiale
du chien, se tient chaque 26 août, et met l’emphase sur le lien qui unit depuis
des millénaires les hommes et les chiens partout dans le monde. Son origine est
anglo-saxonne, comme beaucoup d’autres journées mondiales...
*
Malheureusement : 26 millions de chiens sont élevés et/ou volés pour être
mangés annuellement dans le monde, en particulier en Asie. Sans parler de leur utilisation
comme cobayes en laboratoire et à d'autres fins tout aussi ignobles.
Pourtant
ce sont de loyaux amis et associés, capables d’accomplir de grandes
choses pour nous. Je voyais justement un adorable chien-guide Mira hier, et je
pensais à la zoothérapie telle qu’on la pratique depuis trente ans à l'Institut universitaire
en santé mentale Douglas, à Montréal. Les
animaux aident les patients à se soigner par leur spontanéité, leur calme et
leur absence de jugement.
Tania a
surmonté sa dépression en partie grâce à Charlie.Photo
: Myriam Fimbry, ICI Radio-Canada
Tania,
une patiente atteinte de troubles bipolaires, a calmé son anxiété en caressant
ou en brossant les pelages. L'équipe de l'Institut Douglas lui a suggéré
d'adopter un chien, un épagneul nommé Charlie, qui la suit partout. Durant sa
période dépressive, la présence de Charlie a chassé ses idées noires et l'a
motivée à se lever le matin. Il joue un rôle thérapeutique auprès d'elle, bien
qu'il ne remplace pas les médicaments ni le suivi psychiatrique.
Démonstration de ce que disait Jacques Prévert «Quand on
ne sait pas dessiner, on peut faire des images avec de la colle et des
ciseaux» :
À propos de la technique - Musée d’art contemporain, exposition 2014 : Le collage
est l’une des rares pratiques artistiques qui navigue allègrement entre ce que
nous définissons comme grand art et comme art populaire; ou encore, plus
carrément, comme art par opposition à artisanat. Le collage se nourrit de la
pléthore d’images que la société contemporaine produit; il s’approprie ses
détritus; il absorbe tout et n’importe quoi dans son champ visuel. Il propose à
l’éphémère, une nouvelle signification par la recontextualisation. Comme le
hip-hop, l’échantillonnage et le mixage, le collage utilise une juxtaposition
de fragments existants à partir de sources disparates, indéfinies; et,
peut-être plus que tout autre médium artistique, il reflète un désir de rendre
compte du chaos du quotidien sans neutraliser son potentiel. Tendant à
prospérer dans les périodes de conflit et de changement, le collage fournit aux
artistes une possibilité d’aborder les problèmes de l’heure sous une forme
directe, aisément lisible. C’est un médium qui englobe contradiction et
multiplicité, qui est imprégné de motivations politiques souvent militantes, et
dont l’usage peut donc être considéré comme un geste éthique.
En ce qui me concerne, je trouve que c’est un
moyen extraordinaire pour se vider le subconscient. Il ne requiert aucun talent
particulier et peut éviter de longues séances chez le psy. J’ai vu des collages
extraordinaires dans le temps où
j’offrais des ateliers. Prévert a bien raison. Essayez! laissez aller votre
imagination et ne jugez pas ce que vous faites...
Il est plus facile de sortir de ses gonds
que d’y entrer. ~ Marcel
Achard
Les canicules ne rendent pas les gens
particulièrement sociables. La semaine dernière, j’ai vécu exactement ce que
raconte Richard Carlson. Ce n’était pas une première, ces situations plutôt
ironiques sont très fréquentes. Je fais la même chose que lui (détente,
réflexion), sauf qu’à la fin, j’envoie un beau petit sourire au conducteur – à
mes risques et périls...!
Autant que possible j’évite les autoroutes, et
conséquemment, les compétitions genre NASCAR, les accidents et carambolages, les travaux de
reconstruction et les bouchons. Les routes secondaires et les chemins de
campagne sont plus agréables visuellement, moins achalandés et donc moins
stressants. Croyez-le ou non, la plupart du temps je suis à l’heure, même en
avance.
Photo : Mon Piche, Panoramio; Village des
Chutes (Centre du Québec)
Je reviens sur le sujet à cause de la dangerosité
de certains conducteurs. Leur céder le passage est un acte de survie qui n’a
rien d’humiliant; c’est juste un indice d’intelligence rationnelle et
émotionnelle.
