17 avril 2013

Le chat musicien

 
Illustration : Erica Read http://ericaread.tumblr.com/ - superbe! 
pour Dear Janit Letters http://www.dearjanit.com/ - humour  

Hier, je lisais une histoire intitulée «La belle musique» dans Bouillon de poulet pour l’âme de l’ami des chats. À la fin, je me suis arrêtée, car je vivais un de ces «moments» d’amour inconditionnel qui ne vient de nulle part, et qui n’est pas du tout rattaché à des êtres en particulier.

Et cela m’a rappelé les propos d’Elizabeth Kübler-Ross au sujet de la mort :
«Réjouissez-vous à l’avance de votre transition [mort, passage]. C’est la première fois que vous éprouverez l’amour inconditionnel. Tout ne sera que paix et amour; tous les cauchemars et les bouleversements vécus n’auront plus d’importance. Lorsque vous effectuez votre transition, en principe, l’on vous demande deux choses : d’abord, combien d’amour avez-vous pu donner et recevoir, et puis, dans quelle mesure avez-vous pu rendre service.
       Et, vous connaîtrez les moindres conséquences de tous vos gestes, de toutes vos paroles et de toutes vos pensées. Et cela, symboliquement, c’est l’enfer car vous voyez toutes les occasions que vous avez ratées. Mais, vous verrez aussi comment un seul geste de bonté a pu toucher des centaines de vies, entièrement à votre insu.
       Ainsi, concentrez-vous sur l’amour pendant que vous êtes ici et enseignez l’amour inconditionnel très tôt à vos enfants. N’oubliez pas de vous concentrer sur l’amour et attendez avec impatience le moment de votre transition. C’est la plus merveilleuse expérience que vous puissiez imaginer.»

Il n’y a rien à faire, elle a raison : l’unique chose valide à notre cv et que nous emportons de l’autre côté, c’est bien l’amour que nous avons donné/reçu. Tout le reste n’est que nuages au vent. Que l’amour soit partagé avec des animaux ou avec des humains est sans importance – on parle ici d’amour vrai, bien entendu… celui que, dans le fond, on ne peut nommer ni décrire.

Pour résumer l’histoire, l’auteur, un journaliste professionnel spécialiste des animaux de compagnie raconte qu’il a eu un coup de foudre instantané pour un Devon Rex qu’il a appelé Ricky. Il avait déjà deux chiens, Chaser et Lucy, et fréquentait des milliers de chats de par son travail.

Extraits

«Dès le départ, notre petit chaton blanc, Ricky, a charmé nos amis et même les étrangers. Lucy et Chaser m’avaient toujours accompagné dans mes déplacements, et Ricky a fait de même. Ricky s’est bientôt fait des amis partout : au cabinet du vétérinaire, à l’animalerie, à la banque, chez le teinturier, même au poste de radio où je travaillais. Son petit air canaille charmeur attirait (…),les gens l’adoraient. J’étais son plus grand admirateur.
       Mon émerveillement pour Ricky a monté d’un autre cran, cependant, quand il eu huit ou neuf mois. Notre chienne Lucy était chien de thérapie et je lui ai acheté un piano jouet en pendant que les gens aimeraient la voir taper sur les notes. Au moment de l’entraîner, j’ai cru bon de m’enfermer dans mon bureau pour éviter les distractions. Trois ou quatre minutes après le début de leçon, Ricky a réussi à ouvrir la porte. Il a traversé la pièce pour s’asseoir bien droit à côté de Lucy, devant moi. Le message était clair : «Je veux participer à ceci, moi aussi ».  
       Après trois séances d’entraînement, Ricky a frappé les notes. En dix jours, Ricky jouait du Chopin – disons que je suis généreux, mais il composait des airs uniques et personnels que j’ai qualifiés de jazz moderne. Au cas où j’en aurais douté, Ricky a démontré qu’il était un chat cool.
       Au début, cela m’amusait. J’ai appris à Ricky à répondre à son nom et à sauter à travers et par-dessus des objets – des cerceaux, des enfants accroupis, même des chiens inconnus qui faisaient un « couché/reste ». Il vous faisait un «high five» – ou plutôt un «high four» – si vous le lui demandiez.
      Je ne me souviens pas quand j’ai pris conscience que nous étions des pionniers. Vous n’êtes pas censés pouvoir entraîner un chat. Ricky était un professeur, montrant par l’exemple qu’un chat peut être beaucoup plus qu’une boule de poils endormie qui ronfle sur le canapé. Ricky, en jouant des compositions originales pour piano à la télévision locale ou nationale – ou sur les marches à l’avant de notre condo, a touché les gens d’une façon que je n’aurais jamais cru possible.» 

