Quand je pense aux athlètes olympiques, je me dis
que, bien sûr, la plupart participent par choix. Je suppose aussi que d’autres ont
subi un genre de radicalisation sportive
de la part de la famille ou d’entraîneurs à l’affût de vedettes potentiellement
«lucratives». Tout ce lavage de cerveau pour gagner à tout prix, quitte à se doper, que de combats sans merci, que de violence psychologique et physique qui n'ont rien d'édifiant. Certains
parents ne donnent même pas à leurs enfants la liberté de choisir leur carrière selon leurs
aspirations profondes. Dommage.
En tout cas, on peut se réjouir que Samuel Barber ait
suivi sa «vocation» plutôt que les exhortations de sa mère, car autrement nous
aurions été privés de sa divine musique. Son Agnus Dei, une adaptation chorale de l’Adagio pour cordes, n’aurait pas quasiment éclipsé ses autres œuvres
s’il ne touchait pas une corde très sensible en chacun de nous. Peut-être une
nostalgie pour cette paix et cette bonté qu’on voit si rarement de nos jours.
“I looked for the man with the kind eyes but I never found him. I was
sad. I missed him enormously. When you meet someone that really has a soul, it
hurts; it evokes a spiritual longing for a long forgotten place that we all
came from. It’s a heartland of some kind that we can’t quite remember.” ~ Stuart
Wilde (The man with kind eyes... in a world of hard people with no soul)
Je suis
fait pour être compositeur
Samuel
Barber à Marguerite Barber – 1919
En 1936, à l’âge de vingt-six ans, Samuel Barber
écrit l’Adagio pour cordes; en 1958,
il reçoit le prix Pulitzer pour son opéra Vanessa;
cinq ans plus tard, son Concerto pour
piano lui en vaudra un second. Barber a toujours su qu’il composerait; en
1919, âgé d’à peine neuf ans, il laisse sur son bureau, le cœur rempli d’appréhension,
cette lettre de confession dans l’espoir que sa mère la découvre – ce qui se
produit. Un an plus tard, Barber s’attelle à son premier opéra, Le Rosier.
Note pour Mère et personne d’autre
Chère Mère, je t’écris ceci pour te dire le secret
qui me préoccupe. Ne pleure pas quand tu liras cela parce que ce n’est ni ta
faute ni la mienne. Je suppose que je devais te le dire maintenant sans plus
tergiverser. Pour commencer je ne suis pas fait pour être un athlète. Je suis
fait pour être compositeur, et je le deviendrai, j’en suis sûr. Je vais encore
te demander quelque chose : ne me demande pas d’essayer d’oublier cette
idée déplaisante et d’aller jouer au football. S’il te plaît. Parfois je m’inquiète
tellement à ce sujet que cela me met en colère (pas beaucoup).
Affectueusement,
Sam Barber II
Source : Au
bonheur des lettres, recueil de courriers historiques, inattendus et farfelus
rassemblés par Shaun Usher (Éditions du sous-sol, 2014)
(Traduction de Letters
of note, publié par Canongate Books en 2013)
Site du collectionneur : http://www.lettersofnote.com/
Voici une excellente interprétation de l’Agnus
Dei, parmi les «plus» meilleures que j’ai entendues (pardonnez-moi le
pléonasme). Ça change des guerres olympiques, and it is powerful!
Vlaams Radio Koor
Marcus
Creed, conductor
Recorded
at Studio4, Flagey (Brussels 2015)
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