Soyez moins
agressif au volant Richard
Carlson
Dans quelle situation perdez-vous le plus
facilement votre sang-froid? Je suis prêt à parier qu’un bon nombre d’entre
vous répondront « quand je suis au volant ». De fait, nos autoroutes
ressemblent dangereusement à des pistes de Formule 1 et nos boulevards à des
pistes pour autos tamponneuses... Il y a au
moins trois excellentes raisons de conduire de façon moins agressive. En
premier lieu, pour assurer votre sécurité et celle des autres! Deuxièmement, la
conduite dite « sportive » est extrêmement stressante : votre
tension monte, vos mains s’agrippent au volant, vos yeux fatiguent et vous
perdez le contrôle de vous-même... avant peut-être de perdre celui de votre
véhicule. Dernière raison, vous n’arriverez pas plus vit à destination en
roulant le pied collé au plancher! L’autre jour, j’ai emprunté la route
d’Oakland à San José. La circulation était dense, mais fluide. J’ai remarqué un
conducteur très agressif qui faisait du slalom d’une file à l’autre, alternant
coups de frein et accélérations brutales. De toute évidence, il était pressé.
En ce qui me concerne, je suis resté sur la même voie pendant tout le trajet
(environ soixante kilomètres). Je rêvassais. ... Les déplacements en voiture me
donnent l’occasion d’être seul. Au moment où je quittais
l’autoroute, mon Fangio est arrivé derrière moi et m’a dépassé. Sans m’en
rendre compte, à mon rythme, j’étais arrivé à San José avant lui! Tous ses
zigzags et ses queues de poisson (sans compter les dangers qu’il faisait courir
aux autres automobilistes) ne lui avaient rien rapporté – à part une poussée
d’adrénaline ainsi que beaucoup de gomme et d’essence gaspillées. Au total,
nous avions fait la même moyenne... Même chose quand vous voyez des véhicules
vous doubler brusquement pour arriver avant vous au feu rouge. Rien ne
sert de courir. Et encore moins lorsque cela vous coûte une amende, des points
à votre permis ou des séances obligatoires de révision du code de la route! Il
vous faudra des années de pilotage à tombeau ouvert pour rattraper ce
temps-là... Quand
vous décidez d’adopter une conduite moins agressive, vous pouvez utiliser le
temps passé au volant de manière plus profitable. Considérez vos trajets en
voiture non pas seulement comme un moyen de vous rendre à tel endroit, mais
comme une occasion de souffler et de réfléchir. Au lieu de bander vos muscles,
prêt à vous raidir sur les pédales de commande, essayez de vous détendre. En ce
qui me concerne, j’ai dans ma boîte à gants plusieurs audio de relaxation musculaire.
Parfois j’en écoute un, et lorsque j’arrive à destination, je me sens plus
reposé qu’en montant dans la voiture. Au cours
de votre existence, vous allez sans doute rester des heures et des heures dans
une automobile. Vous pouvez choisir de les passer dans le survoltage, ou bien de
les utiliser plus sagement. ...
---
Au sujet de la patience :
... Plus vous serez patient, plus vous accepterez
la vie telle qu’elle est, au lieu de vous épuiser à attendre qu’elle soit enfin
à l’image de vos rêves. Sans une bonne dose d’endurance, l’existence devient
vite synonyme de frustration permanente. Vous avez les nerfs à fleur de peau,
le moindre incident vous horripile. Parce qu’elle ajoute équilibre et
mansuétude à votre vie, la patience est essentielle à votre paix intérieure. ...
Vous êtes en retard à un rendez-vous? Détendez-vous. C’est peut-être l’occasion
ou jamais de vous livrer à un exercice de respiration. Mais surtout,
rappelez-vous que, tout bien pesé et considéré, arriver en retard à un
rendez-vous n’est pas la fin du monde... (Soyez plus
patient)
Ne vous
noyez pas dans un verre d’eau Cent conseilspour vous simplifier la vie! J’ai lu, Bien-être, 1998
En période de canicule, nous sommes en nage et nous rêvons d’eau...
L’impermanence Philip Martin (Psychiatre, travailleur
social, spécialisé en psychologie bouddhique zen)
Renoncer aux
choses ne signifie pas les abandonner. C’est simplement reconnaître qu’elles
sont appelées à disparaître.
~ Shunryu Suzuki Roshi
Nous voulons
que les choses qui nous procurent du plaisir perdurent. En réalité, nous voulons
être inaltérables. Mais la réalité de l'impermanence nous apprend non seulement
que rien n'est éternel, mais que rien ne reste tel quel. Le monde autour de
nous change, et nous changeons, d'instant en instant. La mort n'est rien d’autre
qu’un changement plus radical dans un monde où tout change de toute façon.
