7 juin 2015

L’art de supprimer les faux amis


«Elle connaissait plusieurs milliers de personnes; les relations humaines avaient considérablement progressé, à certains égards. ... Vashti fit un autre mouvement pour désactiver l'interrupteur d'isolement, et elle fut assaillie par toutes les sollicitations accumulées ces trois dernières minutes. ... À la plupart de ces questions, elle répondit avec irritation – une qualité en plein essor à cette époque accélérée. ... Le système peu pratique des rassemblements humains avait depuis longtemps été abandonné; ni Vashti ni ses auditeurs ne bougeaient de leur chambre. Assise dans son fauteuil, elle parlait, pendant qu'eux dans leurs fauteuils l'entendaient, relativement bien, et la voyaient, relativement bien.» ~ E. M. Forster (La Machine s'arrête)

Je ne suis pas abonnée à Facebook, simplement parce que je suis contre l’intrusion systématique dans la vie privée – va pour les abonnés qui consentent à se livrer en pâture, mais il y a ceux qui la subissent contre leur gré : «le réseau social constitue des ‘dossiers fantômes’ sur les internautes, y compris ceux qui n'ont pas de compte Facebook». 
   Conséquemment, les usages et le jargon de la plateforme ne me sont pas familiers. Néanmoins, j’en ai appris un peu plus en cherchant la traduction de «to unfriend» (1). 
   Note : J’ai lu quelque part qu’un programmeur a conçu une application grand public pour traquer (géolocaliser) les amis – où qu’ils soient – par le biais de leur téléphone intelligent (le fermer ne change rien), un genre de GPS. Sympathique ça, l’ami-espion dans votre poche... toujours plus proche de vous. On n’avait pas assez de la NSA. 

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Je t’ai retiré de ma liste d’amis, voici pourquoi  
(I Unfriended You Here’s Why)

Par Amy Selwyn

Supprimer un ami (unfriending) est le RSVP numérique  à une amitié sans avenir : «désolé, je ne peux pas».

J’ai trois choses à dire à propos de la suppression d’un ami.

1. Nous supprimons un ami parce que nous sommes capables d’avouer que nous ne recevons pas ce dont nous avons besoin et que nous ne l’aurons jamais. Rien à voir avec la colère. Il s’agit de nostalgie. Nous nous souvenons de ce qui fut. Ou de ce que nous croyions possible. Nous parlons de notre amitié au passé. Aucun projet d’avenir.

2. Nous supprimons un ami parce que nous laissons aller. Nous n’avons pas besoin d’une conservation de plus qui fera en sorte que l’un de nous aura l’air dépendant et l’autre égoïste.

3. Nous supprimons un ami parce que la relation était significative. Nous ne perdons pas de temps à supprimer des anciens petits-amis ou des camarades de classe. Supprimer un ami signifie que nous avions investi dans la relation.

Nous vivons à une époque où les possibilités de connexion et d'interaction sont sans précédent. Les réseaux sociaux nous relient à des amis et à des amis d'amis et à d'autres personnes qui partagent notre passion pour la généalogie juive ou notre amour des Bouledogues français. Et c'est merveilleux. Mais en fait, toutes ces opportunités ne rendent pas la véritable connexion plus facile à atteindre ni la rupture moins douloureuse.

Le sophisme ici est de croire que, dans un monde compressé, affairé, bruyant, rempli de pagaille, les relations significatives pourraient être restructurées de manière à y mettre moins d'énergie et moins d'engagement.

C’est impossible.

Ainsi, lorsque nous supprimons un ami, nous rejetons cette version réduite et diluée de la relation. Nous disons «Non, je suis désolé, quelques ‘j'aime’ sur Facebook ne constituent pas une véritable connexion. Je choisis de ne pas être une mise à jour de ton flux d'actualité, merci. Ou plutôt, je choisis de ne pas être seulement une mise à jour de ton flux d'actualité. Ce n’est pas suffisant pour moi.»

La suppression radicale de quelqu'un d’important qui faisait partie intégrante de ma vie, me pousse à m’engager, encore une fois, à E.M. Forster : «Connectez-vous simplement...». Et à laisser aller.

Source : https://medium.com/human-parts/i-unfriended-you-1245831dda5d

Intéressant : il existe un medium.com en français  https://medium.com/france
Pourrait être utile aux esclaves Facebook...

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(1) En lisant les recommandations pour acquérir de la visibilité, ou être populaire (but de l’internaute), je n’osais imaginer le nombre total d’heures passé par tous les abonnés devant Facebook : en 2014, on comptait approximativement 1,39 milliards d’abonnés actifs
   Supposons une moyenne de 3 heures par jour par abonné, soit 1095 heures par année chacun (et je suis très raisonnable ici); ensuite multipliez par 1,39 milliards ... ! Si l'on mettait autant d'heures et d'ardeur à améliorer notre monde, on aurait peut-être des résultats.
   Et, le but implicite de cette plateforme est justement de vous y faire passer de plus en plus de temps, car c’est ce qui permet à M. Zuckerberg d’accroître sa fortune à vitesse grand V : évaluée à 19,9 milliards de dollars en 2013, elle est passée à 33,4 en 2015 (Forbes). Inouï...

Voici quelques-unes des recommandations (plutôt contraignantes...)  
   - Animer votre page régulièrement, et ce même si vous n’avez pas de retours immédiats sur vos publications.
   - Faites en sorte d’inciter votre auditoire à réagir : indiquez que plus d’information se trouvent sur le blog ou le site suggéré, demandez à être diffusé, posez une question ouverte, publiez des messages sujets à controverse. 
   - Publiez plusieurs fois par jour pour maximiser vos chances d’apparaître dans l’un des 2 flux. 
   - Engagez un début d’échange en apparaissant sur la partie “Autre” et en utilisant les mentions. Invitez vos amis, vos fans à réagir en les questionnant sur leurs intérêts. Il faut les faire parler, leur demander leur avis sur un produit, sur une nouveauté, sur une nouvelle. 
   - Mettez autant de photos et de liens que possible et évitez les statuts vierges (ni lien, ni photo, ni vidéo) à part pour poser des questions. Utilisez la vidéo lorsque vous souhaitez maximiser votre visibilité sur une publication importante; n’en abusez pas si cela n’est pas en corrélation directe avec votre thématique. 
   - Les commentaires amènent les commentaires. Alors n’hésitez pas à alimenter vous même les commentaires ou les questions pouvant surgir sur vos publications. D’une part, vous relancerez le débat, d’autre part vous montrez à votre auditoire que vous écoutez ce qu’ils disent de vos publications. 
   - Plus votre auditoire grossira, plus les profils avec de larges réseaux seront accessibles, utiles et donc à rechercher (des influenceurs ou “des branchés”).

Extrait d'un rapport de recherche (décembre 2010)
http://www.mycommunitymanager.fr/10-choses-sur-le-fonctionnement-de-facebook/

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