«Plus jamais»

Une héroïne du roman vient de perdre sa meilleure amie : 
«Pour la première fois de ma vie, j'ai compris le sens du mot jamais. Et c'est vraiment affreux. Vous dites ce mot cent fois par jour, mais vous ne savez pas vraiment ce que vous dites, jusqu'à ce que vous soyez confronté à un véritable «plus jamais». En fin de compte, vous avez toujours l'illusion que vous contrôlez ce qui se passe; rien ne semble définitif... Et je pense que même quelques secondes avant de mourir, «plus jamais» seraient encore des mots creux. Mais quand quelqu'un que vous aimez meurt... eh bien, je peux vous dire que vous ressentez vraiment ce que cela signifie, et ça fait très très mal. C'est comme des feux d'artifice qui s’éteignent dans le ciel et que soudain tout devient noir. Je me sens seule, malade, le cœur me fait mal, et chaque mouvement semble exiger un effort colossal.»

~ Muriel Barbery  
The Elegance of the Hedgehog

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Ce doit être pour cette raison qu’on a créé l’aphorisme «tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.» Mais, les gens que nous aimons disparaissent de notre vie sans pour autant mourir – ils peuvent déménager à de grandes distances par exemple. Et, curieusement, tant que nous les savons vivants, nous espérons que peut-être, un de ces jours, nous les reverrons.

J’ai vécu des moments de détresse du genre «plus jamais» surtout avec mes animaux de compagnie. Parce que je n’ai pas connu d’humains aussi sincères et fidèles que les animaux. Nous sommes souvent tellement vaniteux et égoïstes, qu’il nous est impossible d’être fiables, en amour comme en amitié – trop de calcul en jeu.

Si nous aimons nos animaux et les traitons bien, ils ne nous laissent pas tomber comme une vieille chaussette, même s’ils en bouffent quelques-unes ici et là – les chiens, s’entend  :-) 

Quand ma dernière chatte est morte, j’ai en effet réalisé que plus jamais nous n’aurions le plaisir de nous regarder yeux dans les yeux, que je ne pourrais plus jamais caresser son poil si doux, ni l’entendre ronronner. Qu’elle ne me lècherait plus jamais le bout du nez, bien calée sur ma poitrine. Ouille, que ça faisait mal!

Mais, qui voudrait être un chat, ou même un humain, pour l’éternité? L’on peut comprendre que chacun quitte une fois son expérience terminée.

Alors, on fait son deuil.

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Le cercle de feu
Par Sara Wye

Mon amie Kathy et moi sommes thérapeutes. Au cours des dix dernières années, nous nous sommes rencontrées deux fois pas mois pour nous apporter mutuellement du soutien et des conseils dans notre travail et nos vies. Récemment, nous avons parlé de deuil.
[…]
Pour la plupart d’entre nous, la tentation est forte de prendre la route du déni et de prétendre que la perte n’est pas vraiment si grande. 

En travaillant avec mes propres clients, je ne fais aucune distinction entre la perte d’un être humain ou d’un compagnon animal. L’amour c’est toujours de l’amour, quel que soit le corps dans lequel il se trouve. En fait, mes premiers guides dans l’apprentissage du chagrin ont été les animaux. J’ai éprouvé du chagrin pour des humains, mais ces relations-là sont beaucoup trop complexes, et leur finalité peut s’accompagner d’un mélange de plusieurs autres sentiments en plus de la peine. Mes sentiments pour mes animaux bien-aimés sont beaucoup moins conflictuels, c’est ainsi que j’ai vécu leur mort, beaucoup plus simplement et clairement, telle une tristesse intense.

Cinq membres de ma famille animale sont maintenant enterrés sous le grand pin blanc dans ma cour avant; quatre chiens et mon tout petit caniche miniature de dix-huit ans. Le tout dernier est George, un chat orange de treize ans, avec un nez blanc cicatrisé et des oreilles en dents-de-scie. Il fut un précieux compagnon et un guide dans ma vie, et il joue encore ces rôles depuis sa mort.
[…]
Je ne connais personne qui n’a pas peur du chagrin. Il brûle – et nous avons tendance à l’éloigner. En l’ignorant, nous lui permettons de devenir un courant sous-marin dans notre vie, le poids qui nous tire vers le fond.

Le chemin de la vie n’est pas droit. Il y a des virages serrés. Nous allons subir des pertes. Puisque nous allons en faire l’expérience, et comme elles nous feront souffrir, il vaut mieux également choisir les diamants dans le charbon. Nos être chers peuvent nous montrer le chemin pour traverser le cercle de feu – si nous le leur permettons. 