«Si tu te
trouves au sommet d'un mât de cent pieds, fais un pas en avant», recommande un koan
Zen. L’impermanence est ce mât de cent pieds. Ou plutôt, notre attachement et notre
désir de permanence représentent ce mât de cent pieds auquel nous nous
accrochons; et nous avons peur de bouger. Voilà pourquoi notre vie est si
restreinte et limitée, aussi étroite que le sommet de ce mât.
Tous les
jardiniers savent que c'est l'impermanence même de la floraison qui la rend
précieuse. La beauté du jardin réside dans sa nature changeante, dans sa
variété de couleurs et de formes en perpétuelle mouvance.
La beauté du
monde résulte du même mouvement perpétuel. Nous pouvons nous infiltrer dans
cette beauté, au milieu de tout ce qui meurt et naît autour de nous.
The Zen
Path through Depression HarperSanFrancisco; 1999
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L’expérience
du renoncement (The Surrender Experiment) Michael A. Singer (1)
La vie se déroule rarement comme on le voudrait.
Et si l’on s’arrête pour y réfléchir, c'est tout à fait logique. Le champ universel
des possibilités est illimité, et le fait que nous n’avons pas réellement de
contrôle sur les événements devrait être évident. L'Univers existe depuis à peu
près 13,8 milliards d'années, et les processus qui déterminent le cours de la
vie autour de nous n'ont pas commencé à notre naissance et ne cesseront pas à
notre mort. Ce qui se manifeste devant nous à n’importe quel moment est en fait
quelque chose de vraiment extraordinaire – c'est le résultat final de toutes
les forces qui ont interagi depuis des milliards d'années. Nous ne sommes pas
responsables de la moindre fraction de ce qui se passe autour de nous.
Néanmoins, nous essayons constamment de contrôler et de déterminer ce qui se
passera dans notre vie. Pas étonnant qu'il y ait autant de tension, d'anxiété
et de peur. Nous croyons vraiment que les choses devraient fonctionner tel que nous
le souhaitons au lieu d'être ce qu’elles sont : le résultat naturel des
forces de la création.
Nos idées ont toujours préséance sur la réalité
qui se déroule sous nos yeux. Nous disons par exemple : «il ne faut pas qu’il
pleuve aujourd'hui parce que je vais camper» ou «je dois obtenir mon
augmentation de salaire parce que j'ai vraiment besoin d'argent». Notez que ces
revendications sur ce qui devrait et ne devrait pas arriver ne sont pas fondées
sur des preuves scientifiques; elles sont basées uniquement sur des préférences
personnelles concoctées par notre esprit. Sans le réaliser, nous faisons ça
avec tout – comme si le monde était supposé se manifester conformément à ce que
nous aimons ou n'aimons pas. Si ça ne fonctionne pas, il y a sûrement quelque
chose qui cloche. C'est un mode de vie très difficile car nous avons toujours
l’impression d’avoir à nous battre contre la vie.
Néanmoins, il est également vrai que nous ne
sommes pas totalement impuissants face aux événements. Nous sommes dotés de volonté.
Nous pouvons nous en servir pour tenter de modifier le monde extérieur conformément
à notre désir. Mais cela occasionne une bataille constante entre la volonté individuelle
et la vie réelle, et cela finit par nous consumer. Lorsque nous gagnons la
bataille, nous sommes heureux et détendus; lorsque nous la perdons, nous sommes
troublés et stressés. Étant donné que nous nous sentons bien uniquement si les
choses sont à notre goût, nous essayons constamment de contrôler le cours des
événements.
Doit-il en être ainsi? Il y a tellement de preuves
que la vie fonctionne très bien par elle-même. Les planètes restent en orbite,
de minuscules graines se transforment en arbres géants, les événements
météorologiques ont conservé des forêts dans le monde entier, les arrosant
pendant des millions d'années, et, une seule cellule fécondée se transforme en
un magnifique bébé. Aucune de ces choses ne se réalise par un acte conscient de
notre volonté; elles résultent de l'incompréhensible perfection de la vie. Tous
ces événements étonnants, et d'autres encore, innombrables, sont orchestrés par
des forces de vie qui existent depuis des milliards d'années – ces forces mêmes
auxquelles nous nous opposons consciemment à tous les jours. Si le déroulement
naturel du processus de la vie peut créer et prendre soin de l'univers tout
entier, est-il vraiment raisonnable de supposer que rien de bon n’en sortira sauf
si nous le contrôlons?
