«Tu seras
obligé d’abandonner ce qui te sera le plus cher. Tu découvriras combien le pain
de l’étranger est amer, et combien il est dur de monter et descendre l’escalier
d’autrui. Prends pitié de ma prière, qui que tu sois, homme ou ombre vaine,
dans ce désert immense où perdu tu me vois.» ~ Dante (La Divine Comédie)
Procurez-vous l’album «The Calais Sessions», ça
change des chansons insignifiantes qu’on entend sur les ondes, et c’est pour
une cause importante.
Le projet a démarré à la fin de septembre 2015. Un
groupe de musiciens britanniques voulait faire quelque chose de concret pour
cette crise humanitaire qui se déroule à leur porte – Calais est à seulement 22
kilomètres de la côte britannique. Ces musiciens professionnels utilisent le
langage universel de la musique pour divertir et ranimer l’estime de soi chez
les réfugiés des camps européens.
«Notre équipe voyage armée d'une variété
d'instruments colorés, et à notre arrivée au camp nous rencontrons des
musiciens locaux, écoutons leurs histoires et essayons de trouver comment nous
pourrions collaborer. Entre-temps, nous montons un studio de fortune pour enregistrer
des pistes le jour, et offrir des spectacles le soir.
Quand nous arrivons, la nouvelle se répand
très vite; sous la surface, il y a un profond désir d’expression de soi.
Un chant folklorique syrien, une berceuse éthiopienne,
un cercle de tambours soudanais, du pop afghan. Il est évident que l'Europe a reçu
un coffre au trésor de patrimoine culturel riche et exotique. Ouvrons-le... ce
sont les gens derrière les manchettes. Les écouterez-vous?»
Les pièces ont toutes été enregistrées dans le
camp de Calais. L’album a été lancé le 29 juillet dernier. L'argent des ventes servira entièrement aux réfugiés du camp, à l'organisme de bienfaisance Citizens UK http://www.citizensuk.org/
qui travaille à réunir les enfants réfugiés non accompagnés avec leur famille installée
en Grande-Bretagne, et aux musiciens (les réfugiés) qui jouent sur l'album.
Toutes les personnes impliquées dans la production
de l’album The Calais Sessions sont des bénévoles. L’enregistrement a été
entièrement réalisé par Damien Barriere-Constantin, de Cooz’s Records Oxford.
https://thecalaissessions.bandcamp.com/releases
Le studio d’enregistrement de fortune : le «gars
du son» s’en est miraculeusement bien tiré. Tout un défi. Son témoignage :
http://www.thecalaissessions.com/
Un coup d’oeil
dans la Jungle
La «Jungle» de Calais est le «foyer» d’environ
6000 hommes, femmes et enfants qui ont fui la guerre, les persécutions ou la misère
dans leur patrie.
Les gens sont dans cette jungle pour plusieurs
raisons. Beaucoup veulent aller au Royaume-Uni pour rejoindre des proches
parents et des amis. Plusieurs parlent très bien anglais. Ces réfugiés viennent
de différents pays – Afghanistan, Syrie, Irak, Kurdistan, Soudan et Éthiopie,
entre autres. Inquiétant : il y a environ 450 enfants non accompagnés.
Environ 200 d'entre eux ont de la parenté en Grande-Bretagne, ce qui signifie
qu'ils ont légalement le droit d'être amenés là-bas.
La jungle est une solution insatisfaisante et
temporaire, et désespérément en manque de fonds, de dons et de bénévoles. Des
chercheurs de l'Université de Birmingham qui travaillent avec Médecins du Monde
affirment dans un rapport que les conditions de vie dans la jungle sont
diaboliques, à cause de la promiscuité, des tentes exigües infestées de rats,
des sources d'eau contaminée par des matières fécales, et des habitants qui
souffrent de tuberculose, de gale et de stress post-traumatique.
Source : The Guardian, 2 octobre 2015
Le 12 juillet 2016 – Le démantèlement de la zone
sud de la Jungle de Calais il y a quatre mois, n’a pas réglé le problème car la
majorité des occupants ont rejoint la zone nord. Selon le dernier comptage de
la préfecture du Pas-de-Calais, près de 4 500 migrants au total vivent
dans ce camp dans l’espoir de rejoindre la Grande-Bretagne. Plusieurs refusent
d’aller dans des centres «humanitaires» plus salubres justement parce qu’ils
veulent rester à proximité de la Grande-Bretagne. Quelle impasse!
Aucun commentaire:
Publier un commentaire