19 juin 2016

«La magie du livre»

«Chacun de nous n’est rien de plus qu’humain, rien de plus qu’un essai, une étape.»
(Le jeu des perles de verre

«Parmi les nombreux mondes que l'homme n'a pas reçus de la nature mais créés avec son esprit, le plus extraordinaire est le monde des livres. Sans le mot, sans l'écriture de livres, il n'y a pas d’histoire, il n'y a pas de concept de l'humanité. Et si quelqu'un veut enfermer et s’approprier l'histoire de l'esprit humain dans un petit espace, une maison ou une seule pièce, il ne peut le faire qu’avec une collection de livres.

À tous les jours nous pouvons observer comment les merveilleuses histoires des livres, comme dans les contes de fée, ont le don de nous enchanter un moment puis de devenir invisibles. Les poètes vivent et meurent, peu connus ou ignorés, et nous ne voyons leur travail éblouissant sortir de la tombe qu’après leur mort, parfois des décennies après leur mort, comme si le temps n'existait pas.

Nous n'avons pas à craindre la disparition du livre. Au contraire, plus on satisfera certains besoins de divertissement et d'éducation avec d’autres inventions, plus le livre regagnera sa dignité et son autorité. Car l’intoxication infantile vis-à-vis le progrès nous forcera à reconnaître la fonction pérenne de l'écriture et des livres. Il deviendra évident que la transmission par l'écriture est non seulement importante mais qu’en fait c’est le seul moyen d’aider l'humanité à avoir une histoire et une conscience continue d’elle-même.

Chaque véritable lecteur pourrait, même si l’on ne publiait plus de nouveaux livres, passer des décennies, voire des siècles, à étudier, commenter et apprécier ces trésors qui sont déjà à portée de main.» 

~ Hermann Hesse (1877-1962)
The Magic of the Book, in My belief: Essays on the Life and Art

Internet est certes une immense bibliothèque, mais jusqu’à quel point est-elle sécuritaire? Il suffirait que le système s’effondre pour que les numérisations disparaissent comme par magie. Certains ouvrages imprimés ont résisté aux siècles, mais le papier n’est pas immortel.

Je préfère toujours le livre tangible à l’e-book. Nous ne connaissons pas l’avenir du livre imprimé, mais entretemps, il y a des gens qui font beaucoup pour réaliser la prophétie d’Hermann Hesse en multipliant les initiatives de mise en valeur, de récupération et de partage. De la «walking library» au «book truck» (bibliobus) aux cabanes de partage «prenez/donnez», les livres font leur petit bonhomme de chemin. Et puis, collections privées et grandes bibliothèques à travers le monde se font les dépositaires du «savoir» collectif (1). 


Walking library, Londres, 1930


Bibliomobile, Cincinnati, 1927


Bibliobus, Montréal, 2005


Little Free Library


Projet «Croque-livres», Fondation Lucie et André Gagnon (inspiré de «Little Free Library»)



(1) La Bibliothèque Alexandrina, inaugurée en 2002 à Alexandrie en Égypte, a été conçue pour accueillir environ huit millions d'ouvrages, ce qui en fait une bibliothèque de taille respectable à l'échelle mondiale, assez loin cependant derrière la Bibliothèque du Congrès qui abrite près de 34,5 millions d'ouvrages, ou la bibliothèque François-Mitterrand, à Paris, qui en contient quelque vingt millions.

La Bibliothèque du Congrès (Library of Congress), Washington DC, États-Unis

Évidemment, c’est la plus grande bibliothèque du monde... Aprés avoir vu un documentaire, j'ai pensé au slogan préféré des Américains : think big! Je ne sais pas si tous nos courriels vont aboutir dans leurs archives...

En avril 2010, la Bibliothèque du Congrès a annoncé son intention d'archiver toute la communication publique de Twitter depuis son lancement en mars 2006. Elle archive ainsi plus de 400 millions de tweets par jour, soit 170 milliards depuis la création de ce service. Toutefois, ces tweets ne sont pas encore accessibles au public : ils posent de nombreux soucis de stockage mais aussi de catalogage et d'indexation. L'ambition de ce service est de pouvoir nous «informer sur la culture dans laquelle ils ont été écrits», à l'instar des journaux du XVIIIe siècle estime Lee Humphreys, professeur de communication à l'université Cornell à Washington.
    Le 1er février 2012, la bibliothèque du Congrès signe une convention de partenariat avec l'Ina. Cette convention met en place l'échange de documents audiovisuels réalisés l'un sur l'autre par la France et les États-Unis. L'enjeu est de créer une base de données collective aux deux pays. À l'ouverture, 500 fichiers étaient disponibles, allant du simple programme télévisé aux films et documentaires. 
    Avec plus de 162 millions de supports de culture et de connaissance en 2016 (plus de 138 millions de documents en 2007), elle est l'institution la plus importante du monde et également la plus vieille structure fédérale aux États-Unis. 
    En 2007, les ressources financières de la bibliothèque du Congrès étaient de 600 millions de dollars. Environ 3 500 employés permanents travaillent dans les 350 000 m2 de la bibliothèque et 838 milles (1 348 km) de rayonnages destinés au savoir universel. En 2007, la collection comprend notamment : 32,2 millions de livres et autres imprimés (deux fois les réserves de la Bibliothèque nationale de France), 61,4 millions de manuscrits, 12,5 millions de photographies, 5,3 millions de plans et de cartes, et 5,5 millions de disques. Par manque de place, elle développe une vaste campagne de numérisation de ses documents. Elle mène des recherches sur la conservation de ceux-ci et applique en ce moment d'importants moyens à la désacidification du papier de bois produit au XIXe siècle. En 2008, des bornes interactives ont été installées à l'intention des visiteurs afin de leur permettre d'explorer des pièces rares de la collection.
(Source : Wikipédia)  

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