(1)
MICHAEL A. SINGER is the author of the New York Times #1 bestseller The Untethered Soul. He had a deep inner
awakening in 1971 while working on his doctorate in economics and went into
seclusion to focus on yoga and meditation. In 1975, he founded Temple of the
Universe, a now long-established yoga and meditation center where people of any
religion or set of beliefs can come together to experience inner peace. He is
also the creator of a leading-edge software package that transformed the
medical practice management industry, and founding CEO of a billion dollar
public company whose achievements are archived in the Smithsonian Institution.
Along with his more than four decades of spiritual teaching, Michael has made
major contributions in the areas of business, education, healthcare, and
environmental protection.
Les pronostics les plus optimistes prévoient qu'il
reste une cinquantaine d'années à nos ressources pétrolières. On le sait, les
prochaines générations devront apprendre à vivre sans pétrole. Bernard Bertrand
propose des solutions de rechange.
Vivre sans
pétrole Plaidoyer
en faveur des ressources végétales Éditions Plume de carotte, juin 2015
Notre
société est celle du pétrole, de l’essence à tous ses dérivés plastiques. Notre
vie est ainsi remplie d’objets issus de cette ressource énergétique. Mais que
se passera-t-il quand les stocks seront épuisés?
Suivez
la piste du végétal et redécouvrez comment nos grands-parents utilisaient les
plantes dans leur vie quotidienne avant l’avènement du pétrole.
Espèce
après espèce, l’on découvre comment les plantes nous ont donné le meilleur
d’elles-mêmes et nous ont permis pendant des millénaires de nous passer du
pétrole.
Touchante cette vidéo : «un projet d’espoir et
d’amour» réalisé.
En juillet, 2010, lorsqu’il avait 10 ans, mon
petit-fils Émile m’a annoncé qu’il voulait faire un album.Je lui ai expliqué que pour faire un album,
il faudra faire des chansons. Pour entrer en matière j’ai commencé par lui
demander qu’est-ce qu’il aimait. - J’aime la vie il répond.
«Émile est
atteint d’un handicap neuromoteur. Mais c’est secondaire, d’autant plus qu’il
n’existe pas de déficience intellectuelle chez mon petit-fils. Il dit lui-même
que c’est vraiment léger. Et puis, c’est l’émotion qui compte. Je suis embarqué
dans le jeu sans trop savoir, et c’est finalement devenu sérieux. J’ai fait mon
travail, tout en servant de guide. J’ai apprécié la fraîcheur d’Émile qui,
contrairement à moi, est d’une désarmante simplicité. Moi, je suis un compliqué
et un chiant. Toutes les chansons ont été conçues par lui. J’étais là pour le
soutenir. Ma grande motivation était d’accomplir quelque chose avec lui. Un
projet d’espoir et d’amour. C’est une preuve de notre complicité, mais aussi de
sa capacité de réaliser de belles choses, malgré les difficultés. C’est un
message positif, qui me change du sujet des catastrophes naturelles...» (Zacharie
Richard)
J'AIME
LA VIE (I love life)
Je m’appelle Émile, et je suis un petit garçon. J’aime mes amis et d’aller à l’école. Des fois je suis ému en pensant à la vie. J’aime la vie et toutes les créatures.
Ref J’aime la vie et toutes les créatures. J’aime la vie et toutes les créatures.
J’aime les arbres, j’aime les fleurs, J’aime les cailloux et les boîtes en carton, Parce que je peux me cacher de dans. J’aime la vie et toutes les créatures.
Ref J’aime la vie et toutes les créatures. J’aime la vie et toutes les créatures.
J’aime les enfants handicapés. Ils sont dans mon école. Ce n’est pas parce qu’ils sont handicapés Qu’on ne peut pas les aimer.
Dans la veine de l'acceptation des différences, comme dans la chanson d'Émile et Zacharie.
Défilé Fierté Montréal aujourd’hui, 290 000 spectateurs.
Les partis de l'opposition ont fait preuve d'une rare unité pour dénoncer
unanimement le chef conservateur, Stephen Harper, qui n'était pas présent au
défilé annuel et qui s'est retrouvé une fois de plus hanté par le procès du
sénateur Mike Duffy. (La Presse, photo PC)
«La lutte contre la transphobie et l'homophobie
demande une vigilance de tous les instants. Partout dans le monde, il y a
encore trop de cas de violence, trop de gens qui se font arrêter à cause de
leur orientation sexuelle. Ce défilé est important non seulement pour
sensibiliser les gens d'ici, mais aussi le reste de la planète.» (Denis
Coderre, maire de Montréal)
Donc, pour souligner l’événement un mini florilège
Alan Turing, 1912-1954 (film The Imitation Game).
