12 août 2016

Une fois qu’on sait qui on est...

Quand je pense aux athlètes olympiques, je me dis que, bien sûr, la plupart participent par choix. Je suppose aussi que d’autres ont subi un genre de radicalisation sportive de la part de la famille ou d’entraîneurs à l’affût de vedettes potentiellement «lucratives». Tout ce lavage de cerveau pour gagner à tout prix, quitte à se doper, que de combats sans merci, que de violence psychologique et physique qui n'ont rien d'édifiant. Certains parents ne donnent même pas à leurs enfants la liberté de choisir leur carrière selon leurs aspirations profondes. Dommage.

En tout cas, on peut se réjouir que Samuel Barber ait suivi sa «vocation» plutôt que les exhortations de sa mère, car autrement nous aurions été privés de sa divine musique. Son Agnus Dei, une adaptation chorale de l’Adagio pour cordes, n’aurait pas quasiment éclipsé ses autres œuvres s’il ne touchait pas une corde très sensible en chacun de nous. Peut-être une nostalgie pour cette paix et cette bonté qu’on voit si rarement de nos jours.

“I looked for the man with the kind eyes but I never found him. I was sad. I missed him enormously. When you meet someone that really has a soul, it hurts; it evokes a spiritual longing for a long forgotten place that we all came from. It’s a heartland of some kind that we can’t quite remember.” ~ Stuart Wilde (The man with kind eyes... in a world of hard people with no soul)

Je suis fait pour être compositeur
Samuel Barber à Marguerite Barber – 1919

En 1936, à l’âge de vingt-six ans, Samuel Barber écrit l’Adagio pour cordes; en 1958, il reçoit le prix Pulitzer pour son opéra Vanessa; cinq ans plus tard, son Concerto pour piano lui en vaudra un second. Barber a toujours su qu’il composerait; en 1919, âgé d’à peine neuf ans, il laisse sur son bureau, le cœur rempli d’appréhension, cette lettre de confession dans l’espoir que sa mère la découvre – ce qui se produit. Un an plus tard, Barber s’attelle à son premier opéra, Le Rosier.

Note pour Mère et personne d’autre

Chère Mère, je t’écris ceci pour te dire le secret qui me préoccupe. Ne pleure pas quand tu liras cela parce que ce n’est ni ta faute ni la mienne. Je suppose que je devais te le dire maintenant sans plus tergiverser. Pour commencer je ne suis pas fait pour être un athlète. Je suis fait pour être compositeur, et je le deviendrai, j’en suis sûr. Je vais encore te demander quelque chose : ne me demande pas d’essayer d’oublier cette idée déplaisante et d’aller jouer au football. S’il te plaît. Parfois je m’inquiète tellement à ce sujet que cela me met en colère (pas beaucoup).

Affectueusement,

Sam Barber II

Source : Au bonheur des lettres, recueil de courriers historiques, inattendus et farfelus rassemblés par Shaun Usher (Éditions du sous-sol, 2014)

(Traduction de Letters of note, publié par Canongate Books en 2013) 

Site du collectionneur : http://www.lettersofnote.com/

Voici une excellente interprétation de l’Agnus Dei, parmi les «plus» meilleures que j’ai entendues (pardonnez-moi le pléonasme). Ça change des guerres olympiques, and it is powerful!

Vlaams Radio Koor
Marcus Creed, conductor
Recorded at Studio4, Flagey (Brussels 2015)


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