17 janvier 2015

L’écriture cursive : encore une fois sur la tablette!


J’étais plutôt étonnée d’apprendre que la Finlande emboîtait le pas pour éliminer l’apprentissage de l’écriture manuscrite dans ses écoles primaires :

24.11.2014 – La Finlande abandonne des cours d’écriture au profit de la dactylographie
(...) La raison? «Posséder de bonnes compétences en dactylographie» serait devenu indispensable à l’échelle nationale. À partir de l’automne 2016, à la place de l’écriture cursive, les élèves se verront enseigner la dactylographie (capacité à écrire sur un clavier), comme le rapportait la semaine dernière le quotidien finlandais Savon Sanomat. C’est du moins l’opinion de Minna Harmanen, membre du Conseil national de l’éducation finlandais. Si cette dernière convient que ce changement constitue une «évolution culturelle majeure», elle demeure intransigeante sur le fait que dans la vie de tous les jours, «posséder la capacité de bien écrire sur un clavier présente bien plus d’avantages que de savoir écrire à la main».
(...) Si au sein de certaines d’entre-elles [écoles] l’enseignement sur tablette est une réalité depuis déjà plusieurs années, c’est loin d’être le cas de tous les établissements du pays.
(...) Un certain nombre d’études laissent à penser que la pratique de l’écriture cursive contribue au bon développement de certaines fonctions cérébrales chez les enfants.
Article complet :
http://8e-etage.fr/2014/11/24/la-finlande-abandonnera-lecriture-cursive-lautomne-2016/

Depuis quelques années, le phénomène se répand partout en Occident. Vraiment dommage. Dans cette veine : http://artdanstout.blogspot.fr/2013_04_01_archive.html

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L’autre jour, je suis tombée sur ce savoureux billet (traduction maison) :

Regardez à l’intérieur
Par Joberry4

29.03.2014
Ce sont mes pages du matin : trois pages par jour, sans réfléchir ni planifier. Cet exercice m’a sauvé la vie quand la source de tous les mots semblait se tarir. Je publie une série de ces réflexions et effusions subconscientes – pas selon un ordre particulier.

12.10.2013
Voici les trois prochaines pages – simplement écrites à la main, sur papier. C'est soit une affectation archaïque, ou un art en train de se perdre. Est-ce que les petites filles avec des tablettes et des mobiles continuent de pratiquer leur signature? À la fois leur propre nom et celui des personnes pour qui elles ont le béguin?

Réalisons-nous le temps qu’il a fallu à notre espèce pour apprendre à écrire à la main – à transformer des sons incompréhensibles en mots qui signifiaient la même chose pour tout un chacun? Puis de concevoir des symboles pour transmettre ces sons sur des surfaces : pour ne pas avoir à les répéter, à être là pour les dire en personne, pour qu'ils existent toujours et parlent à notre place, longtemps après notre disparition?

Nous avons appris à dessiner des sons pour que les gens ne déforment pas nos mots, et qu’ils soient ainsi archivés. Alors, bien sûr, je devrais me sentir archaïque de ne pas les cliquer sur un ordinateur portable, mais non : j'adore la façon dont les mots sortent de ma main, une ligne ininterrompue sur une page propre, vide – où je peux biffer une erreur, mais pas la supprimer.

Peut-être que mes premiers brouillons sont les choses les plus permanentes à mon sujet.

https://joberry4.wordpress.com/

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Main
Par Bernard Pivot


[…] Les nouvelles générations ne connaissent plus cet autre très vieux plaisir duquel sont nés tant de chefs-d’œuvre : l’écriture à la main. Tandis que je trace ces mots, ma main droite glisse sur le papier. J’en éprouve le lissé qui, si je caresse la feuille, laisse apparaître un infime grain. Bonheur de la peau et de la chair. Ça n’est pas rien, oh! non, la sensualité de la main qui écrit.

Le stylo? Serviteur! Il m’obéit au doigt et à l’œil. Il avance, il s’arrête, il se retire, il revient, il rature, il biffe, il voyage au-dessus des lignes, il ponctue ici, il corrige là, il retourne à la phrase, il écrit… C’est un furet, c’est un lézard. Avec la main, les lettres qui constituent les mots sont liées; sur l’ordinateur, les lettres ne sont jamais en contact les unes avec les autres. J’écris le mot amour : les lettres sont unies, mariées, fusionnées. Si je tape le mot amour, les lettres ne se touchent pas.

Je suis pour une écriture charnelle de la main.

Les mots de ma vie
Albin Michel, 2011

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