Parallèlement aux dogmes religieux, un des
problèmes relié à la controverse est que les gens associent machinalement homosexualité
à pédophilie. Stupide équation, non? Des pédophiles on en trouve chez les hétéros,
et même chez les religieux! Cela veut-il dire que tous les hétéros et tous les
religieux sont pédophiles? Hé!
Quand je songe qu’Alan Turing a été soumis à la
castration chimique, j’avoue que ça me dépasse. Dans une lettre à un ami mathématicien,
Norman Routledge, en 1952, Turing lui faisait part de sa grande préoccupation
au sujet de plaider coupable; il craignait que son orientation sexuelle soit
utilisée pour discréditer ses idées et tout son travail.
“Science
is a differential equation. Religion is a boundary condition.”
«Les gens ne disent jamais ce qu'ils pensent vraiment et ils
s’attendent à ce que nous décodions ce qu'ils ne disent pas.»
«Si nos cerveaux sont différents, eh bien nous pensons
différemment.»
«Personnellement, je crois que l’esprit est réellement
toujours connecté à la matière mais certainement pas avec le même genre de
corps... En ce qui concerne la connexion réelle entre esprit et corps, je
considère que le corps [peut] s’accrocher à un ‘esprit’; tant que le corps est
vivant et éveillé, les deux sont fermement connectés. Lorsque le corps est
endormi, j’ignore ce qui se passe, mais lorsque le corps meurt, le ‘mécanisme’ qui
relie le corps à l’esprit disparaît. Et tôt ou tard l'esprit trouve un nouveau corps,
peut-être immédiatement.»
Données historiques
Entre 1885
et 1967, près de 49 000 (hommes) homosexuels ont été reconnus coupables de
grossière indécence en vertu de la loi britannique.
En 2009 le
gouvernement britannique a présenté des excuses posthumes à Turing.
Le 24 décembre
2013, 59 ans après la mort de Turing, la reine Elizabeth II lui accorda un
pardon royal posthume, et honora ses réalisations sans précédent.
Les
historiens estiment que le décodage d’Enigma aurait écourté la guerre de deux
ans et ainsi sauvé plus de 14 millions
de vies. Ce que le gouvernement a gardé secret pendant plus de 50 ans.
Le
travail de Turing a inspiré des générations de chercheurs qui ont travaillé avec
ce que les scientifiques appelaient «les machines de Turing»; appelées aujourd’hui
ordinateurs.
«La maturité c’est ce que tu ressens quand tu fais
le bilan de ta vie et que tu réalises que tu t’es gouré à peu près dans tout.»
(Jim Unger)
Ah, c’est difficile à admettre, mais c’est le prix
à payer pour avoir un minimum de vraie
humilité et de lucidité, et ainsi pouvoir rire de nos gaffes. Et puis, bénéfice
substantiel, ça peut abaisser notablement le niveau d’arrogance de l’ego.
Le sage
doit voyager léger
Un jeune peut transporter une lourde charge, jour
après jour, sans en remarquer les effets dommageables. Mais le sage doit déposer son fardeau. Les ressentiments, les regrets, les blessures, les affronts, les rancunes et les déceptions sont beaucoup trop encombrants pour l’individu capable de sagesse et de contentement. Le sage doit voyager léger.
L'esprit porte un sac à dos qui, avec les années, se remplit de pierres et de cailloux. Tu n’as plus besoin de le charrier. Tu peux vider ton sac et ne transporter que de la compassion jour après jour.
(Tao Te Ching)
(Pinterest)
Stephen Mitchell, dans sa traduction du chapitre
56 du Tao Te Lao-Tzu Ching, présente les principes de base de la méditation
taoïste. L’endroit où vous êtes
et ce que vous faites n’importent pas.
- Fermez la bouche : cessez de parler aux autres ou
de soliloquer. - Bloquez vos sens : laissez le monde extérieur se
dissoudre en arrière-plan. - Émoussez votre esprit analytique : n'essayez pas
de comprendre ou d’analyser. - Déliez vos noeuds : détendez tous de vos
muscles. - Diminuez l’acuité de votre regard : ne vous
concentrez pas sur quelque chose de précis. - Faites descendre la poussière : laissez les
choses, les pensées et les tensions s’apaiser lentement.
(Pour compenser l’affreux message sur les chiens
publié aujourd’hui sur Situation planétaire).
Les commentaires sont drôles.
Proof That
Dogs Can Sleep Anywhere Preuve que
les chiens peuvent dormir n’importe où (Photos et commentaires : auteurs inconnus)
This dog's asleep. Wait,
I mean "This dog's a-sheep." (Jeu de mots intraduisible...)