Un jour, un jeune garçon atteint du syndrome de Down l’a entendu en concert. Fasciné par le félin pianiste il a éclaté de rire :
«Sa mère a été bouleversée. À voix basse, elle m’a confié : ‘Le Papa de Billy est décédé il y a deux semaines. Malgré nos efforts, il ne veut plus parler et il n’a aucune réaction.’ Riant toujours, Billy a commencé à flatter Ricky. Puis, Billy s’est assis et il a pris Ricky pendant de longues minutes et celui-ci a commencé à ronronner sur ses genoux. Je ne sais pas ce que Billy a dit, mais pendant longtemps, il a murmuré des choses à l’oreille de Ricky. Avant que Billy et sa maman nous quittent, Billy a regardé Ricky et lui a dit : «Je t’aime», puis il lui a déposé un baiser. Ricky avait ce talent extraordinaire de toucher les gens.»

Lors d'un récital à la clinique, le vétérinaire proposa de lui faire un examen de routine. Malheureusement, il détecta un murmure cardiaque. Une’échographie révéla une cardiomyopathie :
«De retour à ma voiture, j’ai sorti Ricky de sa cage et je me suis assis dans le parc de stationnement en le tenant dans mes bras et en pleurant. J’aime mes chiens, mais Ricky était mon meilleur ami. Travailler étroitement avec lui pendant l’entraînement avait forgé un lien particulier – une connexion esprit/cœur issue d’avoir «lu» la pensée de l’autre et de s’être compris de façon quasi mystique. Notre relation était devenue comme une colle extra-forte, plus solide qu’il soit possible d’imaginer.»

Même malade, Ricky a continué ses prouesses :
«Chez le cardiologue, il avait appris par lui-même à ouvrir la jarre et il sortait les biscuits en les alignant sur le bord du comptoir, puis il les poussait un à un en bas vers les chiens assis qui attendaient patiemment. (…)
       Le temps vint où il n’avait plus envie d’aller chez le vétérinaire. Alors que la maladie de Ricky s’aggravait, je restais dans le déni et je ne voulais pas penser qu’il lui restait si peu de temps à vivre. Un jour, il était assis près de moi dans mon bureau, perché sur le radiateur à faire ce qu’il aimait le plus – manger. Puis il m’a regardé.
       Il est tombé.
       Ma femme, Robin, a pensé qu’il n’était que tombé, mais je savais. Je savais – et je l’ai pris et j’ai couru à l’autre bout du corridor. Les voisins ont affirmé qu’ils m’avaient entendu crier dans l’ascenseur qui descendait. Tobin a téléphoné aux vétérinaires pour leur demander de nous attendre. Ils ont essayé, mais ils n’ont pas pu le sauver…
       Il y a deux ans de cela, mais je pense encore à Ricky chaque jour qui passe. Je ne peux pas croire que j’aurai de nouveau un chat qui prendra autant de place que lui dans mon cœur. Même si sa vie a été très courte, il y a eu un bagage énorme de vie durant ces six années. Ricky a été le meilleur ambassadeur de tous les temps – pour les Devon Rex et pour tous les chats en général.

~ Steve Dale*
Tel que raconté à Amy Shojai

Bouillon de poulet pour l’âme de l’ami des chats
Jack Canfield, Mark Victor Hansen
Béliveau Éditeur, 2008

* In June 2002, the Winn Feline Foundation announced the creation of The Ricky Fund, set up to accept donations specifically for feline hypertrophic cardiomyopathy (HCM) research. Steve Dale, nationally syndicated pet columnist and radio show host, worked with Winn to create this fund in memory of his Devon Rex cat, Ricky.
       Ricky was a special cat indeed. He had been featured on National Geographic Explorer, CNBC Pets: Part of the Family, on a Canadian TV show called The Pet Project, and on virtually every local TV station in Chicago. Steve says, " ...Ricky had more face time on TV than some politicians - he also appeared with me many times on my own radio programs. It's because Ricky was a virtuoso piano player, and he could jump through a hoola hoop... I taught Ricky these and other tricks to prove you can train a cat." (…)
       In one of his columns, Steve wrote, "Ricky was a very small cat, but the hole he left in our hearts’ is enormous. Our house seems empty without him. And at least for now, our lives seem empty too."

Site : http://www.winnfelinehealth.org/index.html 
 

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