Extrait de :
Bouillon de poulet pour l’âme de l’ami des chats
Jack Canfield, Mark Victor Hansen
Béliveau Éditeur, 2008

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Au sujet des animaux de compagnie :

Mythe
Par Bernard Pivot

Selon Claude Lévi-Strauss, un mythe est une histoire qui remonte au temps où les hommes et les animaux vivaient et communiquaient ensemble, quand ils n’étaient pas séparés, ni même distincts. Un mythe est un récit qui nous paraît aujourd’hui d’autant plus fabuleux qu’on imagine mal hommes et animaux à égalité de statut et passant indifféremment de la forme des uns à la forme des autres.

Est-ce à dire que plus le génie scientifique humain produit des inventions, plus l’écart se creuse avec l’intelligence animale, et plus nous nous éloignons des mythes? Non, parce que ceux-ci ont déserté les forêts, les steppes, les fleuves et les mers, et se sont installés dans les villes. De sauvages, les mythes sont devenus domestiques. Chiens et chats surtout, par millions, vivent en harmonie avec leur soi-disant maîtres, qui sont souvent leurs esclaves, au moins leurs égaux.

Qu’est-ce que le lapin, le hamster ou le cochon d’Inde lit dans le regard de la petite fille lorsqu’elle lui murmure des mots doux? Et elle, quels messages reçoit-elle de son compagnon de chambre? S’établit entre eux une véritable communication, comme entre la vieille dame et son matou, ou l’homme solitaire et son chien. Yeux dans les yeux, ils ont pris des habitudes. Ils se parlent, se questionnent, s’interpellent, se fâchent, se rabibochent, se réconfortent, se caressent, se frottent l’un contre l’autre, jouent, marchent, mangent, se reposent ensemble, quand ils ne dorment pas dans le même lit.

Il y a moins de différences qui les séparent que d’intérêts, d’affinités et d’amour qui les unissent.

Ils ont reconstruit les mythes de temps immémoriaux. Mais des mythes policés, tranquilles, pépères, aux croquettes industrielles, qui sont distants de milliards d’années-lumière des mythes de l’anthropologie au travers desquels on entendait craquer la nature, se propager la fable, se célébrer l’alliance et tonner les dieux.

Citations au mot «Chat» :
«Les chats ne sont énigmatiques que pour ceux qui ignorent le pouvoir expressif du silence.» ~ Paul Morand
Et :
«Du réel, sur lequel il (le chat) porte un regard acéré, il comprendrait tout, mais se ferait une loi de n’en rien dire. Témoin nonchalant, il installerait au sommet de la sapience le mutisme intégral, versant définitivement du côté du mystère : ceux qui se taisent ne le font qu’en vertu des relations privilégies entretenues avec un idéal qui rend caduc le langage. Bouche close plutôt que soliloque. Mon chat ne parle pas car il sait la vanité du babillage, certainement.» ~ Michel Onfrey

Extraits de :
Les mots de ma vie
Albin Michel, 2011

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Intégrité et transparence

«Les sensations du coeur passent de manière non verbale. Il peut y avoir compréhension entre deux êtres, bien qu'aucun mot ne soit prononcé. Un ami de coeur est dur à trouver. Mais quand il existe, rien ne peut manquer.» ~ Lie Tseu

Les vrais amis sont durs à trouver

Complicité et appréciation mutuelles
Loin de nous mensonges et flatteries
Camouflage et complots insignifiants
Entre nous, tout est dévoilé

Galéjades, manipulations et jardins secrets
Sont futiles et inopérants
Frustration et déplaisir, affection et amitié
Sont affichés sans retenue

Car un lien d’âme à âme, clair et limpide
Révèle nos intentions réciproques
Dépourvues de rancune ou de malice
Malgré notre interdépendance

Je n’ai, à ce jour, jamais rencontré
Quelqu’un qui puisse rivaliser d’élégance
De loyauté et de beauté d’âme
Avec ce modèle de transparence

Quand elle aime, elle aime
Quand elle n’aime pas, elle s’en va
Pas d’hypocrisie ni vaines excuses
Elle suit son instinct qui ne lui ment pas

Voilà, cette amie, c’est ma chatte!
Aux cartésiens inflexibles qui prétendent
Que les animaux n’ont pas d’âmes, je dis :
Regardez-les dans les yeux, la vérité est là…

~ Boudacool, 2003

Je me sens «chat bleu» ces jours-ci…