After your hound is planted, expect puppies to sprout in six to eight weeks. (Une fois votre lévrier planté, les chiots prendront six à huit semaines pour germer.)
I'm actually not sure if this dog is asleep or just having a vulnerable bonding
moment with the table leg. (En fait, je ne suis pas certain si le chien est
endormi ou si c’est juste une démonstration de soumission affective envers le pied de
table.)
Because really, isn't every water dish just a very small pool? OH SHIT does
that mean that every pool is just a large water bowl?! (Parce que sincèrement, chaque bol d'eau n’est-il
pas une très petite piscine? Oh merde, est-ce que cela signifie que chaque piscine
est juste un grand bol d'eau?!)
Hey, I'm just gonna see if my Kong went under the cou...zzzzz. (Hé, je vais juste regarder si mon Kong est sous
le so...zzzzz.)
All 2016 Hondas will have puppy sleep handles as a standard feature. (Toutes les Honda 2016 auront une caractéristique
standard : des accoudoirs pour chiots fatigués.)
Your patio furniture is a dog bed. (Votre mobilier de jardin est un lit pour chien.)
And that was the day he discovered his dog had a shoe fetish. (Et ce jour-là il découvrit que son chien
avait une chaussure fétiche.)
Although he loved music, it was Spot's greatest secret that he was actually
tone deaf. (Même s'il aimait la musique, le plus grand
secret de Spot était qu’il n’avait pas d’oreille.)
Bitsy built her own version of Temple Grandin's hug machine. (Bitsy a créé sa propre version de la machine à câlins
de Temple Grandin.)
He didn't even rinse himself off in the sink before getting in the dishwasher. (Il ne s’est même pas rincé dans l'évier avant d’aller
au lave-vaisselle.)
Shifting into sleep mode. (Passage
en mode veille.)
Un ami m’a envoyé cette perle (auteur inconnu) : J'avais
l'habitude de confier mes secrets à la montagne. Un jour où
j'étais triste, face à la montagne, j'ai crié de toutes mes forces : «La vie est
méchante!» Et l'écho
m'a répondu :
«CHANTE...CHANTE...CHANTE»
18 août 2015
J’ai trouvé (par hasard!) sur Au fil de mes lectures l’origine de
cette petite phrase probablement adaptée d’une chanson de Théodore Botrel (1868-1925).
Amusant quand même...
Rôdant, triste et solitaire Dans la forêt du mystère, J'ai crié le coeur très las : «La vie est triste ici-bas!» L'Écho m'a répondu : «Bah!» - «Écho, la vie est méchante!» Et, d'une voix bien touchante, L'Écho m'a répondu : «Chante!» - «Écho, Écho des grands bois, Lourde, trop lourde est ma croix!» L'Écho m'a répondu : «Crois!» - «La haine en moi va germer, Dois-je rire ou blasphémer?» Et l'Écho m'a dit : «Aimer!» Comme l'Écho des grands bois M'a conseillé de le faire : J'aime, je chante et je crois! Et je suis heureux sur terre!
Théodore Botrel
(L'Écho, in
Les Chansons de Jean-qui-chante, éd. J. Rueff, 1907.)
Dites, quel est le pas Des mille pas qui vont et passent Sur les grand’routes de l’espace, Dites, quel est le pas Qui doucement, un soir, devant ma porte basse S’arrêtera?
Elle est humble, ma porte, Et pauvre, ma maison. Mais ces choses n’importent.
Je regarde rentrer chez moi tout l’horizon À chaque heure du jour, en ouvrant ma fenêtre; Et la lumière et l’ombre et le vent des saisons Sont la joie et la force et l’élan de mon être.
Si je n’ai plus en moi cette angoisse de Dieu Qui fit mourir les saints et les martyrs dans
Rome, Mon coeur, qui n’a changé que de liens et de
voeux, Éprouve en lui l’amour et l’angoisse de l’homme.
Dites, quel est le pas Des mille pas qui vont et passent Sur les grand’routes de l’espace, Dites, quel est le pas Qui doucement, un soir, devant ma porte basse S’arrêtera?
Je saisirai les mains, dans mes deux mains
tendues, À cet homme qui s’en viendra Du bout du monde, avec son pas; Et devant l’ombre et ses cent flammes suspendues Là-haut, au firmament,
Nous nous tairons longtemps Laissant agir le bienveillant silence Pour apaiser l’émoi et la double cadence De nos deux coeurs battants.
Il n’importe d’où qu’il me vienne S’il est quelqu’un qui aime et croit Et qu’il élève et qu’il soutienne La même ardeur qui monte en moi.
