15 août 2016

Des musiciens britanniques de cœur

«Tu seras obligé d’abandonner ce qui te sera le plus cher. Tu découvriras combien le pain de l’étranger est amer, et combien il est dur de monter et descendre l’escalier d’autrui. Prends pitié de ma prière, qui que tu sois, homme ou ombre vaine, dans ce désert immense où perdu tu me vois.» ~ Dante (La Divine Comédie)

Procurez-vous l’album «The Calais Sessions», ça change des chansons insignifiantes qu’on entend sur les ondes, et c’est pour une cause importante.



Le projet a démarré à la fin de septembre 2015. Un groupe de musiciens britanniques voulait faire quelque chose de concret pour cette crise humanitaire qui se déroule à leur porte – Calais est à seulement 22 kilomètres de la côte britannique. Ces musiciens professionnels utilisent le langage universel de la musique pour divertir et ranimer l’estime de soi chez les réfugiés des camps européens.

«Notre équipe voyage armée d'une variété d'instruments colorés, et à notre arrivée au camp nous rencontrons des musiciens locaux, écoutons leurs histoires et essayons de trouver comment nous pourrions collaborer. Entre-temps, nous montons un studio de fortune pour enregistrer des pistes le jour, et offrir des spectacles le soir. 
     Quand nous arrivons, la nouvelle se répand très vite; sous la surface, il y a un profond désir d’expression de soi. 
     Un chant folklorique syrien, une berceuse éthiopienne, un cercle de tambours soudanais, du pop afghan. Il est évident que l'Europe a reçu un coffre au trésor de patrimoine culturel riche et exotique. Ouvrons-le... ce sont les gens derrière les manchettes. Les écouterez-vous?»



Les pièces ont toutes été enregistrées dans le camp de Calais. L’album a été lancé le 29 juillet dernier. L'argent des ventes servira entièrement aux réfugiés du camp, à l'organisme de bienfaisance Citizens UK http://www.citizensuk.org/ qui travaille à réunir les enfants réfugiés non accompagnés avec leur famille installée en Grande-Bretagne, et aux musiciens (les réfugiés) qui jouent sur l'album.



Toutes les personnes impliquées dans la production de l’album The Calais Sessions sont des bénévoles. L’enregistrement a été entièrement réalisé par Damien Barriere-Constantin, de Cooz’s Records Oxford.

https://thecalaissessions.bandcamp.com/releases

Le studio d’enregistrement de fortune : le «gars du son» s’en est miraculeusement bien tiré. Tout un défi. Son témoignage : http://www.thecalaissessions.com/

Un coup d’oeil dans la Jungle

La «Jungle» de Calais est le «foyer» d’environ 6000 hommes, femmes et enfants qui ont fui la guerre, les persécutions ou la misère dans leur patrie.

Les gens sont dans cette jungle pour plusieurs raisons. Beaucoup veulent aller au Royaume-Uni pour rejoindre des proches parents et des amis. Plusieurs parlent très bien anglais. Ces réfugiés viennent de différents pays – Afghanistan, Syrie, Irak, Kurdistan, Soudan et Éthiopie, entre autres. Inquiétant : il y a environ 450 enfants non accompagnés. Environ 200 d'entre eux ont de la parenté en Grande-Bretagne, ce qui signifie qu'ils ont légalement le droit d'être amenés là-bas.

La jungle est une solution insatisfaisante et temporaire, et désespérément en manque de fonds, de dons et de bénévoles. Des chercheurs de l'Université de Birmingham qui travaillent avec Médecins du Monde affirment dans un rapport que les conditions de vie dans la jungle sont diaboliques, à cause de la promiscuité, des tentes exigües infestées de rats, des sources d'eau contaminée par des matières fécales, et des habitants qui souffrent de tuberculose, de gale et de stress post-traumatique.

Source : The Guardian, 2 octobre 2015

Le 12 juillet 2016 – Le démantèlement de la zone sud de la Jungle de Calais il y a quatre mois, n’a pas réglé le problème car la majorité des occupants ont rejoint la zone nord. Selon le dernier comptage de la préfecture du Pas-de-Calais, près de 4 500 migrants au total vivent dans ce camp dans l’espoir de rejoindre la Grande-Bretagne. Plusieurs refusent d’aller dans des centres «humanitaires» plus salubres justement parce qu’ils veulent rester à proximité de la Grande-Bretagne. Quelle impasse! 

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