22 avril 2013

«Retrouver la terre»

- Vivre en familiarité avec la nature nous rend, à notre insu, très différent des autres. Son tacite langage nous pénètre, nous imprègne, et doucement nous persuade de l’insuffisance de tout vocable humain.

- La désintégration atomique est en train de faire de l’homme un fossile de demain.

~ Jean Rostand

Pub des années 50 - certains pays l'utilisent encore.  

Vivre de peu
Par Joseph Delteil (1894-1978) 

La civilisation moderne, voilà l’ennemi. C’est l’ère de la caricature, le triomphe de l’artifice. Une tentative pour remplacer l’homme en chair et en os par l’homme robot. Tout est falsifié, pollué, truqué, toute la nature dénaturée. Voyez ces paysages métallurgiques, l’atmosphère des villes corrompue (les poumons couleur Louvres), les airs et leurs oiseaux empestés d’insecticides, les poissons empoisonnés jusqu’au fond des océans par les déchets nucléaires, partout la levée de substances cancérigènes, la vitesse hallucinante, le tintamarre infernal, le grand affolement des nerfs, des cœurs, des âmes, à la chaîne vous dis-je… Telle est la vie industrielle, la vie atomique. Le grand crime de l’homme moderne! Oui, ceci n’est qu’un cri : Au feu! Au fou! À l’assassin!

Quant à l’alimentation… Le pain, le vrai pain est mort. Vous savez comment on dégerme, énerve, décervelle le brave blé (après quoi il reste il est vrai l’amidon, sans doute pour les lavandières du Portugal). Comment on sophistique toutes choses, à force de bromures, de carbonates de magnésie, de persulfates d’ammonium, etc. Vous consommez le lait conservé à l’aldéhyde formique, les épinards verdis au sulfate de cuivre, le jambon au borax, le vin fuschiné, etc. C’est l’alimentation chimique.

Ils appellent ça le progrès. Mais entre l’hippopotame dans son marigot, le lézard au soleil et l’Homme au fond de sa mine, où est le progrès?

Il s’agit de faire front, de retrouver terre, de redevenir sauvages, vierges de sens et d’esprit comme au premier matin…

La Cuisine paléolithique

Toutes les photos d'animaux sont tirées d'un pps - photographes non identifiés.

Les bonne raisons
Par Pierre Ferran (1930-1989) 

À Jules Moulin

On commence par tuer les oiseaux
parce qu’il y en a trop
les couleuvres
parce que si on les laisse faire…
les hérissons trottant comme de petits porcs
parce que ça serait-y pas des fois nuisible
puis on tire sur les biches tremblantes
parce que c’est fait pour ça
sur les ânes sauvages qui broutent
dont le dos frissonne sous les mouches
parce que ça sert à quoi voulez-vous me le dire
et puis ils puent de plus ils bouffent tout les salauds

enfin un beau jour on s’en va
lâcher des bombes sur les viets
parce que ce bétail-là
croyez-moi
c’est pas catholique.

Nous mourrons tous des mêmes mots

Extraits de :
Cent poèmes pour l’écologie
Choisis par René Maltête
Le cherche midi éditeur; 1991

 
 
 
 

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