Alors combien tous deux nous serons émus d’être Ardents et fraternels, l’un pour l’autre, soudain, Et combien nos deux coeurs seront fiers d’être
humains Et clairs et confiants sans encor se connaître!
On se dira sa vie avec le désir fou D’être sincère et d’être vrai jusqu’au fond de son
âme, De confondre en un flux : erreurs, pardons et
blâmes, Et de pleurer ensemble en ployant les genoux.
Oh! belle et brusque joie! Oh! rare et âpre
ivresse! Oh! partage de force et d’audace et d’émoi, Oh! regards descendus jusques au fond de soi Qui remontez chargés d’une immense tendresse, Vous unirez si bien notre double ferveur D’hommes qui, tout à coup, sont exaltés
d’eux-mêmes Que vous soulèverez jusques au plan suprême Leur amour pathétique et leur total bonheur!
Et maintenant Que nous voici à la fenêtre Devant le firmament, Ayant appris à nous connaître Et nous aimant, Nous regardons, dites, avec quelle attirance, L’univers qui nous parle à travers son silence.
Nous l’entendons aussi se confesser à nous Avec ses astres et ses forêts et ses montagnes Et sa brise qui va et vient par les campagnes Frôler en même temps et la rose et le houx.
Nous écoutons jaser la source à travers l’herbe Et les souples rameaux chanter autour des fleurs; Nous comprenons leur hymne et surprenons leur
verbe Et notre amour s’emplit de nouvelles ardeurs.
Nous nous changeons l’un l’autre, à nous sentir
ensemble Vivre et brûler d’un feu intensément humain, Et dans notre être où l’avenir espère et tremble, Nous ébauchons le coeur de l’homme de demain.
Dites, quel est le pas Des mille pas qui vont et passent Sur les grand’routes de l’espace, Dites, quel est le pas Qui doucement, un soir, devant ma porte S’arrêtera?
(Les flammes
hautes)
Via : http://www.poetica.fr Émile
Adolphe Gustave Verhaeren (1855-1916), né à Saint-Amand dans la province d'Anvers, Belgique, est un poète belge
flamand, d'expression française. Dans ses poèmes influencés par le symbolisme,
il pratique le vers libre. Il a su traduire dans son œuvre la beauté de l'effort humain.
Août 2015 – À Brecon Beacons, au Pays de Galles, un
promeneur frappé par la foudre est décédé; sa perche à selfie en métal pourrait
être la cause de l'électrocution. An act of God de mise en garde?
Le public
moderne et la photographie (Critique sur les orientations artistiques de
l’époque; 1859) Charles
Baudelaire
Extrait
Dans ces jours déplorables, une industrie nouvelle
se produisit, qui ne contribua pas peu à confirmer la sottise dans sa foi et à
ruiner ce qui pouvait rester de divin dans l’esprit français. Cette foule
idolâtre postulait un idéal digne d’elle et approprié à sa nature, cela est
bien entendu. En matière de peinture et de statuaire, le Credo actuel des gens
du monde, surtout en France (et je ne crois pas que qui que ce soit ose
affirmer le contraire), est celui-ci : «Je crois à la nature et je ne crois
qu’à la nature (il y a de bonnes raisons pour cela). Je crois que l’art est et
ne peut être que la reproduction exacte de la nature (une secte timide et
dissidente veut que les objets de nature répugnante soient écartés, ainsi un
pot de chambre ou un squelette). Ainsi l’industrie qui nous donnerait un
résultat identique à la nature serait l’art absolu.» Un Dieu vengeur a exaucé
les vœux de cette multitude. Daguerre fut son Messie. Et alors elle se dit : «Puisque
la photographie nous donne toutes les garanties désirables d’exactitude (ils
croient cela, les insensés!), l’art, c’est la photographie.» À partir de ce
moment, la société immonde se rua, comme un seul Narcisse, pour contempler sa
triviale image sur le métal. Une folie, un fanatisme extraordinaire s’empara de
tous ces nouveaux adorateurs du soleil. D’étranges abominations se
produisirent. En associant et en groupant des drôles et des drôlesses, attifés
comme les bouchers et les blanchisseuses dans le carnaval, en priant ces héros
de vouloir bien continuer, pour le temps nécessaire à l’opération, leur grimace
de circonstance, on se flatta de rendre les scènes, tragiques ou gracieuses, de
l’histoire ancienne. Quelque écrivain démocrate a dû voir là le moyen, à bon
marché, de répandre dans le peuple le goût de l’histoire et de la peinture,
commettant ainsi un double sacrilège et insultant à la fois la divine peinture
et l’art sublime du comédien. Peu de temps après, des milliers d’yeux avides se
penchaient sur les trous du stéréoscope comme sur les lucarnes de l’infini.
L’amour de l’obscénité, qui est aussi vivace dans le cœur naturel de l’homme
que l’amour de soi-même, ne laissa pas échapper une si belle occasion de se
satisfaire. Et qu’on ne dise pas que les enfants qui reviennent de l’école
prenaient seuls plaisir à ces sottises; elles furent l’engouement du monde. (...)
Comme
l’industrie photographique était le refuge de tous les peintres manqués, trop
mal doués ou trop paresseux pour achever leurs études, cet universel engouement
portait non seulement le caractère de l’aveuglement et de l’imbécillité, mais
avait aussi la couleur d’une vengeance. Qu’une si stupide conspiration, dans
laquelle on trouve, comme dans toutes les autres, les méchants et les dupes,
puisse réussir d’une manière absolue, je ne le crois pas, ou du moins je ne
veux pas le croire; mais je suis convaincu que les progrès mal appliqués de la
photographie ont beaucoup contribué, comme d’ailleurs tous les progrès purement
matériels, à l’appauvrissement du génie artistique français, déjà si rare. La
Fatuité moderne aura beau rugir, éructer tous les borborygmes de sa ronde
personnalité, vomir tous les sophismes indigestes dont une philosophie récente
l’a bourrée à gueule-que-veux-tu, cela tombe sous le sens que l’industrie,
faisant irruption dans l’art, en devient la plus mortelle ennemie, et que la
confusion des fonctions empêche qu’aucune soit bien remplie. La poésie et le
progrès sont deux ambitieux qui se haïssent d’une haine instinctive, et, quand
ils se rencontrent dans le même chemin, il faut que l’un des deux serve
l’autre. S’il est permis à la photographie de suppléer l’art dans quelques-unes
de ses fonctions, elle l’aura bientôt supplanté ou corrompu tout à fait, grâce
à l’alliance naturelle qu’elle trouvera dans la sottise de la multitude. Il
faut donc qu’elle rentre dans son véritable devoir, qui est d’être la servante
des sciences et des arts, mais la très humble servante, comme l’imprimerie et
la sténographie, qui n’ont ni créé ni suppléé la littérature. Qu’elle
enrichisse rapidement l’album du voyageur et rende à ses yeux la précision qui
manquerait à sa mémoire, qu’elle orne la bibliothèque du naturaliste, exagère
les animaux microscopiques, fortifie même de quelques renseignements les
hypothèses de l’astronome; qu’elle soit enfin le secrétaire et le garde-note de
quiconque a besoin dans sa profession d’une absolue exactitude matérielle,
jusque-là rien de mieux. Qu’elle sauve de l’oubli les ruines pendantes, les
livres, les estampes et les manuscrits que le temps dévore, les choses
précieuses dont la forme va disparaître et qui demandent une place dans les
archives de notre mémoire, elle sera remerciée et applaudie. Mais s’il lui est
permis d’empiéter sur le domaine de l’impalpable et de l’imaginaire, sur tout
ce qui ne vaut que parce que l’homme y ajoute de son âme, alors malheur à nous!
Je sais
bien que plusieurs me diront : «La maladie que vous venez d’expliquer est celle
des imbéciles. Quel homme, digne du nom d’artiste, et quel amateur véritable a
jamais confondu l’art avec l’industrie?» Je le sais, et cependant je leur
demanderai à mon tour s’ils croient à la contagion du bien et du mal, à
l’action des foules sur les individus et à l’obéissance involontaire, forcée,
de l’individu à la foule. Que l’artiste agisse sur le public, et que le public
réagisse sur l’artiste, c’est une loi incontestable et irrésistible; d’ailleurs
les faits, terribles témoins, sont faciles à étudier; on peut constater le
désastre. De jour en jour l’art diminue le respect de lui-même, se prosterne
devant la réalité extérieure, et le peintre devient de plus en plus enclin à
peindre, non pas ce qu’il rêve, mais ce qu’il voit. Cependant c’est un bonheur
de rêver, et c’était une gloire d’exprimer ce qu’on rêvait; mais que dis-je!
connaît-il encore ce bonheur?
L’observateur de bonne foi affirmera-t-il que l’invasion de la
photographie et la grande folie industrielle sont tout à fait étrangères à ce
résultat déplorable? Est-il permis de supposer qu’un peuple dont les yeux
s’accoutument à considérer les résultats d’une science matérielle comme les
produits du beau n’a pas singulièrement, au bout d’un certain temps, diminué la
faculté de juger et de sentir ce qu’il y a de plus éthéré et de plus immatériel?